Comment et qui pour financer le futur État malgache ? La sortie - TopicsExpress



          

Comment et qui pour financer le futur État malgache ? La sortie médiatique de Didier Ratsiraka au sujet de ses improbables amis et du projet de réunir « 4 milliards de Dollar » pour venir en aide à Madagascar peut paraitre incongrue ; Cependant, et dans le fond – même si sa formulation parait hasardeuse – il n’a pas tort dans le sens où quoiqu’il arrive, il faudra nécessairement au prochain président élu, trouver, négocier et rassembler les financements et les aides pour espérer relancer convenablement le pays. Ainsi, ce n’est pas incarner les oiseaux de mauvais augure que de pronostiquer que peu de promesses seront tenues et seront réalisables sans financement, or les candidats à la présidentielle en produisent à un rythme affolant pour tenter de séduire les futurs électeurs et les rallier à leur cause… c’est gratuit, ça ne mange pas de pain, puis ils ont l’habitude qu’on les « infantilise », se disent-ils certainement. Toutefois, et peu importe qui sera élu, le futur président, s’il veut véritablement jeter les bases de la refondation de Madagascar, aura deux défis majeurs et prioritaires à mettre en œuvre. Le premier défi à relever – après plus de quatre années d’une transition sans équivalent en termes de déstructuration politique et de régression économique et sociale – sera de réinstaurer l’État de droit dans une optique résolument moderne de la gouvernance. Cette réinstauration de l’État de droit n’est ni une injonction imposée de l’extérieur, ni l’expression d’une ingérence étrangère. Elle relève du bon sens et doit être le fait des futurs dirigeants quels qu’ils soient. Il en va de la stabilité du pays et du contexte général dans lequel les futurs dirigeants auront à agir. Pour rappel, les principes de l’État de droit peuvent se résumer ainsi : La loi doit être la même pour tous et doit être le fondement de l’action gouvernementale ; Le gouvernement par la loi (réglementation juridique des rapports politiques et sociaux) ; La légalité (soumission de l’Administration à la loi avec le contrôle du Juge) ; La primauté du droit partout, en tout, sur tout et sur tous (permettre à chaque citoyen de défendre ses droits, et ce en s’appuyant sur un corps de textes clairs et sur des mécanismes de recours juridiques efficaces et accessibles). Le principe de la séparation des pouvoirs, notamment vis-à-vis de la Justice qui doit être indépendante et neutre. Le respect de la hiérarchie des normes (Constitution – Engagements internationaux – Loi – Règlements). Bien que ces principes soient clairs et sans ambigüité, ils sont nombreux ceux – les dirigeants et les décideurs – qui font mine de ne pas comprendre et d’en saisir le sens. Comme ils sont nombreux à feindre d’ignorer ce qu’est réellement l’autorité et la responsabilité de l’État et de quelle façon elle devrait s’exercer quand on prétend servir la démocratie, comme par exemple de l’urgence de redéployer l’Administration et les services publics sur l’ensemble du territoire national, préalable nécessaire à toute ambition visant à restaurer la sécurité, que ce soit des biens ou des personnes. Tout comme le fait de faire acte de candidature à la présidentielle n’octroie pas nécessairement la stature et l’expérience nécessaires à un homme d’État digne de ce nom, il ne suffit pas de déclamer en boucle des incantations pour qu’un projet puisse devenir réalité, il faudra nécessairement des actes concrets, et en comprendre les mécanismes ainsi que la portée. Or par exemple, il semblerait que certains candidats aient décidé de mettre en avant le thème de l’insécurité pour donner plus d’impact à leur campagne et coller à l’air du temps. Au programme, certains suggèrent ni plus ni moins que d’appliquer la loi du talion pour contrecarrer l’insécurité. Outre le fait que ce serait clairement un acte contre-productif, il est étonnant de constater que c’est ceux-là même qui ont importé des armes par containers entiers durant la transition et qui ont donc grandement contribué à leur dissémination – donc à l’insécurité – à travers tout le territoire national, qui aujourd’hui se dressent en « justicier ». Chacun peut aisément tirer les conclusions qui s’imposent. Cependant et quoi qu’il arrive, l’État devra, sans équivoque, être présent et les lois et règlements émanant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif devront être appliqués à l’ensemble des administrés, cela, sans favoritisme ni passe-droit, comme ce fut le cas avant et après l’avènement de la transition. L’un des mérites d’énoncer ces quelques principes, est de permettre, dès à présent, de faire le tri parmi les nombreux