Rana, lycéenne de 16 ans, prépare très sérieusement son bac - TopicsExpress



          

Rana, lycéenne de 16 ans, prépare très sérieusement son bac dans un institut privé de Raqqa sans savoir si, où et quand elle pourra présenter les épreuves, ni pour quoi faire... Raqqa, grande ville du nord de la Syrie, est administrée depuis le mois de mars par la rébellion. Notre envoyée spéciale a rencontré quelques-uns de ses habitants qui témoignent sur leur vie quotidienne à lheure du pouvoir djihadiste. Pendant une semaine, LExpress vous livre ces tranches de vie. Aujourdhui, une bachelière. La concentration accentue lair triste que lui donnent ses yeux noirs naturellement cernés sur sa peau mate. A 3h du matin, à moitié couchée sur le canapé du séjour, elle est plongée dans la révision de son cours dhistoire pour lexamen blanc qui lattend dans la journée. En plus du programme du bac, il me faut rattraper la moitié de la première puisque les écoles ont fermé en mars, explique Rana. Cest un sacrifice pour mes parents, en ces temps difficiles, de payer linstitut privé où je vais depuis lété. Pour cette benjamine dune famille de quatre enfants, adolescence ne rime pas avec insouciance. A 16 ans, elle en est à sa troisième année de crise et de guerre en Syrie. Elle a manifesté en famille contre le régime de Bachar el-Assad. Elle a connu la douleur de perdre son professeur danglais, atteint par un obus au printemps dernier alors quil rentrait chez lui. Cétait lun des meilleurs profs de Raqqa qui ma suivi pendant quatre ans au collège puis au lycée, dit la bonne élève qui a fait toute sa scolarité dans lenseignement public dans sa ville. Elle a vécu surtout le vide des journées sans horaires, à trainer à la maison avec mes deux frères ainés qui ont dû interrompre leurs études universitaires à Alep. La seule sortie quotidienne cétait au café internet pour communiquer par Facebook avec ma soeur qui travaille à Beyrouth. Depuis que jai commencé les cours, ça va mieux jai un rythme et un objectif: obtenir le bac. Mais quel bac? A Raqqa, comme dans les autres zones qui ne sont plus sous le contrôle du régime de Damas, cest lincertitude. Pour le moment je prépare le bac de léducation nationale mais je devrais aller passer les épreuves dans une ville loyaliste. On me dit que celui organisé par la Coalition dopposition ici est maintenant reconnu par la Turquie et bientôt par dautres pays. Alors peut-être... On verra, dici le mois de juin. Cest si loin. Et puis tout dépend de ce que je peux faire après... A laise dans les matières littéraires, Rana hésitait entre des études de droit ou darts appliqués, elle savoue aujourdhui complètement désorientée: Je nai plus vraiment dambition car je sais que les choix me seront dictés par les circonstances.
Posted on: Fri, 25 Oct 2013 08:31:30 +0000

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