Aimé CESAIRE : poète engagé de la négritude, de l’égalité, - TopicsExpress



          

Aimé CESAIRE : poète engagé de la négritude, de l’égalité, de la liberté et de la justice (26 juin 1913, Basse-Pointe - 17 août 2008 à Fort de France, Martinique), par M. Amadou Bal BA. Cet article a été publié dans le journal FERLOO, édition du 29 octobre 2013. Le poète engagé de la Négritude, dramaturge et homme politique antillais, Aimé CESAIRE aurait eu 100 ans en 2013 (1913-2008). L’Organisation Internationale de la Francophonie, au cours d’un colloque tenu à Dakar, au Sénégal, du 20 au 22 mars 2013, a rendu un vibrant hommage au poète martiniquais. A l’occasion de colloque, M. Macky SALL, président du Sénégal a estimé que le combat pour la Négritude est toujours d’actualité : «Le combat n’est pas dépassé si l’on considère que la négritude peut être définie comme étant l’ensemble des valeurs du monde noir. Bien entendu la forme de la lutte va changer mais nous avons notre apport dans cette mondialisation dévastatrice de l’identité. Nous avons besoin de rester nous-mêmes tout en étant ouverts». En effet, éminente figure intellectuelle du XXème siècle, Aimé CESAIRE est l’archétype du défenseur des idéaux d’égalité, de justice et de liberté. Homme constamment préoccupé de la condition des défavorisés, des Noirs en particulier, CESAIRE a agi pour en changer la condition. Son combat politique, comme son œuvre littéraire, qui sont indissociables, sont intimement liés au mouvement de la Négritude qu’il cofonde avec le sénégalais Léopold Sédar SENGHOR et le guyanais Léon GONTRANS DAMAS. Pour CESAIRE, la Négritude «c’est le fait pour le Noir de se mettre debout et croire en son humanité». Aimé CESAIRE a conquis le droit d’être lui-même en revendiquant l’émancipation des Noirs. Pour lui «l’égalité est ou n’est pas». CESAIRE a donné la pleine mesure de son talent, dans sa contribution littéraire marquée par un souci de «dénoncer les impostures politiques et les injustices dans le monde», nous dit son biographe, Romuald FONKOUA. CESAIRE est fascinant parce qu’il est l’homme de convictions, de principes et de refus. Il est dérangeant pour les mêmes raisons», ajoute le professeur FONKOUA. Notre poète a pu mener des activités littéraires et politiques. «C’est dans ma poésie que se trouvent mes réponses. La poésie m’intéresse, et je me relis et j’y tiens. C’est là que je suis. La poésie révèle l’homme à lui-même. Ce qui est au plus profond de moi-même se trouve certainement dans ma poésie», précise CESAIRE. Sa poésie, qui est une poésie engagée na pourtant rien à voir avec un discours politique, et dépasse largement le seul combat des Antillais pour retrouver leur souveraineté dans leur propre pays, pour devenir un appel universel à la dignité humaine, à léveil et à la responsabilité. Pour André BRETON «Aimé CESAIRE est tout l’homme, il en exprime toutes les interrogations, toutes les angoisses, tous les espoirs et toutes les extases». Bref, CESAIRE est un républicain comme on aimerait en avoir un peu plus au moment où la peste brune menace en France. Décrit comme un fichu caractère, obstiné, automédiqué, un hypocondriaque et d’une grande simplicité, avec une absence ostentatoire de luxe, CESAIRE a gardé son sens aigu de l’amitié. Il est toujours prévenant avec ses visiteurs. Ce culte de l’amitié, notamment à Léopold Sédar SENGHOR rencontré en 1931 au Lycée Louis LE GRAND, à Paris, fait qu’il est resté fidèle au continent africain considéré comme étant une composante essentielle de la personnalité martiniquaise. Le poète sénégalais, Amadou Lamine SALL, Directeur de la Maison africaine de la poésie internationale, a expliqué cette relation privilégiée entre CESAIRE et SENGHOR : «L’un vient du Sénégal, d’Afrique, Senghor et l’autre vient des Caraïbes et c’est Aimé Césaire. Ils se lient d’amitié et c’est une rencontre décisive. C’est Senghor qui a fait découvrir d’où il venait, qui il était. C’est comme si cela avait été une nouvelle naissance. Senghor est un homme tranquille, il vit en Afrique trempé dans ses propres traditions alors qu’Aimé Césaire c’est un esclave révolté. Mais ils ont le même combat : la défense de la culture noire». CESAIRE a, sans cesse, rappelé aux Antillais cette origine africaine. Ces idées qu’il a confiées à son biographe, le professeur FONKOUA ne sont pas seulement l’expression d’une amabilité de circonstance. C’est avant tout et surtout, une conviction intime d’un «combat