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Bel article. A lire absolument ! Blogpost : Il n’y a pas de fatalité, ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire ========================================= Aida Hadja Diagne, 35 ans, est économiste. Elle occupe les fonctions de Directrice dans une institution financière internationale basée à Dakar. Malienne installée au Sénégal, elle est choquée par ce qui arrive à son pays. Ses éclats de voix se font de plus en plus entendre à travers sa plume. Ses prises de parole touchent principalement l’état de la Nation et de l’effondrement du pays. Humaniste, pour Aida Hadja Diagne, tout le Mali est fautif « On n’est jamais trahi que par les siens », tel est son motto. Elle s’exprime pour susciter l’analyse critique et présenter une autre façon de voir le monde sans contrefaçon. Aida Hadja Diagne est passionnée de littérature, de voyages, d’arts, de culture et de l’économie tout naturellement. ========================================= Il n’y a pas de fatalité, ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire Cher concitoyen, Il est bien tentant de penser que vous êtes, vous, monsieur, vous, madame, individuellement, étranger à la crise que vit le Mali d’aujourd’hui, n’est-ce pas ? Vous vous dites que vous n’êtes pas responsable puisque vous n’avez pas les manettes du pouvoir, que vos dirigeants sont des prédateurs et que vous n’y pouvez rien. La faute au corrompu, le corrupteur victime du système ? En êtes-vous si sûr ? La corruption, par exemple, n’a pas pu gangrener tout le corps social malien sans la complicité active de tous, chacun ayant de bonnes raisons personnelles de s’y adonner. Le billet de 1 000 F CFA que vous glissez au policier parce que vous n’êtes pas en règle a la même nuisance que les milliards avec lesquels les multinationales corrompent nos dirigeants. Si la corruption a miné si profondément tout le tissu social, c’est parce que la société malienne, y compris vous, pense y trouver son compte. Or, le billet de 1 000 F CFA que vous glissez au policier se retourne en priorité contre vous et peut vous coûter la vie. En effet, en glissant ce billet de 1000 F CFA : - Vous achetez le droit de blesser ou de tuer votre prochain en ne respectant pas les règles de la circulation, en roulant dans un véhicule défectueux et dangereux pour les autres. Aujourd’hui, vous êtes celui qui commet l’infraction ou conduit le véhicule dangereux, demain vous serez la victime de l’infraction ou du véhicule dangereux d’un autre. Votre liberté individuelle de circuler ne peut pas être plus importante que la vie d’un homme. Car, à moins de vous prendre pour Dieu, rien ne vous autorise à prendre une vie que vous n’avez pas donnée, surtout par négligence. Il est temps de faire la différence entre liberté et anarchie, loi de la jungle sans foi ni loi et vivre ensemble dans un espace public où le plus faible est protégé ; - Vous contribuez à faire du Mali un État de non-droit dont vous êtes la première victime. Si vous vous arrogez le droit de tuer pour 1 000 F CFA, vous devez accepter que les puissants achètent leur impunité quand leurs actions conduisent directement ou indirectement à la mort des milliers de Maliens. Vous ne pouvez pas dénoncer le scandale de la corruption des puissants et, la minute suivante, corrompre le fonctionnaire qui se trouve sur votre passage, sous prétexte que cela arrange vos petites affaires personnelles : un peu de cohérence dans votre comportement ! Qu’un homme influent qui conduit en téléphonant tue votre enfant en train de traverser la route et paye ensuite un juge pour ne pas être condamné, ou que vous et des millions de Maliens payiez 1 000 F CFA le policier pour une infraction que vous avez commise, revient au même : l’impunité devient la règle pour tous, et à ce petit jeu, vous serez toujours perdant face à plus puissant que vous. C’est le prix à payer pour une société qui foule aux pieds ses valeurs fondamentales