------------------------------- Quelle histoire ! Sara, - TopicsExpress



          

------------------------------- Quelle histoire ! Sara, lattaque du camionneur, ces deux flics qui venaient d’on ne sait où... Il avait eu de la chance de ne pas être inquiété plus que ça : seul le vieux n’avait pas gobé son explication. D’habitude, il était bien plus persuasif qu’il ne l’avait été aujourdhui. Lémotion sans doute. Et puis, bien quil soit capable de vendre une assurance-vie à un cancéreux moribond, son talent dimprovisateur ne lavait pas disposé à ce type dinterrogatoire. Jeremy fit ronfler le moteur de sa voiture et démarra en trombe sur le parking de laire dautoroute. Beaucoup de choses se bousculaient sous son crâne. Dans quelle mesure devait-il écouter les divagations de celle qui nétait même pas sa belle-soeur… Manu courait-il réellement un risque ? Et surtout était-il vraiment nécessaire que lui-même en prît un pour le découvrir ? Il eût été plus simple de mettre le vieux flic au courant et de lui laisser le bébé... Non. Quelque chose en lui, lui intimait de nen souffler mot à quiconque. Particulièrement à un poulet qui se trouvait là « par hasard » et qui ne semblait pas plus surpris que ça de voir un gros bonhomme se relever après sêtre pris une balle dans le ventre. Tout cela puait trop les emmerdes pour que quelquun de prudent comme lui ne sente pas le coup fourré. Le problème était simple : devait-il ou non se rendre à Montbard et perdre une journée de travail au risque de passer pour un con aux yeux des bouseux qui peuplaient forcément le patelin quand il leur demanderait s’ils savaient où les hare Krishna séquestraient son frère ? La pancarte indiquant l’imminence de l’échangeur se rapprochait vite. Il poussa un cri de détresse, donna un coup de volant assez sec et s’engagea sur la voie de décélération. La ville de Montbard était à moins de 30 km derrière la sortie du péage. Après tout, ça ne coûtait rien dessayer, se dit-il pour se rassurer. De toute façon sa journée était foutue. Il roula sur une départementale pas trop cahoteuse pendant une vingtaine de minutes avant de déboucher sur un un rond point. Il prit la direction centre-ville et découvrit avec horreur que ce quil pensait être une grosse ville de province nétait rien de plus quun trou perdu dont la population ne pouvait mathématiquement pas dépasser les 10 000 habitants. Une chose était sûre, ce nest pas en boîte qui ferait des rencontres parce que des boîtes il ne devait pas y en avoir énormément dans la région. Toujours conduisant, il farfouilla dans les pages de son Atlas et en déduisit vite que la seule ville digne de ce nom était Dijon à près de cent bornes de là. Merde. Il gara sa voiture à côté de loffice de tourisme et partit explorer à pied les environs. C’était une petite bourgade de province, toute en montées. La rue principale, bordée de magasins divers donnait sur un escalier de pierre à côté duquel trônait une photo d’une statue du comte de Buffon. Sans doute la célébrité locale, se dit Jeremy. Même pas les moyens de s’offrir une vraie sculpture. Elle se poursuivait sur quelques mètres avant de redescendre vers l’hôtel de ville. Tout cela sentait le vieux. Jeremy préférait et de loin les longues avenues modernes de… et les grands complexes commerciaux même si son travail lui imposait plutôt de visiter les HLM ou les appartements décatis. C’est là où se trouvaient presque toujours les meilleurs clients. Etrangement, il ressentait une forme d’oppression à vagabonder dans ce trou à rats, comme une excitation. Il respirait mal et son cœur battait à un rythme sensiblement supérieur à la normale. Il se passa la main sur la poitrine en grimaçant. Ça devait être le stress, il haussa les épaules, inspira à fond, expira en petites saccades et reprit sa progression. En fait, au bout d’une petite heure de marche, il avait déjà fait le tour de patelin. Un cinéma, quelques commerces et pas de « vraies » grandes surfaces, un vieux pont et un seul feu tricolore… La mort par l’ennui. Qu’est-ce qu’il espérait ? Il tenta de se remémorer les paroles de Sara. Emmanuel – il n’avait jamais pu l’appeler Manu – était entré dans une maison ceinte de hauts murs. C’était peu. Elle avait également parlé de milliers de corbeaux. Bordel. Quelle tarée! La bonne nouvelle c’est qu’elle se trouvait à présent entre les mains des médecins. « Si elle est cinglée, ils s’en occuperont…. ». Il chercha l’air, encore une fois ; son palpitant s’agitait. A force de gamberger, Jeremy se rendit compte qu’il avait fini par se perdre complètement. Il avait quitté le centre-ville pour le haut bourg, avait dépassé l’hôtel de ville et s’était engagé dans une antique ruelle qui menait à un parking. Curieux endroit pour garer des voitures. Il décida de poursuivre son excursion sur encore une centaine de mètres avant de retourner à sa voiture. Tout à coup, son cœur s’emballa, cognant de manière frénétique dans sa poitrine comme pour s’en arracher. Devant lui se dressait l’immense portail du parc Buffon.
Posted on: Sun, 17 Nov 2013 19:00:02 +0000

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