"Reconnaître la nécessité de mettre fin à une tradition - TopicsExpress



          

"Reconnaître la nécessité de mettre fin à une tradition criminelle c’est reconnaître son caractère criminel. La façon la plus répandue de dissimuler les crimes traditionnels est donc de ne pas reconnaître qu’il s’agit de crimes en continuant à les pratiquer afin qu’ils gardent leur aspect banal et anodin. C’est ainsi que pour éviter la culpabilité qui accompagne la prise de conscience des crimes, beaucoup de crimes sont répétés. Les militants de la libération animale qui tentent d’amener à la conscience du public l’horreur des traitements infligés aux animaux sont souvent confrontés à ce problème sans le savoir. Beaucoup d’entre eux pensent qu’une simple information du public sur les atrocités subies par les animaux pour le confort humain devrait suffire à conduire ces atrocités à leur terme. C’est mal comprendre que l’émergence d’un sentiment de culpabilité dans le public ne peut qu’appeler des mécanismes psychologiques de défense contre cette culpabilité, au premier rang desquels celui de poursuivre ces atrocités afin de leur conserver l’apparence de la normalité. Le sentiment de culpabilité des consommateurs de viande, méconnu parce que refoulé, est en réalité beaucoup plus répandu qu’il n’y paraît puisque, d’après Pascal Lardellier, 89 % d’entre eux avouent qu’ils préfèreraient renoncer à la viande plutôt que de tuer eux-mêmes les animaux qu’ils mangent. D’où proviendrait cette répugnance à tuer soi-même sinon d’une réprobation intérieure de ces meurtres qu’il est plus facile de faire commettre par d’autres afin de ne pas se salir les mains ? Une réprobation intérieure qui engendre nécessairement une culpabilité refoulée vis-à- vis des meurtres dont nous nous savons néanmoins responsables. Pascal Lardellier enchaîne sur le thème des abattoirs expulsés des centres urbains en direction de la périphérie afin de les éloigner des regards : Bien sûr, Claude Fischler nous rappelle que la “ filière viande ” comporte une difficulté : “ Il y a certains aspects que, littéralement, on ne peut pas montrer et que l’on ne veut pas voir [1]. ” L’équivalent anglais d’“ abattoir ”, slaughterhouse (maison du massacre), nous rappelle combien s’y perpétuent des carnages. L’opération de mise à mort a donc été industrialisée, parcellisée, mécanisée. Mais une mauvaise conscience hante encore nos steaks [2]. Pascal Lardellier poursuit sa réflexion en remarquant combien l’apparence de la viande est gommée dans les fast-foods. Avant d’être mangé, le corps de l’animal est dénaturé, déstructuré, recompacté, coloré et travesti tandis que le ketchup donne à son sang une apparence sucrée et ludique. Ni dans la texture ni dans la couleur, rien ne rappelle plus le cadavre de l’animal."
Posted on: Fri, 09 Aug 2013 13:26:40 +0000

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