15 octobre 2013 Libération «Nouveaux rythmes scolaires, le - TopicsExpress



          

15 octobre 2013 Libération «Nouveaux rythmes scolaires, le catéchisme s’adapte». Les surprises de la nouvelle horloge scolaire Un mois et demi après la rentrée, florilège des imprévus de la semaine de quatre jours et demi. PAR GUILLAUME LAUNAY ET MARIE PIQUEMAL C’est entendu, la réforme des rythmes scolaires initiée à la rentrée change les emplois du temps des enfants, et sans doute celui des parents. Mais depuis sa mise en place dans 17% des communes françaises (dont Paris), ce changement a aussi mis au jour, par ricochet, des situations ou des problèmes plus inattendus. Et confirmé en creux les rapports passionnés qu’entretiennent enseignants, parents, personnels et enfants avec leur école. Alors que Libération a entrepris depuis septembre un suivi régulier de la réforme, sur son site et dans le journal, illustration en cinq exemples de ces impondérables. La lutte des classes Attention, sujet ultrasensible. Dans les écoles exiguës, les mairies ont dû «réquisitionner» les salles de classe pour faire place aux activités périscolaires. Un crève-cœur pour certains enseignants, si attachés à ce lieu qu’ils font parfois le lapsus et disent «ma chambre», en pensant «ma classe». «Dans la mienne, j’accroche aux murs les travaux des élèves. Comme un adolescent qui met des posters. C’est important de s’y sentir bien, pour que les enfants s’y sentent bien aussi et soient disposés à bien apprendre», témoigne Isabelle, vingt-quatre ans de métier. Souvent, la salle sert aussi de bureau pour corriger après la classe les cahiers des élèves, trop encombrants pour les emporter à la maison. «Vous aimeriez, vous, que des gens s’installent à votre bureau ? Ce n’est jamais agréable. Mais on fait avec», soupire Anaïs, 26 ans. Ce qui l’inquiète surtout, c’est l’impact sur les élèves. «Ils associent le lieu à une discipline, certaines règles.» Là, d’un coup, tous ces repères sont chamboulés. Le périscolaire bouffe à tous les ateliers Surprise au rayon du périscolaire : voilà ainsi une élève de CM1 qui apprend à faire depuis la rentrée… des sons avec sa bouche. Soit une heure trente par semaine de beatbox. Dans la liste des ateliers offerts aux enfants, on trouve aussi du tricot, du manga, du jardinage, et même une initiation «droits de l’enfant» pour les maternelles. Bref, l’imagination semble sans limite, mais ne cloue pas le bec aux râleurs. «En lisant activités culturelles et artistiques, les parents ont cru que leurs bambins allaient faire des trucs géniaux : de la peinture sur soie, du parachute, assure avec un brin de mauvaise foi Marie-Christine, enseignante en maternelle et opposée à la réforme. La réalité est décevante. Par exemple, l’atelier percussions corporelles se résume à tape des mains, tape des pieds pendant une heure et demie…» Le pompon, dit-elle, ce sont «les tout-petits en maternelle réveillés tambour battant de la sieste» pour participer à l’activité de 15 heures intitulée «relaxation». Sauf erreur, l’atelier «pour-ne-rien-faire» n’a pas encore été inventé. Il ne déplairait pas à Paul Raoult, le président de la Fédération des parents d’élèves (FCPE), défenseur de la réforme, qui rappelait dans nos colonnes : «Les enfants ont aussi besoin d’être au calme, de temps entre copains et parfois même de s’ennuyer.» Le bazar des cartables Avant, c’était simple : durant toute la journée de cours, le cartable restait sagement dans la salle de classe et repartait avec l’écolier le soir venu. Avec les nouveaux rythmes, c’est le bazar. Qu’en faire à la sortie de la classe et pendant les ateliers ? «Le premier jour, on s’est retrouvés avec 250 cartables en vrac dans la cour», raconte une animatrice. Depuis, des solutions ingénieuses ont été trouvées. Comme la création du «parking à cartable» sous le préau, avec des panneaux de couleur, par classe. Vu aussi : les sacs accrochés aux portemanteaux dans le couloir, pour permettre aux agents de service de faire le ménage. Mais Où est PAssée Émilie ? Gérer les présents et les absents, c’est depuis toujours l’angoisse du directeur. La voilà maintenant aussi partagée par les animateurs. Les ateliers étant gratuits dans la plupart des villes, les parents ont tendance à les utiliser à la carte. «A 15 heures, quand le portail de l’école s’ouvre, je me prends des suées. Imaginez qu’un petit CP sorte alors qu’il est censé rester aux ateliers !» stresse François, animateur à Paris. Ce jour-là, quand les portes se sont refermées, une Emilie manquait à l’appel. Elle était en fait partie au catéchisme sans prévenir… Le caté ne se fait pas prier Musique, sport ou culture : la réforme a eu des effets collatéraux sur les autres associations, amputées des horaires du mercredi matin et parfois privées d’équipements (piscines, salles…) réattribués aux scolaires. Certaines ont tenté de rebondir. Le catéchisme notamment. Des paroisses ont élaboré un plan B pour garder leurs ouailles, voire séduire des petits nouveaux. A Sanary-sur-Mer, dans le Var, les sœurs de la paroisse de Saint-Nazaire vont ainsi chercher les enfants à l’école à 15 h 30, leur donnent le goûter, les aident pour les devoirs avant le caté. A Paris, on trouve aussi l’option «mercredi midi, avec ramassage à la sortie de l’école et pique-nique tiré du sac». «On essaie de saisir l’occasion de cette réforme pour redonner un élan au caté», racontait le diocèse de Paris, qui a lancé une campagne «Nouveaux rythmes scolaires, le catéchisme s’adapte».
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 22:29:44 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015