1PIERRE Introduction Une fois que je me trouvais sur l’île - TopicsExpress



          

1PIERRE Introduction Une fois que je me trouvais sur l’île de la Dominique et que je me promenais sur la berge, j’ai rencontré des pêcheurs qui réparaient leurs filets et qui s’apprêtaient à prendre la mer. Ils étaient pauvrement vêtus et, à les entendre parler, ils n’avaient pas dû user beaucoup de fonds de culotte sur des bancs d’école. C’est un peu l’image qu’on se fait des pêcheurs dans les pays du tiers-monde. Or, c’est aussi ce qu’était la majorité des apôtres du Christ. Après la mort et la résurrection de Jésus, ils étaient déroutés. Ils avaient reçu l’ordre de l’attendre, mais ils commençaient à trouver le temps long, à se sentir seuls et même abandonnés. Ils n’avaient plus de sens de direction et devaient s’assumer. Comme Pierre avait une famille à nourrir, il a soudainement eu un éclair de génie et a dit à d’autres disciples : Je m’en vais pêcher (#Jean 21:3). Étant donné qu’il était leur chef, ils l’ont tous suivi et se sont retrouvés en barque sur le lac de Galilée. Pierre et son frère André étaient des professionnels de la pêche. Ils avaient monté leur affaire sur le lac de Galilée (#Matthieu 4:18; Luc 5:1-3) et elle marchait plutôt bien. À l’origine, ils étaient de Bethsaïda (#Jean 1:44) à l’extrême nord du lac de Galilée, mais finalement ils sont allés s’installer à Capernaüm au nord-ouest du lac parce que ce village étant plus grand que Bethsaïda, il y avait davantage de clients pour leurs poissons. De profession, donc, Pierre était un simple pécheur et pas un professeur érudit. Oui, mais il avait quand même passé trois ans et demi avec le Maître, ce qui se voit d’emblée quand on commence à lire sa première épître. Dans les cinq premiers versets, il mentionne une série de concepts théologiques comme l’élection, la prescience de Dieu, la sanctification, la Trinité, la régénération, l’espérance du croyant, la résurrection, le salut, mais aussi la valeur du sang du Christ, l’obéissance à Dieu, sa miséricorde et l’héritage des élus. La façon dont il parle de certaines doctrines chrétiennes, ainsi que son style littéraire superbe et son vocabulaire recherché montrent qu’il n’était pas resté un simple pêcheur ignorant. Cela dit, c’est Sylvain, aussi appelé Silas, qui a couché les mots sur le parchemin (5.12), mais c’était une pratique courante de l’époque. En effet, dans l’Antiquité, la plupart des rédacteurs de lettres avaient recours aux services d’un secrétaire de métier, et Paul et Pierre ne font pas exception. Ces plumes pouvaient être de simples greffiers, des copistes, ou bien jouer un rôle plus important de composition, de révision ou même de coauteurs dans la rédaction de la lettre. Il est donc possible que Sylvain et Timothée aient participé activement à la rédaction de certaines lettres de Paul, car l’apôtre les mentionne à plusieurs reprises comme co-expéditeurs de ses lettres (2Corinthiens ; Philippiens ; Colossiens ; 1 et 2Thessaloniciens ; Philémon), ce qui était une pratique rare. Pour ce qui est de la première épître de Pierre, il est donc possible que Sylvain ait participé à sa rédaction, peut-être en lui suggérant quelques tournures de phrases et en l’aidant avec certaines subtilités grammaticales. Mais cela n’enlève rien aux dons d’orateur de Pierre. D’ailleurs dans un passage du Nouveau Testament, on lit : Les membres du Grand-Conseil étaient étonnés de voir l’assurance de Pierre et de Jean, car ils se rendaient compte que c’étaient des gens simples et sans instruction (#Actes 4:13). Il faut savoir qu’à cette époque, ne pas avoir d’instruction ne voulait pas dire être ignare mais simplement ne pas avoir été formé à la tradition rabbinique. C’était le cas de Pierre, mais après plus de trente ans de ministère, il avait en toute probabilité une parfaite maîtrise