au nom d’un pouvoir, somme toute illusoire, conféré à l’argent. Un autre exemple ? Vous pensez qu’un diplôme suffit à régler le problème du chômage de vos enfants. Vous êtes prêt à tout pour leur assurer un avenir décent, y compris acheter des diplômes. La première erreur fondamentale que vous faites en agissant ainsi est de priver vos enfants d’un savoir qui est la vraie source de leur richesse future. Quand un individu acquiert des connaissances, cela l’enrichit et lui appartient à jamais : personne ne peut les lui retirer, ce qui n’est pas le cas avec les biens matériels. Vos enfants, qui sont ou seront formés par des enseignants qui ont acheté leur diplôme et n’ont donc pas le niveau requis, seront à leur tour mal formés, qu’ils achètent ou non un diplôme. Une autre erreur est de penser que diplôme = emploi = revenu. Quand vous achetez un diplôme, vous lui enlevez toute valeur et votre enfant ne maîtrise pas les connaissances fondamentales indispensables à son évolution future. Aujourd’hui, le Mali évolue dans le cadre de l’UEMOA et les compétences circulent librement. Les jeunes diplômés maliens n’ayant ni le niveau ni les compétences requises, les entreprises maliennes vont chercher les compétences dans la sous-région, voire plus loin encore. Les compétences étrangères occupent donc les postes les plus qualifiés et les plus rémunérateurs, tandis que les jeunes diplômés maliens ne se voient offrir que des postes sous-qualifiés, d’où leur frustration, véritable bombe à retardement dans les années à venir. Sans éducation, les chances d’accéder à des postes intéressants et de gagner correctement sa vie sont très faibles. Comme à la loterie, il y a bien un gagnant mais pour combien de joueurs perdants ? Il vaut mieux miser sur sa propre capacité à créer des revenus. Le secteur privé a une logique économique qui lui impose d’être compétitif sur le marché national, sous-régional ou international pour assurer sa survie. Or, la compétitivité ne se satisfait pas des embauches « sociales » ou « familiales », elle ne passe pas non plus uniquement par les salaires bas : elle exige des compétences, et ces compétences se payent. Quand, dans une entreprise moderne, pratiquement tous les postes de cadres et de catégories intermédiaires sont dévolus à des étrangers et les postes sous-qualifiés aux Maliens, il y a un malaise, un vrai malaise… Or, le privé, qui génère des revenus et offre les salaires les plus élevés, n’embauchera pas les jeunes diplômés maliens, qui sont les seuls à croire que leur diplôme sans valeur leur donne droit à un emploi en relation avec leur diplôme « virtuel »… Ne pouvant être recrutés sur la base de leur diplôme dans le secteur privé, ces jeunes se tournent donc vers la fonction publique, seule capable de les embaucher… sur concours plus ou moins truqué, par relation familiale, clanique ou clientélisme. L’administration publique est ainsi devenue peu à peu un réservoir d’incompétents mal payés qui ont trouvé la solution : améliorer leurs revenus sur le dos du citoyen. Pas n’importe quel citoyen : plus vous êtes riche et puissant, moins vous payez. « L’argent appelle l’argent… » chantait déjà… je ne sais plus qui… Incompétents, mal payés, les agents de la fonction publique se comportent alors comme si le poste leur appartenait et deviennent des rentiers (des gens qui tirent un bénéfice personnel de la situation qu’ils occupent). Tout l’enjeu pour eux est donc de générer le maximum de revenus à partir du poste qu’ils occupent. Exemple : vous vous rendez dans le service administratif chargé de contrôler la qualité des produits alimentaires. La personne en charge de cette fonction vous informe qu’elle a créé une association qui pourrait faire les analyses et que passer par elle vous garantira de meilleurs résultats. Pourtant, dans les deux cas, c’est la même personne qui réalisera le travail et c’est l’équipement appartenant à l’État qui sera utilisé. Le fonctionnaire que vous rencontrez n’hésitera