A l’aube du procès en appel qui aura lieu devant la Cour - TopicsExpress



          

A l’aube du procès en appel qui aura lieu devant la Cour d’Appel de Paris du 20 au 29 novembre prochain, il est temps (enfin) de décrypter cette mascarade politico-judiciaire qui a conduit à jeter délibérément des innocents en prison et à renvoyer 103 enfants dans l’enfer d’une zone de guerre. La genèse du projet humanitaire. En 2003, l’état Soudanais décide de lancer une épuration ethnique dans l’ouest du Soudan et commence à massacrer plusieurs ethnies dont principalement les Four. Après avoir déjà massacré plus de 2 millions de personnes au Sud Soudan entre 1983 et 2002, la réputation d’assassins du régime de Khartoum n’est plus à faire et on peut légitimement craindre le pire au Darfour. En 2005, l’ONU recense déjà plus de 300 000 morts. Entre 2004 et 2007, 16 résolutions des Nations Unies condamnent les massacres des populations civiles du Darfour mais comme toujours en pareil cas la communauté internationale reste impuissante à faire cesser les massacres et à protéger les populations du Darfour victimes de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide. Ce n’est qu’en 2010 finalement que la Cour Pénale Internationale lance un mandat d’arrêt contre le Président Soudanais Omar El Béchir sans pour autant réussir à le faire arrêter ni à faire stopper les massacres au Darfour qui continuent encore aujourd’hui. En janvier 2007, une ONG française, L’Arche de Zoé, décide de venir en aide à la population du Darfour. Après un voyage au Darfour en avril 2007, l’ONG estime qu’une intervention sur place au Darfour n’est pas envisageable compte tenu de l’insécurité qui règne sur place et compte tenu des entraves délibérées du régime Soudanais aux organisations humanitaires. Elle décide alors, puisqu’une assistance sur place n’est pas possible, d’organiser une évacuation massive d’enfants du Darfour pour d’une part mettre ces enfants vulnérables à l’abri des massacres, et d’autre part forcer les états occidentaux à réagir face à ce génocide plutôt que de palabrer stérilement dans les salons dorés des Nations Unies. Afin d’agir dans le cadre légal, L’Arche de Zoé s’entoure de conseils d’avocats pour organiser une opération conforme au droit international et s’appuie sur la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme de 1948 et sur la Convention de Genève de 1951 portant sur la protection des victimes de guerre, permettant de justifier l’évacuation des victimes du génocide au Darfour pour leur permettre d’obtenir l’asile dans un pays ou leur vie et leur sécurité ne sera pas menacée. Afin d’agir en toute transparence, L’Arche de Zoé informe, dès le mois d’avril 2007, les médias mais aussi la Présidence de la République, les Ministères et l’ensemble du parlement (Assemblée Nationale et Sénat). En septembre 2007, L’Arche de Zoé lance au Tchad, à la frontière ouest du Darfour, une opération de regroupement d’enfants orphelins du Darfour. Par l’intermédiaire de chefs de tribus soudanais, L’Arche de Zoé accueille dans ses 2 bases situées à l’Est du Tchad plus d’une centaine d’enfants originaires du Darfour, qu’une équipe humanitaire, composée d’une trentaine de médecins, infirmières et sapeurs-pompiers, prend en charge afin d’assurer les soins médicaux de base et la renutrition avant une évacuation vers la France. Toujours dans un souci de transparence, L’Arche de Zoé a invité 3 journalistes à suivre l’opération de l’intérieur pour filmer l’accueil et la prise en charge de ces enfants du Darfour. Pour éviter que les enfants évacués vers la France ne fassent la douloureuse expérience d’un parquage en zone de rétention ou d’un placement dans un orphelinat, L’Arche de Zoé organise en France un réseau de 260 familles d’accueil qui s’engagent à prendre en charge bénévolement et à accueillir dans leurs foyers les enfants réfugiés du Darfour. Ce réseau de famille d’accueil s’organise en association indépendante (le COFOD) afin de bien distinguer l’action humanitaire sur le terrain réalisée par L’Arche de Zoé et l’accueil en France par des familles bénévoles sous l’autorité des autorités Françaises et notamment l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Fin octobre 2007, face à un regain de tension dans l’Est du Tchad et l’imminence d’une attaque de rebelles Tchadiens