AFFAIRE EXTRADITION DE PATRICE TALON : LE BENIN A LA CROISEE DES - TopicsExpress



          

AFFAIRE EXTRADITION DE PATRICE TALON : LE BENIN A LA CROISEE DES CHEMINS… Depuis quelques heures, les médias nationaux et internationaux dont notamment Jeune Afrique ont affiché sur leur site internet une nouvelle de taille relative à la fameuse affaire dite d’empoisonnement et de tentative de coup d’Etat à l’endroit du président Boni Yayi du Bénin. C’est que la Cour d’appel de Paris vient de se prononcer en défaveur du camp présidentiel qui avait formulé une demande d’extradition auprès des autorités françaises du sieur Patrice Talon, homme d’affaires réputé dans la filière coton et un ancien soutien financier et politique de l’ex-président de la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD) lors de sa quête du pouvoir suprême en 2006 et en 2011 au Bénin. Donc, on retiendra que le président et ses avocats béninois et français ont perdu la face quasi-définitivement dans la guéguerre politico-juridique qui les opposait depuis des mois à Patrice Talon et Olivier Boco. Attendu depuis si longtemps, ce verdict rendu par la justice française vient de prolonger la série des déboires connus par le régime Yayi dans ce qu’il convient désormais d’appeler « Talongate ». En effet, le juge d’instruction du 6ème cabinet de la Cour d’appel de Cotonou, le désormais célèbre Angelo Houssou avait rendu deux importants non-lieu dans cette nébuleuse saga qui avait fini d’emporter la quiétude des citoyens béninois depuis des mois. Quoique traqué et arrêté à la frontière Bénin-Nigéria de Sèmè-Kraké d’où il se rendait aux USA via le Nigéria puis ridiculisé et maltraité, le jeune magistrat béninois a vu ses décisions confirmés par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Cotonou quelques mois après. Au moment, le régime a lancé la traque à l’endroit de celui qui hantait le sommeil du président depuis lors. Il fallait à tout prix mettre la main sur le redoutable magnat qu’est Patrice Talon pour le coffrer dans les geôles béninoises. Mais la justice française n’a pas du tout suivi la partie plaignante et a donc logiquement rejeté la demande d’extradition déposée par les autorités béninoises à l’endroit des sieurs Talon et Boco. Au motif, semble-t-il, que le dossier produit par l’Etat béninois serait incomplet. C’était cet après-midi à Paris. DES SERIES NOIRES A L’INFINI… L’épisode de la décision rendue par le parquet de Paris ce mercredi n’a pas eu lieu de façon isolée. Loin s’en faut. Quelques jours seulement avant cette échéance fatidique, l’un des principaux acteurs de l’affaire, en l’occurrence le juge Houssou s’est évadé du territoire national et s’est rendu aux Etats-Unis d’Amérique via le Togo et le Ghana depuis le dimanche 1er décembre dernier. Face au refus opposé par les autorités aéroportuaires de New-York de le laisser entrer en territoire américain pour défaut de visa valide, ce dernier s’est empressé de formuler une demande d’asile politique auprès de l’Exécutif fédéral des USA in extremis. Aux dernières nouvelles, sa demande a été jugée recevable par l’administration Obama ; ce qui constitue, ne serait-ce qu’en principe, un véritable désaveu de la plus grande puissance mondiale au pouvoir de Boni Yayi. Au regard du développement explosif qu’a connu le dossier dit d’empoisonnement et d’attentat à la vie du chef de l’Etat béninois du coté de Paris ce mercredi, on peut conjecturer sur l’issue de la demande formulée par le juge Houssou pour obtenir auprès des autorités américaines le statut d’exilé politique. Car après avoir déclaré recevable cette demande, l’on voit mal les patrons de l’administration fédérale américaine refuser d’accéder à la demande d’asile surtout au regard de la position adoptée par la justice française dans ce dossier. Voilà pour les faits et les actes. Qu’en est-il alors du fond du dossier ? En réalité, la nature même du dossier dit d’empoisonnement et de tentative de coup d’Etat à l’endroit du chef d’Etat béninois est absolument improductive non seulement pour le contexte géopolitique mondial mais aussi pour l’image général du Bénin plus que jamais en décrépitude sur la scène mondiale. Jamais dans l’histoire des pays africains, a-t-on assisté à un psychodrame monté de toutes pièces au cœur même de l’appareil d’Etat dans l’unique but de nuire aux intérêts et à la personne d’un ex-allié politique. Loin de nous en effet les scabreuses affaires de complots ourdis par les dictateurs Mobutu de l’ex-Zaire, Gnassingbé Eyadéma du Togo ou même Massemba Debat du Congo-Brazzaville qui organisaient des tueries d’opposants politiques parmi lesquels des étudiants revenus au pays dont on larguait les corps en haute mer avec des grosses pierres. Loin de nous également les scènes macabres de disparitions programmées d’adversaires politiques perpétrées par les régimes tristement célèbres comme ceux d’Idi Amin Dada de l’Ouganda ou de l’Empereur Jean-Bedel Bokassa de la République Centrafricaine. Plus d’un observateur avertis de la vie politique africaine avaient senti les relents dictatoriaux et prédateurs dans le montage plus que grotesque des dossiers qui ont largement défrayé la chronique au Bénin depuis des mois. De démocratie exemplaire qu’il était sur l’ensemble du continent noir, le Bénin avait ainsi