Algérie : L’écueil de l’enseignement de Tamazight C’est - TopicsExpress



          

Algérie : L’écueil de l’enseignement de Tamazight C’est à partir de cette année qu’il a été décidé de l’introduire dès la 4ème année primaire. Il a fallu de longues luttes aux militants berbères notamment en Kabylie pour que l’enseignement de la langue amazighe dans l’école publique soit inscrit officiellement. La revendication identitaire amazighe, en Algérie remonte non pas comme on le prétend ici et là, aux manifestations du printemps de l’année 1980, mais bien avant la révolution algérienne. On se souvient de l’année 1949, lorsque des nationalistes berbérisants soulevèrent la question dans le mouvement national. Depuis, et avec le déclenchement de la guerre d’Algérie, les révolutionnaires turent toute revendication susceptible de diviser les rangs pour se consacrer d’abord à la lutte contre l’occupation. Il y avait une sorte d’entente sacrée autour d’un seul objectif en attendant sa réalisation pour aller plus loin dans la revendication identitaire. Les militants nationalistes issus de différentes tendances estimaient qu’une fois l’indépendance nationale acquise, et que la démocratie soit installée dans le jeune Etat Algérien, les problèmes internes, seront résolus. Avant et après 1962 Or, avec l’indépendance, les militants de l’identité durent déchanter face à l’alignement de la nouvelle Algérie sur l’arabo-islamisme, qui veut que la langue officielle et nationale ne pouvait pas être autre chose que l’arabe. C’était une des erreurs des dirigeants de l’époque. Ils ont conservé le français à l’école et dans l’administration, mais ils n’ont pas promu l’arabe comme ils l’avaient promis, et encore moins la langue Tamazight et ses différentes variantes. Des militants berbéristes durent s’exiler pour poursuivre la lutte. Ceux qui sont restés au pays et qui voulaient défier le pouvoir en poursuivant la lutte intra muros connurent l’ostracisme. Il n’était pas question de reconnaître cette identité à une partie des Algériens qui parlaient une langue pourtant bien visible. Après les années 1980 et grâce aux luttes des nouvelles générations de berbérophones, qui durent connaître la prison et la répression, les Algériens commencèrent à prendre conscience de l’existence de cette identité. Malgré la désinformation ambiante menée par les islamo-conservateurs au sein du parti unique, qui ont même voté une loi portant généralisation de l’utilisation de la langue arabe, la réalité de cette identité ne s’est pas effacée. Avec l’ouverture démocratique en 1989, la revendication amazighe sera relancée avec plus de force et de conviction. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, des députés berbères ont même présenté régulièrement des projets de loi visant à faire reconnaître le berbère (en l’occurrence, le tamazight) comme langue nationale au même titre que l’arabe. Évidemment, ces projets de loi n’ont jamais eu la moindre chance d’être adoptés, mais le geste demeure significatif. Beaucoup d’opposants au régime accusent le gouvernement de vouloir museler les Berbères en interdisant à leur parti politique d’employer les autres "langues du peuple algérien" (dont le berbère et le français). D’ailleurs, les dirigeants du mouvement berbère sont convaincus que la loi sur l’arabisation a été conçue avant tout pour les faire taire. Ils ont beau demander son abrogation, en vain. Beaucoup ont publiquement déclaré qu’ils ne l’appliquaient pas même s’ils doivent faire l’objet de sanctions pénales. Par exemple, Said Sadi a affirmé qu’il serait le premier à la violer. Pour eux, cette loi constitue une attaque contre la diversité culturelle algérienne et contre le droit des citoyens de s’exprimer dans la langue de leur choix et de la manière dont ils le souhaitent, estimait-on. Depuis 1989, toute une série d’actions de masse spectaculaires ont confirmé l’affirmation identitaire des Berbères d’Algérie : plusieurs grèves générales en Kabylie, des manifestations d’une grande ampleur à Tizi-Ouzou, Bougie et Alger, le boycott scolaire général de septembre 1994. La loi sur la généralisation de l’utilisation de la langue arabe avait fait descendre dans la rue les militants de la cause berbère. Cette grève générale allait faire entendre raison au pouvoir qui dut autoriser l’enseignement de Tamazight pour la première fois. L’avènement du HCA Ainsi, une année après, en 1995, s’engage le dialogue avec des dirigeants de la cause identitaire, qui donne lieu à la création du Haut Commissariat à l’amazighité placé sous l’égide de la présidence de la République. Cette structure est chargée de prendre toutes " les initiatives et de formuler des propositions en matière d’enseignement du tamazight ". Dès la rentrée scolaire de 1995, " le Haut-commissariat à l’amazighité avait pris plusieurs initiatives en faveur de l’enseignement du berbère, dont des stages de formation d’enseignants et des cours de berbère dans plusieurs lycées ". Cette langue parlée par 14% des Algériens répartis à travers le pays est enseignée dans 16 wilayas, mais d’une manière facultative. D’où le désintérêt pour la grande masse vis-à-vis de cette matière. Même si la langue Amazighe a été reconnue langue nationale en 2002 et inscrite dans la constitution son enseignement n’est pas généralisé et c’est à partir de cette année qu’il a été décidé de l’introduire dès la 4ème année primaire. Selon certains militants, " la constitutionnalisation de tamazight ne saurait suffire à elle seule sans la mise en place d’un dispositif juridique, institutionnel, et financier adéquat pour garantir sa promotion et sa généralisation". D’après un responsable du HCA, " lors de la première année de son enseignement, cette langue s’enseignait dans 16 wilayas. Ce qui n’est plus le cas actuellement. Elle a disparu des écoles à Illizi, El-Bayadh, Oran, Batna et autres wilayas. A titre d’exemple, à Ghardaïa, elle n’est dispensée que par un seul professeur pour 55 élèves. Il ajoute que " le Baccalauréat tamazight devait être mis en place en 2004 et nous l’attendons encore. Quant aux licenciés de l’année dernière en cette langue, au nombre de 190, ils sont au chômage. " A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il faut leur accorder le droit au service militaire civil pour qu’ils soient incorporés dans la Fonction publique ", déclare-t-il estimant le temps venu pour que "l’enseignement de cette langue soit fait de manière scientifique. "
Posted on: Sat, 22 Jun 2013 20:25:48 +0000

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