sur la ville d’Abéché ou est stationnée l’équipe de L’Arche de Zoé, une première évacuation de 103 enfants orphelins du Darfour (dont 98 sont orphelins de leurs 2 parents et 5 sont orphelins de leur mère) est décidée et programmée pour le 25 octobre à 7h30 du matin. Un avion de ligne Boeing 757 est affrété pour transporter les 103 enfants depuis l’aéroport international d’Abéché (Est du Tchad) à l’aéroport international de Reims-Vatry dans l’est de la France où les enfants doivent être présentés à la Police aux Frontières pour l’obtention d’un sauf-conduit qui leur permettra de pénétrer sur le territoire Français pour pouvoir ensuite entamer les démarches d’une demande d’asile. 25 octobre 2007 : L’explosion médiatique A 6h10 du matin ce 25 octobre, 6 des 30 humanitaires de L’Arche de Zoé, 103 enfants et 3 journalistes français sont arrêtés par la police tchadienne alors qu’ils quittent leur base d’Abéché pour se rendre à l’aéroport. Moins de 2 heures plus tard, le monde entier découvre dans les médias qu’une équipe humanitaire française a été arrêtée au Tchad après avoir kidnappé ou enlevé à leurs familles 103 enfants tchadiens. Le président Tchadien lui-même fait le déplacement pour déclarer devant les caméras qu’un réseau de trafiquants d’enfants destinés à la pédophilie ou au trafic d’organes a été arrêté. La ministre Française des Droits de l’Homme déclare quant à elle qu’il s’agit d’une opération clandestine de trafic d’adoption. La condamnation d’un acte aussi « crapuleux » est unanime et il ne fait dès lors aucun doute que les « voleurs d’enfants » doivent être sévèrement punis. Ils échappent d’ailleurs de peu à un lynchage public dans les rues d’Abéché. Pendant plus de 15 jours, cette affaire va faire la Une des médias Français et aura aussi un large écho planétaire. Chaque média y va de son « scoop » ou de ses pseudos « révélations » dans une course frénétique à l’audimat. Les journalistes sont prêts à raconter tout et n’importe quoi du moment que cela fait vendre du papier ou de la pellicule. Et le fait est qu’ils racontent surtout n’importe quoi, et que les records d’audimat s’enchainent. Pour seconder les médias, les politiques ne sont pas en reste et condamnent une opération « clandestine et illégale ». L’Unicef France, par la voie de son président, déclare moins de 48 heures après l’arrestation des humanitaires que les enfants sont bel et bien tchadiens et qu’ils ont été volés à leurs familles. La thèse criminelle ne fait dès lors plus aucun doute. Les images filmées par les journalistes qui suivaient l’opération de l’intérieur sont utilisées, par de savants montages, pour démontrer qu’il s’agissait bien d’une opération clandestine et criminelle. La « version officielle » est rapidement définie : « 6 humanitaires appartenant à l’ONG L’Arche de Zoé ont été arrêtés à l’Est du Tchad alors qu’ils embarquaient clandestinement à bord d’un avion 103 enfants tchadiens volés à leurs familles dans le but de les faire adopter illégalement par des familles Françaises ». C’est cette « version officielle » qui sera majoritairement reprise par les médias, à grand renfort de dépêches AFP. Les médias enfonceront le clou en prétendant que toute cette affaire n’est que le fruit du Président de L’Arche de Zoé, Eric Breteau, qui est alors présenté, selon les versions, comme un gourou, un manipulateur, un menteur, un voleur, un salaud, un escroc, un « cinglé », un « pompier-pyromane », un trafiquant d’enfants, un trafiquant d’adoption, un trafiquant d’organes, un pédophile, etc. En résumé, un beau salaud qui a menti à tout le monde et qui a manipulé tout le monde pour se faire de l’argent sur la naïveté de familles en mal d’enfants. Au moins, désormais, quoi qu’il ait à dire pour sa défense personne n’a plus envie ne serait-ce que de l’écouter. Pour valider leurs thèses, les journalistes présentent des familles éplorées, victimes de l’infâme gourou qui leur avait promis monts et merveilles… Avant même un éventuel procès, L’Arche de Zoé, son président et ses bénévoles sont cloués au pilori dans l’opinion publique pendant que les politiques négocient ce qu’ils appellent la « sortie de crise ». L’acharnement judiciaire au service des mensonges d’Etat Depuis l’arrestation au Tchad le 25 octobre 2007 de l’équipe d’humanitaires bénévoles de L’Arche de Zoé, l’Etat Français, à