AVERTISSEMENT Les différents thèmes de réflexion - TopicsExpress



          

AVERTISSEMENT Les différents thèmes de réflexion présentés dans les pages qui suivent, répondent à cette noble préoccupation des penseurs anciens, à savoir : faire appel à une conscience sociale minimale sans laquelle il est absurde de parler d’Etat et de Liberté. L’Etat et la Liberté sont les fruits d’une longue éducation morale. Le présent essai voudrait contribuer à cette noble entreprise éthique. Que tous ceux qui m’y ont aidé par leurs sages conseils trouvent ici l’expression de ma sincère gratitude. Junior II ZO-LAWA TOUBA INTRODUCTION L’environnement international, en peu de temps, s’est beaucoup transformé sur le plan des idées et de la pratique politiques. Le monopartisme et tout ce qui porte son emprunte sont soudainement voués, en bloc, à un sort qui, s’il n’est pas bien connu dans tous ses aspects est certainement moins enviable que celui des vents du pluralisme qui soufflent dans le monde et surtout en Afrique noire. Le Parti unique quelles que soient sa forme et sa pratique est devenu une citadelle assiégée et difficile à défendre de l’intérieur ; bien futé est celui qui y parviendrait aujourd’hui. Car dans cette bataille, les armes ne sont pas souvent égales. L’Afrique Noire abrite des populations très vulnérables économiquement et culturellement. L’histoire moderne, celle du capitalisme en autre, ne leur a pas toujours laissé le temps de la réflexion personnelle et autonome. Grands consommateurs des biens venus d’ailleurs, les centres urbains regorgent de couches sociales réceptives à tout ce que font circuler la publicité et la propagande économique et politique occidentale. Sur ce champ de bataille, tout est permis et la part de vérité n’est pas facile à faire. Le monopartisme politique mis souvent dans le même sac que le communisme est devenu le bouc émissaire de la fin du siècle passé ; selon les discours actuels et les propos exprimés dans la presse internationale, ce système n’aurait produit que lamentations tandis que le multipartisme serait le passage obligé vers une société de bonheur. Des voix sensées se font parfois entendre pour modérer le ton et montrer que le « multipartisme n’est pas forcément la démocratie » . Au cours de l’année 1990, trois éditorialistes africains représentants des journaux reconnus pour leur indépendance d’esprit ont tour à tour attiré l’attention de leurs lecteurs sur le vent du multipartisme qui a soufflé cette année là en Afrique. Que ce soit de la part de Béchir Ben Yamed (Jeune Afrique), de Mam Less Dia (Voix d’Afrique) ou de Madame Marie Roger Biloa (Africa International) la démarche a consisté à faire voir que le retour des pays africains au multipartisme n’autorise pas forcement à croire que la démocratie est déjà là. L’argumentation ne s’est développée sous le signe d’un quelconque scepticisme. Ces journalistes, observateurs lucides du monde international et africain ont voulu prévenir les populations africaines de toute forme de duperie démocratique que le multipartisme peut colporter. Les frais ne les ont pas démentis par la suite. Certains partis politiques nouvellement créés dans la mouvance de la démocratie se réduisent à quelques groupes d’amis ou de parents. D’autres sont de simples appendices d’anciens partis au pouvoir, créés de toutes pièces en vue d’équilibrer les pressions adverses. Les alliances et mésalliances observées dans un grand nombre d’Etats Africains après les élections présidentielles et législatives démontrent- si besoin en est- que la poursuite des intérêts de ces groupes particuliers revêtus du manteau de partis politiques passe avant la volonté réelle d’instaurer un vrai système démocratique. Tel est le sens des interventions de ces hommes de média. Mais il demeure toujours des points d’ombres qui cachent les vrais problèmes que soulève un système politique multipartiste. Tout ce contexte théorique confus nous conduit à relancer ici le débat par un côté quelque peu neutre, celui du concept fondamental de la démocratie. J’examine à partir de l’œuvre de Jean Jacques Rousseau , le problème du consensus politique ou en d’autres