Bénin: Il faut sauver la justice Si la liberté est un droit, - TopicsExpress



          

Bénin: Il faut sauver la justice Si la liberté est un droit, elle implique aussi des responsabilités. Il n’est pas certain que certains magistrats béninois respectent cette règle de comportement. La stupéfiante ordonnance de non-lieu général prononcée le 17 mai par le juge d’instruction, Angelo Houssou, dans l’affaire Talon offrait déjà aux observateurs avertis de légitimes motifs d’interrogation sur l’état de la justice au Bénin. L’arrêt de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Cotonou, le 1er juillet, a de quoi plonger ces mêmes observateurs dans l’inquiétude. Comment se fait-il que quatre personnes initialement poursuivies pour tentative d’empoisonnement sur Boni Yayi – après être passées aux aveux en présence de leurs avocats – puissent être innocentées au prétexte qu’elles auraient spontanément et volontairement interrompu la présumée machination qui aurait été orchestrée depuis Paris par Patrice Talon et Olivier Boko ? Faut-il rappeler aux juges les rencontres préparatoires à New-York et à Bruxelles ? Aux Etats-Unis, Mama Cissé, le médecin personnel a tout simplement dressé la liste des faux médicaments tandis que Issifou Soumanou, l’ancien ministre, a donné son accord pour être le « transporteur » du cocktail qui devait être administré au chef de l’État. À Bruxelles, Zoubérath Kora, la nièce et gouvernante du président, a tout bonnement accepté d’être le dernier maillon du complot moyennant une confortable rétribution. Faut-il également soumettre à ces mêmes magistrats le rapport du FBI qui a identifié les substances mortelles et relevé les empreintes digitales des conjurés ? Tous ces éléments mis bout à bout renvoient au plus élémentaire bon sens. Le commencement d’exécution de l’infraction est avéré. Les circonvolutions de cette « bande des quatre » pour échapper à la justice ne peuvent satisfaire les personnes éprises de vérité. Si le processus meurtrier a été interrompu, c’est grâce à l’intervention de tierces personnes qui ont appris ce qui se tramait après les confidences de Zoubérath à son compagnon. Voilà la vérité. Elle aurait dû s’imposer aux magistrats. Mais encore une fois au Bénin, une décision de justice défie l’évidence. C’est regrettable, mais malheureusement guère étonnant. La justice béninoise est malade. « Verdicts achetés, procès à charge ou à décharge moyennant finances, médiations mercantiles entre défenseurs et parties civiles…,les dysfonctionnements sont nombreux et réguliers », sont des choses que des citoyens reprochent à tort ou à raison à la justice. Les « fuites » mettant en cause tel ou tel juge se multiplient dans un climat malsain de suspicion et de délation. La fortune supposée de l’un, le parc automobile d’un autre…, le grand déballage a commencé. Mais il serait plus opportun que le Bénin prenne le chemin d’une véritable refondation de la justice, en bonne et due forme, mêlant le pouvoir et l’opposition, les différentes institutions et la société civile. Il y a urgence. Il faut mettre fin à ce qui s’apparente à des parodies de justice. Cela doit commencer par l’adoption consensuelle de la réforme de la Constitution actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. Que les Béninois en finissent avec les accusations sans fondement et les suspicions entretenues. Que la classe politique en finisse avec les calculs sans lendemain et les pathétiques bagarres de cours de récréation. Que chacun se ressaisisse et s’attache aux textes. Cette réforme n’a qu’un seul objectif : renforcer l’Etat de droit en créant une Cour des comptes, en constitutionnalisant la Commission électorale et en abolissant la peine de mort. Il n’est nullement question d’offrir à Boni Yayi la possibilité d’un nouveau bail présidentiel grâce à une fumeuse théorie « des compteurs à zéro » après le passage à une Seconde République. Depuis 1958, la France a connu six révisions de la Constitution. Les Français vivent-ils sous une Sixième République ! Depuis 1990, le Bénin est toujours – et à juste titre – considéré comme un exemple démocratique en Afrique. Il est dommage que des magistrats aient profité de cette réputation flatteuse pour masquer à bon compte leurs turpitudes. Tout en respectant la séparation des pouvoirs, les dirigeants béninois ont l’obligation de s’emparer de ce dossier avec engagement et désintéressement. La bonne gouvernance passe nécessairement par une justice respectée et respectable.
Posted on: Wed, 10 Jul 2013 08:19:21 +0000

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