En effet, si la Loi se bornait à faire respecter toutes les - TopicsExpress



          

En effet, si la Loi se bornait à faire respecter toutes les Personnes, toutes les Libertés, toutes les Propriétés, si elle nétait que lorganisation du Droit individuel de légitime défense, lobstacle, le frein, le châtiment opposé à toutes les oppressions, à toutes les spoliations, croit-on que nous nous disputerions beaucoup, entre citoyens, à propos du suffrage plus ou moins universel? Croit-on quil mettrait en question le plus grand des biens, la paix publique? Croit-on que les classes exclues nattendraient pas paisiblement leur tour? Croit-on que les classes admises seraient très jalouses de leur privilège? Et nest-il pas clair que lintérêt étant identique et commun, les uns agiraient, sans grand inconvénient, pour les autres? Mais que ce principe funeste vienne à sintroduire, que, sous prétexte dorganisation, de réglementation, de protection, dencouragement, la Loi peut prendre aux uns pour donner aux autres, puiser dans la richesse acquise par toutes les classes pour augmenter celle dune classe; tantôt celle des agriculteurs, tantôt celle des manufacturiers, des négociants, des armateurs, des artistes, des comédiens; oh! certes, en ce cas, il ny a pas de classe qui ne prétende, avec raison, mettre, elle aussi, la main sur la Loi; qui ne revendique avec fureur son droit délection et déligibilité; qui ne bouleverse la société plutôt que de ne pas lobtenir. Les mendiants et les vagabonds eux-mêmes vous prouveront quils ont des titres incontestables. Ils vous diront: « Nous nachetons jamais de vin, de tabac, de sel, sans payer limpôt, et une part de cet impôt est donnée législativement en primes, en subventions à des hommes plus riches que nous. Dautres font servir la Loi à élever artificiellement le prix du pain, de la viande, du fer, du drap. Puisque chacun exploite la Loi à son profit, nous voulons lexploiter aussi. Nous voulons en faire sortir le Droit à lassistance, qui est la part de spoliation du pauvre. Pour cela, il faut que nous soyons électeurs et législateurs, afin que nous organisions en grand lAumône pour notre classe, comme vous avez organisé en grand la Protection pour la vôtre. Ne nous dites pas que vous nous ferez notre part, que vous nous jetterez, selon la proposition de M. Mimerel, une somme de 600 000 francs pour nous faire taire et comme un os à ronger. Nous avons dautres prétentions et, en tout cas, nous voulons stipuler pour nous-mêmes comme les autres classes ont stipulé pour elles-mêmes! » Frédéric Bastiat, La Loi, 1850 (extrait)
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 11:42:03 +0000

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