Considérations nocturnes: Peut-on tout oublier? Non. Je lai cru - TopicsExpress



          

Considérations nocturnes: Peut-on tout oublier? Non. Je lai cru moi-même jusquau jour où, lors dun enterrement, jai rencontré un ami de jeunesse au cimetière. A vrai dire, nous nétions plus revus depuis trente-cinq ans. Ne riez pas cest la vérité, si vous riez maintenant, alors que diriez-vous dans un instant? Nous étions fâchés à cause dune fille. Nous laimions tous les deux. Et, comme je savais parler aux filles mieux que lui, elle lavait ignoré et mavait accordé ses sourires, je vous jure pas plus que ça. Mais, pour lfut un butin grandiose. Alors, mon ami mavait traité de tous les noms vulgaires que contenait son lexique, et depuis, nous nétions plus amis. Il était parti de son côté et moi du mien. Quant à la fille, elle sétait mariée quelques années plus tard, avait augmenté la population tunisienne dune demi-douzaine denfants, dont elle avait marié la majorité qui a leur tour lui avaient donné une douzaine de petits-fils. Cette fille-là est décédée et cest elle que nous sommes venus enterrer. Mais à mon grand étonnement, je me suis aperçu que mon ami men voulait encore ! Si jai oublié mon flirt de jeunesse, comme tout bonhomme, mon ami ne lavait jamais oublié. De plus, il était resté célibataire par fidélité à son amour en fleur. Cest à peine si je lai reconnu au cimetière, vous devez vous en douter je présume après trente-cinq ans...Par contre, lui, il ma vite reconnutellement il me gardait rancune. Jai remarqué dans son regard quelques remontrances virulentes, comme sil me disait :regarde ce que tu as fait. Elle morte, tu comprends ce que cela veut dire? Non, tu ne le comprendras jamais. Moi, je vivais parce quelle vivait. Même si elle estdevenue vielle et malade, je lui restais fidèle. Alors que toi, tu as fait ta vie tranquillement avec une autre, et je parie sur ce qui me reste à vivre que tu lavais oubliée depuis de longues années. Et, aujourdhui même, tu es venu non pour elle, mais pour présenter les condoléances dusage à sa famille. Mon ami me regardait sans rien dire dintelligible, quant à moi, jentendais sa voix prisonnière dans ses sanglots et sa douleur. Depuis, jai appris une nouvelle leçon de vie: impossible de tout oublier, du moins pour ceux et celles qui ont des raisons que la raison ignore.
Posted on: Fri, 08 Nov 2013 23:29:08 +0000

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