d’une vie». CESAIRE avait conscience du rôle de l’Afrique dans la reconnaissance d’une identité martiniquaise. Françoise VERGES a rappelé cette conviction : «Chez CESAIRE, être Noir renvoie à une histoire transcontinentale, et avant tout à l’Afrique qui fut la source de la diaspora éclatée à travers le monde». Cependant, les tenants du mouvement de la Créolité (BARNABE, CHAMOISEAU et CONFIANT, notamment) ont violemment reproché à Aimé CESAIRE de ne pas développer la spécificité de la culture caribéenne. I – L’influence intellectuelle du cercle familial sur CESAIRE, CESAIRE est un brillant élève, très timide, discret et particulièrement studieux. Ce caractère rigoureux et appliqué lui a été inspiré par son milieu familial. En effet, Aimé CESAIRE est né le 26 juin 1913, à Basse-Pointe, en Martinique, dans une plantation, Eyma où son père Fernand CESAIRE exerce la fonction de contrôleur de contributions. Les paysages de la Martinique n’ont jamais cessé d’alimenter sa poésie. «Mon enfance, c’était à Basse-Pointe et au Lorrain, ce sont les Côtes du Nord», dit CESAIRE. «Basse-Pointe a structuré mon cœur, a structuré ma poésie», ajoute CESAIRE. Il est hanté par son lieu de naissance : «Basse-Pointe : la montagne, la rivière, la ravine». «Je viendrai à ce pays mien et je dirai : embrassez-moi sans crainte. Et, si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai», dit –il dans son ouvrage, Cahier d’un retour au pays natal. Pour un écrivain antillais, Daniel MAXIMIN, CESAIRE aimait comparer sa poésie à l’explosion de la montagne Pelée. Il parlait de « poésie peléenne» qui n’est pas effusion mais éruption volcanique. Mais le problème avec la montagne Pelée est que son sommet se rebouche après chaque explosion. Ensuite, il faut parfois attendre longtemps avant qu’une nouvelle explosion ait lieu. On dit alors : «Le volcan s’est suicidé !». Césaire vivait dans la crainte de ne pas voir la poésie se rejaillir du fond de son volcan intérieur. De cette enfance, à Basse-Pointe, Aimé retient encore les histoires d’esclaves, leur soumission et leurs révoltes, leurs brimades et leurs bravoures, leurs privations et leurs héroïsmes. Avec l’expérience de la rue Case Nègres, en référence à un romain de Joseph ZOBEL, notre poète a pris, très vite, conscience de la dureté du travail dans les champs et de la nécessité de ne pas se tuer à cette tâche. «Il fallait apprendre. C’était cela ou le champ de canne», confesse CESAIRE. Aimé CESAIRE est né dans une société multiculturelle où la diversité, loin d’inspirer la peur, comme on le constate maintenant en France métropolitaine, est vécue comme une formidable richesse. En effet, en Martinique, la civilisation est essentiellement métisse. Nous y trouvons, notamment, des Blancs, des Noirs, des Indiens et des Tamouls. Enfant, Aimé a appris la tolérance et le respect de l’autre. Le grand-père paternel, d’Aimé, Nicolas CESAIRE (1868-1896) était un instituteur. Décédé à l’âge de 28 ans, il a laissé deux enfants : Fernand, le père d’Aimé et une fille Constance. Sa mère, Eléonore HERMINE, est femme au foyer, une couturière. Aimé qui est le 2ème enfant de la famille, a 6 frères et sœurs. Lorsque CESAIRE évoque son enfance, c’est l’image de sa grand-mère paternelle, Eugénie MACNI, qui revient souvent dans ses écrits. Institutrice, la grand-mère Eugénie MACNI, appelée affectueusement Man NINI, a initié le jeune Aimé aux rudiments de la langue française, et a forgé son mythe du «Royaume d’enfance», en référence à une expression du poète sénégalais, Léopold Sédar SENGHOR. Pour CESAIRE, Man NINI représente «l’Afrique pure et parfaite» ou bien «un type africain extrêmement net, précis». La sœur de Man NINI a été magistrate à Dakar. CESAIRE décidera que sa grand-mère était une Diola, originaire de ZIGUINCHOR, en Casamance au Sénégal. Lors du Festival Mondial des Arts Nègres, en 1966 à Dakar, CESAIRE, président de cette manifestation, croit reconnaître dans la reine de Casamance SEBETH (déformation du prénom Elisabeth), qui lui accorde une audience, le visage de sa grand-mère NINI. La grand-mère est une sorte de directrice de conscience : «on venait la consulter pour tout», dit le poète. La relation entre SAINT-PIERRE et le grand-père paternel, Nicolas CESAIRE, est présente dans les écrits de notre poète. CESAIRE n’a pas passé son enfance dans cette ville volcanique. Mais c’est une ville intellectuelle marquée par l’obsession, pour la classe bourgeoise, de la