travers son Ministère des Affaires Etrangères, a imaginé et orchestré de nombreuses rumeurs et calomnies pour salir et discréditer L’Arche de Zoé en faisant passer l’opération humanitaire d’aide aux enfants du Darfour pour une abominable opération clandestine et illégale de trafic d’enfants dans un but d’adoption. L’Etat Français a ainsi manipulé les médias, manipulé l’opinion publique et même manipulé la justice. Force est de constater que ces mensonges d’état et ces manipulations ont parfaitement fonctionnés et que tout le monde s’est fait berner de la plus belle des manières, y compris la justice française qui s’est acharnée a condamner des innocents et à en envoyer certains en prison en faisant fi du droit et des règles du code pénal qui sont pourtant censées avoir cour dans notre « République ». Comme il est bien difficile de revenir sur les centaines de rumeurs qui ont circulé dans le cadre de cette affaire, il convient au minimum de revenir sur les points clefs du dossier judiciaire, puisque c’est sur la base de ce dossier que des humanitaires ont été envoyés en prison par deux fois (condamnation à 8 ans de prison ferme en janvier 2008, puis condamnation à 3 ans de prison dont 2 fermes en février 2013). Ce sont aussi ces condamnations qui ont permis de justifier (ou plutôt de masquer) auprès de l’opinion publique que 103 enfants du Darfour ont été renvoyés pour mourir dans une zone de guerre alors qu’ils pouvaient légitimement prétendre au droit d’asile dans un pays en paix afin d’assurer leur protection. Une arrestation qui n’a rien de fortuite La toute première rumeur qui a circulé dans le cadre de cette affaire est l’arrestation « fortuite » par la police tchadienne le 25 octobre 2007, à 6h10 du matin, sur l’aéroport d’Abéché à l’est du Tchad, de 6 humanitaires et 3 journalistes français ayant embarqué clandestinement et illégalement 103 enfants à bord d’un avion à destination de la France. C’est de là qu’est parti le tsunami médiatique et la déferlante de rumeurs et de calomnies qui ont permis de « couler » L’Arche de Zoé. Or, des documents internes au Quai d’Orsay (emails et télégrammes diplomatiques) démontrent qu’en réalité c’est bien le Ministère Français des Affaires Etrangères qui a commandité dès le 23 octobre l’arrestation de l’équipe de L’Arche de Zoé par la Police Aux Frontières tchadienne. Agissant sur l’ordre de l’Ambassadeur de France au Tchad, la police tchadienne a arrêté l’équipe de L’Arche de Zoé à la sortie de sa base médicale d’Abéché le 25 octobre au petit matin, base médicale située à plusieurs kilomètres de l’aéroport. Il n’y a donc jamais eu d’embarquement clandestin comme l’a aussi fait croire la rumeur. Les télégrammes diplomatiques démontrent également que c’est l’Ambassadeur de France qui a lui-même indiqué au Ministre tchadien de l’Intérieur qu’il s’agissait d’une « affaire crapuleuse de trafic d’adoption », permettant ainsi aux policiers tchadiens de traiter les humanitaires comme des criminels. Outre un lynchage public évité de justesse dans les rues d’Abéché, les 6 humanitaires de L’Arche de Zoé ont alors été condamnés à 8 ans de travaux forcés en décembre 2007 à l’issue d’un simulacre de procès à N’Djamena, basé sur un supposé « enlèvement d’enfants » tels que décrit par Paris-Match (exemplaire N° 3051 du 8 nov 2007) qui a servi au Procureur tchadien de « pièce maîtresse » et de « preuve irréfutable » de la culpabilité des accusés ! Un autre élément factuel permet de démontrer la manipulation judiciaire dans cette affaire, car si les humanitaires avaient été arrêtés fortuitement par la police tchadienne au matin du 25 octobre comme le veut la rumeur, la justice française aurait alors été saisie par le Tchad après l’arrestation de ressortissants français. Mais un élément du dossier montre que la justice française a nommé le juge d’instruction chargé du volet français de l’affaire dès le 24 octobre 2007, soit la veille de l’arrestation au Tchad ! L’arrestation des humanitaires à Abéché n’a donc absolument rien de fortuite mais a bien été « téléguidée » depuis Paris et n’est autre qu’une « arrestation arbitraire » commanditée par un haut-fonctionnaire du Quai d’Orsay. Des enfants soudanais transformés en tchadiens par la rumeur Une autre rumeur, aux conséquences importantes, a commencé à circuler dès le 25 octobre 