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14_ * * * Discrètement, je glisse un œil par le trou de la serrure. Je n’arrive pas à voir quoi que ce soit. La lumière est trop aveuglante. Soudain, un énorme bruit retentit. Un bruit à vous faire dresser les poils de votre dos, un bruit tellement terrifiant que j’en suis morte de trouille et que je manque de hurler de terreur. Heureusement, j’étouffe mon cri des deux mains. Un simple hoquet a le temps de sortir de ma bouche. Mon cœur bat comme un tambour dans une fanfare. J’essaye de reprendre mon calme mais je ne peux retenir les larmes de couler. Maman va se demander ce que j’ai fais. Je redescends en séchant mes larmes comme je peux. Mamie est à la cuisine en train de préparer le plateau de fromage. Lorsque la voie est libre, je me glisse jusqu’au salon et regagne ma chaise. Malheureusement, papa croise mon regard. - Gabby…? ça va pas, qu’est ce qui a ? Je comptais être discrète… C’est raté. Les conversations se sont tues, et quatre paires d’yeux sont à présent braquées sur moi, me plongeant dans un malaise évident. - Je… Les larmes recommencent à monter. Il en faut peux pour affoler la petite fille sage que je suis. Parfois, ça m’énerve d’être si émotive. Mais je ne peux pas m’en empêcher. - Je… J’essaye de me creuser la cervelle, mais je me souviens que je ne sais pas mentir et que ça ne sert à rien de trouver une excuse. Maman sait lire dans mes yeux comme un virtuose de la musique sait lire une partition. - Je… y … y avait une énorme araignée dans les toilettes. C’est sorti comme ça. A croire que Bêbête, qui maitrise le mensonge depuis toujours et qui peut vous sortir un gros bobard de la façon la plus naturelle qui soit, m’ait déteint dessus. J’évite de regarder maman dans les yeux, parce que je sens qu’elle durcit son regard pour déchiffrer mes arrières pensées. Finalement, elle laisse tomber. - Oh c’est pas grave ! C’est pas la p’tite bête qui va manger la grosse ! dit Papi-No, euphorique. - J’en connais une grosse de bête moi ! dit mamie en le poussant du coude. Ils sont repartis dans leurs délires. Ouf. Je suis sauvée. * * * Comment avions-nous pu entretenir des rapports aussi mauvais ? Plus le temps passait, et plus les moments de complicité avec toi se faisaient rares. La dernière fois que je t’ai vu sourire, c’était le jour où nous sommes allés chez mamie. On était encore une famille, plus ou moins. En tout cas, même si tu avais rechigné à venir, tu étais venue, et c’était le principal. Finalement, je me rends compte avec le recul que si tout ne s’était pas passé comme ça, j’aurais peut-être réussi à percer le gros cumulonimbus qui me séparait de toi. J’ai des souvenirs lointains du « Château dans le ciel » de Hayao Miyazaki qui me reviennent à l’esprit, et pas seulement parce que tu adorais les films japonais : c’est que je fais le parallèle entre la découverte de Laputa, une île cachée derrière un énorme nuage que personne n’a jamais réussi à trouver, et ma propre découverte, la tienne. Le destin n’a hélas pas attendu ; si il m’avait donné plus de temps, peut-être que j’aurais réussi à découvrir ce qui se cachait derrière cet épais nuage qu’a dressé entre nous l’âge pubère. Le soir où on nous a fait dormir ensemble, j’ai pourtant eu droit à une sacrée révélation. Et sans toi, je crois que ce secret ne m’aurait été révélé que bien plus tard… * * *
Posted on: Thu, 19 Sep 2013 01:28:05 +0000

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