Contribution] La chinafrique ou l’autre partenariat avec l’Afrique Par Kane Mamadou | Entre le marteau, la France et l’enclume, la Chine, les africains peuvent-ils échapper à ce calvaire qui dure depuis des années ?Entre la françafrique un système occulte qui maintient la domination de la France sur ses anciennes colonies et la chinafrique qui se veut un autre modèle de partenariat avec le continent, le choix des africains est difficile. C’est indéniable, cette nouvelle vision chinoise des relations commence à gagner le cœur des citoyens et l’esprit des dirigeants dans les capitales africaines. Prés de 900 entreprises seraient recensées sur le sol africain. Du jamais vu depuis bientôt un demi siècle. « Enrichissez-vous » c’est le slogan que l’ancien président chinois Deng Xiaoping avait lancé en 1978 à ses compatriotes pour relever le défi du développement de l’ancien Empire du Milieu. Deux décennies après, la Chine est devenue un pays émergent, le plus puissant de cette catégorie en tout cas commercialement pour affronter la première puissance mondiale, les Etats-Unis et la cinquième, la France sur le terrain de l’Afrique. Le leitmotiv « gagnant-gagnant » a fait d’elle depuis ces 5 dernières années un rival sérieux qui ne lésine pas sur ses atouts commerciaux et sa discrétion pour renverser la vapeur. En quelques années seulement, la Chine est passée d’un pays ami à un véritable partenaire des pays africains. Aujourd’hui par exemple au Sénégal, les chinois ne passent pas inaperçus. Il suffit de se promener vers les Allées du Centenaire non loin du centre ville de Dakar où inondent les produits chinois pour constater qu’ils font même travailler les petits sénégalais pour fructifier le commerce. En dehors de cette présence massive sur le marché sénégalais, la chine participe activement à la sécurité alimentaire du pays. Elle a ainsi coproduit une plantation de 35 000 ha de sésame suite aux émeutes de la faim en 2008 et entrain d’ améliorer la production de légumes et du riz des sénégalais .Sur un autre plan, le grand théâtre national de Dakar est en construction de même la création d’un institut de Confucius à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour rapprocher davantage les deux peuples puisque les jeunes étudiants sénégalais vont pouvoir désormais mieux apprendre le chinois. Déjà 10 000 sénégalais vivent aujourd’hui en Chine pour étudier, travailler et faire du commerce. En ces périodes de délestages, la chine participe également à la transformation du système d’alimentation de la capitale en électricité. Une mission médicale chinoise est présente dans les quartiers populaires des banlieues de Dakar. Ce qui a fait dire un diplomate chinois que son pays a fait plus au Sénégal en 4 ans que les pays occidentaux en 20 ans. Le message est clair c’est du concret avec les chinois .Contrairement à la France ou les autres pays occidentaux qui n’ont d’yeux que les matières premières. Bien sûr elle en éprouve le besoin mais elle voit plus loin que ses concurrents en construisant des barrages au Congo, au Soudan et en Ethiopie. Elle s’apprête même à aider l’Egypte à relancer un programme nucléaire. Sur le plan financier, elle octroie des contrats sans intérêts. Récemment c’est la Mauritanie qui a bénéficié d’une aide financière de 12 millions d’euros dont la moitié sous forme de dons et l’autre de prêts sans intérêts. En plus de 300 000 euros en médicaments pour renforcer le programme de lutte contre le paludisme. Ce ne sont pas des exemples qui manquent. Au plan commercial, il y aurait près de 900 entreprises chinoises en Afrique. Ce qui place la chine au second rang comme partenaire commercial en Afrique supplantant ainsi la France. Mais ce modèle chinois de développement a quelque chose de pervers. Ses dirigeants ne sont pas assez regardant si tel ou tel pays est une dictature militaire ou civile ou si tel chef d’état africain est corrompu ou non, s’il applique la démocratie ou non. Ils ne s’en cachent pas, ils sont partisans de la non-ingérence dans les affaires intérieures des états africains. C’est quand même troublant. Comment après des siècles d’obscurantisme suivis de lumières la chine peut-elle fermer les yeux sur les droits de l’homme au nom d’un « principe sacro-saint de non-ingérence », obsolète à l’heure de la globalisation? La question du Tibet et les évènements de Tian’anmen ne sont pas étrangers à cette attitude…Comment les autorités chinoises peuvent-elles rester insensibles devant des violations contre l’homme qui consistent à massacrer des populations ou à les déporter ou à liquider des militants syndicaux ou politiques ?C’est toute la contradiction d’un régime politique qui a pourtant connu beaucoup de révolutions ! .Quant aux populations africaines, elles retiendront pour l’instant que! la chinafrique est formidable ; elle apporte beaucoup de bonheur aux populations. Certains sénégalais sont contents au moins que le partenariat gagnant-gagnant ait permis de casser le monopole des commerçants libanais voire occidentaux. Les mauritaniens sont fiers de leur joyau, le port de l’amitié, le premier port en eau profonde qui permet à la Mauritanie de desservir les états voisins. S’il y a un choix à faire beaucoup de citoyens africains choisiraient la chinafrique qui pour l’instant les aide à prendre leur destinée en main.
Posted on: Fri, 28 Jun 2013 23:14:55 +0000
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