culture française. CESAIRE s’identifie volontiers à la montagne Pelée : «j’ai l’habitude de dire que je suis peléen, c’est-à-dire, volcanique, explosif, imprévisible, violent, colérique, capricieux». «Si l’on se base sur la technique d’écriture et la double révolution qui caractérise son œuvre est un volcan de type peléen, et sa démarche est, à la fois, une stratégie, une pédagogie et une méthode. La caractéristique essentielle de ce type de volcan, c’est de rester plusieurs années en sommeil, puis un beau jour d’exploser, et de projeter des matériaux divers», selon Paul Christian LAPOUSSINIERE, auteur d’une thèse, en 1994, sur notre poète. SAINT-PIERRE, la ville du grand-père c’est surtout la reconstitution, a posteriori, d’une mythologie familiale. Un certain CESAIRE y a été condamné le 21 décembre 1833 pour insurrection contre l’esclavage. SAINT-PIERRE qui a connu des insurrections régulières, avant l’abolition de l’esclavage, a suscité chez CESAIRE le désir de rendre compte de l’héroïsme des esclaves et de leur soif de liberté. Derrière le succès de chaque homme, il y a souvent une femme, incarnée ici par Suzanne ROUSSI - CESAIRE. C’est Léopold Sédar SENGHOR qui présente Suzanne ROUSSI, fille d’un employé d’usine et d’une institutrice, à Aimé CESAIRE. Ils ont été mariés le 10 juillet 1937, à Paris 13ème, alors que Suzanne ROUSSI (11 août 1915 – 16 mai 1966), était étudiante à TOULOUSE, de passage à Paris. Devenu agrégé, en réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple CESAIRE, épaulé par René MENIL et Aristide MAUGEE, fonde en 1941 la revue TROPIQUES, dont le projet est la ré-appropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. Suzanne n’a pas été que la femme d’Aimé CESAIRE, la mère de leurs 6 enfants. Elle a été une intellectuelle progressiste, une militante, une femme brillante et belle. Suzanne a écrit, en 1955, une pièce de théâtre : «Aurore de la liberté», non publiée. Cette pièce traite de la révolte de mai 1848 en Martinique. Suzanne a écrit 7 articles, dont une contribution majeure : «Léo FROBENIUS et le problème des civilisations», in TROPIQUES, 1941 n°1, pages 27-36. Finalement, Suzanne est restée particulièrement effacée, dans l’ombre de son mari. Discrète, mais efficace, Suzanne a été de toutes les luttes de CESAIRE. Elle était sa muse. CESAIRE rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée SCHOELCHER. Séparés depuis 1963, leur divorce, puis la mort précoce de Suzanne le 16 mai 1966 d’une tumeur au cerveau, ont été les sources de grandes souffrances et d’incompréhensions au sein de la famille CESAIRE. CESAIRE a dit à ce sujet : «Suzanne et moi on se comprenait, tout ce que je peux te dire, c’est qu’on respirait ensemble. On respirait ensemble !». Quel est l’itinéraire intellectuel de CESAIRE ? Qui l’a influencé ? Et quel est son héritage intellectuel ? II– Les rencontres qui ont influencé CESAIRE Aimé CESAIRE, élève brillant du Lycée SCHOELCHER de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au lycée Louis Le Grand, à Paris. C’est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, le jeune CESAIRE rencontre Léopold Sédar SENGHOR, son aîné de quelques années qui le prend sous son aile protectrice. Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé CESAIRE et son ami guyanais Léon Gontran DAMAS, qu’il connaît depuis le Lycée SCHOELCHER, découvrent progressivement une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composante africaine dont ils intègrent, au fur et à mesure qu’émerge une conscience forte de la situation coloniale. Ce que SENGHOR et CESAIRE ont de commun : «c’est le refus obstiné de nous aliéner, de perdre nos attaches avec nos pays, nos peuples, nos langues», souligne le poète. CESAIRE précise encore davantage sa pensée : «ce qui m’a, en grande partie, préservé culturellement, c’est la fréquentation assidue des Africains. Ce contact a servi de contrepoids à la culture européenne». Pour lui «la Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noirs, de notre histoire, de notre culture». Il faut accepter «l’esprit de brousse». Ce qui fait dire à Romuald FONKOUA, son biographe, «CESAIRE fait ainsi entendre, par une voix plus intelligente et plus intelligible, ce que formulaient, de manière brouillonne et maladroite », les rédacteurs de certaines revues étudiantes. CESAIRE découvre, en hiver 1936, un ouvrage d’un ethnologue allemand, Léo FROBENIUS (1873-1938), et l’offre à SENGHOR. Cette découverte