termes celui des conditions politiques et sociales qui favorisent ou -au contraire- perturbe l’expression d’une volonté générale souveraine, droite et juste. Dans ma démarche, j’introduis d’abord le lecteur au vocabulaire de Rousseau. La maîtrise préalable des concepts politiques joue un rôle capital dans ce genre de débats ou souvent les gens ne savent pas toujours de quoi ils parlent. J’en arriverai ensuite à la question de fond, qui renferme en fait deux niveaux : car il s’agit de savoir à la fois si le « peuple peut se tromper » dans ses choix et « quelle précautions prendre » pour qu’il ne se trompe pas. CHAPITRE I : INTRODUCTION A UN PENSEUR DE LA DEMOCRATIE : J.J ROUSSEAU J.J Rousseau (1712-1778) est un écrivain de langue française, auteur de plusieurs ouvrages de réflexion politique et sociale. De lui, on peut retenir les grands titres suivants : « De l’origine de l’inégalité parmi les hommes » ; « la nouvelle héloise : le contrat social » ; « l’Emile » et « les confessions ». a) Rousseau, penseur social La philosophie sociale de Rousseau est basée sur deux concepts qui s’excluent réciproquement : d’un coté, « l’état de nature » ou état originel de l’homme, fait d’innocence, d’égalité et de liberté naturelle entre les hommes ; et de l’autre « état social » ou politique comme aboutissement d’une longue histoire de soumissions mais également de conventions qui s’achève dans l’établissement de l’égalité et de la liberté sur les bases du droit. L’un était précaire et difficile à imaginer ; l’autre s’impose aux individus une conscience permanente et le sens de l’intérêt général. L’état social (c’est-à-dire le nôtre) a besoin qu’il règne une entente implicite ou explicite entre ses différents membres afin de sauvegarder les règles du partenariat, sans le respect desquelles tout est sujet à caution dans la vie de la communauté. Le contrat social, pierre angulaire de la philosophie de Rousseau, explique l’origine de toute société humaine et s’oppose à la conception théocratique du monde, celle qui établit un pouvoir de droit divin. Rousseau pense que l’autorité politique ne vient pas d’un dieu mais du corps social lui-même qui s’est constitué par un acte de liberté dont la signification peut se résumer dans les termes suivants : « chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale et nous recevons en corps chaque membre comme partie individuelle de tous ». b) Le Peuple (Du contrat social, livre II chapitre 8) Rousseau accorde à ce concept un sens politique sans ambiguïté. Il distingue le peuple de la simple multitude d’individus ; ce sont des individus libres et conscients qui « prennent collectivement le nom du peuple et s’appellent en particulier citoyen » avec la mention particulière qu’il « participe à l’autorité souveraine » Un peuple émerge donc d’un acte de liberté de la part des individus qui s’associent pour vivre ensemble, et de la claire prise de conscience par ceux-ci de l’intérêt général. Conscience et liberté fondent donc un peuple au sens politique du terme. En l’absence de ces critères, on a affaire à une simple cohabitation d’individus ou de familles hostiles les unes aux autres. c) La volonté générale La volonté générale se confond avec la souveraineté. Elle est l’expression du bien commun. Rousseau distingue ainsi la volonté générale de la volonté de tous. La volonté générale regarde à l’intérêt commun, l’autre à l’intérêt privé et n’est qu’une somme d’intérêt particulier opposé. Un trait caractéristique de la volonté générale est qu’elle comporte toujours une certaine droiture en ce sens qu’elle vise toujours l’intérêt général. Rousseau lui attribue même la vertu d’incorruptibilité. En d’autre terme, dans la mesure où le peuple est toujours à la recherche de ce qui est utile à la société rien ne peut le détourner de cette vocation mais rien, ajoute Rousseau, ne dit que ce que le peuple choisit comme étant son propre bien l’est toujours : « jamais on ne corrompt le peuple mais souvent on le trompe » Symbole de la société démocratique, la volonté générale ou souveraineté n’échappe pas à l’influence des errements des membres du corps social ; elle épouse et reflète