de la langue grecque ce qui se voit à son style rhétorique et à sa facilité à utiliser des métaphores. Au lieu d’être illettré, Pierre aurait facilement pu ouvrir et diriger une faculté de théologie et c’est ce qu’il a fait, du moins presque, puisqu’il fut le premier chef de l’Église de Jérusalem. Au travers les siècles, certains ont désavoué Pierre comme l’auteur de l’épître qui porte son nom, mais tout bien considéré, il existe une montagne d’évidences en sa faveur. Je vais donner quelques exemples. Entre cette lettre et les sermons de Pierre que nous rapporte le livre des Actes, on trouve des parallèles qui montrent que c’est bien le même homme qui parle. À la Pentecôte, dans son premier discours, il dit aux Israélites : Jésus a été livré entre vos mains conformément à la décision que Dieu avait prise et au projet qu’il avait établi d’avance (#Actes 2:23). Et dans cette première épître, il complète cette affirmation en disant aux Juifs : Dès avant la création du monde, Dieu l’avait choisi pour cela (#1Pierre 1:20). Dans le livre des Actes, Pierre dit : Jésus nous a donné l’ordre de prêcher au peuple juif et de proclamer que c’est lui que Dieu a désigné pour juger les vivants et les morts (#Actes 10:42). Et dans cette épître, il répète la même vérité quand, parlant des païens, il dit : Ils en rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts (#1Pierre 4:5). Un autre exemple encore plus convaincant est un psaume (#Psaume 118:22) que Jésus cite pour faire allusion à son rejet par les chefs juifs et que Pierre mentionne aussi et à deux reprises. Alors que Jésus enseignait dans le temple, les chefs des prêtres et les responsables du peuple sont venus lui lancer un défi. À cette occasion, il leur a dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre principale, à l’angle de l’édifice. C’est le Seigneur qui l’a voulu ainsi et c’est un prodige à nos yeux … Celui qui tombera sur cette pierre-là, se brisera la nuque, et si elle tombe sur quelqu’un, elle l’écrasera (#Matthieu 21:42, 44). Pierre était présent quand Jésus a dit ces paroles. Plus tard, quand il explique au grand conseil juif la guérison miraculeuse qu’il a réalisée sur un homme infirme (#Actes 3:6). Il dit : C’est au nom de Jésus-Christ de Nazareth … que cet homme se tient là, debout, devant vous, en bonne santé. Il est la pierre rejetée par les constructeurs par vous - et qui est devenue la pierre principale, à l’angle de l’édifice (#Actes 4:10-11). Et dans sa première épître, il enfonce le clou quand il écrit : Pour ceux qui ne croient pas : La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre principale, à l’angle de l’édifice, une pierre qui fait tomber, un rocher qui fait trébucher. Parce qu’ils refusent de croire à la Parole, il leur arrive ce qui était prévu pour eux : ils tombent à cause de cette pierre (#1Pierre 2:7-8). Un dernier exemple qui montre que l’apôtre Pierre est bien l’auteur de cette lettre a également trait à des paroles de Jésus. Dans le dernier chapitre de cette première épître de Pierre, il s’adresse aux responsables de l’Église. Après leur avoir rappelé qu’il a été témoin des souffrances du Christ, il leur dit : Comme des bergers, prenez soin du troupeau de Dieu qui vous a été confié (#1Pierre 5:2). Or, le seul autre endroit du Nouveau Testament où apparaît le mot traduit par « prenez soin » (poimanate), est quand Jésus confie à Pierre cette tâche spécifique et lui dit : Prends soin (poimaine) de mes brebis (#Jean 21:16 ; auteur). Les écrivains chrétiens des premiers siècles, comme Polycarpe, Clément d’Alexandrie, Tertullien, Irénée, et l’historien Eusèbe de Césarée (4e siècle ; Histoire ecclésiastique 3.3), par exemple, considéraient cette épître inspirée de Dieu, son auteur étant le Pierre des Évangiles et du livre des Actes. Son contenu ainsi que le témoignage de