CONFÉRENCE DE LABBÉ JEAN CARMIGNAC SEPTEMBRE 1978 On entend - TopicsExpress



          

CONFÉRENCE DE LABBÉ JEAN CARMIGNAC SEPTEMBRE 1978 On entend parfois dire que lAbbé Jean Carmignac, ayant concentré son effort sur lexamen critique des textes des synoptiques, ne sétait pas intéressé à l’Évangile de Jean. Or il nen était rien ; sans avoir lui-même étudié aussi à fond le problème johannique, il notait les points de comparaison que lui avait suggéré létude des trois premiers évangiles et il se tenait au courant des travaux des autres exégètes à ce sujet. Nous vous proposons des extraits dune conférence que lAbbé Carmignac a prononcé en 1978 dans un monastère anglais, où il aimait venir se reposer. Il y indique très nettement quel était son point de vue sur les éléments de datation du quatrième Évangile. Il approuve entièrement celui de J. A. T. Robinson. Ajoutons que ceux qui lont connu peuvent témoigner que jusquà sa mort il sest dit convaincu de la force des arguments du célèbre exégète anglais. F. Demanche LA DATE DU NOUVEAU TESTAMENT SELON ROBINSON Je vous ai déjà présenté Robinson qui était évêque auxiliaire de Londres, qui est maintenant professeur à Cambridge, qui a publié dabord un livre Honest to God qui a fait scandale, la même obligé à donner sa démission dévêque, parce que louvrage était considéré comme étant, si on peut dire, dextrême gauche. Et cet homme-là qui, voulant prouver que le Nouveau testament est de date récente, est lui-même tellement pris par les arguments quil découvre, quil aboutit à la conclusion opposée. Et maintenant tout le monde le prend pour dextrême droite ! (lui-même ma écrit la phrase suivante : je suis étonné combien je trouve de nouveaux amis !) Le problème de la date du Nouveau Testament est capital, et pas seulement de la date des Évangiles, mais de tout le Nouveau Testament et de chacun des écrits du Nouveau Testament, parce que, selon la date que lon déduit de nos arguments, ou bien les Évangiles sont un témoignage sur la vie de Jésus, ou bien ce sera simplement une catéchèse sur la vie de Jésus, ou bien encore ce sera une expression de la foi des communautés primitives. Mais forcément, ce sera à des dates différentes ; pour que ce soit lexpression de la foi des communautés primitives il faut déjà que les communautés aient pu se former, quil y ait déjà eu une certaine expansion du christianisme, donc quon soit à une date relativement récente. Arguments fournis par comparaison avec les événements contemporains : Dans lApocalypse 17, 9-I0, on vous parle du 6è roi de Rome. Les rois de Rome sont faciles à calculer : 1er : César, et 6è : Néron, et Néron a régné de 54 à 68. Ce passage de lApocalypse vous dit en parlant dune ville où il y a sept collines - cest clair que cest Rome - et une ville où lon parle de sept rois (mais le chiffre sept évidemment... il y a sept collines et il y a autant de rois). Sur les sept rois on vous dit.: 5 ont déjà régné, cest tous ceux-là, jusquà Claude inclusivement ; il y a un autre qui règne et puis il en viendra après ; eh bien, après Néron il y a eu Galba, etc. Donc lApocalypse dit elle-même quelle a été écrite entre 54 et 68. Ces arguments-là sont des choses sérieuses puisque nous connaissons par lhistoire profane la date des événements qui sont racontés. Mais surtout Robinson insiste sur deux arguments que, je le reconnais à ma honte, je ne connaissais pas et je suis tout honteux de ne pas les avoir trouvés tellement ils sont clairs ! Ils me paraissent absolument convaincants et je ne vois pas ce que lon pourrait objecter pour réfuter ces deux arguments-là. Je vous les donne : Le premier, cest la différence quil y a dans la mentalité juive entre la prise de Jérusalem et la destruction du Temple. Nous qui sommes des occidentaux, nous parlons toujours de la destruction de Jérusalem et du contrecoup que cela a dû avoir dans