Chronologie du royaume gun de Hogbonu Yves Person Le royaume de - TopicsExpress



          

Chronologie du royaume gun de Hogbonu Yves Person Le royaume de Hogbonu, plus connu sous le nom de Porto-Novo, a joué un rôle important comme débouché maritime de lempire dOyo à la fin du XVIIIe siècle et comme centre de la traite des Noirs, légale puis clandestine, aux dépens du Danhomè, jusquau milieu du XIXe Il a ensuite servi de base à laction française qui a culminé avec la chute dAgbomè et la formation de la colonie du Dahomey, si bien que le colonisateur lui a consenti quelques années de sursis, sous la forme dun protectorat, jusquà la mort du roi Toffa en 1908. Bien que ces circonstances aient entraîné linstallation de la capitale coloniale dans ce site périphérique, et malgré lexistence dune société lettrée dès le XIXe siècle, le passé de ce royaume na pas encore été sérieusement étudié. Il sagit pourtant dun État dont limportance historique est plus que proportionnelle à sa médiocre étendue et qui occupe une place majeure clans la principale tradition historique du Dahomey, celle des Agasuvi, descendants de la panthère mythique Hunkpa. Tout le monde reconnaît que le peuplement gun (ou aja) dune extrême densité qui entoure la ville, sur la rive nord de la lagune, est relativement récent et quavant certaines migrations venues de louest, toute cette région, comme la rive est du fleuve Ouémé, était faiblement peuplée par des noyaux yoruba. Mais les circonstances dans lesquelles est apparu ce peuplement aja, et surtout le système politique qui lencadre, ne sont pas claires. Des traditions orales de sources diverses nous présentent les versions sinon identiques, du moins analogues, que lon rencontre à Agbomè comme à Allada et Porto-Novo, et qui ont été recueillies à plusieurs reprises à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, mais sans faire lobjet jusquici dun examen critique. La plupart des auteurs les reproduisent depuis sans on relever les contradictions. On sait que les Agasuvi, parents maternels des rois aja de Tado (Togo), après avoir essayé en vain de prendre- le pouvoir, ont dû se retirer en pays Aïzo où ils ont organisé le royaume dArdres, ou Allada, qui était déjà bien établi au 15ème siècle. Par la suite, à la mort dun roi généralement désigné par le titre princier kokpon, une querelle aurait éclaté entre ses trois fils, désignés par des noms divers, dont lun aurait gardé le royaume ancestral, tandis que l’autre allait s’installer au nord des marécages du Ko (ou lama) pour y créer bientôt le royaume dAgbomè, et que le troisième se retirait sur les lagunes, au sud-est pour y fonder Hogbonu. Bien que les traditions orales aient toujours tendance à personnaliser les événements collectifs, on ne saurait douter que le royaume du Danhomè ait été l’œuvre d’un groupe dexilés dAllada dirigé par des membres du lignage royal, qui avait cherché refuge dans le pays des Guédévi. Dès 1670 les Agasuvi étaient assez forts pour combattre les raids des esclavagistes venus dAllada, et leurs traditions, remarquablement conservées, incitent à situer lavènement du premier roi, Dakodonu, vers le premier quart du siècle ( 1620-1625) Comme les meilleures traditions le font naître dans le pays, dune mère issue dune famille connue, il paraît difficile que son père, Dogbagri, et son grand-père, Adigiwolo, aient quitté Allada plus tard que vers 1600. Le frère resté à Allada Hukunkundu-Radugo, Hunugungun daprès les gens dAgbomè, qui lui contestent le titre royal, afin de justifier la conquête de 17.24, ou encore Meji, selon la tradition Hogbonu. On ne peut guère trancher, car les traditions du vieux royaume sont très mal conservées, ayant été bouleversées par la soumission au Danhomè Si lon considère maintenant lancêtre des Agasuvi beaucoup saccordent à le nommer Zozerigbé, surnommé Tè Agbanlin, sauf une tradition dAllada selon laquelle il aurait porté le nom dAvesu Dangbaxa. Selon le prince Agbidinukun, informateur de le Hérissé, il serait parti dAllada pour Hogbonu, le pays de sa mère, Selon dautres, celle-ci serait plus précisément Sèmè, cest-à-dire issue des Aja-Tadonu dAkocu, les Tori, ce