Brouille entre Roger et ‘Ali ben Yah’ya[92] Entre Roger de - TopicsExpress



          

Brouille entre Roger et ‘Ali ben Yah’ya[92] Entre Roger de Sicile et l’émir ‘Ali, il existait une solide amitié qui dura jusqu’au jour où le premier prêta, comme nous l’avons dit, aide à Râfi’ ; mais à partir de ce moment chacun tourna le dos à l’autre. Ensuite Roger employa en s’adressant à son ancien ami des expressions de mauvais goût, qui ne firent qu’augmenter leur mésintelligence ; enfin l’envoi par Roger d’une lettre grossière amena une rupture complète, et ‘Ali, prenant des mesures de défense, donna l’ordre de remettre sa flotte en état et de l’approvisionner pour attaquer son ennemi ; de plus il écrivit aux Almoravides de Merrâkech pour, de concert avec eux, envahir la Sicile. Alors Roger renonça à ses projets. Guerre entre les Francs et les musulmans en Ifrîkiyya[113] Nous avons dit que l’émir d’Ifrîkiyya, ‘Ali ben Yah’ya, par suite de sa brouille avec Roger, prince de Sicile, avait renouvelé, accru et bien approvisionné sa flotte, en même temps qu’il faisait demander à ‘Ali ben Yoûsof ben Tâchefîn, de Merrâkech, de s’allier à lui pour attaquer la Sicile.[114] Ces nouvelles firent suspendre à Roger la réalisation d’une partie de ses plans ; mais ‘Ali vint à mourir en 515 (21 mars 1121) et eut comme successeur, nous l’avons dit, son fils El-H’asan. En 516 (11 mars 1122), une flotte envoyée par ‘Ali ben Yoûsof conquit Nicotera, sur le littoral de K’illawriya (Calabre). Roger, persuadé qu’il devait ce déboire à ‘Ali [ben Yah’ya], se mit avec ardeur à équiper quantité de galères et de bâtiments et à réunir des troupes ; il empêcha tous les départs pour l’Ifrîkiyya et les pays du Maghreb, et réunit ainsi, dit-on, une flotte qui, chose inouïe, comptait trois cents bâtiments. L’interruption des communications fit que l’émir El-H’asan ben ‘Ali s’attendant à une attaque contre Mehdiyya, la fit approvisionner et en fit réparer les murailles, en même temps qu’il réunit un grand nombre de guerriers, [P. 432] tant du pays que des Arabes. En djomâda II 517 (25 juin. 1123), la flotte franque, composée de trois cents bâtiments et portant mille et un chevaux, mit à la voile ; mais au sortir de Mersa’Ali (Marsala), la tempête les dispersa et beaucoup firent naufrage ; le reste se porta sur K’ouçira (Pantellâria), qui fut prise et pillée et dont les habitants furent ou massacrés ou réduits en esclavage. De là on cingla vers l’Ifrîkiyya, et, à la fin de djomâda I,[115] on mit le siège devant le château-fort d’Ed-Dîmâs,[116] qui est presque inexpugnable, qui domine la mer et en dedans de l’enceinte duquel il y a un autre fort. Il était défendu par un parti d’Arabes, et El-H’asan envoya contre les Francs des troupes provenant de l’armée avec laquelle il occupait lui-même Mehdiyya. Ed-Dîmâs fut emporté, mais les vainqueurs restèrent cernés par les musulmans. Quelques jours plus tard, une vive attaque fut tentée contre le fort intérieur ; mais quand la nuit fut venue, les fidèles se mirent à pousser des cris à faire croire que la terre tremblait et à proclamer bruyamment la grandeur de Dieu. La terreur envahit le cœur des chrétiens, qui, convaincus que les musulmans [du dehors] les attaquaient, se rembarquèrent au plus tôt dans leurs galères, après avoir tué de leurs propres mains quantité de leurs chevaux ; ils n’en purent sauver qu’un seul, et en laissèrent quatre cents autres au pouvoir des fidèles, qui s’emparèrent de toutes leurs dépouilles et massacrèrent ceux qui ne purent s’embarquer.[117] Pendant huit jours les Francs croisèrent sans pouvoir débarquer de nouveau, et à la fin, désespérant de délivrer ceux des leurs qui étaient restés à Ed-Dîmâs, ils se retirèrent poursuivis par les cris et les acclamations des fidèles. Ceux-ci, qui étaient excessivement nombreux et de toute provenance, assiégèrent Ed-Dîmâs, que sa forte position rendait imprenable. Mais les Francs assiégés étant venus à manquer d’eau, en outre de l’épuisement où les jetaient des combats ininterrompus de jour et de nuit, ouvrirent alors la porte du fort pour tenter une sortie, et il n’y en eut pas un qui échappa au massacre, le mercredi 15 djomâda II de