majeure est un tournant dans la pensée de CESAIRE : l’Afrique, terre de civilisation, avait une histoire sur laquelle on pouvait construire un discours rationnel. La suprématie intellectuelle et politique passe par la création d’un journal. Les contributions portent, essentiellement, sur la question de l’identité. Ainsi, en septembre 1934, CESAIRE fonde avec d’autres étudiants Antillais, Guyanais et Africains (Léon Gontran DAMAS, les sénégalais Léopold Sédar SENGHOR et Birago DIOP), le journal l’Etudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra, pour la première fois, le terme de «Négritude», dans le n°3, de mars 1935, page 3, sous l’article de CESAIRE intitulé «la jeunesse noire et l’assimilation». Ce concept, forgé par Aimé CESAIRE en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle, et d’autre part la dévalorisation de l’Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l’honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. CESAIRE déclare en effet : «je suis de la race de ceux qu’on opprime». CESAIRE, brillant élève, au lycée Louis GRAND a la chance de rencontrer des hommes d’exception. On peut citer le croate Petar GUBERNICA (1913-2005), étudiant en linguistique qui l’a fait visiter ZAGREB. Le voyage en CROATIE lui fait penser à sa Martinique, et il écrit un de ses ouvrages majeurs : Cahier d’un retour au pays natal qui connaîtra plusieurs moutures. CESAIRE a été impressionné par la rencontre avec un peintre cubain, Wilfredo LAM (1902-1982), de passage en Martinique, en même temps qu’André BRETON. La mère de LAM est née au Congo, mais exilée à Cuba. Son père est d’origine chinoise. A partir de l’œuvre de LAM, CESAIRE prend conscience qu’il est possible, aux Antilles, de construire une civilisation originale et métissée. On ne peut passer sous silence la rencontre entre CESAIRE et le sénégalais, Alioune DIOP (10 avril 1910, à Saint-Louis – 2 mai 1980, à Paris), éditeur de Présence Africaine qui a publié l’essentiel des œuvres de notre poète. Depuis sa rupture avec le Parti communiste français, CESAIRE avait besoin d’un espace propice à la publication de ses œuvres, sans censure. Pour Alioune DIOP, faisant référence à CESAIRE « la virulence de sa critique n’a d’égale que l’originalité de sa critique». Sous l’instigation d’Alioune DIOP, se tient à Paris, à l’amphithéâtre René DESCARTES, à la Sorbonne, du 19 au 22 septembre 1956, le 1er Congrès International des écrivains et artistes noirs. Et, CESAIRE tient la vedette de cette rencontre en exposant une contribution à ce congrès sur le thème : «culture et colonisation». CESAIRE opère une distinction entre culture et civilisation «la civilisation tend à l’universalité et la culture tend à la particularité. La culture, c’est la civilisation en tant qu’elle est propre à un peuple, à une nation». Pour lui, «la voie la plus courte pour explorer l’avenir est toujours celle qui passe par l’approfondissement du passé». L’Europe ne peut apporter aux colonisés qu’une culture fragmentée. Et il explore enfin, la condition des Noirs américains. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l’approvisionnement de l’île par la France. En plus d’une situation économique très difficile, l’envoyé du Gouvernement de Vichy, l’Amiral ROBERT, instaure un régime répressif, dont la censure vise directement la revue TROPIQUES. Celle-ci paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943. La rencontre entre CESAIRE et André BRETON a été cruciale et déterminante. En effet, en 1941, lors d’un voyage qui doit mener BRETON, à New York, fuyant le régime de VICHY, son bateau fait une escale forcée de 40 jours en Martinique. André Breton se promène dans les rues de Fort-de-France, en quête d’inattendu comme à son habitude, dans l’attente du surgissement de l’événement. Entrant dans une mercerie, au hasard de l’achat d’un ruban pour sa fille, il découvre exposé dans la vitrine le premier numéro de la revue TROPIQUES paru quelques jours auparavant. «Si je suis ce que je suis, je crois en grande partie c’est à cause de BRETON, une sorte de raccourci pour me trouver moi-même», confesse CESAIRE. Le coup de foudre est réciproque. «La parole d’Aimé CESAIRE est belle comme l’oxygène naissant», souligne André BRETON. C’est un style parfois difficile d’accès, mais CESAIRE qui avait sa place à l’Académie française, nous a légué des contributions mémorables, tant par sa maîtrise de la langue française, que le sens du message