ses incertitudes et ses défauts. CHAPITRE II : LE PEUPLE PEUT-IL SE TROMPER ? Après avoir tenté d’introduire le lecteur au vocabulaire technique de Rousseau, il est important à présent de s’attaquer à l’examen d’une série de questions incontournables parmi lesquelles celle dont tout dirigeant politique devrait se préoccuper avant de se lancer dans la bataille politicienne. a) La volonté du peuple est toujours droite Aucun Etat, aucun peuple ne choisit délibérément ce qui peut lui nuire. Comme l’individu, le peuple n’est pas méchant ni perverti de lui-même ; ce que veut le peuple est en principe toujours droit. A ce niveau du problème, tout parait simple, mais les démagogues ne retiennent généralement que ce trait particulier de la société pour duper le peuple en lui mettant tout sur le dos. Ils sautent pieds joints sur ce qui fonde également la valeur morale de la souveraineté populaire ; car avant d’en arriver à l’expression de la volonté générale ou à ce qui passe pour elle, il y a le moment de la délibération qui amène chaque membre de la communauté à exprimer son opinion sur le problème des intérêts communs. C’est le moment crucial de l’exercice de la liberté des citoyens ; c’est là également que rentre en ligne de compte la nature du cadre et des structures qui permettent à l’individu de s’exprimer librement. Et quand dans l’Etat, « il se forme des brigues, des associations partielles au dépend de la grande majorité » , « la volonté de chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres » . Entendons que dans un système pluripartite chaque militant ne suit que la volonté de son parti et non celle de la volonté générale ou de l’Etat. Les répercussions d’une telle situation sont immédiates sur l’intérêt général car au lieu que chaque citoyen se prononce librement en fonction de ce qu’il considère réellement comme étant d’utilité publique, ce membre de la société, militant d’un parti ressentira son appartenance à une formation politique donnée comme seule référence. La discipline du parti aura pour effet de substituer à la raison et au bon sens la seule stratégie du combat du parti. A la fin « quand une de ces associations est si grande qu’elle l’emporte sur les autres, vous n’avez plus de volonté générale, et l’avis qui l’emporte n’est qu’un avis particulier » b) Les défauts du multipartisme Voilà mis ici en exergue les défauts réels inhérents au système du pluralisme des partis dans un Etat. Il y a plus de deux siècles qu’un tel constat a été établi par un penseur dont personne parmi les nouveaux chantres de la démocratie ne peut aujourd’hui contester les idées avancées sur la souveraineté du peuple et sur le principe démocratique fondamental. De son vivant, Rousseau a toujours rejeté la tromperie et l’hypocrisie ; c’est pourquoi il soupçonne le multipartisme- le mot est postérieur à l’auteur du Contrat social- mais correspond à ce qu’il dénonce comme étant un terrain favorable aux trafics d’influences des partis ou associations partielles sur l’esprit des citoyens : ces derniers ne devraient être guidés que par leurs bons sens et celui de l’intérêt général pour participer à l’autorité souveraine ; le pluralisme des partis donne libre cours à toutes les déviations possibles dans l’expression de la volonté du peuple et il devient alors difficile de distinguer ce qui est le consensus social de ce qui est un simple substitut particulier. C) Pour que le peuple ne se trompe point Pour échapper à cette situation d’errements, il faut faire prévaloir toujours et partout le sacro-saint principe de la souveraineté populaire, laquelle est déléguée aux représentants du peuple (le chef de l’Etat et les députés). En clair pour toute délibération sur les question d’intérêt général, ou bien tout le monde a la parole, ou bien les représentants élus des différentes couches sociales la prennent en nom et place des électeurs. D’aucuns considèrent que la seule existence des partis, fondée sur des adhésions rapidement recueillies, suffisent à elles seules à établir la représentativité politique et à leur conférer la souveraineté populaire. C’est là une forme de duperie. On oublie que ce qui compte en