«Pourquoi j’ai choisi Kabila» «L’amour et la haine sont - TopicsExpress



          

«Pourquoi j’ai choisi Kabila» «L’amour et la haine sont des sentiments très proches», disent des psychologues. «Joseph Kabila» et «Vital» ont vécu longtemps en «complices» avant de se détester avec la même intensité. Les deux hommes entretiennent aujourd’hui des relations du type fascination-répulsion. Et pour cause ? Découvert, en 1998, par le président LD Kabila, alors qu’il travaillait aux côtés du général Denis Kalume Numbi notamment au ministère de la Défense, Vital Kamerhe va connaître une ascension fulgurante. Au cours de cette même période, il fait connaissance avec le général-major «Joseph Kabila». C’était lors de la «guerre d’agression». En juillet 1999, il participe aux négociations ayant abouti à la signature de l’Accord de paix de Lusaka entre le gouvernement de Kinshasa d’une part et de l’autre, le MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba et la rébellion pro-rwandaise du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). En 2000, il est nommé commissaire général adjoint chargé de la Mission de l’Onu au Congo. Après la disparition de LD Kabila en janvier 2001, Vital participe à la création du parti présidentiel, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) tout en négociant, pour Kinshasa, l’accord de paix dont est issu le gouvernement de transition dit «1+4». «Kabila est mort, vive Kabila !», est-on tenté de dire. Ministre de l’Information, Kamerhe devient en 2004 le secrétariat général du PPRD. En mai 2006, à deux mois de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, il publie un opuscule intitulé : «Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila». Il s’efforce sans une certaine peine à convaincre l’opinion nationale que «Joseph Kabila» serait l’homme indiqué pour diriger la RD Congo au cours des cinq prochaines années. Pour lui, l’officier qu’il a connu depuis 1998 est un «homme hors du commun, qui commande tout, planifie tout et contrôle tout avec adresse et minutie». «Pour ma part, écrira-t-il, j’ai fait mon choix : c’est Joseph Kabila Kabange pour un Congo uni et prospère». Des pourfendeurs de Vital ne ratent jamais l’occasion de rappeler cet épisode. A l’époque, nous partagions la même vision, aime répondre l’intéressé. La rupture Après la «victoire» de «Joseph» face à Jean-Pierre Bemba Gombo lors de la présidentielle de 2006, Kamerhe est promu, en 2007, président de l’Assemblée nationale. Sous sa présidence, la Chambre basse du parlement congolais n’avait rien à envier aux débats démocratiques qui se déroulaient dans certaines nations dites de vieille civilisation démocratique. «V.K» veillait à laisser à l’opposition parlementaire d’alors des espaces de liberté pour s’exprimer dans le respect d’un minimum de civilité. On l’a vu notamment lors des séances d’interpellation du ministre de l’Intérieur…Denis Kalume dans l’affaire du massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo. Au fil du temps, Kamerhe a engagé un bras de fer feutré avec le tout-puissant conseiller présidentiel Augustin Katumba Mwanke. Celui-ci est implicitement accusé d’être à la tête d’un «gouvernement parallèle» qui joue le rôle de mauvais génie à l’origine de mauvaises décisions prises par le raïs. Vint la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Il s’agit de l’opération «Umoja wetu». De quoi s’agit-il ? Après la défaite humiliante des FARDC à Mushake face aux combattants du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda, «Joseph Kabila» et le président rwandais Paul Kagame signent, en décembre 2008, un accord secret. Le texte a été négocié par John Numbi Banza Tambo et James Kabarebe qui étaient respectivement chef d’état-major de l’armée de l’air et commandant en chef de l’armée rwandaise. En janvier 2009, Nkunda est «éliminé» au profit de Bosco Ntaganda. Le 20 janvier de cette même année, des troupes de l’armée régulière rwandaise (Rwandese Defense Forces) sont déployées à Goma à l’insu non seulement de l’état-major général des FARDC - dirigé à l’époque par le général Kisempia Sungilanga – mais aussi du gouvernement et des deux Chambres du parlement. Interrogé