Billet d’humeur du 7 août 2013. Des avions et des hommes… Les avions furent longtemps de beaux oiseaux. Qui aimaient l’été. Ainsi, juillet et août, dans le ciel pur, attirèrent pendant bien des années, dans un risque assumé et splendide, dans un songe, de merveilleux fous volants : les fabuleux pionniers de l’aviation. Un très beau film, l’une des plus franches réussites du cinéma romantique, sensible et héroïque français, nous le rappelait, en 1966, c’était : Les Aventuriers, réalisé par Robert Enrico mais inspiré du roman éponyme du Corse José Giovanni – l’auteur d’ailleurs en signait l’adaptation et les dialogues avec son complice Pierre Pellegri. Une musique épatante de François de Roubaix, qui savait faire rêver en quelques notes, et qui passa une large partie de sa jeunesse dans notre île, escortait le film merveilleusement… Dans ce classique, porté virilement par Lino Ventura et Alain Delon, illuminé par la grâce claire et simple de Johanna Schimkus, Alain Delon – lequel a de solides origines familiales corses –, voulait passer sous l’Arc de Triomphe en avion, équipé d’une petite caméra. L’essai échouait, et le pilote y perdait sa licence de vol. Cette tête flambée commémorait peut-être, à sa façon et par l’imitation, un exploit qui défraya la chronique, le 7 août 1919 : le sergent Charles Godefroy, ce jour-là, avait su, lui, franchir le monument. Ce vol soudain en plein Paris fit scandale. C’était la réaction d’un pilote outré qu’on ait demandé, le 14 juillet 1919, aux aviateurs de participer au défilé de la Victoire en fantassins. Un peu plus de dix ans plus tôt, le 25 juillet 1909, Louis Blériot franchissait en avion la Manche : à sa mort le 2 août 1936, il restait illustre et admiré. Passons encore quelques années. Le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry, partait pour son dernier vol, entre ciel et mer, de la base de Borgo. Mais en quittant notre île, l’oiseau superbe et poétique était retombé. Et le charme était rompu. Il fut brisé, un an après la mort de l’auteur du Petit Prince, de Terre des Hommes ou de Courrier Sud. La tragédie s’imprimait alors dans le ciel d’une autre île, à Hiroshima, le 6 août 1945 : l’horreur absolue succédait aux envolées lyriques de la haute aventure ! RL.
Posted on: Wed, 07 Aug 2013 10:37:03 +0000
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