l’histoire de l’Église soutiennent ce point de vue au-delà de tout doute raisonnable. Les deux épîtres de Pierre révèlent que son auteur est un homme qui a beaucoup changé. Alors qu’il avait habitude de parler avant de penser à ce qu’il allait dire, maintenant il est posé et réfléchi ; d’impétueux, il est devenu patient. À l’origine, il s’appelait Simon, un nom qui désigne huit autres personnes dans le Nouveau Testament. Mais lorsque Jésus l’a rencontré la première fois (#Jean 1:42), il a changé son nom et l’a appelé Céphas, un mot araméen qui en grec est petros. Dans les deux langues, il signifie caillou, bout de rocher et c’est ce que Pierre est devenu. La description par Jésus de la future force de caractère de Simon devint son nom personnel. Dans les Évangiles, Pierre est quelques fois appelé Simon dans des situations mondaines (#Marc 1:29, 30; Luc 4:38; 5:3, 4, 5, 10), mais surtout quand Jésus le réprimande (#Matthieu 17:24-25; Marc 14:37). Quand Simon adopte la bonne attitude, il devient Pierre (#Luc 5:8) et après la Pentecôte, il sera toujours Pierre le roc. Pierre est le seul personnage dans le Nouveau Testament à s’appeler de ce nom, ce qui me fait dire que le Seigneur l’a voulu ainsi afin qu’on le confonde avec personne d’autre. Tout comme Jésus est unique, Simon Pierre l’est aussi. C’est lui l’apôtre qui a ouvert le royaume de Dieu aux Juifs, aux Samaritains et aux païens, mais il semble surtout avoir consacré son temps à l’annonce de la Bonne Nouvelle aux Juifs. En effet, l’apôtre Paul déclare : Jacques, Pierre et Jean … nous ont serré la main, à Barnabas et à moi, en signe d’accord et de communion ; et nous avons convenu ensemble que nous irions, nous, vers les peuples païens tandis qu’eux se consacreraient aux Juifs (#Galates 2:9). Pierre a commencé son ministère comme dirigeant de l’Église de Jérusalem. Il fut emprisonné puis miraculeusement délivré. Suite à cet incident, il a passé le bâton de commandement à Jacques et a commencé un ministère itinérant (#Actes 12:2) probablement en Asie Mineure, la Turquie actuelle. Après le concile de Jérusalem (#Actes 15), Pierre disparaît des pages du livre des Actes qui raconte les débuts de l’Église, et il ne réapparaît que dans les deux épîtres qui portent son nom. D’après deux lettres de l’apôtre Paul, Pierre a fait une halte dans les villes d’Antioche et de Corinthe (comparez #Galates 2:11-21; 1Corinthiens 1:12). Il adresse cette épître à des croyants dispersés dans cinq provinces romaines de la péninsule d’Asie Mineure et qui sont énumérées dans l’ordre qui correspond à l’itinéraire emprunté par Sylvain, le porteur de la lettre. Il s’agit du Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie. Les Églises de ces provinces étaient mixtes ; il y avait autant de Juifs que de païens. On sait que Paul a visité la Galatie et l’Asie, mais on ne sait pas comment la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ est parvenue au Pont, en Cappadoce et en Bithynie. En toute probabilité, ce sont des Juifs convertis à la Pentecôte ou par le ministère de Paul qui ont évangélisé ces provinces. Au moment de la rédaction de sa première épître, Pierre dit être à Babylone (#1Pierre 5:13). On pense tout de suite à l’ancienne capitale du vaste empire de Nabuchodonosor en Mésopotamie. Cependant, cette région était peu habitée même s’il existait à Babylone une communauté juive bien établie. Il est peu vraisemblable que Sylvain et Marc se soient trouvés dans cette ville en même temps que Pierre. Il y avait bien une Babylone égyptienne, mais ce n’était guère plus qu’une garnison romaine qui est maintenant le vieux Caire. Par contre, dans le livre de l’Apocalypse, la capitale de l’Empire romain reconstitué a pour nom Babylone (#Apocalypse 17:1-18:@) parce que c’est le haut lieu de l’idolâtrie et de la débauche, tout comme la Babylone antique