Bar parisien sous un marché couvert. Au comptoir. Un couple - TopicsExpress



          

Bar parisien sous un marché couvert. Au comptoir. Un couple arrive et se pose. Entre 25 et 30 ans. Lui, bonne gueule de petit français de souche, made in province. Il dégage un truc de sympathique. De prole et de sympathique. Ca sent le buveur de bières. Doit être breton à tous les coups. Mec de Rennes. Pas directement fils de marin-pêcheur. Non, plutôt petit-fils. Le père a dû monter sur Rennes à l époque.Son Amérique à lui en quelque sorte.Mais il y a un truc chez ce trentenaire d indescriptible qui le rattache encore un peu à ses aïeux proles. Comme s il restait une vague odeur de poiscaille qui lui collait à la peau. Un parfum subtile. Mélange de sueur et de peur. Fait de visage buriné aux rides rongées par le sel de la mer et du maigre salaire. Fragance pas agressive. Pas du tout même. Sûrement l héritage des vacances chez le grand-père. Leurs discussions. Sa vie qu il lui a racontée. Peut-être même comme à personne avant. Ca laisse toujours des traces ce genre de confidences. Il a un regard de taiseux. De besogneux. Une tête à avoir fait une école de commerce. Costard gris. De base. Pompes noires. Il a évité les chaussettes claires : bon point pour lui. Je l aime bien. Elle. Blondasse. Fade. Elle pue la bourgeoisie de province. Parents notaires. Ou dans le pinard. Sûre d elle. Elle aussi ça pue l école de commerce.Voix aigüe. Ton sec. Autoritaire. Elle parle un peu fort.La serveuse arrive. 2 bières. C est elle qui commande. Et a priori pas que pour les boissons. A la baraque aussi.Lui n a pas encore prononcé un mot. Ou alors à peine du bout des lèvres. Elle parle. De tout et de rien. Lui, bonne pâte, écoute. Ca se voit qu il s en fout. Mais il est gentil. Il subit. Il doit l aimer. Le fou. Moi, j écoute. D une oreille. Elle enchaîne les banalités. Une meuf chiante. Normalement chiante je me dis. Quand tout à coup, elle laisse tomber le masque. Comme ça. Sans prévenir. Sans coups de semonce. Au fait, tu sais que j ai parlé de nous 2 à mes copines ? Et elles m ont toutes dîtes qu à ma place elles t auraient déjà quitté. Elles m ont dit que t étais un looser. Attends ! Tu travailles comme un chien et tu prends un salaire de misère. Quoi ? 2000 euros ? Tu veux faire quoi avec 2000 euros . Je la mate. J ai la nausée. Je le mate. J ai mal au coeur. Lui se justifie lamentablement. Il parle d évolution. D entretien de fin d année. Putain ! J ai envie de le secouer et de lui dire Bordel ! Envoie-la chier ! Demande-toi ce qu aurait fait ton grand-père ? Putain ! N oublie pas ! Et agis. . Mais je ne dis rien. Lui non plus. Il s est tu. Ils finissent leurs verres. Ils sont pressés. Un dîner chez des amis. Elle demande l addition. Fort. La serveuse arrive. Elle sort ostensiblement sa carte bleue. C est elle qui paye. L alpha dog qui marque son territoire. En pissant. Tout autour. Et sur lui aussi. Elle le tient. Elle se lève. Il la suit. Putain de vie.
Posted on: Wed, 04 Dec 2013 23:16:26 +0000

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