"EGYPTE: DE VRAIS PUTSCHISTES, UN FAUX ALLENDE" L’Egypte de - TopicsExpress



          

"EGYPTE: DE VRAIS PUTSCHISTES, UN FAUX ALLENDE" L’Egypte de 2013 n’est pas le Chili de 1973 "(...) Les généraux égyptiens sont des Pinochet en puissance, mais Mohamed Morsi, qui ne voyait pas de mal à concéder au plus offrant la gestion de la zone du canal de Suez, n’est pas Salvador Allende qui, dès son élection en 1970, a nationalisé les banques et les mines de cuivre au grand dépit des Etats-Unis. (...) Ce «président élu» a tenté de s’attribuer des prérogatives de monarque absolu, notamment en interdisant toute contestation de ses décrets fût-ce devant la Cour constitutionnelle (la Déclaration constitutionnelle du 21 novembre 2012): c’était pour le moins choquant de la part du premier chef d’Etat élu de l’histoire de l’Egypte. Avec un sens du timing peu commun, il promettait à des millions de démunis exsangues la douloureuse vérité des prix, sous prétexte de lutter contre la contrebande et le marché noir. Au lieu de chercher de l’argent frais là où il se trouve, chez ces industriels au profit desquels des dizaines d’entreprises publiques avaient été privatisées, il a préféré tendre la main au FMI, dont les prêts avaient été «halalisés» [question des intérêts] pour la circonstance par des fatwas ad hoc. Il avait beau être «légitime», il a échoué à réduire la force tentaculaire de la Sûreté d’Etat qui, pour toute réforme depuis la fin du régime de Moubarak, a été rebaptisée «Sûreté nationale» ! Les militaires ont renversé Mohamed Morsi non pas parce qu’il leur avait déclaré la guerre, mais parce qu’il s’était montré incapable d’être l’habile chef d’orchestre de la restauration de l’Etat moubarakien, et que pour ne pas mécontenter ses alliés islamistes, il s’était montré trop tolérant envers leurs franges radicales, dont certaines œuvraient, avec une inconscience criminelle, à plonger le pays dans une guerre religieuse. Si elle était attisée et entretenue par les fouloul, la colère contre les Frères musulmans avait été allumée par leur politique antisociale et sectaire. L’armée, le 30 juin 2013, a jeté des drapeaux aux manifestants, mais il est peu probable que dans leur majorité ils aient été «rameutés» par ses officines secrètes. Le penser c’est ignorer que l’Egypte manifestait en continu depuis le 25 janvier 2011, parfois contre… les militaires. C’est surtout ne pas répondre à la question: si les services de renseignements égyptiens ont cette puissance de manipulation proverbiale, pourquoi avaient-ils échoué à empêcher la chute de Hosni Moubarak et à faire élire Ahmed Chafik? L’affaiblissement des Frères musulmans était déjà réel avant l’élection de Mohamed Morsi. En témoigne la division de leur réservoir électoral par deux entre les élections législatives de novembre 2011-janvier 2012 (10 millions de voix) et les présidentielles de juin 2012 (5 millions de voix au 1er tour). L’«Etat profond» n’a fait que l’instrumentaliser. La pénurie de carburants (récurrente en Egypte depuis des années comme l’atteste le fait que l’aide des pays du Golfe à ce pays comprend 3 milliards de dollars de produits pétroliers) a été aggravée pour étendre la contestation aux classes populaires. Mais cela n’a été possible que parce que les islamistes étaient déjà rejetés par des millions d’Egyptiens qui, à peine débarrassés de Hosni Moubarak, voyaient en naître un autre, d’autant plus arrogant qu’il se croyait éternellement «légitime»." Yassin Temlali
Posted on: Thu, 15 Aug 2013 19:27:53 +0000

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