et Rome au premier siècle. De plus, la haine envers les chrétiens devenait de plus en plus forte ; ils étaient victimes de violence verbale et psychologique. Pierre ne voulait donc pas révéler sa présence dans la capitale impériale et devenir la cible des autorités au cas où on découvrirait la lettre. Au moment où il écrit cette épître, il est libre et comme il tient à le rester, il ne veut pas révéler l’endroit où il se trouve. Pour cette raison, il utilise un nom de code et dit se trouver à Babylone alors qu’en réalité il est à Rome. Pierre n’est pas mentionné ni dans la lettre de Paul aux Romains, ni pendant le séjour de l’apôtre en résidence surveillée. De toute évidence, il est arrivé à Rome après la libération de l’apôtre Paul de son premier emprisonnement et y est mort martyr quelques années plus tard (en l’an 67). La première épître de Pierre contient de nombreuses citations de l’Ancien Testament, des allusions à des faits et des personnages de l’Ancien Testament comme Abraham, Sara, Noé et le déluge, par exemple. Il utilise aussi le mot diasporas traduit par dispersés dans la salutation, ce qui montre que Pierre avait à l’esprit ses compatriotes juifs. Cependant, plusieurs passages sont adressés spécifiquement à des non-Juifs. En effet, Pierre parle du temps de leur ignorance (#1Pierre 1:14) puis les encourage disant : Vous avez été libérés de cette manière futile de vivre que vous ont transmise vos ancêtres (#1Pierre 1:18). Il écrit aussi : Autrefois vous n’étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu. Vous qui n’étiez pas au bénéfice de la grâce de Dieu, vous êtes à présent l’objet de sa grâce (#1Pierre 2:10). Il est évident que dans sa lettre d’encouragement aux Églises d’Asie Mineure, Pierre a tenu compte aussi bien des chrétiens d’origine juive que de ceux qui étaient issus du paganisme. Pierre écrit que le gouvernement romain joue encore son rôle qui est de punir les malfaiteurs et d’approuver les gens honnêtes (#1Pierre 2:13-14), ce qui sous-entend que l’Église n’a pas encore à subir les exactions d’une campagne meurtrière organisée par l’État ; aucune loi répressive n’a encore été décrétée contre les chrétiens. Cette épître a donc été écrite juste avant le début de la grande persécution lancée par l’empereur fou-dingue Néron après l’incendie qui a ravagé Rome pendant l’été 64 de notre ère. Suite à cet incident, les chrétiens qui étaient déjà calomniés de mille et une manières furent accusés de rébellion contre l’empire parce qu’ils refusaient de participer aux actes religieux officiels. Un des thèmes importants de cette première épître est la souffrance dans l’épreuve. Il s’agit principalement de l’opposition de ceux qui rejettent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ (1.6-7 ; 2.19-20 ; 3.13-17 ; 4.12-19 ; 5.8-9). Pierre mentionne la calomnie (2.12 ; 3.16), l’injure (3.9 ; 4.14), la violence physique (2.20), le rejet social (4.4) qu’entraînent l’obéissance à Dieu (4.19), l’imitation du Christ (2.21 ; 3.18 ; 4.1) et le témoignage chrétien (2.19 ; 4.16). Tous les croyants de cette époque étaient plus ou moins confrontés à l’une ou à l’autre de ces souffrances (5.9) qui ne revêtaient donc pas un caractère extraordinaire. De plus, Jésus avait averti ceux qui le suivaient qu’ils devaient s’attendre à de telles exactions. Il leur a dit : Le disciple n’est pas plus grand que celui qui l’enseigne, ni le serviteur supérieur à son maître. Il suffit au disciple d’être comme celui qui l’enseigne et au serviteur comme son maître. S’ils ont qualifié le maître de la maison de Béelzébul, que diront-ils de ceux qui font partie de cette maison ? (#Matthieu 10:24-25). Cela dit, en filigrane, on sent déjà que dans cette lettre Pierre voit de gros nuages noirs s’amonceler à l’horizon et qui annoncent une violente tempête ; il pressent que de sévères