Au bout dun couloir sans âme, lautre cinéma tunisien 18.10.2013 - TopicsExpress



          

Au bout dun couloir sans âme, lautre cinéma tunisien 18.10.2013 à 14:22 | Blog : Le Maghreb dans tous ses Etats La gloire, les honneurs, le cinéma tunisien en a connu beaucoup. La Vie dAdèle du franco-tunisien Abdellatif Kechiche, Palme dor au festival de Cannes, est venue sajouter à la liste, apportant son lot de fierté (et de réactions mitigées) de lautre côté de la Méditerranée où lon se vante à bon droit davoir créé, dès 1966, le plus ancien festival dAfrique du 7e art, les Journées cinématographiques de Carthage. Mais hors les projecteurs, la réalité tunisienne est bien plus dure pour les obscurs, ou les sans-grade du long-métrage. Dans une lettre ouverte écrite au vitriol envoyée au Monde, et parue sur le site Internet Nawaat le 14 octobre, le producteur Alaa Eddine Slim dénonce la bureaucratie étouffante qui, selon lui, continue à régner hier comme aujourdhui dans le domaine. Comme les ruelles désastreuses de la vieille Medina, le ministère de la culture est une sorte de labyrinthe froid détages salis et de couloirs sans âme, écrit-il. Sa cible porte un nom, Fethi Kharrat, directeur du département cinéma au ministère de la culture également désigné directeur du Festival de Carthage en 2012, mais il nest, au fond, quun acteur parmi dautres dune scène aux multiples rouages. En butte à la machine revenante du syndicat des producteurs, contestée par des indépendants comme lui, Alaa Eddine Slim, 31 ans, dénonce un système qui lexclut depuis plus de deux sessions des aides à la production pour les long-métrages, tous genres confondus. Ainsi Babylon, un documentaire poignant de deux heures sur les milliers de réfugiés arrivés dans le sud tunisien lors de la guerre en Libye en 2011, programmé au MoMa de New York et à louverture du nouveau musée dart moderne de Marseille : refusé. Refusé, comme dautres. Affiche du documentaire Babylon produit par Exit Alors Alaa Eddine Slim se fâche, car, dit-il, rien na changé. Toujours les mêmes lourdeurs, toujours les mêmes compromissions avant ou après la chute de lancien régime. Un changement dont il attendait beaucoup, lui qui a vu ses locaux saccagés par la police au lendemain du 14 janvier 2011 après avoir abrité toute une nuit une cinquantaine de personnes – dont lauteur de ce blog –, tandis que le pouvoir de Ben Ali seffondrait. Mais vite, lancienne machine (...) revient. Alors faut-il se contenter, comme la fait Abdellatif Kechiche en recevant sa prestigieuse Palme dor, de saluer cette autre jeunesse pour un acte extraordinaire qui sest passé il y a très peu de temps, la révolution tunisienne ? Et se dire que, même pour un film comme le sien auréolé de son prix, les Tunisiens ne le verront peut-être un jour, selon les propos du réalisateur parus dans Télérama le 25 septembre, que parce quils sont les champions du piratage ? Car La vie dAdèle ne sera pas montré au pays du Festival de Carthage. Pas plus que ne seront aidés les projets de cinéastes ambitieux mais obscurs.
Posted on: Sun, 20 Oct 2013 08:12:16 +0000

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