qui permet décarter lidée dune origine yoruba. Mais cela soulève dautres difficultés car il n’est pas sûr que les Tori soient installés très anciennement, et la tradition de Porto-Novo, première concernée, ignore ce fait. Selon les traditions recueillies par Dunglas à Porto-Novo, cest le village lacustre de Sô Awa qui aurait été le pays de la mère de Tè Agbanlin, doù il serait parti pour fonder Hogbonu. Cest ici que se situe une contradiction remarquable, qui aurait dû arrêter tous ceux qui ont parlé de Porto-Novo depuis un demi-siècle. Comme celles dAgbomè, les traditions de Hogbonu, dont la culture et les structures sociales étaient analogues, sont remarquablement bien conservées. II ny a aucune raison de douter que la liste des dix-neuf rois, de Tè Agbanlin à Toffa, ne soit complète et exacte, II ny a de même aucune raison de douter de la généalogie qui situe sans hésitation ces rois sur cinq lignages, issues de cinq fils de Tè Agbanlin, ( roi 2 à 6) et entre lesquels tournait le pouvoir. Que cette filiation à lancêtre fondateur .soit réelle ou symbolique, il ny a là rien de surprenant, car la succession en Z épuisant tous les candidats possibles dune génération avant de passer à la suivante et aboutissant vite à lalternance entre plusieurs lignées, est très fréquente en Afrique. Elle paraît avoir été la règle chez les Aja, et cest de cette norme que se sont écartés les Agasuvi dAgbomè, vers 1625, en établissant une hérédité linéaire de père en fils qui allait être lun des facteurs de leurs succès politiques. Elle permettait lavènement dhommes jeunes capables de continuité durant de longs règnes. Au contraire, le système en Z multiplie les avènements de souverains déjà âgés et usés. Du fait du maintien à Porto-Novo de la coutume ancienne, ses dix-neuf rois se répartissent sur cinq générations tandis que ceux dAgbomè, au nombre de onze, occupent neuf générations, si lon adopte la moyenne raisonnable de 30 ans par génération, cela situe bien la rupture vers 1600, mais reporte Tè Agbanlin au début du XVIIIème siècle. Comme, dans deux sociétés aussi proches lune de lautre que les Fon dAgbomè et les Gun de Porto-Novo, la durée moyenne d’une génération était nécessairement la même, il en résulte que Tè Agbanlin et Dakodonu, à plus forte raison Dogbagri et son père Adigiwolo, ne peuvent pas avoir été contemporains. Cela est dailleurs confirmé par la généalogie des migan de Porto-Novo qui se sont succédé strictement de père en fils depuis Te Hlin, venu avec Tè Agbanlin, Or Tè Sinji, le Migan de Toffa, représentait au début du siècle la cinquième génération. Il fallait dès lors poser lalternative : ou bien la généalogie traditionnelle de Porto-Novo est fausse et tronquée, ce qui paraît démenti par les excellentes conditions de sa transmission, on bien le royaume de Hogbonu est plus jeune dun siècle que celui dAgbomè. Dans ce dernier cas, les traditions ont été reconstruites et rationalisées a posteriori, pour rendre compte de la parenté des Agassouvi, mais il reste à chercher quelle est la réalité historique qui se cache derrière elles. Il convient dabord de sinterroger sur létat dans lequel se présentent les traditions de Porto-Novo. En dehors de lexposé sommaire quen a donné Foa dès 1893 et de celui, plus substantiel, de Fonssagrives (1900), nous avons la chance de posséder une excellente version, relativement riche, publiée dès 1911 en langue yoruba par Akindélé Akinsowon : Iwe itan Ajasè. Il ne sagit cependant pas là de traditions à létat pur, mais dune reconstruction effectuée dès la fin du XIXe siècle par la première génération des lettrés de Porto-Novo. Des sources écrites relativement anciennes se sont sans doute mêlées aux traditions proprement dites et il est difficile den faire la part. Il faudrait évidemment contrôler dabord que la traduction française, publiée en 1953 par A. Akindélé, fils de lauteur, et C. Aguessy, est vraiment conforme à loriginal. Comme nous navons pas pu faire ce travail, nous admettons provisoirement quil en est bien ainsi. Ceci dit A. Akindélé, dans son introduction, nous donne quelques indications sur les sources non orales de son père. En dehors