** Dans ce monde nouveau, la France adapte son action - TopicsExpress



          

** Dans ce monde nouveau, la France adapte son action internationale à la fois pour défendre ses propres intérêts et agir pour un ordre international mieux régulé et plus juste. Ce sont en effet les deux directions que nous devons prendre. Sans abandonner la première (nos intérêts) par naïveté ni sacrifier la seconde (une meilleure régulation) par cynisme. Notre stratégie ne s’arrête pas à nos intérêts conçus de manière étroite ou immédiate ! Nous y tenir serait de courte vue et ignorerait notre responsabilité et notre spécificité, notamment en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU. La France occupe en effet une place particulière dans le système international, que je décris souvent par le terme de « puissance d’influence ». Que recouvre cette notion ? Malgré nos difficultés, nous sommes la 5ème puissance économique et commerciale. Nous constituons avec l’Allemagne le couple moteur de l’UE. Nous sommes un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous participons au G8 et au G20. Nous disposons de la puissance nucléaire et d’une force de projection militaire efficace. Notre réseau diplomatique est le troisième de la planète. Par notre langue, notre enseignement et notre recherche, nous rayonnons dans le monde. Notre voix porte également par les valeurs que nous défendons - la liberté, la démocratie, les droits de l’Homme. Telle est la singularité de la France : nous ne mettons pas notre diplomatie au service de nos seuls intérêts, mais de ce que nous estimons internationalement juste. Si la France est un pays qui compte et qui tient son rang, elle le doit notamment à sa capacité de porter une voix qui la dépasse, à sa capacité à être souvent un trait d’union écouté face aux crises du monde. 1) La France, « puissance repère » Dans un environnement turbulent, la France est et doit rester une « puissance repère », avec des principes, et qui contribue à la stabilité du monde nouveau. Pour jouer ce rôle, la France doit être respectée et considérée comme un partenaire fiable. C’est dans cet esprit que nous avons veillé à améliorer nos relations avec des pays avec lesquels elles s’étaient précédemment dégradées, l’Algérie, la Chine, le Japon, le Mexique, la Pologne, la Turquie. Nous devons également garder l’initiative en matière d’organisation du système international, justement parce que le monde est plus brouillé et plus éclaté. Nous avons anticipé l’émergence d’un monde multipolaire à travers la création du G20 et le projet de réforme du Conseil de sécurité. La France est un acteur progressiste des relations internationales, proposant des solutions et des alternatives face à une mondialisation anxiogène. Elle contribue à apporter des réponses aux défis globaux de notre temps, comme le changement climatique ou les excès de l’industrie financière. Conjointement avec la Grande- Bretagne, nous restons d’ailleurs, je le relève, à l’origine d’une vaste majorité des résolutions du Conseil de sécurité - autour de 80 %. Cette tâche est difficile, tant les vents contraires sont forts, en particulier concernant la vision même de l’action multilatérale. Il nous arrive heureusement de remporter des batailles, comme au début du mois d’avril 2013 le Traité sur le commerce des armes. Le plus souvent, pourtant, nous nous heurtons à des incompréhensions. Car nous sommes porteurs d’une vision structurée de la gouvernance mondiale, dont le renforcement exige de nécessaires partages de souveraineté. Les Américains, eux, adoptent une approche souvent plus opportuniste des instances de gouvernance. La Russie est attachée à sa propre souveraineté et refuse toute ingérence. Les pays émergents, de leur côté, acceptent la mise en place d’institutions dès lors qu’elles respectent leur vision d’un système international fait de souverainetés intangibles. Les échecs répétés dans l’établissement et le renforcement d’institutions internationales montrent que ces différences comptent et qu’elles ne seront pas dépassées facilement. Pour notre part, nous estimons important d’adapter la gouvernance mondiale à la montée en puissance de ce qu’on appelle, même à tort, le « Sud ». Nous pensons que le système multilatéral doit évoluer pour rester efficace, légitime et représentatif. Mais à la condition que cette évolution ne s’accompagne pas d’une sorte de moins-disant multilatéral et que les pays émergents prennent leur part au fardeau de la gouvernance mondiale. Je rappelle qu’à cet égard la France est l’un des principaux pays contributeurs aux organisations internationales et aux budgets d’aide au développement, seule ou en coopération avec ses partenaires de l’Union européenne, et qu’elle participe à toutes les coalitions qui tentent de construire des institutions multilatérales plus solides et efficaces. Sur le plan de la sécurité, nous contribuons aussi de manière décisive à la stabilité du monde, qui constitue l’un des biens publics mondiaux. Je pense par exemple à notre intervention récente et réussie au Mali, sans laquelle toute l’Afrique occidentale serait aujourd’hui menacée par un régime narcoterroriste. Je pense aussi à notre participation à l’opération Atalante de l’Union européenne contre la piraterie dans le Golfe d’Arabie et en Mer rouge, qui assure la liberté de circulation sur les mers. Cette responsabilité que nous assumons nous expose, mais nous l’assumons aussi parce qu’elle concourt aussi à la sécurité de notre propre environnement. En Syrie, la répression sanglante du régime est une tragédie qui menace toute la région et nous au-delà, car une conflagration régionale comporterait des conséquences gravissimes. Déjà 100.000 morts et plus d’un million de réfugiés. Le règlement du conflit passe par une solution politique, qui nécessite le dialogue que nous essayons de rendre possible avec la conférence dite de « Genève II ». Pour y parvenir, le rapport de forces sur le terrain doit évoluer. Nous sommes mobilisés également sur le plan humanitaire aux côtés des Syriens et des peuples voisins et pour écarter le risque d’utilisation des armes chimiques. Là encore, l’absence d’un vrai multilatéralisme montre ses dégâts. Face à l’Iran, nous avons développé avec nos alliés du P5+1 une double approche qui associe sanctions et offre de dialogue, afin que l’Iran accepte de respecter ses engagements au titre de la non-prolifération nucléaire et des résolutions du Conseil de sécurité. Il est probable que 2014 sera l’année des vraies décisions. Au Proche-Orient, nous sommes mobilisés pour la relance du processus de paix et notre position a entraîné de nombreux pays à voter en faveur de la reconnaissance de la Palestine comme un État observateur non membre de l’ONU. Mais les choses sont actuellement bloquées. Nous avons également renforcé notre action sur les grands thèmes de demain : le développement, qui est la condition de la stabilité et de la démocratie ; la lutte contre le changement climatique. La France, je l’ai dit, accueillera en 2015 la grande conférence internationale sur le climat et nous y travaillons dès maintenant.
Posted on: Fri, 02 Aug 2013 08:07:23 +0000

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