fait, c’est le choix ultime du citoyen électeur, seul devant l’urne ; le résultat des choix librement consentis dans la solitude fonde la légitimité et la souveraineté politiques. Tout le reste appartient aux systèmes des stratégies et tactiques de groupes, pour le contrôle du pouvoir politique très développés en occident et largement copiés en Afrique Noire moderne aujourd’hui. CONCLUSION Une vérité reste permanente dans la philosophie politique ; elle est surtout de raison. Elle concourt à démontrer que si le corps social ou l’Etat, ne prend pas garde à tous les facteurs de la dislocation, il court à sa ruine ; cela survient lorsque la société politique se divise en deux, trois ou quatre groupes d’intérêt opposés et figés. Or le corps politique constitue en fait une instance morale qui concourt à faire entendre raison à l’intérêt privé des individus et des familles, il ne peut se réduire à nouveau en un lieu d’oppositions systématiques ; c’est là que se trouve finalement l’organe moteur (Etat), chargé de concilier les ambitions des uns et des autres, et de modérer les appétits, pour que la communauté sociale bénéficie d’un certain degré de stabilité et de justice. C’est ici le lieu de dire que le monopartisme et le multipartisme comme système politique ne se trouve pas dans un rapport de mal face au bien, ou de l’obscurantisme contre les lumières. Il faut dépasser cette vision simpliste pour mieux appréhender la vérité politique de base que les rivalités partisanes n’offrent jamais au grand jour. Comme nous l’avons souligné précédemment, il est difficile dans le contexte actuel de se faire le défenseur du parti unique. La démocratie multipartiste appartient au nouvel ordre mondial soutenu par la puissance économique et militaire du monde occidental à sa tête les Etats-Unis d’Amérique. Mais lorsqu’on se laisse guider par la réflexion objective, force est de noter que le parti unique est en lui-même ne constitue pas un mal. L’institution du parti unique exige des hommes extraordinaires tant par leurs qualités intellectuelles que morales. Pour que le parti unique remplisse le rôle qui demeure le sien, il faut qu’il soit dirigé par des chefs de grandes cultures, ayant une pensée politique. Ce qui dit ici du monopartisme en des termes élogieux, l’a été aussi de la démocratie par le philosophe de la langue française J.J. Rousseau au 18ème siècle quand il considérait que ce système ne pouvait être vécu que par les dieux. Le parti unique tout comme la démocratie constitue en eux-mêmes des modèles politiques qui exigent beaucoup de qualité de la part des hommes qui les animent. Le parti unique peut servir à la consolidation de l’unité nationale et à la mobilisation de l’énergie. Cela ne peut s’effectuer que si le parti ne compte que sur des hommes qui servent de bons exemples. Malheureusement les défauts des hommes finissent par tenir cet idéal. Le multipartisme quant à lui correspond à la nature des réalités sociales, car la société est naturellement plurielle. Il a pour avantage de favoriser le développement des libertés individuelles et collectives et de compter sur la contribution de tous les citoyens. La lutte politique s’exerce selon des règles précises, et le citoyen a le droit de recourir à la justice lorsqu’il se sent lésé. Mais personne n’ignore certaines aberrations que le multipartisme entretient par les défauts des hommes ; ce sont : - Les luttes partisanes qui aboutissent souvent à l’éclatement du tissu social. - La propagande mensongère. - Le blocage des institutions (cas de crise entre l’assemblée des partis et le gouvernement). - Crispation des esprits de clan. Ainsi donc, le monopartisme et le multipartisme renferment chacun autant d’avantages que d’inconvénients liés à la manière dont les hommes recourent à l’un ou à l’autre système. Il est entendu que si l’intérêt général des populations est le seul objectif possible, monopartisme ou multipartisme ne sont différents l’un de l’autre que du point de vue de la forme de l’exercice du pouvoir et non du contenu qui constitue l’essentiel.
Posted on: Thu, 29 Aug 2013 22:09:56 +0000

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