de la référence fantastique à un Portugais nommé Gorgas, inconnu par ailleurs, et qui aurait débarqué à Ouidah en 1670, il sagit essentiellement dun almanach en langue gun publié à Porto-Novo en 1888 par le pasteur sierra-léonais Marshall. Il serait très important de retrouver ce document, qui avait déjà disparu de Porto-Novo vers 1950, mais qui devrait exister en Grande-Bretagne ou à Lagos, dans les archives missionnaires. Il est a eu près certain que Marshall, homme cultivé, connaissant sans doute lessentiel de la littérature sur la région, a reconstruit et rationalisé 1es traditions orales quil recueillait, et quil en est résulté un phénomène de feed-back auprès de personnes lettrées, comme Akindélé Akinsowon. Rédigeant un calendrier, Marshall a sans doute cru nécessaire de fixer arbitrairement des dates danniversaires : cest ainsi que nous apprenons que Tè Agbanlin a débarqué à Porto-Novo le 10 janvier 1688, que Dè Yakpon lui a succédé le 25 juin 1729, et nous avons ainsi, de règne en règne, jusquà Toffa, la date, au jour près, des événements. Une seconde version trop souvent négligée est celle qua récoltée vers 1920 ladministrateur Geay auprès de linterprète en chef dAssomption. Celle-ci est, à vrai dire, brève et sèche, mais elle a été recueillie dans lignorance du travail dAkinjogbin et les dates quon y trouve- sont tout à lait différentes : nous verrons quelles paraissent se rapprocher davantage de la vérité. Il est significatif que Dunglas, enquêtant vers 1950 auprès dinformateurs que, selon .sa mauvaise habitude, il ne nomme pas, mais qui paraissent être issus de milieux très peu acculturés, ne fournit aucune précision chronologique. II nest pas moins remarquable que les synchronismes quil suggère contredisent parfaitement ceux dAkindélé mais non ceux de Geay C’est ainsi que Dè Gbènyon, situé par Akindélé de 1701 à 1775, aurait été contemporain dAdandozan, dont les dates, très sûres, sont 1798-1818. Geay nous propose 1785-1794. Mais à vrai dire, Akindélé se contredisait lui-même, puisquil faisait de Dè Gbènyon, septième roi, le contemporain de Tègbésu, qui a régné de 1740 à 1778, alors quil écrit ailleurs que le quatrième roi, Dè Hude, quil date de 1746 à 1757, aurait accepté de créer la dignité de mewu à la suggestion de Agonglo dont nous savons quil se situe de 1789 à 1798, Tout cela montre clairement que la chronologie dAkindélé, qui est généralement reproduite sans aucune critique, est due aux spéculations du pasteur Marshall et que ses synchronismes sont souvent illusoires. Marshall ou même Akindélé sétant permis didentifier tel roi du Dahomey, anonyme dans les traditions quil recueillait, daprès ce quil croyait savoir de leur chronologie : ainsi pour Tègbésu, quil croit contemporain de Dè Gbènyon alors que le recoupement des traditions dAgbomè et de certains documents européens permet de situer la guerre opposant les Gun et les Fon en 1803-1814 soit du temps dAdandozan. Lapparition déléments lettrés à Porto-Novo est tardive. II y eut des cas isolés, comme le fameux Pierre Tamata, un Hausa ayant longtemps vécu en France, qui fut introduit à Porto-Novo avant 1778 par le loi Dè Mèse et devint lun des hommes les plus puissants du royaume, servant plusieurs de ses successeurs comme intermédiaire des Européens. Mais c’est seulement à partir de 1820-1830, avec linstallation de « Brésiliens », esclaves rapatriés pour une grand part, que se constitue à Porto-Novo un groupe social caractérisé par une culture écrite. Les Créoles anglophones apparaîtront encore plus tard, vers 1850. Il en résulte quune chronologie indigène fondée sur des sources écrites nest pas possible avant le second quart du XIXe siècle, et même alors, les dates trop précises dAkindélé (ou plutôt de .Marshall) ne peuvent être retenues sans contrôle. Le système chronologique dAkindélé ne peut donc absolument pas être accepté pour la période ancienne et il ne nous donne aucune indication sur la date de fondation du royaume. Au demeurant, même si ou le suivait, le règne de Tè Agbanlin, daté de 1688 à 1729, serait incompatible avec la .séparation des trois frères, à Allada vers 1600, à moins de prêter au fondateur