«Si Dieu n’existe pas tout est permis» - Fyodor Dostoïevski - TopicsExpress



          

«Si Dieu n’existe pas tout est permis» - Fyodor Dostoïevski (…) «Pensez-vous qu’on ne voie pas, écrivait Blanc de Saint-Bonnet, ce qui se passe en ce moment chez les hommes? Ils voudraient se sauver sans Dieu. Ils ont mis là leur point d’honneur.» Ce qu’ils voudraient, c’est expliquer et justifier les grandes lois de l’ordre moral sans référence au Créateur. Dieu supprimé, la notion du sacré disparaît. L’homme n’est plus, ne peut plus être qu’un individu tiraillé entre deux tendances : ou la révolte contre la société, ou son absorption par celle-ci. Ou la révolte nihiliste de l’anarchie, protestation de l’individu contre ce qui ne peut plus être que tyrannie sociale ; ou un l’anéantissement volontaire et quasi mystique de l’individu dans un totalitarisme socialisant dont le marxisme-léninisme offre, pour le quart d’heure, le suprême exemple. Mais Dieu rétabli, tout s’ordonne, tout s’explique sagement, raisonnablement : le vrai rôle de la société, le respect dû à la personne…, et les obligations de celle-ci envers celle-là. La référence à Dieu qui donne son caractère sacré à la personne est aussi l’argument qui permet à la société de châtier la personne criminelle. Si Dieu n’est plus le principe de la loi, la loi n’impose plus réellement, logiquement. Elle est un conseil, une recommandation, plus ou moins sage. Elle est incapable de se justifier sérieusement, incapable de trouver en elle ce qui légitimement, raisonnablement, l’autorise à dire : il est obligatoire de m’obéir, j’ai le droit d’y contraindre ; j’ai le droit de punir, et même de tuer en certain cas, ceux qui refusent d’observer mes prescriptions. Devant cette loi sans principe, on ne dira jamais assez que les anarchistes ont raison. Car, une fois les institutions coupées de Dieu, il ne reste plus logiquement que la thèse de ces gens-là pour expliquer le pouvoir du gendarme : thèse de la seule force du nombre, de l’écrasement de l’individu par la société au nom de la seule supériorité du «multiple» par rapport à «l’un» et des droits du «tout» sur la «partie». Soit qu’on accepte cela et qu’on s’organise, comme font les communismes. Soit que l’individu s’insurge contre la tyrannie sociale, à la façon des anarchistes. Si Dieu cesse d’être la loi, que devient le principe de la loi? Quel respect, quelle obéissance mérite-t-elle? Pourquoi la loi? Pourquoi l’État? Pourquoi le gendarme? Et qu’est-ce qui m’oblige raisonnablement à me soumettre, à obéir? La crainte d’être emprisonné, peut-être? Et si je m’en moque, ou trouve plus passionnant de le risquer? Les anarchistes ont donc raison quand ils prétendent que la société est une odieuse tyrannie, fondée sur la violence, la seule force brutale. Quel droit, vraiment raisonnable, peut m’obliger dans ces conditions? Le droit qu’elle est le tout dont je suis la partie? Et voici l’esclavage du totalitarisme, du collectivisme, du communisme. Dieu donc, ou la très logique révolte de l’anarchiste. Dieu donc, ou la très logique oppression du communiste. Alors qu’en invoquant Dieu, l’abjecte alternative s’écarte. Car je puis me dire, raisonnablement, dans l’absolue et toujours actuelle dépendance de Dieu, alors que je ne le puis pas de la société. Dieu donc, en toute rigueur logique, a pleinement droit de me commander, non la société. Et si je comprends qu’il faut obéir à cette dernière, en n’étant pas anarchiste, c’est que je vois là l’ordre même de ce Créateur, qui peut seul avoir le droit absolu de commander, et dont procèdent tous les autres commandements légitimes. (…) «Sans l’unité divine et ses conséquences de discipline et de dogme, l’unité mentale, l’unité politique disparaissent en même temps, elles ne se reforment que si on rétablit la première unité. Sans Dieu, plus de vrai ni de faux ; plus de droits, plus de loi. Sans Dieu, une logique rigoureuse égale la pire folie, à la plus parfaite raison. Sans Dieu, tuer, voler sont des actes d’une innocence parfaite ; il n’y a point de crime qui ne devienne indifférent, ni de révolution qui ne soit légitime ; car sans Dieu le principe du libre examen subsiste seul, principe qui peut tout exclure, mais qui ne peut rien fonder» - Charles Maurras Jean Ousset – Fondements de la cité
Posted on: Tue, 25 Jun 2013 01:34:29 +0000

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