la piété juive ; oui, cest vrai, mais Jérusalem avait déjà été prise par les Romains en 63 avant Jésus-Christ, et cela navait pas fait de drame : pour les Juifs, ce nest pas la prise de Jérusalem, cest la destruction du Temple - et le Temple a été détruit le 29 août 70. Nous avons des précisions extraordinaires sur la destruction du Temple, par Flavius Josèphe, nous avons même le nom des généraux et ce quils ont voté au Conseil de guerre qui a précédé. Etc. Pour les Juifs, depuis ce jour-là, ils ne peuvent plus pratiquer leur religion, ils ne peuvent plus manger la Pâque - lagneau doit être immolé au Temple ; il ny a plus de Grand-Prêtre. Ce sont des choses que nous avons du mal à comprendre mais si vous vous remettez dans la mentalité juive, le 29 août 70 est une cassure totale dans la vie du peuple juif. Jusque là, il a sa religion qui remonte à Moïse et qui a été vécue, plus ou moins bien, mais qui a été vécue jusquau 29 août 70. A partir de là, la religion juive est devenue impossible à pratiquer et tout ce qui était centré sur les sacrifices, etc., tout cela nexiste plus. Quand on pense à cela, on se rend compte du contrecoup énorme que cela a dû être pour les Juifs ; alors que nous nous pensons à la destruction politique de Jérusalem, eux pensent surtout à la destruction du Temple. Quest-ce que nous dit le Nouveau Testament sur la prise du Temple ? Nous avons un petit texte dans Marc 13, I-4 : Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres, quelles constructions ! Mais Jésus lui dit : Tu vois ces grandes constructions ? Il nen restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit. Et cest tout, nous navons que cela sur la destruction du Temple. Et Matthieu et Luc recopient ce passage-là tel que, sans y ajouter de variante. Que Jésus ait prévu la ruine du Temple, si on croit à sa divinité, il ny a pas de problème, mais même si on ne croit pas à sa divinité, étant donné la situation des Juifs à ce moment-là, qui voulaient sans cesse se révolter, Jésus ayant parlé de la destruction de Jérusalem, il était logique de penser à la destruction du Temple. En tout cas il y a ces deux mots, sans commentaire, sans rien : si les Évangiles avaient été écrits après la destruction du Temple, il aurait dû nécessairement y avoir un mot pour indiquer que, de fait, cela sest réalisé, et cela naurait pas dû être indiqué seulement par deux petits mots, cet événement le plus important de la vie du peuple juif, indiqué par presque rien... Une autre chose curieuse est quil y a quelques passages du Nouveau Testament où lon vous parle du Temple comme existant toujours. Par exemple dans Hébreux, chapitre 9, 6-7 : Tout étant ici disposé, les prêtres entrent en tous temps dans la première tente pour sacquitter du service cultuel, dans la seconde au contraire, seul le Grand-Prêtre pénètre, et une seule fois par an... cest impensable quon écrive cela quand le Temple nexiste plus et que le Grand-Prêtre ne peut plus y pénétrer. De même dans Hébreux 10, 1-3 : ...Lon offre perpétuellement dannée en année (...) autrement naurait-on pas cessé de les offrir ?... Donc, cest quon na pas cessé de les offrir, par conséquent lépître aux Hébreux est écrite avant la destruction du Temple, dailleurs la TOB le dit aussi, autrement cela ne peut plus se comprendre. Voyez cet argument-là : sil y avait une partie du Nouveau Testament qui soit postérieure à 70, elle devrait normalement nous avoir parlé de la destruction du Temple, et surtout les Évangiles à lendroit où ils font allusion à la destruction de Jérusalem [Luc, 19, 43-44]. Un autre qui aurait dû en parler cest saint Jean, car toutes ses polémiques contre les juifs... Si la religion juive était devenue impossible, cétait facile de mettre un mot pour lindiquer, mais rien !
Posted on: Tue, 29 Oct 2013 13:35:48 +0000

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