une vie longue dau moins un siècle et demi. Il faut donc tout reprendre à zéro, en partant des dates et synchronismes certains, et en les confrontant à la structure de la liste dynastique et de la généalogie. Nous devons malheureusement constater que les rois de Porto-Novo, malgré leurs contacts fréquents au XVIIIe siècle avec la traite puis, au XIXe siècle, avec les Britanniques de Lagos et Badagri, demeurent généralement anonymes. Les traditions et lhistoire de Badagri nont pourtant pas encore été étudiées de façon systématique, et lon peut espérer quelles livreront des données précieuses pour le passé de Porto-Novo. Dans létat actuel des choses, la plus ancienne date certaine est la mort de Dè Mèji en 1848. Entre cette date et 1874, qui marque lavènement de Toffa, il y a eu trois règnes, soit une durée moyenne dun peu plus de huit ans. Cette moyenne mettrait lavènement de Dè Hufon vers 1802, celui de Dè Mèse vers 1763, et celui de Tè Agbanlin vers 1729, précisément la date choisie par Akindélé pour la fin de son règne. Si nous admettons une moyenne de 30 ans par génération, et sachant que Toffa est né vers 1830, cela situerait la naissance de Dè Soji vers 1800, celle de Hufon vers 1770, celle de Dè Lokpon vers 1740 et celle de Té Agbanlin vers 1710. Il ne sagit bien entendu que dun ordre de grandeur, mais il est intéressant de noter que nous sommes ainsi orientés vers le début du XVIIIe siècle et nullement du XVIIe. . Il reste à savoir si des recoupements et des documents écrits infirment ce premier calcul, ou au contraire le confirment et permettent de le préciser. Akindélé situait le règne de Dè Wèse de 1818 à 1828 et lui attribuait une grande guerre contre Badagri, que toutes les sources confirment. Nous savons par John Lander que la paix entre Porto-Novo et Badagri a été proclamée le 24 mars 1830. Ce conflit était issue d’une guerre civile à Porto-Novo, survenue à la mort de Dè Toji, et à la suite de laquelle le mewu, ayant pris position contre la candidature de Dè Wèse avait dû senfuir à Badagri doù il continua la lutte. Ce mewu en exil allait d’ailleurs poursuivre une carrière politique dans sa nouvelle patrie pendant plus dun quart de siècle, ce qui est assez remarquable. Cela nous permet en tout cas d’affirmer que la mort de Dè Toji et lavènement de Dè Wèse se situent peu dannées avant 1830. Nous savons que Dè Wèse a mené une guerre victorieuse contre Badagri mais rien ne permet de dater celle-ci. Les traditions, celles de Dunglas comme celles d’Akindélé insistent surtout sur limportance qu’a pris de son temps le commerce des esclaves au profit des Portugais. Grâce au travail admirablement précis de Pierre Verger, nous possédons justement un document écrit daté qui confirme ces relations. De 1810 à 1812 ont coexisté à Bahia deux ambassades, lune du roi du Danhomè, lautre de Porto-Novo qui révélaient la rivalité commerciale des deux États et la prétention du roi dAgbomè au monopole du commerce brésilien. Ce dernier était assurément Adandozan mais le roi de Porto-Novo nest malheureusement pas nommé. Nous possédons en revanche une lettre du 16 novembre 1804, adressée au prince Dom Joào de Portugal et portée à Bahia par une ambassade du « roi dArdres Hypo » qui est évidemment Dè Hufon. Cette lettre réclamait laide dingénieurs portugais pour ouvrir lembouchure de Cotonou, afin de mettre le littoral de Porto-Novo à labri des incursions dahoméennes. Ce projet, qui neut pas de suite, datait des années 1790 et on peut penser quil est repris par Dè Hufon après des raids violents des Dahoméens (dont on sait par ailleurs quils ont eu lieu en 1803). Cette date pourrait confirmer la chronologie dAkindélé, tout comme notre date moyenne de 1802, mais la lettre ne nous dit pas si lannée 1804 se situe au début ou à la fin du règne de Hufon. Cependant la tradition (Akindélé, Geay, Dunglas) désigne ce roi comme ayant grandement développé le commerce avec les Portugais et comme ayant fait une guerre importante contre Gansa, roi de Badagri. Or le relèvement de cette ville sous le commandement de ce dernier paraît se situer vers 1810-1830, On peut donc penser que Dè Hufon est le roi qui