délivré. Naturellement, l’œuvre de CESAIRE est vaste et complexe. Nous n’en évoquerons les traits saillants. III– L’héritage culturel de CESAIRE La plus belle rencontre est celle de CESAIRE avec lui-même, avec le peuple noir, et notamment les Caraïbes. Admis à l’Ecole Normale Supérieure en 1935, CESAIRE commence en 1936 la rédaction de son chef d’œuvre, le «Cahier d’un Retour au Pays Natal». Conçu comme un anti-poème, une sorte de poème en prose à la manière dune saison en enfer de Rimbaud et des Chants de Maldoror de LAUTREAMONT, le Cahier dun retour au pays natal est un long texte constamment remanié. Il est né dune crise morale et spirituelle que traverse Aimé CESAIRE entre 1935 et 1936. La première version du poème est publiée en 1939, mais lauteur ne cessera de la reprendre, de la corriger en y ajoutant des passages entiers jusquen 1956, date à laquelle il remet le dernier état du manuscrit à PRESENCE AFRICAINE qui publie la même année cette version définitive du poème. Autobiographique comme le mot «cahier» dans le titre le laisse entendre, évoquant quelque carnet ou journal intime, cet ouvrage raconte, en effet, un parcours initiatique qui conduit le narrateur-récitant du rejet de soi-même, de son histoire (noir, fils de colonisé, petit-fils desclave déporté) et de sa géographie : «cette ville inerte et ses au-delà de lèpres, de consomption, de famines, de peurs tapies dans les ravines.», à lacceptation de sa race et de sa négritude. Le processus de lécriture entraîne le poète du désespoir à lespoir, et au refus dassumer le passé de sa race avilie, humiliée, soumise à laffirmation dune négritude triomphante, annoncée par limage de «Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois et dit quelle croyait à son humanité». Considéré comme le texte fondateur de la Négritude, ce poème est désormais associé aux combats raciaux et politiques des Noirs dans le monde entier. Cahier dun retour au pays natal, qui avait introduit le concept de «Négritude » dès 1939 – concept regroupant lensemble des valeurs culturelles revendiquées comme propres aux Noirs et retournant en positif ce que le terme «Nègre» a de péjoratif –, est lun des plus importants ouvrages poétiques de lépoque. Le texte, préfacé par André BRETON, qui reconnaît là un «grand poète noir» et qui senchante de la violence, du lyrisme de ce chant profond de la liberté – établit son auteur comme lune des voix décisives de ce que lon nappelle pas encore la francophonie. Ce recueil qui, plus encore que la destinée personnelle, brasse lensemble de la mémoire africaine, est un classique de la littérature mondiale. Le Cahier dun retour au pays natal a lurgence et la profondeur subite du cri, en même temps quune dimension sociale et politique affirmée. Le peuple noir a maintenant son chantre en la personne de CESAIRE. Il retrouve sa très ancienne et sa millénaire dignité. Le «Nègre» cède la place à un homme qui est aussi la mémoire du monde, le fier exemple de la force. Le style du poème est lyrique. Il reflète la subjectivité de CESAIRE, révolté face au désastre que représente, à ses yeux, la colonisation et sa honte d’avoir presque cru à ce mensonge, de s’être laissé aliéner par le regard et la pensée européenne. A la fin du poème CESAIRE refuse, cependant, la tentation de la haine pour le colonisateur. Ce qu’il souhaite c’est œuvrer pour la paix, l’égalité, l’amour. En 1944, BRETON rédigera la préface du recueil «Les Armes Miraculeuses», qui marque le ralliement de CESAIRE au surréalisme. C’est une fidèle continuation du Cahier d’un retour au pays natal. Le recueil Les Armes miraculeuses est le résultat dune composition mouvementée. Soumis à de multiples changements, il rassemble des poèmes composés entre 1941 et 1945, après le retour du poète en Martinique. Cette oeuvre porte la marque d’une recherche éperdue de l’identité et d’un combat contre la négation de la conscience noire. Cette œuvre, même s’il est difficile d’en saisir la cohérence, est réputée ardue. CESAIRE est contraint à un langage opaque et superbement imagé, pour déjouer la censure coloniale et du régime vychiste. Le voyage de CESAIRE en Haïti aura également influence considérable sur son œuvre. En effet, en 1944, invité à Port-au-Prince par le docteur MABILLE, attaché culturel de l’Ambassade de France, Aimé CESAIRE passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est considérable. CESAIRE écrira un essai historique sur Toussaint LOUVERTURE (1743-1803), et