2007, lancée par le président de l’Unicef France qui a déclaré (sans même avoir vu les enfants !) que la plupart des enfants étaient tchadiens et avaient encore leurs parents, faisant ainsi passer les humanitaires pour des voleurs d’enfants et rendant aux yeux de l’opinion publique l’opération de L’Arche de Zoé complètement illégale et dégueulasse. Cette rumeur ne va cesser de s’amplifier au fil de temps et va même se concrétiser en rumeur d’un « rapport officiel de l’Unicef qui confirme que la plupart des enfants sont tchadiens ». Rumeur qui va finalement devenir une « vérité officielle » consacrée par la justice française qui utilise cet argument « imparable » pour condamner à nouveau les humanitaires de L’Arche de Zoé le 12 février 2013 en déclarant : « les enfants n’étaient pas sauvés de la guerre au Darfour, mais, pour la grande majorité, tchadiens, et non orphelins, comme l’attestent les certificats de réunification de famille établis par les autorités tchadiennes, et les vérifications faites par l’Unicef». Ce document (cote D3764 versé au dossier judiciaire) mérite un petit détour. Il s’agit d’un document de 320 pages, sans entête ni cachet ni signature, mais portant simplement sur la première page la mention manuscrite « Fiches de vérification sur l’identification de l’enfant établies avec l’Unicef ». Il se décompose en 3 parties : la première partie est composée de 64 « fiches de vérification sur l’identification de l’enfant » (dont plusieurs doublons), la seconde partie est composée de 97 « certificats de réunification familiales », et la troisième partie est composée de documents d’état civil soudanais rédigés en arabe avec leur traduction en français. L’analyse détaillée de ce document permet rapidement de s’apercevoir qu’il ne s’agit aucunement d’un « rapport officiel de l’Unicef » mais plutôt d’un rapport d’origine inconnue, rédigé par des inconnus, avec un manque évident de sérieux et de professionnalisme quand on sait qu’il s’agit d’un document qui va servir à décider de l’avenir de 103 enfants et servir à justifier leur renvoi dans une zone de guerre. A aucun moment, sur aucune des 320 pages de ce « rapport » n’est mentionnée la « nationalité tchadienne » ne serait-ce que d’un seul de ces 103 enfants. Or la justice française utilise ce document pour « affirmer » que les enfants sont majoritairement tchadiens et ainsi démontrer qu’ils ne pouvaient pas bénéficier du droit d’asile, ce qui rend de facto l’opération humanitaire de L’Arche de Zoé totalement illégale et dénuée de légitimité. Alors ou bien les juges français n’ont pas pris la peine d’ouvrir ce document pour vérifier par eux-mêmes s’il indique bel et bien la nationalité tchadienne de la plupart des enfants - et les juges se sont alors laissés berner par la rumeur - ou bien les juges n’ont pas estimé utile de vérifier ce point, pourtant crucial, aveuglés par leur volonté de condamner coûte que coûte les membres de L’Arche de Zoé. De plus, même le jugement de la cour criminelle de N’Djamena, ne précise l’éventuelle nationalité « tchadienne » d’un seul des 103 enfants que L’Arche de Zoé souhaitait évacuer vers la France (et pour cause, sinon le Tchad aurait été obligé de donner des papiers officiels à ces enfants !). Après 6 années de procédures judiciaires, pas un seul document sérieux, ni aucun document d’état civil ne permet d’affirmer que ces enfants soient tchadiens, mais les rumeurs sont apparemment plus puissantes que les éléments de droit ou que les actes d’état civil. Au regard du droit international et du droit français, ces enfants qui ont été présentés à L’Arche de Zoé par des chefs de villages soudanais comme étant des enfants orphelins originaires des provinces soudanaises du Darfour pouvaient donc tout à fait légitimement prétendre au droit d’asile sur le sol français pour les éloigner des zones de massacres du Darfour. Par ailleurs, il faut aussi noter que cette rumeur d’un « rapport officiel de l’Unicef qui confirme que la plupart des enfants sont tchadiens », outre d’avoir servi à manipuler les médias et l’opinion publique sur la légalité et la légitimité de l’opération humanitaire de L’Arche de Zoé, a aussi servi au juge d’instruction et aux enquêteurs pour convaincre 14 des 259 familles d’accueil de L’Arche de Zoé et 6 des 30 humanitaires bénévoles à porter plainte ou à se