envoya lambassade de 1810-1812 et que son règne a duré au moins jusque vers 1815, La lettre de 1804 serait donc une initiative du début de son règne, Dautres recoupements paraissent le confirmer. En effet, loffensive dAdandozan sur la côte en 1803 était une réponse à lattaque de Gbènyon, troisième prédécesseur de Hufon, qui avait combattu les Dahoméens à louest du lac Nokué, brûlant Godomey (Jaken), Agbomè-Kpèvi (Abomey Calavi) et savançant même jusquà Tori, près de Ouidah. Cest cette guerre quAkindélé situait sous Tègbésu parce quil datait le règne de Gbènyon de 1761 à I775. Or, une telle offensive de Porto-Novo, faite avec lappui des pêcheurs Tofinnu qui ont toujours été fidèles aux descendants de Tè Agbanlin, nest concevable quà une époque de grande faiblesse pour le Danhomè, certainement pas du temps de Tégbésu, de Kpengla ou dAgonglo. Au demeurant, si elle avait eu lieu avant 1790, on en trouverait le souvenir dans Dalzel. Les deux États Agasuvi sont généralement restés en bons termes sous la suzeraineté dOyo, le grand aidant le petit à se consolider, avant les raids lancés en 1788 par Kpengla contre le port de Porto-Novo dont la prospérité excitait sa jalousie, Les deux royaumes garderont finalement des relations assez bonnes, bien quambiguës, jusquà la fin du XIXe siècle. Si nous admettons comme valable lattaque des Porto-Noviens contre le Danhomè (et je pense quil faut le faire puisquelle est confirmée par les Tofinnu), il me semble que lévénement ne peut sêtre produit que pendant la minorité dAdandozan, après lassassinat dAgonglo en 1798. Quant Adandozan prend en personne le pouvoir en 1803, il pratique une politique guerrière et la tradition reconnaît sa valeur militaire, bien que presque tous les faits en aient été effacés à la suite du coup dÉtat de 1818 et de la propagande favorable à Gézo. Or, il se trouve que la tradition de Porto-Novo souligne lextrême brièveté du règne de Dè Ayaton, prédécesseur de Hufon, qui naurait duré que cinq mois. Son second prédécesseur. Dès Aikpé a combattu les Wemenu et Ipokia (Pokra}, mais nous ignorons s’il a régné longtemps. Pokra nous fournit cependant un indice. Pokra et Ado, au nord de la lagune, comme Appa au sud, sont des États Yoruba Egbado sur lesquels Porto-Novo a exercé de temps en temps une certaine suzeraineté. Pour Appa, cela sest vraisemblablement produit après la chute de Badagri, en 1784, et a sans doute pris fin assez vite (en tout cas avant les années 1825-1830) quand cette ville sest relevée. Pour Pokra et Ado, cités vassales dOyo et servant à protéger ses routes vers la mer, la suzeraineté de Porto-Novo est nécessairement postérieure à la révolte des Egba qui a isolé dOyo cette région. Or, la date généralement retenue pour cet événement est I797. On peut donc estimer que la guerre de Dè Aikpé contre Pokra est postérieure à 1797 Pour ma part, je pense donc que la lettre de 1804 date du début du règne de Hufon ; qu’il faut donc situer le bref règne dAyaton en 1803 ou 1804 et celui dAikpé vers 1800-1804. La fin du règne de Dè Gbènyon serait donc à placer vers 1800 son offensive militaire contre le Dahomey vers 1798-1800, durant la minorité dAdandozan. Cette chronologie courte paraît confirmée par un document qui nous oblige à abaisser les dates de Dè Mèse, le cinquième roi, quAkindélé datait de 1752-1757. La tradition présente Dè Mèse Dè Gbènyon et Dè Hufon comme de grands souverains, alors que les noms qui les séparent correspondent à des personnages falots et à peine connus. Dès Huyi (ou Dè Tonyi) qui se situe entre Dè .Mèsè et De Gbènyon, ne connut, nous dit Dunglas, quun règne assez court, Akindélé na rien à en dire, sinon que, de son temps, le négriers portugais vinrent à Porto-Novo, pour la première fois, par la lacune de Lagos. Huyi était dailleurs le dernier des cinq fils de Tè Agbanlin et il a dû arriver au pouvoir très âgé. On peut donc penser que- Dè Mèsè et De Gbènyon ont eu des règnes relativement longs, sans doute très- supérieurs à notre moyenne de huit ans, Or, il semble bien quun document écrit nous permette de situer avec certitude le règne de Dè Mèsè. En effet, le 24 juin 1778. Pierre Tamata, dont il a déjà