le lendemain 21 janvier 2009 par Radio Okapi, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, n’a pas trouvé des mots assez durs pour exprimer sa stupéfaction : «Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit sur l’entrée éventuelle des troupes rwandaises sur le territoire congolais. (…). Maintenant que vous me dites que les troupes rwandaises sont entrées au Congo, je préfère croire que c’est faux. Si c’est vrai, c’est tout simplement grave. (…) ». Informé de la prise de position de son ami «Vital», «Joseph» pique une sainte colère devant quelques députés de la «majorité présidentielle» (voir notamment Le Soft International n°984 daté du 23 mars 2009) en clamant que Kamerhe a menti. Il était au courant des tractations avec Kigali. Tout ceci se passe un certain dimanche 15 mars 2009 à la ferme de Kingakati. «En réalité, ce n’est pas la déclaration qu’il a faite qui m’intéresse, poursuit Kabila. C’est l’objectif que celle-ci vise.» Pour le «raïs», Kamerhe voulait ni plus ni moins que de provoquer un «soulèvement populaire». La sentence tombe aussitôt : «Vital n’a aucun choix : il doit démissionner», tranche-t-il. Ainsi donc, le chef de l’Etat congolais avait exigé la démission de son président de l’Assemblée nationale au motif que ce dernier avait dénoncé l’entrée sur le sol national des forces régulières du Rwanda, alors que ce pays était en situation de belligérance avec le Congo. Le même Etat rwandais est accusé par la communauté internationale d’être le principal soutien du M23. Avoir raison trop tôt… C’est le lieu de rendre hommage aux défenseurs des droits de l’Homme. Sentant la jeune démocratie congolaise menacée, Floribert Chebeya Bahizire, Dolly Ibefo, Donat Tshikaya et d’autres activistes des droits humains décidèrent d’organiser un sit-in lundi 16 mars 2009 devant le Palais du peuple. C’était le jour de la rentrée parlementaire. Ils sont arrêtés par des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) alors qu’ils animaient une conférence de presse. Ils seront par la suite transférés à la DRGS, au très redouté immeuble Kin Mazière, battus à coups de matraque. Ils ont été interrogés par un certain colonel…Daniel Mukalay wa Mateso. Le même. (voir le rapport n°526 f, juillet 2009, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme). Les interrogatoires tournaient autour des relations que ces activistes de la société civile entretenaient avec Vital Kamerhe. Et pourtant, leur crime se limite au fait d’avoir fustigé la violation par le raïs du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs. Après sa démission de la présidence du Bureau de l’Assemblée nationale, Vital va annoncer le 14 décembre 2010, la naissance de son parti Union pour la Nation Congolaise. Candidat à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, Kamerhe aura les résultats que l’on connaît lors d’un scrutin émaillé de tricherie et de fraude. Entre «Joseph Kabila» et «Vital», il y a encore des plaies à cicatriser. Et ce, en dépit du fait que certains observateurs suspectent, à tort ou à raison, l’ancien «speaker» de la Chambre basse de faire preuve de duplicité à l’égard du «raïs». Un raïs qui se sait mal aimé au Nord Kivu où il est suspecté de double-jeu. Les rumeurs sur un éventuel rappel à Kinshasa du colonel Mamadou Ndala, en juillet dernier, ont été révélatrices de la méfiance ambiante. «VK» doit certainement boire du petit lait en se rappelant cette expression chère à Edgar Faure : «Avoir raison trop tôt, c’est un tort». Ceux qui avaient participé à son lynchage en mars 2009 lors de l’entrée des troupes rwandaises au Nord Kivu font chorus aujourd’hui pour féliciter le raïs - qui semble avoir la tête ailleurs - après la victoire des FARDC face au M23. Kamerhe maintiendra-t-il son idée de «caravane de la paix» dans le «Grand Kivu» ? Il doit savoir que le très zélé procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, veille au grain. Au moindre «faux pas verbal», c’est l’accusation maximale : «Offense au chef de l’Etat». Le député Mohindo Nzangi, élu de Goma, en sait quelque chose...
Posted on: Tue, 26 Nov 2013 06:42:47 +0000

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