cette année (9 août 1123) ; le siège avait duré seize jours. L’émir El-H’asan fit publier par tout le pays l’heureuse nouvelle de l’écrasement des Francs, ce qui excita beaucoup la verve des poètes. La crainte d’être long nous empêche d’en dire davantage. L’armée de Yah’ya assiège Mehdiyya[2] En 529 (21 oct. 1134), Yah’ya ben El-’Azîz ben H’ammâd, prince de Bougie, envoya des troupes assiéger Mehdiyya, où se trouvait alors El-H’asan ben ‘Ali ben Temîm ben El-Mo’izz ben Bâdîs, prince de cette ville. En effet, El-H’asan s’était pris d’amitié pour Meymoûn ben Ziyâda,[3] chef d’un fort parti d’Arabes, et le comblait de bienfaits, ce qui excita la jalousie d’autres Arabes, qui conduisirent à titre d’otages leurs enfants auprès de Yah’ya ben El-’Azîz, en lui demandant de les faire soutenir par ses troupes pour conquérir Mehdiyya. Il leur avait d’abord fait une réponse dilatoire ; mais à la suite de lettres que lui écrivit un des cheikhs de Mehdiyya, qui lui faisait la même proposition, il prit confiance et envoya une forte armée, sous le commandement d’un de ses grands officiers, le juriste Mot’arrif ben H’amdoûn.[4] D’ailleurs, Yah’ya ben El-’Azîz et ses prédécesseurs avaient toujours été en rivalité avec El-Mo’izz ben Bâdîs et ses successeurs.[5] Ces troupes, composées de cavalerie et d’infanterie, auxquelles s’étaient joints de nombreux Arabes, mirent le siège devant Mehdiyya, tant par terre que par mer. Or Mot’arrif, dont les dehors sordides annonçaient l’ascétisme, répugnait à verser le sang et disait n’être venu que pour prendre livraison de la ville sans combattre ; mais comme son espoir fut déçu, au bout de quelques jours il dut se décider à attaquer. L’avantage resta très sensiblement aux assiégés, et il continua d’en être de même dans les combats qui suivirent, où la plupart des assaillants trouvèrent la mort. Quand Mot’arrif désespéra de la reddition de la ville, il tenta un vigoureux assaut général, tant par mer que par terre, et les galères, qui s’étaient approchées de la côte, [P. 20] touchaient presque les fortifications. La lutte était vive, et El-H’asan, faisant ouvrir la porte de la ville, chargea en tête de ses hommes en criant : « C’est moi qui suis El-H’asan ! « À ce cri, ses adversaires le saluèrent et s’écartèrent par respect, et au même moment les galères qu’il avait dans le port en sortirent, conformément à son ordre ; mais quatre furent prises et les autres durent fuir. Bientôt, le roi franc de Sicile, Roger, envoya à son secours une flotte de vingt bâtiments, qui serra de près les galères du prince de Bougie, mais qui, sur la demande d’El-H’asan, les laissa se retirer. Puis ce fut Meymoûn ben Ziyûda qui amena de nombreux Arabes au secours d’El-H’asan. L’aide que ce prince recevait par les deux voies fit comprendre à Mot’arrif l’inanité de sa tentative, et il s’éloigna de Mehdiyya sans en être venu à bout. Le Franc Roger renouvela à El-H’asan ses déclarations de paix et d’alliance, mais continua néanmoins de construire des galères et de les bien approvisionner et armer. Conquête de l’île de Djerba par les Francs[6] Cette île, qui fait partie de l’Ifrîkiyya, était aussi florissante par l’industrie humaine que par ses produits naturels ; mais la turbulence des habitants ne leur laissait reconnaître l’autorité d’aucun prince, et ils étaient réputés pour les ravages et les brigandages qu’ils commettaient. C’est pourquoi une flotte équipée par les Francs de Sicile et portant de nombreuses troupes, où figuraient quelques-uns des chevaliers les plus réputés, y alla débarquer, et les bâtiments entourèrent l’île de tous côtés. Les insulaires se réunirent et opposèrent une vive résistance ; ils livrèrent plusieurs combats sanglants où beaucoup d’entre eux se firent tuer, mais ils succombèrent, et leur île tomba au pouvoir des Francs, qui la livrèrent au pillage et réduisirent en esclavage les femmes et les enfants. La plupart des hommes avaient péri, mais les survivants revinrent demander quartier au roi de Sicile et purent racheter ceux des leurs qui étaient prisonniers. Dieu sait ce qu’il en est.
Posted on: Tue, 16 Jul 2013 04:02:00 +0000

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