été question, écrivait en français à M. Harismendy, capitaine dun navire en rade de Juda, une lettre au nom du roi Desnerai. Cette lettre, dont, loriginal a été consulté par Verger alors quelle était dans les mains de M. Polak, libraire rue de lEchaudé à Paris, a été vendue en 1970 aux Archives Nationales de Guinée avec un lot de documents sur la traite des Noirs. Il na malheureusement pas été possible de la retrouver à Konakry pour vérifier la graphie du nom royal II me semble cependant à peu près certain quil sagit de Dè Mèse, mal écrit et mal lu, sans exclure la possibilité que le rai final soit simplement le titre de « roi ». II est certain que Pierre Tamata a terminé sa vie à Porto-Novo où il a toujours des descendants et où il a rempli ses fonctions dintermédiaire auprès de nombreux rois. Cest Dè Aikpé, selon la tradition dAkindélé, qui lui a concédé le quartier de Fiekome, Mais la même tradition nous dit clairement que Pierre était lami de Dè Mèsè et que cest ce dernier qui la introduit à Porto-Novo26. Un autre élément vient confirmer cette identification. Pour la tradition orale, De Mèsè est avant tout le roi qui a écrasé les gens du Wémè (ou Wo) et les a réduits à une vassalité dailleurs précaire et fluctuante. Il en a tiré le surnom d’Ahwane Woto, le « pigeon du Wo », car cet oiseau aime à se tremper dans leau comme le roi de Porto-Novo trempa son sabre dans le fleuve. Dunglas, égaré par sa chronologie, a supposé quil sagissait dune guerre datant du début du XVIIIe siècle, quand les Wemenu, chassés de la région dAgbomè par les Dahoméens, se sont installés sur le bas fleuve, après 1707. Mais nous connaissons seulement une guerre, ou plutôt une série de guerres, fort bien attestée par des témoins européens comme Dalzel, et qui a opposé Porto-Novo, allié dAgbomè et agissant à lappel dOyo, aux gens de Wémè dont la défaite fut complète. Ce conflit a justement commencé en 1778, quand le Danhomè a détruit le petit royaume des Hula dEkpé, dont le port faisait concurrence à Ouidah, et qui devint alors tributaire de Porto-Novo, son centre politique étant désormais transféré à Ketonu. Or, les gens du Wémè portèrent secours aux vaincus et leur donnèrent accueil. Retardé par la destruction de Badagri, effectuée en 1784 par la même alliance, le conflit trouva sa conclusion en mai 1786 quand les Wemenu furent écrasés par la coalition des deux royaumes Agasuvi. Il me semble que telle est évidemment la guerre que la tradition attribue à De Mèse. Comme celui-ci paraît avoir eu un long règne, de quinze ans ou plus je le situerais volontiers entre 1770 ou 1775 et 1786-1790. Après le court épisode de Dè Huyi, Dè Gbènyon pourrait donc avoir commencé à régner vers 1790 ou un peu plus tard, et jusquen 1800, Au-delà, plus aucun recoupement nest possible et les traditions névoquent aucune guerre importante. Si nous appliquons cependant notre moyenne de huit ans aux règnes des trois premiers fils de Tè Agbanlin, la mort de celui-ci se situerait vers 1745. La chronologie de Geay, en loccurrence trop courte, et sans doute aussi arbitraire que celle dAkindélé, nous proposait 1760, Pour peu quon admette que le fondateur ait eu aussi un long règne, cela nous incite à situer la fondation du royaume vers 1730, disons entre 1725 et 1735. Ce résultat concorde remarquablement avec la moyenne générale (les durées des règnes et des générations par laquelle nous avons commencé cette étude. Or, cela saccorde également avec ce, que nous connaissons de lévolution générale de la région. On sait que Porto-Novo est désigné au XVIIIe et au début du XIXe siècle par le nom dArdres, ou Grand Ardres. Cela signifie clairement que la dynastie Agasuvi de Hogbonu prétendait prendre la relève de la ville-mère, tombée aux mains de la branche dAgbomè en 1724, Or, cet usage napparaît dans nos documents que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, de même que le nom de Porto-Novo pour désigner la plage où seffectuaient les débarquements, cest-à-dire celle de Sèmè, Du XVIe siècle an début du XVIIIe siècle, le nom dArada, Arda, Ardra ou Grand Ardres, désigne exclusivement la capitale dAllada, tandis que Petit Ardres