candidats, tout particulièrement ceux issus de la mouvance Rajoelina/TGV et affiliés, et qui se sont singulièrement illustrés en violant la loi, en ne respectant pas les règles, en agissant par favoritisme, en accordant et en s’octroyant des passe-droits, en pratiquant l’exclusion sous toutes ses formes , en enracinant et en propageant la corruption dans des proportions inconnues jusqu’ici. Dès lors, peu importe les discours et la propagande qu’ils tiendront, nous pouvons être sûrs, sans peur de nous tromper, qu’ils ne seront pas à la hauteur de la tâche ni des nombreuses attentes de l’opinion, des observateurs, des bailleurs et des investisseurs, tant sur le plan national qu’international. Ils ne sont pas encombrés de principes à leur poste de ministre, de responsable public ou dans leur vie professionnelle, alors pour quelle raison, et tout à coup, le feraient-ils, s’ils devaient un jour accéder à la fonction suprême ? C’est clairement une perte de temps que d’écouter leurs fariboles, leurs mensonges éhontés et leurs déclarations sans fondement. Ces candidats-là doivent tout bonnement être écartés des esprits et éloignés du champ démocratique qu’ils souillent de leurs messages sans consistance et de leur mentalité malsaine. Ils sont une honte pour la nation et bien que leur candidature ait été acceptée, parfois en remplacement d’une autre, ils ne sont définitivement pas dignes de représenter Madagascar. Oser – tout en contraignant l’opinion et les électeurs à une amnésie collective – faire étalage de sa prétendue droiture alors qu’on a littéralement volé dans les caisses de l’État au vu et su de tous, que l’on a eu de cesse de pratiquer des conflits d’intérêt dans le seul et unique dessein d’accroitre son patrimoine personnel, est non seulement le comble de l’ignominie, mais c’est aussi faire insulte à l’intelligence humaine. Mais ces personnes là ne sont pas à une provocation près, ni à un manque de respect près des fonctions qui ont été les leurs et de celle qu’elles espèrent briguer à travers les élections à venir. La morale et l’éthique réprouvent d’accorder ne serait-ce qu’un seul suffrage à ces personnes dénuées de toute éthique et dont les fortunes personnelles ont été démultipliées outrageusement en un peu plus de quatre années de transition ; tout en reléguant Madagascar – par leurs actions malhonnêtes – au rang du pays le plus pauvre du monde. C’est là une double performance qui devrait faire longuement réfléchir et permettre de faire un premier tri parmi la pléthore de prétendants. Malgré tout, c’est à chacun de se faire sa propre opinion et d’engager ou pas sa confiance pour tel ou tel candidat, mais les faits sont là, réels et implacables. Quant aux conséquences, elles seront négatives ou positives, selon le choix que feront les électeurs, et donneront le ton et constitueront le cadre du quinquennat à venir. Cette parenthèse fermée, nous pouvons en revenir à ce qui nous préoccupe, à savoir les financements et les aides dont Madagascar aura forcément besoin pour espérer reprendre pied. Ainsi, dans quelle mesure Madagascar pourra prétendre obtenir des aides ? Quel niveau de confiance et de crédibilité les bailleurs de fonds pourront-ils accorder à l’État malgache, au futur président et au gouvernement ? En effet, toute aide, qu’elle soit bilatérale ou multilatérale, est toujours assortie d’un certain nombre de conditionnalité, ce qui constitue le second défi auquel sera confronté le futur président et l’équipe gouvernemental. Il existe quatre (4) principaux bailleurs (Banque Mondiale, Commission Européenne, États Unis, Banque Africaine de Développement) pour Madagascar, et chacun assujettit ses aides à des « conditionnalités » ou ce que l’on désigne dorénavant par « appropriation ». Ces bailleurs contribuent pour 80% de l’aide officielle et donc également des dettes contractées par Madagascar. Cependant avant d’énoncer ce que sont ces conditionnalités, voyons rapidement comment le contexte malgache est perçu par la Banque Mondiale, bailleur de fonds majeur qui, malgré la crise politique, continue d’intervenir partiellement dans des projets d’urgence et des programmes humanitaires existants via principalement les ONG. Tout ceci dans l’attente qu’enfin la situation politique se normalise et que les conditions permettent d’engager d’autres formes d’aides plus conséquentes. Selon la Banque Mondiale, Madagascar possédait, au moment de l’acquisition de son indépendance, une élite instruite, des Institutions solides et des infrastructures de bonne qualité. Puis la situation s’est rapidement et régulièrement dégradée jusqu’à nos jours : Carence de gouvernance ; Crises à répétition ; Mauvaise gestion économique ; Indicateurs sociaux faibles, développement humain quasi nulle ; Déficits importants du capital humain et physique ; Économie fragile ; Capacité à absorber les chocs additionnels au plus bas ; Croissance démographique en forte hausse (+2,9%), revenu par habitant en chute libre ; Taux de prévalence de la pauvreté dès plus élevé au monde ; Déscolarisation importante et problème de malnutrition infantile aiguë ; Opacité dans la gestion des ressources publiques ; Manque d’encadrement dans la gestion des ressources naturelles ; Vulnérabilité aux catastrophes naturelles (cyclones, sécheresse, inondations) ; Climat des affaires 137/183 pays ; Économie du savoir 120/145 pays ; Compétitivité économique 124/139 pays (2010-2011); Instabilité gouvernementale et coup d’État ; Instabilité des politiques ; Corruption ; Accès au financement faible ; Criminalité et vol ; Coût élevé et manque de fiabilité de l’approvisionnement électrique ; Règlementation foncière et accès aux terres opaques ; Pratiques non concurrentielles et problèmes de gouvernance ; Coûts des transactions qui pénalisent les entrepreneurs et qui favorisent l’éclosion d’un vaste secteur informel ; 151e rang du développement humain selon le classement du PNUD ; Quasi absence d’équité sociale ; Croissance économique en fort ralentissement ; Demande intérieure globale limitée par le très faible niveau de pouvoir d’achat ; Manque de capacité pour investir dans le capital humain. La situation est donc peu reluisante et les responsables semblent clairement identifiés. Cependant, cela n’est pas un obstacle définitif à la reprise et à l’octroi des aides dont les finalités sont invariablement la lutte contre la pauvreté et le développement, comme stipulée dans les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Toutefois et pour rappel, ces aides sont automatiquement assujetties à des conditionnalités auxquelles les pays bénéficiaires doivent se soumettre avec, il faut le dire, plus ou moins de succès. Si les conditionnalités ne sont pas remplies, les bailleurs ont également dans leur arsenal un certain nombre de sanctions dites progressives qui vont cependant jusqu’à la suspension pure et simple de l’aide. Mais avant d’en arriver aux sanctions, voici entre autres les conditionnalités imposées d’une part par la Banque Mondiale et d’autre part par l’Union Européenne. Les autres Bailleurs de fonds appliquant à quelque chose près la même politique. La Banque Mondiale axe essentiellement ses conditionnalités sur les principes qui entourent le concept de bonne gouvernance : Responsabilité des gouvernants ; Participation des citoyens ; Économie de marché ; Réformes institutionnelles ; Déconcentration de l’État ; Promotion de l’apparition de nouveaux acteurs non étatiques ; Management du développement ; Remédier au délabrement des capacités administratives, au manque de responsabilité des dirigeants, à l’absence de cadre juridique pour le développement et au manque de transparence et de disponibilité de l’information ; Chercher l’aspect performance économique. L’Union Européenne, elle, s’attache au respect de trois valeurs principales : Les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. Ses conditionnalités s’articulent comme suit : Respect des droits de l’homme (Charte des Nations Unies, Déclaration universelle des Droits de l’homme, Convention américaine relative aux droits de l’homme, Charte Africaine des Droits de l’homme et des Peuples) ; Respect des principes démocratiques, légalité, légitimité et application effective (un État démocratique est un préalable à l’exercice des Droits de l’homme) ; Respect de l’État de droit (La primauté du droit doit constituer un principe fondamental et vise à favoriser et à promouvoir les droits civils et politiques ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels) ; Respect du principe de limitation des pouvoirs (Comme un pouvoir judiciaire libre et indépendant) ; Bonne gestion des affaires publiques (Gouvernance transparente, responsable, participative, équitable, respectueuse des droits de l’homme et de l’État de droit). Elle recouvre les rapports que l’État entretient avec la société civile et la mise en place d’un environnement pouvant favoriser le développement économique et social. Lutte contre la corruption. A la lecture de ces conditionnalités, ce serait faire preuve d’une mauvaise foi manifeste que de ne pas reconnaitre que le contexte dans lequel s’est déroulée la transition, a abouti aux sanctions infligées, non seulement par les bailleurs de fonds, mais aussi par des organisations internationales telles que l’Union Africaine ou encore la SADC pour ne citer que celles-là. Madagascar étant membre à part entière de ces