consacrera une pièce de théâtre au roi Henry CHRISTOPHE (1789-1815), héros de l’indépendance. Césaire définit une échelle dans la contestation suivant les strates sociales de Saint-Domingue qui l’exprime : La fronde des Grands Blancs, la révolte des Mulâtres, la révolution Nègre. Toussaint LOUVERTURE qui apparait assez tardivement dans la construction, est le point culminant de cette étude quand ce dernier reprend, façonne la révolte des esclaves et prenant à la lettre le principe d’égalité et de liberté proclamé par la France, déploie tout son savoir et son énergie pour arracher et préserver cette liberté acquis par les anciens esclaves. Ce livre est passionnant. D’abord parce qu’on y découvre la fascination de CESAIRE à l’égard de l’homme d’Etat, LOUVERTURE. Fasciné, mais lucide Aimé CESAIRE, plonge le lecteur au cœur de débats passionnants de cette Révolution française, dont la question coloniale a été une des grandes échardes. Comment en effet concilier le principe et l’idéal absolu de justice qui ont été affirmés pour la Nation et l’intérêt mercantile ? Alors que son engagement littéraire et culturel constitue le centre de sa vie, Aimé CESAIRE est happé par la politique dès son retour en Martinique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d’une figure incarnant le renouveau politique après les années sombres de l’Amiral ROBERT, CESAIRE est élu Maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L’année suivante, il est élu député de la Martinique à l’Assemblée Nationale. Le député CESAIRE sera, en 1946, le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements français. Ce changement de statut correspond à une demande forte du corps social, souhaitant accéder aux moyens d’une promotion sociale et économique. Conscient du rôle de la départementalisation comme réparation des dégâts de la colonisation, Aimé CESAIRE est tout aussi conscient du danger d’aliénation culturelle qui menace les Martiniquais. La préservation et le développement de la culture martiniquaise seront dès lors ses priorités. Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris, CESAIRE fonde, dans la Capitale française, la revue PRESENCE AFRICAINE, aux côtés du Sénégalais Alioune DIOP, et des Guadeloupéens Paul NIGER et Guy TIROLIEN. Cette revue deviendra ensuite une maison d’édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta DIOP, et les romans et nouvelles de Joseph ZOBEL. Peu enclin au compromis, Aimé CESAIRE, révolté par la position du Parti communiste français face à l’invasion soviétique de la Hongrie en 1956, publie une « Lettre à Maurice THOREZ », en date du 24 octobre 1956, pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qui a pour ambition d’instaurer un «type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l’action». Le mot d’ordre d’autonomie de la Martinique est situé au cœur du discours du PPM. CESAIRE abandonne son idéal révolutionnaire, l’indépendance de la Martinique et soutiendra en 1981, le socialiste François MITTERRAND. Parallèlement à une activité politique continue, il conservera son mandat de député pendant 48 ans, et sera maire de Fort-de-France pendant 56 ans. Aimé CESAIRE poursuit son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). En 1950, c’est dans la revue PRESENCE AFRICAINE que sera publié pour la fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l’idéologie colonialiste européenne, que CESAIRE compare avec audace au nazisme auquel l’Europe vient d’échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l’auteur qui met à nu les origines du racisme et du colonialisme européen. Dans le «Discours sur le colonialisme», CESAIRE estime qu’une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Le fait est que la civilisation dite «européenne», la civilisation «occidentale», telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial ; que, déférée à la barre de la «raison» comme à la barre de la «conscience», cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper. CESAIRE fait donc défiler les penseurs européens propagateurs des théories basées sur la supériorité de la race blanche comme devant le trône de la raison humaine et prononce pour chacun un jugement sans appel, clair et rationnel. Il ne manque pas non plus dénumérer la cohorte de personnes qui, nourris par ces théories, ont piétiné lAfrique et lont marquée de leurs mauvais exemples. La dernière partie de ce discours faisant la critique de la notion de «Nation» et