15 Après l’inévitable périphérique Sud en direction de - TopicsExpress



          

15 Après l’inévitable périphérique Sud en direction de Lyon, Peter avait comme à son habitude quitté les grands axes. Il roulait à présent en pleine campagne, avait laissé l’autoroute à Gien et pris la Nationale 7 en direction de la Bourgogne. Il pleuvait fort, une pluie épaisse neigeuse, la nuit tombait entre chien et loup. La radio annonçait une violente explosion probablement due au gaz dans le 7ème arrondissement de Paris et une fusillade près de la place Vendôme. Sans plus de détails. Au centre du village de Neuvy-sur-Loire dans une cabine téléphonique. -Greta faut m’extraire. -T’es où ? -C’est pas le problème. L’appartement était vide, je veux dire qu’il avait été nettoyé avant mon passage. C’est nous ? -Je t’ai dit que non. -Alors c’est quelqu’un d’autre. -Logique… Peter alluma une cigarette. -Quand j’étais sur place un mec est entré, j’allais partir, j’avais déjà placé les charges. -Les charges ? -Pas de traces… comme d’habitude… -Et c’est Marc le psychopathe ? hurla Greta : j’avais dit que c’était pas dans tes cordes pourquoi j’ai toujours raison putain… -C’est dans mes cordes, dit-il pour tenter de la calmer avant de poursuivre : c’était un flic, s’il avait traîné sur place comme je le prévoyais il serait en petits morceaux... -Mais ce n’est pas le cas n’est-ce pas ? il t’a vu ? -Non, enfin pas exactement… -Enfin pas exactement… répéta-t-elle le singeant. -Une silhouette tout au plus... -Il était seul ? -Oui, dans l’appartement oui, mais après non. -Après quoi ? -Ils m’ont suivi, ils étaient deux, un en haut l’autre en bas à attendre ou à se garer j’en sais rien, mais j’ai pu les lâcher. -Sans dégâts ? improbable… -Ils sont piétons c’est tout et ça leur fera quelque chose à raconter à leurs collègues. -Que s’est-il passé ? -J’ai dû faire diversion… l’explosion chez Marc ça les a drôlement excités ils me lâchaient plus, alors… -En plein centre de Paris une nouvelle fois je suppose ? avec toutes les caméras de surveillance pour passer au 20 heures ! n’est-ce pas ? -Place Vendôme… - Quoi… ? hurla-t-elle encore : mais c’est… je devrais te faire buter, te buter moi-même même. -C’est ça… j’étais grimé… ils ne pourront jamais m’identifier. -Tu te fais des illusions... -Je dois me faire oublier en tous cas, histoire de voir ce qui ce passe, avec Lille et ça maintenant ça fait trop. -J’ai une autre affaire pour toi. -Tu m’écoutes pas bordel, j’me barre, je prends des vacances, ça commence maintenant… -Non, il te reste un prélèvement à effectuer et tu vas le faire, sinon tes vacances comme tu dis… tu peux oublier ou plutôt, elles seront définitives. -C’est la deuxième fois en moins de trente secondes que tu me menaces Greta… je vais finir par le prendre mal. -Le boss n’aime pas les dérapages, très mauvais plan de com’ ce que tu as fait là. En plus tu sais bien que ton job implique une disponibilité quotidienne, une mise à disposition de chaque instant en fonction des opportunités qui s’offrent à nous. -Et c’est toi qui luttes contre l’oppression des classes laborieuses ? rit-il. -Ta liberté a un prix Peter, tu le sais et tu sais que tu iras. D’ailleurs ce ne sera pas très compliqué. Tu prendras tes vacances après, dit-elle en appuyant sur les mots, vacances et après : ne te les mets pas à dos, tu ne fais pas le poids. -Tu paries ? -Tu sais que j’aie raison. Il ne répondait plus : Peter ? tu sais que j’aie raison n’est-ce pas ? -J’imagine que oui. -C’est entendu alors ? -J’imagine que non. -Très bien, je te contacterai dans deux jours. -Je n’irai pas, j’ai fait sauter un immeuble en plein Paris cet après midi et un ball trap place Vendôme, c’est assez pour le moment. -Tu as deux jours pour changer d’avis. -N’y comptes pas… trancha-t-il. -Si tu ne réponds pas à mon… disons, invitation… je mets quelqu’un sur toi tout spécialement, peu importe le temps que ça prendra ; on te traquera, on te mettra une balle dans la tête ou peut-être qu’on te laissera agoniser dans un entrepôt infesté de rats ou on t’enterrera vivant, nos patrons ont beaucoup d’imagination, sois cool Peter… Il raccrocha. Greta composa un autre numéro, une voix au timbre grave. -Oui Greta ? -C’est Peter… Tue-le…vite… Arrivé au milieu de la nuit à Beaurenard il rangea le van au lourd passé dans la grange et passa directement au maquillage dans la cabine de peinture. Couleur rouge. Plaques minéralogiques dans le 21. La transformation terminée il alla se doucher et alluma la télé : passaient les images de la rue de Beaune, l’immeuble en feu, le cirque de la place Vendôme. Les journalistes n’étaient pas remontés bien loin, donc, la police non plus, ni l’instruction. Ils relataient la mort de Marc, évoquaient un drame de la jalousie, suggéraient aussi un possible règlement de compte entre trafiquants de drogue - ce qu’était Marc selon eux - les enquêteurs avaient trouvé deux cents grammes de cocaïne chez lui - tout en se questionnant sur les raisons de plastiquer l’appartement d’un mort si ce n’était pour faire disparaître des preuves. La police enquêtait. Loin du gaz tout ça. Dans une pièce qui servait de débarras il ouvrit un petit coffre mural maçonné dans la brique, masqué par un semainier en chêne qui était vide et qu’il avait déplacé facilement. Il en sortit un passeport et tous papiers au nom de John Grady, citoyen écossais et fit un clin d’oeil à la photo du passeport. Salut bonhomme, j’espère que tu vas assurer on se fait la malle… John Grady alla se coucher. Sa nouvelle identité il en rêvait depuis un moment, une qu’il s’était faite tout seul et que ni Greta ni Marc ni personne ne connaissait ; tout comme personne ne connaissait sa baraque en Ecosse ni son Hameau Somptueux. Ses comptes étaient à Jersey ; il faisait transiter les sommes depuis le Luxembourg par Monaco la Suisse et les îles Caïmans avant qu’un seul cent n’arrive à Jersey et finalement en Ecosse ; c’était compliqué mais efficace, normalement intraçable. Au matin, parfaitement frais, il se rasa intégralement le crâne pour coller à la photo de son nouveau passeport, rajouta une moustache rousse ; un roux foncé ; des lentilles cornéennes bleues azur profondeur océane, vantait la boite. Il détestait les chauves au crâne rasé artificiellement ou pas, qui, pour se donner un genre ; mais ça allait repousser et assez vite d’ailleurs, une fois en Ecosse.
Posted on: Mon, 24 Jun 2013 19:31:19 +0000

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