constituer partie civile contre L’Arche de Zoé en leur affirmant que du fait que les enfants étaient majoritairement tchadiens cela démontrait que L’Arche de Zoé leur avait menti, les avait manipulés et escroqués. La nébuleuse de l’adoption Une autre rumeur, qui est en fait à l’origine même de cette affaire, et qui a également été imaginée et orchestrée par le Quai d’Orsay dès juillet 2007, consiste à vouloir présenter l’opération humanitaire de L’Arche de Zoé comme une opération destinée à un trafic d’adoption. C’est le Quai d’Orsay qui saisit dès juillet 2007 la justice française pour signaler qu’il considère l’opération de L’Arche de Zoé pour les enfants du Darfour comme un « exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en adoption », sur la base de l’article L225-11 du Code de l’Action Sociale et de la Famille. C’est aussi cette accusation de trafic d’adoption qui sera utilisée par le Quai d’Orsay le 23 octobre pour demander à la police tchadienne l’arrestation des humanitaires français présents au Tchad, tout comme cette rumeur servira par la suite, dès le 25 octobre, à présenter l’opération de L’Arche de Zoé comme illégale et uniquement destinée à un trafic d’enfants. Pour justifier sa décision du 12 février 2013, le Tribunal Correctionnel de Paris estime que le président de L’Arche de Zoé à « joué sur les mots » lors des réunions d’information sur l’opération humanitaire de L’Arche de Zoé, ce qui est « assimilable au placement en vue de l’adoption ». On peut donc en conclure selon cette décision qu’un « jeu de mots » lors d’une réunion publique (qu’on pourrait aussi appeler un sous-entendu, ou encore un malentendu) est « assimilable » à l’exercice d’une activité professionnelle. Encore un raccourci éhonté de la part de juges résolus à condamner coûte que coûte. Or il se trouve que ce fameux article de loi L225-11 est assorti d’un décret d’application (2002-575 du 18 avril 2002) qui a la particularité de définir précisément ce qu’est l’activité d’un intermédiaire en adoption, y compris qu’elles sont les activités soumises à un agrément préalable. Un intermédiaire en adoption est une association qui effectue les démarches à la demande d’un tiers (une famille adoptante) pour soit lui permettre d’obtenir un agrément pour l’adoption, soit pour faire valider une adoption, soit d’assurer le suivi de l’enfant après son arrivée dans une famille adoptante en liaison avec les services du Conseil Général du département de résidence. L’Arche de Zoé n’a jamais exercé une seule de ces activités, et l’opération humanitaire organisée pour évacuer des enfants de la région du Darfour n’a jamais consisté à effectuer des démarches pour permettre à des familles d’accueil d’obtenir un agrément pour l’adoption ni de faire valider une adoption. Mais plutôt que de demander au Quai d’Orsay de fournir une preuve que L’Arche de Zoé aurait exercé une quelconque activité d’intermédiaire en adoption pour étayer ses accusations, la justice française, y compris la procureur et le juge d’instruction en charge du dossier, s’est contenté de passer sous silence le décret concerné et d’affirmer qu’une phrase ou qu’un mot dans une réunion publique est suffisant pour être assimilé à l’exercice d’une activité professionnelle. C’est une fois encore un véritable déni du droit et un déni de justice. Une affaire, six procès L’acharnement judiciaire à vouloir monter un dossier le plus lourd possible contre L’Arche de Zoé pour mieux la condamner ne s’arrête d’ailleurs pas là. En décembre 2007, les 6 bénévoles de L’Arche de Zoé sont condamnés à 8 ans de travaux forcés après un simulacre de procès à N’Djamena. Ils sont transférés en France dans la foulée. Puis 3 mois plus tard, ils sont graciés par le président tchadien après que celui-ci aie reçu en « cadeau » de la France une vingtaine de véhicules blindés. C’est au même moment, en mars 2008, que les 103 enfants sont renvoyés aux confins du Darfour après avoir été parqués pendant 5 mois dans un orphelinat alors qu’ils étaient présentés officiellement comme « ayant des parents ». On pourrait s’interroger sur l’intérêt de la France à verser une telle « rançon » pour faire gracier des humanitaires qu’elle s’est elle-même acharnée à faire passer pour des voleurs d’enfants. Egalement en décembre 2007, en marge du procès de N’Djamena, le président