donc pas à « saboter » son travail pour vous mettre en faute, au point de vous faire courir le risque d’empoisonner le consommateur. Ceci afin que vous confiez au « rentier » un travail qu’il réalisera pendant son temps de travail, avec les équipements de l’État, pour son bénéfice personnel exclusif. Il s’agit là d’une forme de privatisation de la fonction publique non reconnue par les procédures du FMI et de la Banque mondiale mais qui est pourtant une des conséquences des politiques d’austérité imposées par ces institutions… complètement autistes. Si les fonctionnaires étaient mieux formés (politique d’éducation ambitieuse), ils seraient plus compétents (sans doute moins corruptibles, la médiocrité et l’incompétence étant les deux mamelles de la corruption), donc moins nombreux et pourraient mieux gagner leur vie. Mais non, il faut tailler dans les budgets publics et laisser faire le marché. Contrairement à ce que disent tous ces néolibéraux, le marché ne « s’auto contrôle » pas, il continue sur sa lancée jusqu’au moment où il rentre dans le mur : à ce moment-là, il paraît que nous sommes en crise. Parce que bien entendu, quand tout va bien, ils sont les seuls à encaisser, mais quand ça ne va plus pour eux, il faut partager et tout le monde doit payer les pots cassés. Laisser faire le marché, c’est donner le pouvoir non pas au meilleur mais au plus fort, à celui qui n’hésite pas à user de la violence, au sans-foi-ni-loi. Le néolibéralisme n’est pas le libéralisme : il tue la liberté. Tous les pays qui aujourd’hui vantent les mérites du néolibéralisme ont bâti leur puissance économique sur le protectionnisme… Encore aujourd’hui, y a-t-il au monde un pays plus protectionniste que celui qui prétend imposer la loi quasi « divine » du marché à tous les pays du monde, qu’il rêve de transformer en marché pour sa propre production ? Faites ce que je dis, pas ce je fais, tel est leur credo. Le jour où nos dirigeants se souviendront qu’ils ne sont pas qu’un ventre mais qu’ils ont aussi une tête, nous pourrons commencer à réfléchir à ce qui est bon pour nous et à nous donner les moyens de travailler pour les nôtres. La perversité de la corruption Revenons à nos soucis quotidiens. Vous êtes un jeune promoteur qui souhaite créer sa petite unité de transformation de mangues. Vous demandez à un fonctionnaire de vous donner des renseignements afin de vous mettre en conformité avec la législation et éventuellement d’éviter d’empoisonner vos concitoyens. Vous lui demandez juste de faire un travail pour lequel il est payé grâce aux impôts que verse votre entreprise ou qui sont prélevés directement sur votre salaire si vous êtes salarié. Au mieux, il vous fait payer les renseignements, au pire, il vous propose de réaliser lui-même le travail, à titre personnel, sous peine de vous retrouver victime d’un contrôle intempestif qui pourrait vous coûter cher et dont de toutes façons, vous négocierez les termes avec lui. Deux solutions s’offrent à vous : 1. Vous êtes un citoyen honnête qui veut vendre un produit sans risque pour la santé du consommateur. Vous n’avez pas le choix, sous peine d’être ruiné avant de démarrer. Vous demandez donc au « rentier » fonctionnaire de faire les contrôles nécessaires sérieusement à titre privé afin que le « fonctionnaire » rentier vous délivre le bon certificat. 2. Vous êtes un entrepreneur qui veut juste gagner de l’argent, y compris au prix de la santé des consommateurs. Vous ne vous posez pas de questions, vous ne réalisez aucun contrôle : vous payez ce que vous demande le fonctionnaire. Vous pouvez empoisonner tranquillement vos concitoyens, ce n’est pas grave : vous êtes couvert par le fonctionnaire véreux… Enfin, c’est ce que vous pensez. Dans le premier cas, vous gagnez, malgré tout, le respect du fonctionnaire qui sera moins tenté de vous « embêter » s’il sait que vous respectez les règles. En tant que « rentier », il préfère aller là où son retour sur investissement est le plus