7_ * * * Au début, tu étais gentille avec moi. Mais tu es - TopicsExpress



          

7_ * * * Au début, tu étais gentille avec moi. Mais tu es devenue de plus en plus dure dans tes propos. Ça devenait fréquent, et si fréquent que parfois, j’en pleurais des soirées entières dans ma chambre. Il suffisait que j’entre dans ta chambre sans frapper, ou que j’aie le malheur de toucher à tes affaires ; je me prenais systématiquement la foudre, j’avais droit à la pire des crises d’hystérie de l’histoire de tous les temps, sans compter tous les gros mots que tu vomissais. L’avantage, c’est que je pouvais les utiliser à des fins personnelles : à l’école, quand des garçons m’embêtaient, ça sortait de ma bouche comme un mot magique, et d’un coup, c’était comme si les oreilles de mes persécuteurs se dressaient sur leurs têtes. On devient tout de suite sujet à plus d’intérêt dès lors qu’on sort un nouveau mot du vilain dictionnaire des jurons. Sauf que ça ne pouvait pas durer. Le jour où c’est arrivé aux oreilles de la maîtresse, j’ai eu droit à mon premier copiage de lignes. C’est sans surprise que tu as aussi eu droit à de sévères réprimandes des parents, car indirectement, tu étais fautive. Et c’est à partir de là que tu es devenue pire avec moi. Je n’avais qu’à pas répéter ce que tu m’apprenais, et puis tout d’abord, je n’étais qu’une petite merde. Avant, je ne savais pas ce que ça voulait dire, alors j’encaissais sans broncher. Mais à force de me faire traiter de tous les noms, j’ai commencé à me rebeller ; moi aussi je me mettais à te crier dessus et à te tenir tête, je te parlais mal et je commençais à devenir de plus en plus peste : je me suis mise à te détester. Je t’exécrais, je ne pouvais plus te voir en peinture. Plus je grandissais, plus ça s’aggravait : j’ai pris de l’assurance, je me suis rendue compte que moi aussi j’avais le droit d’avoir mon mot à dire, « d’ouvrir ma gueule ». Un jour, je devais avoir huit ans à ce moment-là, on s’est engueulé de la pire façon qui soit. N’y tenant plus, je suis devenue une furie et je me suis cramponnée à tes cheveux ; j’ai tiré si fort que j’ai arraché une formidable touffe. Il y a eu un moment de suspend où je t’ai regardée, où tu m’as regardé, où on a posé notre regard sur la touffe de cheveux emmêlés entre mes doigts. Et puis, tu t’es transformée en bête sauvage, et ton cri a résonné dans toute la maison. D’un coup, tu t’es ruée sur moi et m’as cogné, j’avais mal, je pleurais, je hurlais, mais tu continuais à me ruer de coups et à me griffer le visage, tu hurlais toi aussi, et sans l’intervention de papa, je crois que tu m’aurais tuée. Ce soir-là, nous avons été isolées dans nos chambres respectives. J’avais un coton imbibé de mon sang dans la narine, des bleus sur les bras, et dans ma tête, c’est la première fois que je priais pour que tu disparaisses une bonne fois pour toutes. Entre mes dents, je susurrais : « crève salope ».
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 11:11:38 +0000

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