persécutions ne vont pas tarder. Peut-être avait-il eu vent de ce qui se tramait dans les couloirs du palais impérial, car d’après une salutation de l’apôtre Paul, on sait qu’il s’y trouvait un certain nombre de croyants (#Philippiens 4:22). Or, comme chacun sait, les murs ont des oreilles. En fait, il est probable que certaines persécutions avaient déjà cours à Rome, un peu comme ce qui s’est passé en Allemagne nazie à partir de janvier 1933 quand les Juifs furent considérés comme des Untermenschen, des sous-humains. Après 1935 une fois que les lois de Nuremberg furent votées, la violence empira jusqu’à la Krystalnacht, la nuit du cristal en novembre 1938. On connaît la suite. L’épître de Pierre est une lettre de type classique avec une salutation en introduction et en conclusion. Comme dans plusieurs épîtres de l’apôtre Paul (Éphésiens ; Colossiens), elle débute par une louange à Dieu (1.3-12) qui remplace la prière aux divinités qu’on trouvait dans certaines lettres de l’époque, comme : Je remercie les dieux et patati et patata, les dieux (#Actes 17:22-23) parce qu’il ne faut vexer personne. L’un des objectifs principaux de Pierre est d’encourager les croyants qui passent par la souffrance due à la pression sociale et religieuse de leur entourage. Ce thème est présent dans les cinq chapitres (1.6-7 ; 2.11-4.6 ; 4.12-19 ; 5.7-11) de l’épître. Pour fortifier la foi des croyants, Pierre leur rappelle leur situation face à Dieu et dans le monde. Ce sont des hôtes qui ne sont que de passage (1.1, 17 ; 2.11) dans un monde mauvais. La patrie de l’Église est dans le ciel (1.4) et sera révélée le jour où, le Jésus qui est ressuscité, instaurera son royaume ici-bas (1.3, 5). Ce salut futur (1.5) annoncé dans le passé (1.10) est déjà une réalité partielle présente (1.9) malgré les souffrances que les croyants doivent encore endurer (1.6). Cette perspective spirituelle devrait les encourager à vivre les six impératifs qui résument le projet qu’ils ont en commun. Ce sont : l’espérance, une vie sainte, un profond respect envers Dieu, l’amour, la croissance spirituelle, et l’édification de l’Église qui est un temple spirituel constitué de pierres vivantes aussi bien juives que païennes, Jésus étant la pierre d’angle de cet édifice (1.13-2.10). Les croyants doivent également adopter des comportements nouveaux dans le monde où ils vivent et dans leur famille (2.11-37) tout en se préparant à subir des persécutions sous forme d’injustices (3.8-22) et de souffrances diverses (chap. 4). Enfin, chacun doit assumer les responsabilités particulières qui lui incombent (5.1-11). Voilà en quelques mots ce que Pierre veut partager avec ses lecteurs. C’est un emploi de vie plutôt exigeant, mais la vie chrétienne est pour les braves. Chapitre 1 Verset 1 La première fois que je suis allé en colonie de vacances, j’avais dix ans. C’était très loin de chez moi et pour tout un mois. Je me souviens que j’avais des coups de cafard, ce qui fait que j’appréciais vraiment beaucoup recevoir une lettre de ma maman. Quand j’ai fait l’armée, j’étais tout aussi très loin, à Trèves en Allemagne, mais je n’avais plus de coups de cafard, heureusement. Par contre, j’aimais toujours recevoir des nouvelles du pays. Au premier siècle de notre ère, les croyants étaient disséminés un peu partout dans l’Empire romain, loin des apôtres, leur soutien spirituel, et en plus ils devaient vivre dans une société qui leur était très hostile. Alors quand ils recevaient une lettre de l’un des apôtres, elle leur était extrêmement précieuse et circulait d’Église en Église. Je commence à lire le premier chapitre de l’épître de Pierre. Pierre, apôtre de Jésus-Christ, salue ceux que Dieu a choisis et qui vivent en hôtes de passage, dispersés dans les provinces du Pont, de Galatie, de Cappadoce, d’Asie et de Bithynie (#1Pierre 1:1). La