Conte initiatique et poétique : RELATION AU MONDE LE PETIT - TopicsExpress



          

Conte initiatique et poétique : RELATION AU MONDE LE PETIT ARBRE DE LA FORÊT Il était une fois un petit arbre dans une forêt. Il avait du mal à grandir, ses voisins lenserraient de toutes parts et il ne pouvait laisser ses branches se déployer comme il laurait souhaité. Il essayait bien de faire comme ses congénères et de se contenter de lespace dans lequel on lavait planté mais il avait limpression détouffer. De plus, comme il était le plus petit, personne nécoutait ses protestations que, dailleurs, nul autre que lui ne comprenait. De quoi se plaignait-il ? Ne pouvait-il pas faire comme les autres arbres de la forêt, se résigner et pousser en silence ? Il se posait des questions sur la vie, sur le sens de la vie. Pourquoi se taire ? Il voulait savoir. Ses aînés lui répondaient quil en avait toujours été ainsi : un arbre naît, grandit dans lespace quon lui a réservé, donne des fruits et puis il meurt. Le petit arbre nétait pas satisfait de cette réponse? A quoi cela pouvait-il bien servir de vivre si lon ne pouvait être heureux ? Et comment pouvait-on être heureux si lon ne connaissait pas les secrets de la vie ? Ces interrogations tournaient et retournaient sans cesse dans sa tête à tel point quil en perdit le sommeil. Il devint nerveux, irritable et parfois même se tordait dangoisse. Alors, tout doucement, presque sans sen apercevoir il commença à dépérir. Le terreau sur lequel il avait vu le jour, nétait pas assez fécond pour quil puisse y trouver sa nourriture et lespace dans lequel on lavait confiné ne lui permettait pas de respirer à son aise. La vie était trop dure ! Il décida donc de se laisser mourir. Or, un beau jour, un oiseau vint se poser sur lune de ses branches et lui murmura à loreille: Sais-tu ce que ma dit le grand chêne ? Il parait quau centre de la terre se trouve un fabuleux trésor. Ce trésor, cest le secret du bonheur et il appartient à tous ceux qui osent descendre le chercher . Subitement, le petit arbre sentit une grosse bouffée despoir monter le long de son tronc et il décida de tenter la grande aventure. Ses aînés essayaient bien de len dissuader en lui faisant part des difficultés quil aurait à surmonter : il était trop petit, il ne connaissait pas le monde, il risquait de se perdre ! Il allait aussi, lui disait-on, rencontrer des inconnus, des ennemis, il devrait se battre et, peut-être même quil pourrait y laisser sa vie ! Mais le petit arbre ne répondait rien. Sa décision prise, il fit silence, cessa dimportuner son entourage, ne réclama plus quon lui fit de la place, nexigea plus rien de personne. Il se concentra, sintériorisa, sinstalla dans son tronc et dans ses racines ne soccupant plus de ses voisins. Bercé par la musique de son souffle qui allait et venait tranquillement, chaque jour il descendait un peu plus profondément dans le sol et chaque jour il sentait la sève qui circulait de mieux en mieux dans ses branches. Or, un matin, il saperçut avec étonnement quil avait beaucoup grandi, il sétait élevé si haut, si droit, quil dépassait maintenant tous les arbres de la forêt , sauf le grand chêne, évidemment ! La cime de ses branches, enfin libre, se balançait doucement, chauffée par le soleil, effleurée par le vent. Il respirait, respirait, respirait encore, longuement, profondément, ivre de volupté . Cependant, il navait pas encore découvert le trésor, aussi, avec courage, chaque jour il continuait à descendre toujours plus bas et, plus il descendait plus il grandissait. Petit à petit, sétait installé dans son tronc un frémissement puis un courant, une pulsation, la mélodie de la terre. La terre qui le berçait maintenant comme un enfant, la terre fraîche, tendre, la terre qui le portait, le nourrissait comme une mère. Comme à laccoutumée, il ondulait sous la houle qui le traversait de part en part, des racines jusquà la tête. Chatouillé par cette onde bienfaisante, son coeur se réveillait, se réchauffait, je crois bien même quil commençait à sentrouvrir, quil commençait à guérir. Mais, ce