Contrechamp : Par Mustapha Hammouche La Presse et ses - TopicsExpress



          

Contrechamp : Par Mustapha Hammouche La Presse et ses “sources” La “source” a commencé par s’imposer au plus fort de la détérioration de la situation sécuritaire. Depuis, tous les responsables “communicants” ont pris de la graine de cette expérience. Peu à peu, de l’institution la plus stratégique à l’officine la plus insignifiante, tous les responsables veulent avoir, dans chaque rédaction, le journaliste qui réceptionne et prend en charge la publication de leurs “informations”. Le chargé de communication y tient, en plus de ses tâches ordinaires, un rôle de véritable “agent traitant” des journalistes — et responsables de presse — dont il a acquis la disponibilité. Pour certains secteurs d’activité, cette relation transforme le journal “indépendant” en support docile véhiculant passivement le message de ses “informateurs”. Toutes sortes d’arguments et de dérives dans le rapport journaliste-communicant sont à l’origine de cette régression professionnelle: l’illusion de participer à l’exercice du pouvoir, la conviction, réelle ou feinte, de la finalité patriotique de son dévouement au pouvoir, l’illusion de notabilité que fait miroiter la fréquentation de décideur de tout rang, la cupidité qui nous conduit insidieusement à cette corruption ordinaire faite de petits cadeaux de circonstance, de prises en charge de séjours alibis, la paresse d’un journalisme passif où “l’auteur” de l’article n’a pas à aller à la quête d’une “information”, ni même à rédiger… L’éditeur et le responsable de rédaction peuvent aussi y trouver leur compte : le premier se faisant ainsi des “amis” utiles et des clients annonceurs qui, en plus, ont la largesse de pourvoir à la motivation de ses journalistes ; le second trouve avantage en ce que dans ce système de mise en réseau des “sources” influentes, une partie de “la matière”… coule de “source”. La presse, régulièrement accablée par les officiels pour son manque de professionnalisme, n’est cependant pas critiquée quand elle colporte, avec une lassante insistance, les activités routinières de telle institution ou de tel responsable, des activités parfois à peine dignes de figurer dans leurs bulletins internes. Elle n’est pas non plus critiquée quand elle fait “l’évènement” avec les propos de “conseiller de la présidence”… qui préfère garder l’anonymat! Le pouvoir utilise la presse “indépendante” pour promouvoir sa rumeur, sa propagande, y compris quand elle ne sert que les querelles de famille, et la charge de toutes les tares quand elle va s’abreuver de nouvelles loin de ses“sources”. Quand la source dépouille le journal et le journaliste de toute autonomie. Quand la source n’est plus la ressource mais l’administrateur de la tâche d’informer, cela donne ceci: un président qui “va bien”, qui “a besoin de repos”, qui “rentre pour Erdogan, pour le 5 Juillet, pour la nuit du doute, dans les prochains jours, dans les prochaines heures”. Bref, un charivari autour d’un sujet, à l’origine important, auquel on a progressivement ôté toute solennité. Et la presse aura contribué à cette étonnante évolution : les Algériens ont tacitement fini par admettre que la question de la présence et de la santé de leur président ne les concerne pas. On peut y mesurer la capacité du système de “sources” à orienter le travail médiatique, y compris de la presse “indépendante”.
Posted on: Tue, 16 Jul 2013 03:19:47 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015