salutation d’introduction est la forme habituelle qui était utilisée dans les correspondances du premier siècle de notre ère. Les épîtres de l’apôtre Paul commencent généralement de la même façon, en identifiant à la fois l’auteur et les destinataires de la lettre. Le nom « Pierre » est la traduction grecque de l’araméen Céphas, nom que Jésus donna à Simon lorsqu’il l’appela à devenir son disciple. L’apôtre Jean explique comment cela s’est passé : un jour, Jean Baptiste voyant Jésus qui passait a dit à ceux qui l’entouraient : Voici l’Agneau de Dieu ! (#Jean 1:36). C’est alors que deux de ses disciples se mirent à suivre Jésus. André, le frère de Simon Pierre, était l’un de ces deux hommes qui, sur la déclaration de Jean, s’étaient mis à suivre Jésus. Il alla tout d’abord voir son frère Simon et lui dit : Nous avons trouvé le Messie - ce qui veut dire le Christ. Et il le conduisit auprès de Jésus. Jésus le regarda attentivement et lui dit : Tu es Simon, fils de Jonas. Eh bien, on t’appellera Céphas - ce qui veut dire Pierre. (#Jean 1:40-42). Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, personne d’autre dans le Nouveau Testament ne peut être identifié comme Pierre, apôtre de Jésus-Christ. Cette affirmation d’autorité apostolique que fait Pierre de lui-même est authentique, car non seulement le texte le dit, mais depuis le premier siècle, les apôtres puis les Pères de l’Église ont reconnu que cette lettre était inspirée de Dieu. C’est à partir de la Pentecôte que Pierre est devenu à l’image de son nom, inébranlable dans sa foi. Quand il était Simon, il avait les pieds tendres, mais après avoir reçu l’Esprit de Dieu il fut métamorphosé. Il a goûté de la prison à cause de sa détermination à rester fidèle à son Maître Jésus-Christ. On l’a menacé, mais il n’a pas bronché et pourtant, il savait qu’il finirait martyr. En effet, après la résurrection, et lors de la longue entrevue éprouvante qu’il a eue avec Jésus, ce dernier lui a dit : Vraiment, je te l’assure : quand tu étais plus jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais, mais quand tu seras vieux, tu étendras les bras, un autre nouera ta ceinture et te mènera là où tu n’aimerais pas aller. Par ces mots, il faisait allusion au genre de mort que Pierre allait endurer à la gloire de Dieu. Après avoir dit cela, il ajouta : Suis-moi ! (#Jean 21:18-19) Pierre dit avec justesse qu’il est apôtre. Son nom apparaît toujours en tête de chaque liste des douze (#Matthieu 10:2; Marc 3:16; Luc 6:14; Actes 1:13) et il était souvent leur porte-parole, jouant donc le rôle de chef. Pourtant, il n’a fait qu’accomplir la tâche que Jésus lui a confiée sans jamais se proclamer supérieur aux autres apôtres. Quand l’apôtre Paul est allé à Jérusalem pour rencontrer les autres apôtres, il a parlé avec Pierre, Jacques et Jean parce qu’il les considérait comme les colonnes qui soutenaient l’Église (#Galates 2:9). Cependant, Paul n’est pas venu pour être enseigné par ces hommes. En effet, il écrit que c’est par une révélation de Jésus-Christ lui-même qu’il a reçu les connaissances qu’il possédait en matière de doctrine chrétienne (#Galates 1:12; 2:2; Ephésiens 3:3). Dans cette première épître, Pierre s’adresse à ceux qui sont « dispersés » dans cinq provinces d’Asie Mineure, la Turquie actuelle. Le mot pour « dispersé » est utilisé à deux autres reprises mais avec l’article défini (#Jean 7:35; Jacques 1:1) parce que c’est alors un terme technique qui désigne spécifiquement les Juifs éparpillés un peu partout suite aux déportations des 10 tribus du nord par les Assyriens et du royaume de Juda par les Babyloniens. Mais ici, dans l’épître de Pierre, « dispersé » n’a pas d’article et signifie simplement les croyants qui vivent hors de la Palestine et en particulier ceux des cinq provinces citées. Dès la première phrase, Pierre sélectionne