troqué sa toge de pays de paix et de grande maturité politique contre celle de république bananière où la justice est plus que muselée et aux ordres du pouvoir absolutiste de Yayi. Car à force de persécuter le juge Angelo Houssou et le contraindre à l’exil, le régime a fini de convaincre qu’il est un grand fossoyeur de la démocratie dont la justice est plus qu’un emblème fort. De plus, les campagnes médiatiques de grande propagande orchestrées par les sbires du régime avant et pendant le déroulement des procès ont démontré à la face du monde le peu de respect que montrait le régime Yayi pour le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs dans une démocratie moderne. Les actes flagrants d’immixtion dans la sphère des juges ainsi que les procès fantaisistes et autres intimidations contre le syndicat des magistrats mis au passif du gouvernement n(‘ont pas été pour améliorer l’image du pays auprès des instances dirigeantes des agences spécialisées des Nations Unies. La preuve est a été l’arriération du Bénin dans les classements du fameux rapport Doing Business de la Banque Mondiale, instance qui note le climat des affaires dans un pays. Il y a longtemps que le Bénin a réuni les symptômes néfastes qui ont ruiné son attractivité pour les investisseurs étrangers. Le tout aggravé par cette bien malheureuse affaire Talon pour laquelle le contribuable béninois a dû payer des milliards pour les inutiles frais de procès. Il paiera aussi pour les gaffes commises dans le dossier de la SODECO, société où Patrice Talon est actionnaire majoritaire selon l’accord signé entre lui et le gouvernement Yayi. Mais, en décidant unilatéralement de retirer les actions de ce dernier de la société sans égard pour les règles universelles de l’OHADA en la matière, Yayi a condamné les générations futures à payer l’amère facture des dommages-intérêts d’un inéluctable procès qui tournera plus tard à l’avantage du richissime homme d’affaires. Comme on le voit, les séries noires se suivent pour notre pays qui continue sa descente aux enfers en dépit des déclarations mensongères des caciques du régime en place. On a beau le démentir, le président Yayi n’a cure des intérêts supérieurs de la jeunesse béninoise qu’il dit servir pourtant avec zèle et abnégation. LA FRANCE TOUT COMME LES USA CONTRE YAYI Dans les faits rapportés par la presse dans le développement du dossier Talon, on peut lire en filigrane la position diplomatique que tiennent deux acteurs non des moindres vis-à-vis de notre pays. Sans exagérer quoi que ce soit, la France de François Hollande a clairement montré son opposition aux régimes fossoyeurs de libertés et de démocratie. Depuis son avènement aux affaires en France, le président Hollande en effet a largement œuvré pour réduire en peau de chagrin l’espace des dictateurs et autres potentats en Afrique. L’on se souvient de ses mises en garde à l’endroit de Joseph Kabila lors du sommet de la Francophonie en RDC. Pour ce qui est du Bénin, Hollande n’a toujours pas daigné honorer une seule visite d’Etat au pays de celui qui fit très actif dans des dossiers de pacification tous azimuts alors qu’il avait les commandes de l’Union Africaine. On ne peut évidemment pas comprendre que notre prégo national ait été aussi impliqué dans le règlement de tant de situations sur le continent et que la France ne daigne pas lui témoigner ne serait-ce qu’une reconnaissance morale. Fringant, Yayi l’a été, lui qui a écumé quasiment toutes les régions du monde à la quête d’une aura et d’un prestige panafricain qui a du mal à lui coller à la peau sur la scène géopolitique. C’est que décidément, la situation socio-politique de son propre pays laissait à désirer. C’est que ce qu’il prêchait aileurs, il ne parvenait nullement à le démontrer à l’intérieur de ses frontières nationales. Et les nombreuses crises l’ont suffisamment démontré. Et le dossier Patrice Talon l’a aussi exemplifié. Dommage. Pareil pour l’Amérique d’Obama. Plus d’hommes forts en Afrique mais plutôt des institutions fortes. Il est vrai que le tapis rouge à lui déroulé à la Maison Blanche en 2011 avec d’autres chefs d’Etat africains pour montrer les exemples de démocratie en bonne marche sur le continent avait de quoi faire pavoiser plus d’un compatriote. Mais, depuis, l’administration Obama a dû se raviser et se convaincre plutôt que le régime Yayi est bel et bien un régime anti-démocratique qui s’ignore. Car en décidant de qualifier de recevable la demande de demande d’un juge béninois qui s’est dit en danger de mort dans son pays, les USA ont montré clairement leur position face au pouvoir du président Yayi. Et ce pour la première fois de notre parcours politique. Loin de nous les images flatteurs de Soglo reçu en grande pompe par Clinton dans les jardins mêmes de la Maison Blanche en 1993. Loin de nous aussi la visite historique de George Bush au Bénin au début du premier mandat de Yayi suite à l’octroi du Millenium Challenge Account, un prestigieux programme de subvention économique américaine aux démocraties exemplaires du monde. Plaise à Dieu que notre malheur national s’arrête à ces quelques contre-performances diplomatiques et politiques. Prions et méditons…chers compatriotes !
Posted on: Wed, 04 Dec 2013 19:45:16 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015