Affaire Kinross : A qui profitent les coûts ? Suite à un - TopicsExpress



          

Affaire Kinross : A qui profitent les coûts ? Suite à un communiqué publié sur le site Cridem, la compagnie minière Kinross Tasiast annonce son intention de licencier environ 300 salariés à Tasiast et à leurs bureaux administratifs de Nouakchott et de Las Palmas. Selon la même source, « Kinross, comme beaucoup d’entreprises du secteur minier, subit une pression considérable à cause de la baisse des cours de l’or et de la hausse des coûts. » La baisse du prix de l’once d’or qui est passé de 1500 en 2012 à 1300 en 2013 ne peut à lui seul justifier subitement la prise de telles mesures qui consacrent le renoncement de la compagnie aux différents engagements qu’elle a pris vis-à-vis de l’Etat Mauritanien et des différents détenteurs d’enjeux notamment les travailleurs. Parmi ses engagements on note le fameux projet d’expansion de la mine de Tasiast qui avait rehaussé les attentes de l’état en matière d’accroissement des revenus ainsi que celles des nombreux jeunes en matière d’emploi. Pourtant, dans un communiqué publié en le 29 avril 2013, Kinross annonce que sur la base des résultats de l’étude de préfaisabilité, la compagnie a décidé d’entamer la phase de faisabilité de l’expansion du projet Tasiast visant une production de 38 000 tonnes de minerai par jour. En l’espace de 4 mois, car en réalité cette décision de dégraisser a été prise depuis Août 2013, la compagnie considère, que compte tenu de la baisse du prix de l’once, investir en Mauritanie devient très couteux. La question que tout Mauritanien est en passe de se poser c’est de savoir comment et en quoi les opérations sont aussi coûteuses en Mauritanie ? Selon des informations provenant de source sures, Kinross continue à ce jour de chercher d’autres mines malgré le soit disant prétexte de baisse de prix. Ce problème n’a pas empêché Kinross de chercher jusqu’au dernier moment d’exploiter une mine en Equateur et aux dernières nouvelles la compagnie vient d’acquérir une nouvelle mine d’or en Russie. Les responsables de la boite évoqueront que les coûts d’exploitation en Russie sont moins élevés. Cela peut être vrai, mais comment les coûts d’exploitation de la mine de Tasiast sont devenus aussi prohibitifs par rapport au prix de l’or, si l’on sait qu’au moment où Kinross s’engageait à reprendre les actifs de Red back Mining le prix de l’once était largement au dessous de 1000 dollar ? Fondamentalement, l’exploitation de la mine de Tasiast qui a été jusque là considérée par les responsables de Kinross comme la troisième mine aux monde, se fait selon l’avis de plusieurs spécialistes dans des conditions extrêmement avantageuses si l’on considère l’exploitation à ciel ouvert, l’existence des infrastructures de transport, et la proximité du marché etc. Pourquoi Kinross décide alors subitement de renoncer à ses engagements de développement et d’investissement de la mine ? Selon plusieurs observateurs, les raisons semblent être ailleurs. Certains milieux syndicalistes considèrent cette annonce comme une manœuvre de la compagnie de se débarrasser des certains employés qui se sont fait illustrer dans les dernières séries de grèves. D’autres y voient une manière pour Kinross de mettre la pression sur l’Etat Mauritanien dans le but d’arracher le maximum d’avantages. Les importants coûts évoqués seraient liés à la facture des opérations d’exploitation et de développement de la compagnie. La majorité de ces coûts seraient occasionnés par des transactions entre la compagnie et ses fournisseurs de service qui sont sinon des entreprises fantoches du moins des filiales sœurs qui engrangent des bénéfices énormes sur le dos du fisc Mauritanien. Finalement, 300 employés seront donc licenciés parce que les coûts d’exploitation sont insupportables. Au moment où Kinross utilise cet argument pour dégraisser quelques 300 employés, l’Etat doit lui aussi saisir cette triste occasion pour s’assurer que ces fabuleuses transactions n’ont pas contourné la réglementation fiscale. Malheureusement ces immenses coûts n’auraient profité ni à l’état, ni à la création d’un véritable secteur privé encore moins aux communautés. Car si les coûts sont importants cela veut dire que beaucoup de transactions financières ont été réalisées avec les entreprises fournisseuses de services. Cela implique que l’état devrait gagner encore plus de revenus provenant des taxes et que le secteur privé national en a profité. Rien de tout cela. Ces changements seraient, selon un observateur, « une manière de nous endormir en nous faisant croire que notre mine n’est plus importante et ainsi continuer en tirer calmement le maximum de profit et compenser les fautes de gestion que le management a commis. » L’état Mauritanien ne peut pas accepter d’avaler cette couleuvre sans réagir. Il est opportun de conduire une enquête pour avoir une idée plus claire de coûts d’exploitation et de développement de la compagnie. Soit la compagnie veut continuer avec la Mauritanie, alors nous allons savoir sur quel pied danser. Soit elle veut nous quitter, ainsi nous lui donnons l’occasion et cela nous permettra de gérer sereinement les attentes de nos citoyens et surtout les conflits qui en résultent. Par les temps qui courent la première hypothèse semble être la plus envisageable, mais cela suppose que la Mauritanie renforce ses capacités pour mieux comprendre ce secteur nébuleux dans le but d’en tirer le maximum de profit aussi bien au niveau du recouvrement de revenus, de l’emploi, du transfert de compétences etc. Cela est valable non seulement pour le secteur minier mais aussi pour le secteur pétrolier qui malgré l’énorme espoir qu’il avait suscité, continue aujourd’hui d’évoluer dans une opacité terriblement douteuse. Baliou Coulibaly Journaliste Freelance
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 21:22:02 +0000

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