désigne le port, c’est-à-dire Offra. Celui-ci doit sêtre trouvé du côté de Ouedo, à une douzaine de kilomètres de la côte, les débarquements seffectuant sans aucun doute du côté dAdunko (15 kilomètres à louest de Cotonou). Cest Allada et non Porto-Novo qui a été envahi en 1698 par la cavalerie dOyo que décrit Bustnan. Cette invasion décisive a marqué lentrée définitive de la région dans la vassalité de lempire yoruba, mais Akinjogbin pense quelle a été précédée par une première invasion vers 168o-1682. Grâce à Dapper, Barbot, Bosman et dautres témoignages européens, nous avons une idée de la situation de cette côte, qui navait été fréquentée quépisodiquement par les Portugais de São Tome avant que la traite des Noirs, après 1660, lui eût valu le nom sinistre de Côte des Esclaves. A lest du Petit Ardres (Offra), on trouvait, de part et dautre de lembouchure de Cotonou, deux petits royaumes apparentés dorigine hula (Popo), celui de Jaken ou Jeken, (qui correspond à Godomey, et celui dApe, Apee on Epe, en fait Ekpé, dont le centre rituel est à Jeffa. Ces deux petits Etats étaient plus ou moins vassaux dAllada, mais fréquemment indociles car ils essayaient daccroître leur rôle dans la traite et leurs intérêts commerciaux ne coïncidaient pas nécessairement avec ceux de la capitale. Ekpé, protégé par les lagunes, était le plus indépendant et il semble avoir servi au commerce extérieur dAgbomè, descendant par le Ouémé dès la fin du XVIIe siècle, Ajuda (Ouidah) et Ekpé étaient les deux ports situés à lest de la Gold Coast où, depuis le traité de 1661, les Hollandais permettaient aux Portugais, ou plutôt aux Brésiliens, de faire la traite grâce à leur fameux tabac de Bahia, mais seulement après avoir fait escale au fort dEl Mina pour remettre le dixième de leur cargaison au gouverneur de la Compagnie des Indes. Cest seulement au XVIIIe siècle, comme nous le verrons, que trois escales situées plus à lest seront ouvertes, celles de Porto-Novo, dont la première mention est de 1758, celle de Badagri, signalée dès 1743, et celle dOlim, ou Lagos, Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, on trouve à lest dEkpe lescale dApa (Apà ou Appah) qui correspond au village moderne dAppa. En raison de sa proximité et de la ressemblance des noms, ce port a été très fréquemment confondu avec celui dEkpé, surtout sur les cartes du XVIIIe siècle. Appa a cependant une origine toute différente. Comme Eko (Lagos, Onim, Olim), il sagit dune cité des Yoruba Egbado, pourvue dune dynastie dorigine edo, datant sans doute du XVIe siècle, quand lempire du Bénin dominait militairement la région. Dès 1670, Appa est un port où traitent les Hollandais, et cest là, non à Ekpé, que senfuit en 1732 le directeur Hertog qui y dépouilla des Portugais fuyant la ville de Jaken détruite par le roi du Danhomè. Les Brésiliens le fréquentent encore en 1746 et, durant la crise qui oppose alors le Danhomè aux Portugais, ceux-ci songent un instant à évacuer leur fort dAjuda pour en construire un à Appa. Mais à partir de cette date, Appa disparaît des annales du commerce. Comme les Yoruba voisins de Pokra, elle est tombée dans la dépendance de la nouvelle cité de Badagri, qui vient de se construire sur son territoire, et dont le rôle dans la traite des Noirs, signalé dès 1743, sera tout à fait remarquable. Cest cette prospérité qui appellera sur Badagri la catastrophe, lorsque, à lappel dOyo, Porto-Novo et Agbomè la détruiront en 1784. II est vrai que cette ville se relèvera vite. Nous manquons malheureusement jusquici dune étude systématique du passé de Badagri. Bien que C. Newsbury nous en ait donné des éléments dans sa thèse. Il en résulte que Badagri a été fondé par des Hweda et autres Aja fuyant la région de Ouidah, conquise par les Dahoméens en 1727. De 1747 à 1743 le délai est court, le nouvel État na pas perdu de temps pour construire sa prospérité commerciale et sa puissance politique. Voila donc ce que nous apprennent les documents européens relatifs au commerce. Les traditions orales nous permettent de compléter un peu ce tableau. Sur le cordon lagunaire, entre Ekpé et Appa des Aja se réclamant dAja-Tado, sinon des Agasuvi