Billet d’humeur du 18 novembre 2013. Spleen de novembre. Donc : - TopicsExpress



          

Billet d’humeur du 18 novembre 2013. Spleen de novembre. Donc : novembre en est désormais à sa mi-course, même un peu au-delà. C’est un mois amer et noir. Avec ses mauvais nuages, avec son vent glaçant qui donne un peu plus froid à l’âme, avec ses tristesses qui pincent l’esprit et tous ses mauvais cortèges de nouvelles laides, toutes celles qui nous cognent trop fort. Novembre file, mais il le fait en balourd sournois, qui fauche les cavaliers et les marins. Dans l’actualité, dans la mémoire aussi. Et puis ailleurs. Autour de nous. C’est le mois le plus terrible, le plus cruel du spleen, ce malaise si dur à porter depuis Baudelaire. Et qui est plus qu’un chagrin. Un cavalier d’exception est parti. C’était un prince olympique discret, aux médailles bien gagnées. Un homme solide, qui marchait à cheval, en avant, calme et droit. C’était, à sa façon, un centaure, digne d’une nouvelle de Paul Morand, un écuyer mirobolant, digne, encore ou aussi, de Jérôme Garcin. Ce n’était pas un géant, mais il était souple et doué, ce splendide chevaucheur et ce dompteur d’obstacles. Il s’appelait : Raimondo d’Inzeo, et son cheval Posilipo. Raimondo d’Inzeo fut pour l’Italie ce que fut pour la France Pierre Jonquières d’Oriola : une légende cavalière ! . Voici trente-cinq ans, un marin, Alain Colas, pris de passion pour la mer en passant des Vosges et ses faïences bien racinées, à la haute école de Tabarly, se perdait aussi. Toujours en novembre. Les chanteurs que nous aimons filent, eux, avant le froid novembre. Ainsi, fasciné par la mer et chantant la vie, s’absentait le grand et sensible, subtil et tendre, virulent et faux sauvage mais vrai timide et tragique à la fois : le déchirant Jacques Brel. Et puis aussi, caché par sa moustache, sa guitare, son sourire et ses chats ou sa ronde des jurons : celui qui nous avertissait des tristes grandeurs du Panthéon, et qui reconnaissait aussi qu’un cimetière marin avait du charme, mais en sachant que ce charme-là, vraiment, ne valait pas celui d’une longue plage ni le rire des amis ; oui, saluons ici le Sétois malicieux et grand manieur de mots et d’accords : Georges Brassens, un homme au cœur large, et qui, en 1981, lui aussi, justement, prenait le large, hélas, un mauvais jour, tout juste avant d’entrer en novembre. Non, décidément, il n’y a guère de raisons profondes ni de surface d’aimer novembre : c’est un mois tragique : il vous secoue en vous laissant plein de larmes. Il vous prend vos héros, vos chanteurs, et ce que vous aimez le mieux. Heureusement qu’il reste le rugby, un peu, et beaucoup de musique… Ou l’enfance retrouvée par la relecture de ce monument français, épique et sentimental, rempli d’épées, de festins et de galops, de haute mer, de dangers surmontés et de diamants, oui heureusement qu’il reste la relecture lente de ce chef-d’œuvre dédié à l’amitié éternelle et complète : Les Trois Mousquetaires, du cher Alexandre Dumas. Dumas reste un géant qui aimait, lui aussi, les héros, la jeunesse valeureuse et les chevaux, les chansons et la mer – une mer dont il fut l’un des meilleurs écrivains. Ajoutons ce détail qui dépasse ses romans : Alexandre Dumas aimait, comme personne, ses amis, auxquels il resta fidèle toute sa vie et, souvent hélas aussi, au-delà de la leur ! Mais Dumas lui aussi n’aimait pas novembre. Comment, franchement, voulez-vous aimer un mois comme novembre, qui fait tomber les feuilles des arbres autant que les amis ? On devrait bannir novembre du calendrier. Mais en novembre, comme en tous moments et saisons, il faut savoir saluer les marins, les cavaliers et les amis : tous ceux qui partent trop vite ! RL.
Posted on: Mon, 18 Nov 2013 17:31:07 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015