Au sortir de la lecture de cette œuvre, une distinction cruciale - TopicsExpress



          

Au sortir de la lecture de cette œuvre, une distinction cruciale m’apparaît entre les religions fondées sur la foi (souvent aveugle) et le Vodu basé sur des connaissances et techniques précises, rigoureuses, dont l’efficacité psychique et physique est un critère de performance prépondérant. Au fond, ce que les unes appellent « Dieu » est pour les Vodusi une énergie ; laquelle est effectivement « invisible ». Mawu n’est visible qu’à travers ses « manifestations », dont l’être- humain est des plus emblématiques. Mawu se manifeste dans l’homme ; ce dernier manifestant Mawu à travers Vodu. L’activité dite spirituelle consiste alors à observer attentivement les manifestations de Mawu ; à tirer de cette observation une connaissance aussi bien opérative que spéculative du « monde des invisibles ». Telle concentration d’énergie (matérialisée par un objet Vodu déterminé) guérit telles maladies, et n’a de sens pour ses adeptes que si elle produit effectivement ces effets. Telle pratique vodu provoque des transes ayant une fonction ou une signification précises au regard des initiés, et n’a de sens qu’en tant que telle : Il existe dans le corps humain et tout particulièrement le long de la colonne vertébrale des centres énergétiques vitaux appelés shakra en yoga. [...] les assemblées vodu créent une énergie psychique vibratoire qui pénètre le corps humain par le biais de ces centres énergétiques en commençant par le sommet du crâne. [...] si l’un de ces shakra n’est pas ouvert au passage de l’énergie du psychisme collectif, il s’y fait une espèce de nœud énergétique qui secoue le corps. [6] Plus généralement, il y a dans les institutions et pratiques spirituelles négro-africaines l’idée récurrente selon laquelle l’énergie créatrice, qui est la même pour tous les êtres vivants, peut être mobilisée à des degrés divers, indifféremment du temps et de l’espace, en vue de produire des effets expérimentables - plus ou moins complexes – jusqu’à la kinésie, à la lévitation, voire à la réincarnation. La capacité de mobilisation de l’énergie-vie s’acquiert à travers un patient processus initiatique, qu’il n’est pas donné à tout le monde d’effectuer avec succès : point donc de « magie noire », de prosélytisme exacerbé, ni encore moins d’« intolérance religieuse » criminogène dans la culture spirituelle négro-africaine, qui se conçoit librement au niveau de l’individu, de la famille, du lignage ou encore de toute une collectivité territoriale. Une patiente étude des lois énergétiques présidant à la vie, un long apprentissage de techniques permettant de tirer (meilleur) parti de ces lois ; telles sont les préoccupations fondamentales des Vodusi. En tout état de cause, les superstitieux, idolâtres et autres fanatiques ne comprenant rien à l’énergie- vie, ne sont pas toujours où on les a tant cherchés, dénigrés, pourchassés, exterminés. Assurément, une étude systématique du Vodu, dans des centres de recherche dédiés en Afrique, avec tous les moyens matériels et humains nécessaires, ouvrirait des perspectives scientifiques incommensurables. Par exemple, au plan informatique : - on pourrait créer une aide à la consultation Afà, grâce à un algorithme reliant automatiquement chaque signe Afà avec ses seize interprétations possibles ; soit une base de 4096 réponses théoriques élémentaires. - Une matrice cubique des 256 signes Afà donnerait plus de 16.5 millions (2563) de combinaisons de signes, dont le traitement automatisé pourrait accroître de manière exceptionnelle le pouvoir interprétatif de la géomancie Afà. Chaque matrice de 256 signes représenterait alors l’un des « trois chapelets » de la consultation : Adzogbànà (droite), Tôbokô (milieu), Alugbédi (gauche). - Une base de dix mille (10 000) cas de consultations recueillis (enregistrée, transcrits et traduits) auprès de quarante-huit (48) Bokô de grande renommée pourrait être construite en quelques années, afin d’inaugurer une encyclopédie professionnelle à l’usage des prêtres Vodu et autres amateurs de la communication avec le « monde des invisibles ». En définitive, il importe vivement de souligner que l’œuvre de Kligueh Goudabla donne à comprendre le Vodu comme un trésor de savoir et techniques relatifs au « monde des invisibles », dont l’efficacité a été éprouvée par des siècles d’expériences : ce qui établit ce trésor millénaire comme une connaissance scientifique de Mawu ! Un trésor sauvagement saccagé par le yovodah, et qu’il conviendrait urgemment de reconstituer, afin de soigner adéquatement l’être psychique individuel ou collectif si gravement malade de l’Africain aliéné jusqu’au plus profond de soi : colonisé, islamisé, christianisé ; énergétiquement épuisé, tel un zombi.
Posted on: Wed, 14 Aug 2013 19:31:09 +0000

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