ses mots avec soin dans le but d’encourager immédiatement ses lecteurs. Les croyants ont été choisis par Dieu, dit-il, non par le hasard ou un coup de chance, mais par l’élection inconditionnelle et souveraine du Dieu éternel et tout-puissant. Avant l’instauration de la Nouvelle Alliance et de l’Église, seule la nation d’Israël pouvait revendiquer ce privilège. Pierre commence donc sa lettre en mentionnant la doctrine de l’élection qui est directement liée à la souveraineté de Dieu, deux sujets qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre parce qu’ils froissent les âmes sensibles. En fait, ce sont ceux qui se croient importants qui refusent à Dieu le droit de choisir les élus. Mais qui d’entre nous oserait dire qu’il a la capacité de comprendre le caractère de Dieu et sa façon d’agir ? Un prophète, parlant au nom de l’Éternel, dit : Vos pensées ne sont pas mes pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, déclare l’Éternel ; autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et autant mes pensées sont élevées au-dessus des vôtres (#Esaïe 55:8-9). Il est donc normal et pas du tout étonnant que certains concepts bibliques sont en conflit avec les sentiments et les points de vue de l’homme charnel, psychique qui de naissance et de nature est ennemi de Dieu. La doctrine de l’élection est clairement enseignée dans les Écritures et sans la moindre ambiguïté. Jésus a dit : Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour (#Jean 6:44). Ce n’est pas vous qui m’avez choisi. Non, c’est moi qui vous ai choisi (#Jean 15:16). Et dans le livre de l’Apocalypse, l’apôtre Jean écrit : Tous les habitants de la terre l’adoreront (la bête), tous ceux dont le nom n’est pas inscrit, depuis l’origine du monde, dans le livre de vie de l’Agneau égorgé (#Apocalypse 13:8 ; comparez 17.8 ; 3.5 ; 20.12, 15 ; 21.27). Pierre appelle les élus des hôtes de passage, des immigrés en somme. Le mot ainsi traduit (parepidêmois) souligne à la fois la nationalité étrangère et la résidence temporaire des personnes ainsi désignées (comparez #1Pierre 2:11). Les croyants n’appartiennent pas à ce monde. L’apôtre Paul écrit : Nous sommes citoyens du royaume des cieux : de là, nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver (#Philippiens 3:20). Au milieu d’une société païenne, les fidèles à Jésus-Christ vivent comme des pèlerins et des voyageurs de passage, des personnes déplacées. Ceux à qui Pierre s’adresse étaient dispersés dans cinq provinces romaines, ce qui représente environ les trois quarts de la Turquie. Pierre désire que le plus grand nombre possible de croyants lisent sa lettre parce qu’il sait que de sévères persécutions ne vont pas tarder. Il veut donc les réconforter d’avance en leur rappelant qu’ils avaient été choisis par Dieu, qu’ils possédaient une espérance et un héritage dans les cieux. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, Paul a exercé un ministère dans deux des cinq provinces citées, en Galatie et en Asie, mais on ne sait pas comment la Bonne Nouvelle est parvenue dans les trois autres. Paul a bien essayé d’aller en Bithynie qui se trouve au nord-ouest de l’Asie Mineure, près du détroit du Bosphore, mais Dieu l’en a empêché (#Actes 16:7) sans qu’on sache pourquoi. Aquilas et sa femme Priscille étaient originaires de la province du Pont (#Actes 18:2) et peut-être y sont-ils retournés. On sait qu’ils se sont convertis à Rome et ont travaillé avec Paul (#Actes 18:18). À la Pentecôte se trouvaient des Juifs de la Cappadoce. Certains ont cru en Jésus-Christ et probablement ramené la Bonne Nouvelle chez eux. Il se peut aussi que des disciples de Paul, ou un apôtre et même Pierre lui-même aient évangélisé différentes provinces d’Asie Mineure. DDA YIDIR
Posted on: Fri, 06 Sep 2013 07:44:04 +0000

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