élevé : taper là où ça rapporte le plus avec le minimum d’efforts. Sa cible préférée reste celui qui n’a pas les moyens de ses ambitions, le médiocre qui pense que l’argent peut tout acheter mais qui reste trop médiocre pour comprendre qu’il est en train de creuser sa propre tombe. En effet, dans le second cas, vous êtes à la merci d’un maître chanteur qui saura toujours où trouver de quoi payer la nouvelle tenue en bazin de sa femme, les médicaments pour soigner le petit dernier, etc. Quand il vous aura complètement vidé de votre sang, il sera trop tard pour vous : vous mourrez et lui sera déjà passé à sa nouvelle proie. Quand vous cédez à titre individuel à la corruption, grande ou petite, vous alimentez le système et vous vous tirez vous-même une balle dans le pied, voire dans la tête. La corruption n’est pas une fatalité Ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire. Il n’y a pas de fatalité : vous pouvez changer les choses. Tout est question de volonté, celle des hommes politiques certes, mais d’abord et surtout la vôtre : agissons chacun où nous pouvons, ici et maintenant, et n’attendons pas le grand soir qui n’arrivera jamais ! Dans votre vie quotidienne, acceptez de payer le prix de ne pas céder à la corruption. Exigez la transparence des procédures administratives, déposez vos plaintes par écrit quand votre dossier traîne trop en détaillant tout ce qui s’est passé : ils n’aiment pas les traces écrites. Mettez-vous en règle, c’est la seule façon de lutter efficacement contre la corruption. Un policier vous arrête pour vous extorquer de l’argent alors que vous êtes en règle ? Demandez-lui de vous faire une contravention, prenez son nom et son matricule et allez payer la contravention. Vous voulez vraiment sortir votre pays de l’ornière ? Alors agissez déjà à votre niveau sans attendre qu’un homme providentiel vienne régler tous les problèmes du Mali. Le Mali est à vous et sera ce que vous en ferez ! Vous voulez décider de la vie de vos enfants demain ? On vous impose de voter ? Utilisez le vote pour ce qu’il est : une arme au service du peuple pour se donner le meilleur guide et non un maître tout-puissant auquel vous remettrez le pouvoir absolu sur votre vie. C’est vous qui avez le pouvoir de leur donner le pouvoir, et ils le savent. C’est pour cela qu’ils vous promettent, une fois de plus, tout ce qu’ils ont promis de faire depuis trente ans, qu’ils n’ont jamais fait et qu’ils ne feront pas plus demain. Il n’y a pas de démocratie sans contrôle ni contre-pouvoir : c’est votre rôle et votre pouvoir de citoyen, assumez-le ! Ne faites pas comme Eux, les vampires prédateurs, fossoyeurs du Mali, véritables autistes fermés à la souffrance des Maliens, qui refusent de prendre leur part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Vous qui êtes pleinement conscient des réalités que vous vivez chaque jour, utilisez votre tête aujourd’hui, pardonnez le passé et n’hypothéquez pas votre avenir. Vous ne pouvez pas revenir sur un passé dont nous subissons tous aujourd’hui les conséquences, mais vous pouvez en tirer des leçons pour un avenir meilleur. Ils ne veulent pas de justice ? Imposez votre justice par le vote et choisissez celui qui vous paraît le meilleur pour redresser le pays. Ils sont nombreux à se battre pour l’enfoncer encore plus… pour leur propre bénéfice, qui passe par celui, bien plus important, des puissances étrangères. Votre destin est entre vos mains, pas entre celles de la « communauté internationale ». Libre à vous de le confier de nouveau aux prédateurs connus et identifiés qui, depuis trente ans, n’ont de cesse de privatiser notre pays à leur profit personnel. Mais quelque soit votre choix, il faudra en assumer la responsabilité, toute la responsabilité… car c’est vous qui avez le pouvoir de leur remettre le pouvoir. On n’est jamais trahi que par les siens aidah.diagne@gmail J
Posted on: Tue, 11 Jun 2013 17:56:48 +0000

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