évoquant implicitement lidée dimmigration à travers lhistoire, ne peut que laisser dans lesprit du lecteur limage de la fourmilière dans laquelle vient marcher le promeneur qui se fait ensuite envahir tout le corps par les fourmis. Le promeneur inconscient oublie toujours que les fourmilières, telles quon les voit dans les champs, sont des organisations structurées qui ont un commerce réglementé à lintérieur mais aussi avec lextérieur. En mettant le pied sur elles et en détruisant leur organisation, il engendre un mouvement déparpillement quil est fort difficile - pour ne pas dire impossible - dendiguer. En 1948 «Soleil cou coupé», dont le titre est extrait du dernier vers de Zone de Guillaume APOLLINAIRE, traduit la blessure atroce de la séparation originelle avec lAfrique. Le poète évoque aussi les Antilles, locéan et sans doute les souffrances de la traversée qui continuent de scander la mémoire collective antillaise : «Soleil serpent oeil fascinant mon oeil/et la mer pouilleuse dîles craquant aux doigts des roses/lance-flamme et mon corps intact de foudroyé/leau exhausse les carcasses de lumière perdues dans le couloir sans pompe/des tourbillons de glaçons auréolent le coeur fumant des corbeaux... ». En 1950, «Corps perdu», évoque les corps jetés par-dessus le bord des navires esclavagistes et perdus à jamais, et traduit parfaitement le désarroi du poète politicien face aux insultes quon lui lance, aux fins de non-recevoir que la France impériale oppose à ses projets : «Nègre, nègre nègre depuis le fond/du ciel immémorial/un peu moins fort quaujourdhui/mais trop fort cependant..». C’est un recueil de dix poèmes qui constitue un tournant dans lécriture de CESAIRE. Il est nourri des premières expériences politiques du poète à une période où lidée de lindépendance des anciens colonisés nétait pas encore acquise. Finie lère de loptimisme béat et idéaliste sur lequel le Cahier sest clos. Le mythe est battu en brèche par le réel. A partir de 1956, il s’oriente vers le théâtre. Avec «Et les chiens se taisaient», texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du programme du Rebelle, esclave qui tue son maître, puis tombe victime de la trahison. Cette pièce, c’est la vie d’un homme, d’un révolutionnaire, revécue par lui au moment de mourir au milieu d’un grand désastre collectif. «La tragédie du Roi CHRISTOPHE», en 1963, qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l’occasion pour lui de revenir à l’expérience haïtienne, en mettant en scène les contradictions et les impasses auxquelles sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. C’est la pièce maîtresse des tragédies de la décolonisation. CESAIRE a su créer un personnage d’une haute grande stature qui a été pendant longtemps incarné par le comédien sénégalais, Douta SECK. Le Roi CHRISTOPHE est l’homme qui participe de la force vitale et l’homme du verbe. «Une saison au Congo», en 1966, met en scène la tragédie de Patrice LUMUMBA, père de l’indépendance du Congo Belge. Patrice LUMUMBA va tenter de rendre à son peuple une liberté depuis longtemps perdue. Mais la jalousie, la corruption et la quête du pouvoir ont perdu ce héros de l’indépendance. La pièce est une dénonciation sans fard. LUMUMBA a été, certes, tué, mais il est vainqueur, en raison de sa vision du devenir de l’Afrique. «Une tempête», en 1969, inspirée de William SHAKESPEARE, explose les catégories de l’identité raciale et les schémas de l’aliénation coloniale. Pensant à l’origine situer l’action de cette adaptation de SHAKESPEARE aux Etats-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l’expérience noire aux Amériques. Un navire sombre dans les eaux furieuses d’une tempête infernale. Depuis l’île où il a été exilé, à la suite d’un funeste complot, le duc et magicien, Prospero, contemple le naufrage, et voit débarquer ses ennemis d’autrefois. La vengeance est proche. Mais l’esclave, Caliban, se révolte, et rien ne sera plus comme avant. CESAIRE démystifie le merveilleux pour mieux faire surgir le chant de la liberté. En 1982, le dramaturge revient à la poésie avec «Moi, laminaire», avec ces mots : « Jhabite une blessure sacrée/jhabite des ancêtres imaginaires/jhabite un vouloir obscur/jhabite un long silence/jhabite une soif irrémédiable/jhabite un voyage de mille ans/jhabite une guerre de trois cents ans». CESAIRE se définit, à travers le titre, en se comparant aux laminaires qui sont de longues algues accrochées aux roches