« Un des grands mensonges qu’on nous raconte depuis toujours est l’idée que la littérature est un passe-temps, un luxe presque superflu. Or, la littérature est un lieu aussi concret que cette pièce et n’est pas un passe-temps mais est faite du temps lui-même. Elle habite, lorsqu’elle est vraie, le passé, le présent et le futur. Je pense que l’enseignement de la littérature passe par ce constat. Les maîtres le savent. Ce n’est que quand l’élève réalise que c’est son histoire qui se raconte, son lieu qui se définit, son temps qu’on est en train de saisir dans le livre, qu’il devient lecteur. Sans cela, il n’y a aucune raison de supposer que le livre est plus important qu’un jeu vidéo. Si un livre s’arrête au bout de la page, il n’est pas plus important qu’un jeu vidéo ! La littérature qui compte est celle qui prolonge notre vie. » On peut lire ces mots du grand écrivain Alberto Manguel dans « Conversations avec un ami », des entretiens avec Claude Rouquet publiés chez Leméac Éditeur. Tout lecteur québécois de Ferron peut être sensible à ce discours puisqu’il sait en lisant l’un ou l’autre de ses livres : Le ciel de Québec, Cotnoir, La charrette, Les contes, etc., que c’est précisément son histoire qui est racontée, que c’est le lieu même de sa réalité qui se définit d’une page à l’autre. Du reste, on sait aussi que l’œuvre de Jacques Ferron habite le passé, le présent et le futur de notre société.
Posted on: Thu, 28 Nov 2013 02:27:07 +0000
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