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2.3 Concentration et segmentation du marché de l’audit facebook/COMPTABLEE La concurrence entre cabinets a entraîné une modification de la nature des acteurs intervenant sur le marché. La profession tend à être dominée par de grosses structures intégrées à des réseaux nationaux ou internationaux dont la logique économique et les valeurs sont nettement en porte-à-faux avec celle du commissaire aux comptes traditionnel, dont l’approche s’apparente davantage à celle d’une profession libérale. Le marché tend à se segmenter entre les gros cabinets internationaux, les autres cabinets d’audit structurés à dimension plus nationale – qui tentent parfois de se maintenir dans la course en développant un réseau à l’étranger – et les cabinets à vocation purement régionale ou locale. Cette segmentation est elle-même le reflet d’une segmentation au niveau de la clientèle entre les petits clients et les grosses sociétés ou groupes à forte visibilité (Casta & Mikol 1999). Le développement des grands groupes, dont l’audit s’effectue à un niveau international, a entraîné le recours à des réseaux de cabinets pour assurer l’homogénéité des traitements et obtenir des économies d’échelle en unifiant l’audit. Aux écarts de taille entre cabinets s’ajoutent également des différences de culture dues à l’utilisation de méthodologies plus ou moins structurées, à l’emploi de personnel différent (jeunes diplômés de grandes écoles par opposition aux filières comptables classiques) et à des relations humaines particulières (insistance sur le professionnalisme par rapport à une approche plus paternaliste). Cependant, l’opposition entre petites et grandes structures est à nuancer puisque, d’un autre côté, les petits cabinets ont profité des développements méthodologiques introduits par les grands ainsi que de leurs efforts pour développer et défendre la profession. L’opposition semble davantage exister entre ceux qui arrivent à s’adapter à la nouvelle donne économique et culturelle – y compris parmi les acteurs de taille plus petite – et les autres, trop engoncés dans l’attitude traditionnelle du commissaire aux comptes. On retrouve ici une évolution qui peut exister dans d’autres secteurs.D’un point de vue économique, la concentration de la profession pose le problème de l’existence éventuelle de collusions entre les acteurs pour restreindre le niveau de concurrence sur les prix lorsque le marché a été suffisamment concentré. Les études empiriques menées aux Etats-Unis dans les années 1980 ont cependant montré que les inquiétudes relatives à l’existence de collusions n’y étaient pas fondées (cf. Yeardley et al. 1992). En particulier, la pratique du lowballing (la détermination des honoraires à la baisse pour obtenir un client) a apparemment permis d’aboutir à une rotation satisfaisante des auditeurs. De manière générale, les parts de marché des différents cabinets et leur évolution sont apparues comme suffisamment variables au cours du temps pour préjuger du maintien de la concurrence. Ces résultats ont été confirmés par deux études plus récentes : Doogar & Easley (1998) pour les Etats-Unis et Iyer & Iyer (1996) pour le Royaume-Uni. En France, le développement de la concentration du marché de l’audit et ses conséquences n’ont pas fait l’objet de recherches publiées, ce qui rend plus difficile une appréciation de l’état de ce marché dans notre pays16. Par ailleurs, les recherches réalisées sur les honoraires des cabinets d’audit ont montré que les gros cabinets touchent des honoraires systématiquement plus élevés, ce qui favorise la concentration et la segmentation à leur profit (Moizer 1997). Cette situation a été analysée par certains chercheurs en utilisant des concepts issus de l’économie industrielle. Trois déterminants de la structure des marchés permettant d’expliquer, en théorie, la concentration au sein d’un marché au profit des acteurs les plus importants ont été étudiés : l’existence d’économies d’échelle, la diversification (fournir des prestations diversifiées au client) et la différentiation (différence de qualité au niveau de la prestation fournie). Or, concernant spécifiquement le marché de l’audit, les études empiriques réalisées n’ont pas pu mettre en évidence l’existence d’économies d’échelle et le fait de fournir des services additionnels n’a pas été jugé susceptible de justifier les différences de prix entre les différents cabinets (Yeardley et al. 1992). Le critère de différentiation lié à la qualité est apparu plus prometteur. De manière générale, les recherches sont unanimes à relier la taille des cabinets et la qualité de leur prestation (Broye 1998). Même si cet effet dépend fortement du contexte et n’a pas été démontré de manière certaine, il semble que le fait de fournir une prestation de qualité – ou plus exactement d’être perçu comme tel par le marché – soit le noeud de la différentiation entre les cabinets et de ses impacts concurrentiels (Moizer 1997). Ceci impose donc de réfléchir sur la nature et les implications de la notion de qualité en audit, tant au niveau intrinsèque qu’au niveau de sa perception par les différents acteurs.
Posted on: Mon, 09 Sep 2013 13:01:52 +0000

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