organisations et ayant donc souscrit à des valeurs et des principes communs. La responsabilité de Andry Rajoelina et des entités qui l’ont soutenu tout au long de la transition ne fait aucun doute. Et bien que Andry Rajoelina ne soit plus en mesure de se présenter, les candidats de substitution que sa mouvance et lui soutiennent ainsi que les quelques dissidents qui essayent de se racheter une respectabilité à coup de communication et de marketing, présentent des caractéristiques culturelles et des valeurs similaires aux siennes, c’est-à-dire peu en phase avec les normes démocratiques ainsi qu’avec l’orthodoxie financière nécessaire à l’élaboration, la constitution, la gouvernance et la gestion d’un État de droit. La transition telle que l’avait imaginé, conçu et pratiqué les proches de Andry Rajoelina prendra fin dès lors que l’on connaitra le nom du futur président, cela à condition que ce ne soit pas élu un candidat issu des rangs de la mouvance TGV. Si ce cas devait se présenter, il est tout bonnement inutile d’épiloguer sur l’avenir de Madagascar. Dans le cas contraire, il reste une chance infime pour Madagascar de redresser véritablement la tête. Encore faut-il que le candidat élu puisse répondre à quelques critères essentiels. Il faut être conscient que juste après l’élection présidentielle et les législatives, Madagascar devra entamer une phase de reconstruction intense et profonde. Le bilan économique et financier du pays ne permettra pas d’engager cette reconstruction sur fonds propres. Par conséquent, le pays et ses futurs dirigeants devront avant tout trouver des partenaires financiers fiables et solides avec qui il faudra négocier et passer des accords dans le dessein d’obtenir un certain nombre d’aides ou de crédits, c’est selon, et donc de contracter des dettes qu’il faudra maitriser et rembourser selon le calendrier et l’échéancier qui seront négociés. Ce type de négociation n’est évidemment pas à la portée du premier venu, fusse-t-il président de la République. On ne s’improvise tout simplement pas négociateur, surtout dans le domaine des relations internationales. Non seulement les négociations seront ardues mais encore faut-il que l’équipe de négociateurs que Madagascar formera et mettra à disposition, soit à la hauteur de la tâche, qu’elle ait une bonne connaissance du milieu et des dossiers, qu’elle dispose d’un réseau efficace et de relations déterminantes, capable de gérer le flux d’information et bien évidemment, qu’elle dispose d’une bonne réputation et d’une crédibilité solide. Ce qui fait dire qu’à l’occasion de l’élection présidentielle, on ne vote pas seulement pour un homme, mais aussi pour une équipe qui, dans le cas de Madagascar, aura fort à faire car ce ne sera pas une sinécure que de justifier les nombreux dégâts provoqués par la gouvernance stupide et dangereuse de Andry Rajoelina doublé de ses nombreux supplétifs dont, pour rappel, un certain nombre concoure également à la magistrature suprême. Alors qui pour représenter Madagascar pour les cinq ans à venir ? On peut sans risque écarter les candidats farfelus et opportunistes. De même que tous les profils se rapprochant de Andry Rajoelina et du TGV qui présentent un passif impossible à ignorer et à effacer. L’arrogance et la légèreté avec lesquelles ils ont géré et dilapidé, le plus souvent à des fins personnelles, les finances publiques déjà fragiles du pays, ne plaident définitivement pas en leur faveur. Il en va de même pour tous ceux qui crient au scandale dès qu’il est question des étrangers. Paradoxalement, ce sont ceux-là même qui concluent des accords en catimini, réalisent des transactions qui engagent parfois le pays en dehors de tout contrôle public et qui profitent des subsides et des largesses d’entités étrangères peu recommandables et peu scrupuleuses. Le choix revient donc à l’expérience, à la connaissance pointue des négociations internationales et la maitrise de la diplomatie, de ses règles, de ses usages, de ses systèmes de valeurs, de ses rites et du langage. Ceux qui renient leur parole n’ont pas leur place ici ni ailleurs. Il revient à celui qui sera capable de défendre les intérêts de son pays et de la population dont il aura la charge, à celui qui fera preuve de tolérance et d’ouverture, capable de dialoguer mais aussi de mener des réformes en profondeur et de briser les nombreux carcans, notamment culturels et traditionnels qui freinent tout évolution de la société. Il en va de l’avenir de Madagascar. Bailleurs de fonds Banque mondiale Madagascar madagasikara-soa/comment-et-qui-pour-financer-le-futur-etat-malgache/
Posted on: Sun, 29 Sep 2013 08:54:58 +0000

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