jour-là, il fut surpris par un nouveau rythme. Une vibration inconnue descendit en écho de son faîte jusquau bout de la plus petite de ses radicelles, un sac, puis un ressac, comme un souffle, une respiration. Dabord cela lamusa puis le troubla. Etonné, il leva la tête et vit le soleil qui lui souriait dun air malicieux. Frémissant de ce plaisir inconnu il ferma les yeux pour mieux goûter la douceur de la caresse, sétira langoureusement et, pour la première fois, il devint DESIR, désir de vivre, plaisir dêtre vivant. Sans penser à hier, sans penser à demain, roulé par la vague, il sabandonnait à la jouissance du présent. Eperdu de bonheur il savourait linstant. Alors, en un éclair il comprit, il comprit quaprès avoir beaucoup erré il était sur LE CHEMIN, enfin ! Il avait découvert le SECRET, pas du tout celui quil imaginait, mais celui que son coeur cherchait. Effleuré par la grâce, il se sentait porté par une force nouvelle, toute de douceur, de lucidité, de compassion, de partage, cette force de non jugement que lon appelle tout simplement lamour. Lui, le petit arbre qui se savait limité et mortel se percevait aujourdhui différent, important, mais aussi petit, si petit ! Parcelle dinfini dans lespace infini, bref instant dans le temps donné par lEternel il découvrait alors quil était créature mais aussi créateur, enfin. . .cocréateur !!! Son coeur battait si fort, son bonheur était si grand que ses branches se déployaient, sétiraient ivres de joie. Il riait, dansait, chantait à tue tête ! Soudain il fit silence, simmobilisa, recueilli, saisi par le mystère, enveloppé par la magie et, souffle suspendu, ne se permettant même pas un bruissement de feuilles,. . .il attendit . Alors, alors, la présence simposa à lui, la présence de ce qui est , la présence de celui qui est. Dans sa tête, sur son corps résonnaient des musiques, des milliers de couleurs simprimaient dans son coeur, ses yeux silluminaient dun monde féérique perdu depuis longtemps : son univers denfant. Nul besoin de descendre, daller chercher ailleurs, le secret était là, en lui, autour de lui, dans la terre et dans le ciel, dans le soleil et les étoiles, dans les fleurs et dans les arbres, les écureuils et les oiseaux, dans la pluie et dans le vent . . . Le secret, le sacré, se dévoilait devant ses yeux éblouis ! Plein de gratitude, émerveillé, tout doucement, humblement il sinclina pour dire MERCI, merci à la vie. Conscient de la réelle présence de cet invisible que le grand chêne priait en lappelant Dieu, ébahi par la toute puissance du créateur de lunivers, ébloui par toutes ces merveilles, plein de reconnaissance, à son tour, levant la tête il sourit au soleil. Peu à peu, une gravité nouvelle lenvahit. Un vieux proverbe indien lui revenait en mémoire : La terre nest pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent . Cest alors, quil réalisa le précieux dépôt qui se trouvait entre ses mains. Suppliant, il demanda pardon pour son orgueil, son égoïsme, son indifférence, son inconscience et promis de vivre désormais les yeux grands ouverts : - Nul besoin de se tendre, tout simplement devenir tendre - Passer sans sen apercevoir de la tension à la tendresse - Regarder ses frères alentour, les aimer en toute simplicité - Se relier au coeur, au coeur de lunivers en toute humilité - Prendre soin du jardin qui nous est confié - Et . . . RENDRE GRÄCE. Lui le petit arbre, le plus petit de la forêt, il avait bien su entendre la chanson de loiseau, il avait demandé le secret à la terre, il était même allé rencontrer les étoiles, il avait osé, il avait risqué, il avait cherché, il avait trouvé. Je vous ai raconté lhistoire dun petit arbre, dun petit arbre mal planté, dun petit arbre mal aimé, je vous ai raconté mon histoire, je vous ai raconté votre histoire, je vous ai raconté lhistoire de tous les enfants et je dédie ce conte à tous les parents. Annie Gerbert (Lhistoire du petit arbre de la forêt extrait de 1, 2, 3 soleil contes initiatiques et poétiques)
Posted on: Thu, 24 Apr 2014 06:09:10 +0000

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