sous-marines des îles Caraïbes. Ces algues battues par les flots sont le symbole de l’identité déterminée par la mer, par le vent, mais aussi par cette impossibilité d’enracinement qui sonne comme un échec pour CESAIRE. On sait combien la Négritude fut, pour lui, un moyen de se rattacher à un passé, à une tradition, pour mieux imaginer ce Nègre nouveau auquel il aspire pour lui-même et pour son peuple. Les limites de la Négritude ont peut-être été atteintes car celle-ci na pas su fermer la blessure de la déportation, ni étancher la soif du renouveau. Seule la poésie, mémoire de la langue mise en valeur dans ce recueil consacré à la valence et à la poétique des mots, peut-elle encore faire barrage contre le désastre et la «torpeur de lhistoire». Enfin, en 2005, paraît «Nègre je suis, nègre je resterai», livre dentretiens avec Françoise VERGES. Mme VERGES avait remarqué ceci : «il se fatiguait vite, la fatigue de l’âge, après une longue vie». L’écrivain, mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France, est enterré le 20 avril 2008 à la Martinique. Une plaque lui a été dédiée, à Paris, au Panthéon, le 6 avril 2011, lors d’un hommage national. A l’occasion de cette cérémonie, et pour le président François HOLLANDE, la figure d’Aimé CESAIRE est «intimement liée à l’esprit de la République et à la lutte contre l’esclavage, le colonialisme, la brutalité». «Aimé CESAIRE l’a fait avec ses mots de poète, et l’a fait aussi avec ses actes d’homme politique», a ajouté le président HOLLANDE. Sans nul doute, un hommage tardif de la France, mais un hommage solennel et bien mérité tout de même. En effet, CESAIRE, avant d’être le poète de la Négritude, s’inscrit dans la descendance des grands poètes français, comme RIMBAUD, LAUTREAMONT, MALLARME, APPOLINAIRE, PEGUY, BRETON ou SAINT-JOHN PERSE, avec lesquels il partage une conception incantatrice et insurrectionnelle de la parole poétique. Dans sa préface à l’édition espagnole du Cahier d’un retour au pays natal, Benjamin PERET a rendu un hommage à Aimé CESAIRE «j’ai l’honneur de saluer ici un grand poète de langue française qui soit apparu depuis vingt ans. Pour la première fois, une voix tropicale résonne dans notre langue, non pour exprimer une poésie exotique, ornement de mauvais goût dans un intérieur médiocre, mais pour faire briller une poésie authentique qui jaillit des troncs pourris d’orchidées de papillons dévorant la charogne ; une poésie qui est le cri sauvage d’une nature dominatrice, sadique qui avale les hommes et leurs machines comme les fleurs les insectes téméraires». Bibliographie, très sélective Poésies : CESAIRE (Aimé), Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Dakar, Présence Africaine, 1983, 93 pages ; CESAIRE (Aimé), Soleil cou coupé Paris, K. éditeur, 1948, 123 pages ; CESAIRE (Aimé), Corps perdu, Paris, éditions Fragrance, 1950, 1247 pages ; CESAIRE (Aimé), Ferrements, Paris, Seuil, 1989, 89 pages ; CESAIRE (Aimé), Cadastre, suivi de Moi, laminaire, Paris, Seuil, 2006, 182 pages ; CESAIRE (Aimé), Les Armes miraculeuses, Paris, Gallimard, 1946, 197 pages. Essais : CESAIRE (Aimé), Discours sur le colonialisme, Paris, Présence Africaine, 1955, 72 pages ; CESAIRE (Aimé), Lettre à Maurice Thorez, avant-propos d’Alioune DIOP, Paris, Présence Africaine, 1956, 16 pages ; CESAIRE (Aimé), Toussaint Louverture : la Révolution française et le problème colonial, Paris, Club Français du Livre, 1960, 297 pages. Théâtre : CESAIRE (Aimé), Et les chiens se taisaient, Paris, Présence Africaine, 1956, 123 pages ; CESAIRE (Aimé), La tragédie du roi Christophe, Paris, Présence Africaine, 1963, réédition en 1970, 153 pages ; CESAIRE (Aimé), Une saison au Congo, Paris, Seuil, collection Points, 1973, 133 pages ; CESAIRE (Aimé), Une tempête, Paris, Seuil, collection Points, 1974, 91 pages. Autres écrits (biographie, thèses,) FONKOUA (Romuald), Aimé CESAIRE, Paris, PERRIN, 2010, 392 pages ; LAPOUSSINIERE (Paul, Christian), Aimé CESAIRE : de l’expérience surréaliste à la période démiurge, Thèse Paris 3, 1994 ; PESTRE de ALMEIDA (Lilian), Mémoire et métamorphose : entre l’oral et l’écrit, Thèse, Würzburg, Könisgshauser, Neumann, 2010, 432 pages ; CESAIRE (Aimé), entretien avec François VERGES, Nègre je suis, nègre je resterai, Paris, Albin Michel, Itinéraires du Savoir, 2005, 149 pages. M. BA Amadou, Paris le 27 octobre 2013.
Posted on: Tue, 29 Oct 2013 21:07:50 +0000

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