Français rencontre le président soudanais Omar El Béchir et la France « offre » au Soudan une « aide bilatérale » de 103 millions de dollars. On pourrait aussi s’interroger sur l’intérêt de la France à offrir 103 millions de dollars aux génocidaires soudanais pour éteindre l’incendie diplomatique alors que la France prétend officiellement que les 103 enfants sont tchadiens. Autant de mensonges d’état qui sont le véritable fondement de cette affaire politico-judiciaire. En janvier 2008, après leur retour en France, les 6 humanitaires sont présentés au Tribunal Correctionnel de Créteil qui les condamne à 8 ans de prison ferme en remplacement des 8 ans de travaux forcés infligés par le Tchad. Le président du Tribunal indique qu’il y a lieu de condamner les 6 humanitaires en raison des accords politiques entre la France et le Tchad et que le procès de N’Djamena a été parfaitement « exemplaire » et suffit à justifier l’emprisonnement pour 8 ans des humanitaires. Or, au moment de faire exéquaturer le jugement tchadien en France, cest-à-dire transposer en droit français la condamnation des 6 humanitaires à verser au Tchad plus de 6 millions d’euros, le Tribunal de Grande Instance d’Aix-en-Provence, puis la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence (31/01/2013) ont déclaré que le jugement tchadien ne respectait pas les bases élémentaires du droit puisque aucune partie civile ni même aucun des 103 enfants n’avaient été identifiés à l’occasion du procès de N’Djamena. Un vice de forme tellement énorme qu’il est difficile de penser que les juges de Créteil ne s’en sont pas aperçu, mais qu’ils en ont sans doute fait fi et ont condamné les 6 humanitaires à 8 ans de prison en raison d’accords politiques. A tout le moins une dérive judiciaire inacceptable dans une république. Malgré la grâce présidentielle accordée par le Tchad et la libération des 6 humanitaires, et malgré la règle de droit du « non bis in idem » qui veut qu’on ne puisse pas être jugé deux fois pour les mêmes faits, la justice française continue son œuvre et ouvre un nouveau procès devant le Tribunal Correctionnel de Paris en décembre 2012 et condamne 2 des 6 humanitaires à 3 ans de prison dont 2 fermes assorti d’un mandat d’arrêt à effet immédiat. 4 autres membres de L’Arche de Zoé sont eux condamnés à des peines de 6 mois à 1 an de prison avec sursis. Pour justifier de cette nouvelle condamnation, outre le fait que le Tribunal s’appuie sur la prétendue « nationalité tchadienne » de la plupart des enfants, les juges déclarent que la règle du « non bis in idem » ne peut s’appliquer à ce dossier car « la condamnation de N’Djamena s’applique à des faits distincts, accomplis dans un territoire différent et à l’encontre de victimes différentes des faits pour lesquels ils sont poursuivis devant la juridiction française ». Or il s’agit bien toujours de la même opération humanitaire visant à évacuer vers la France, depuis Abéché au Tchad, 103 enfants originaires du Darfour. Une fois encore, la justice française fait preuve d’un véritable acharnement à vouloir condamner les membres de L’Arche de Zoé quitte à s’affranchir des règles les plus élémentaires du droit français par le biais d’affirmations outrageuses. En France, les juges ont tous les pouvoirs, c’est bien connu, mais n’ont-ils pas aussi des devoirs ? Entre autres devoirs de respecter le droit, de rechercher la vérité, d’appliquer le Code Pénal et aussi de protéger les innocents… Le nouveau procès qui va s’ouvrir le 20 novembre 2013 devant la Cour d’Appel de Paris ne permet pas d’envisager que justice soit rendue aux 6 humanitaires de L’Arche de Zoé qui ont été injustement emprisonnés à plusieurs reprises, ni aux 103 enfants du Darfour injustement privés du Droit d’Asile auquel ils pouvaient prétendre pour leur sauver la vie. Ce sixième procès ne permettra pas non plus de mettre en évidence les manœuvres du Quai d’Orsay qui tout au long de cette affaire n’a cessé de manipuler les médias, l’opinion publique française ainsi que la justice elle-même. Mais au minimum pouvons-nous espérer que les faits et la vérité sur cette opération humanitaire soient rétablis et que les désormais ex-humanitaires ne soient pas de nouveau renvoyés injustement en prison.
Posted on: Tue, 05 Nov 2013 15:11:52 +0000

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