avaient fondé une série de villages, dont les principaux sont Tori et Semé, bien avant la venue de Tè Agbanlin, sans doute au XVIIIe siècle. Daprès le nom de lancêtre fondateur, on appelle ce petit pays Akocu ou Dè Huta. Il est probable que ces Aja avaient vaguement reconnu la souveraineté dAllada, car ils vont se rallier sans difficulté à Tè Agbanlin à qui ils donneront un débouché sur la mer entre Ekpé et Appa, ou plutôt Badagri. Ce secteur est en tout cas absolument en dehors du commerce avant lapparition de Porto-Novo, peu avant 1758. On peut donc penser que les Tori vivaient uniquement de pêche et dagriculture avant que les Agasuvi ne viennent les stimuler. Plus au nord, la rive gauche du fleuve Wo, ancien nom du Ouémé, était occupée par quelques groupes yoruba, comme les Toso, qui allaient être assimilés à partir de 1707 par les Aja Wemenu fuyant les rois dAgbomè. Tout le pays situé au nord de la lagune de Porto-Novo était dailleurs occupé exclusivement par des Yoruba, mais dune façon semble-t-il assez lâche. Le petit royaume de Sakété (Itakete), dont lorigine est obscure, paraît dater au moins du XVIe siècle. Plus au sud, Takon (Itakon) et Ifanhim, comme ses dépendances Illashe et Ilumbe (au Nigeria), proviennent dOyo et paraissent plus récents : ils ont sans doute été établis dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, quand lempire yoruba a pris forme et a cherché des débouchés sur la mer. Plus à lest le long de la lagune, les Egbado, à Pokra (Ipokia) comme à Ado, paraissent beaucoup plus anciens mais nont été soumis à lhégémonie dOyo quà partir de la fin du XVIIIe siècle. Quant à la région où allait sélever la ville de Hogbonu Porto-Novo elle était occupée par deux petits Etats yoruba dorigine holli. Le plus ancien, celui dOkoro (Akron en gun), se trouvait dans lest, et le plus récent, celui dIjasè Ile (Jasin en gun), à louest de la ville moderne. Ce dernier paraît être à lorigine du nom yoruba de la ville nouvelle, Ajace, quon interprète actuellement comme « conquête des Aja »42. Plus à louest, les marais qui sétendent du bas Ouémé et du lac Nokué jusquà la lagune do Porto-Novo, nabritaient sans doute pas encore toute leur population de pêcheurs aja, les Tofinnu. Selon Bourgoignie, les plus anciens, ceux du clan Aja, ne sont apparus quau milieu du XVIIe siècle, et les Ba, dont laction est étroitement liée à la fondation de Porto-Novo, au début du XVIIe Tous ces groupes paraissent avoir été privés daccès direct à la côte. Cette situation ne pouvait être tolérée par le puissant empire dOyo, dès lors que le commerce européen et la traite des Noirs prenaient de limportance. Dès que la puissance dOyo fut reconstituée, vers le milieu du XVIIe siècle, son problème majeur fut douvrir les routes de la mer, Comme Oyo ne parvint jamais à soumettre, dans les les Ijebu ou Lagos, cest forcément vers le bas Ouémé et le pays Aja que fut cherché ce débouché. En 1698 au plus tard, la chose est faite : la côte, de Ouidah à Appa, est placée dans la dépendance dOyo et cette suzeraineté va durer, avec diverses péripéties, jusquà la sécession du Danhomè en 1718. La substitution dAgbomè à Allada eu 1724 allait une première fois ébranler le système. On sait quOyo réagit avec violence, par des invasions qui séchelonnèrent de 1727 à 1730, puis de 1737 à 1747. Finalement le Danhomè resta assez étroitement soumis à Oyo mais, malgré tout, sa puissance inquiétait, ce qui explique que les Yoruba aient peu à peu reporté leur commerce plus à lest, notamment à Porto-Novo dont lascension, comme débouché privilégié dOyo, fut dès lors rapide. A la fin du siècle, cest sur la route du pays Egbado, menant à Badagri, que lalafin Abiodun installera une série de colonies militaires comme Ilaro, Ijawa ou Ijiga. Cest avec laide des deux royaumes Agasuvi que les Yoruba réprimeront en 1784 lindépendance excessive de Badagri, Cest dans ce cadre quil faut situer la fondation du royaume de Hogbonu- Porto-Novo. Alors que Badagri est mentionné dès 1743, le nom de Porto-Novo apparaît pour la première fois en 1758
Posted on: Thu, 24 Oct 2013 13:52:14 +0000

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