Croque-patte et crotte de nez, mon histoire commence... Mississichipi étira son corps svelte et musclé, allongea ses membres endormis, commença à se lécher la patte, lascive. Avec une science toute particulière, elle sappliquait à lisser son poil. Elle ne daignait arrêter ce précieux cérémonial que pour exprimer un bâillement plein dennui. Mississichipi était belle. Elle le savait. Ses yeux immenses, couleur rivière, envahissaient une gueule rayonnante comme une soleil. Mutine et espiègle, Mississichipi aimait souvent taquiner sa congénère Chaussette, de quelques mois son aînée. Dailleurs, tous les habitants de la maisonnée ne pouvaient en aucune façon échapper à ses pitreries. Cest un soir de tempête qui orchestra larrivée de Mississichipi au sein de cette famille. Pas plus grosse que le poing dune main, le poil ébouriffé, ses grands yeux écarquillés, Mississichipi fut rapidement conquise par la douce chaleur dun vieux poêle à bois défraîchi. Après, toutes ces nuits derrance, dans le vent et le froid automnal, elle trouva, il est vrai, rapidement lendroit à son goût. Elle finit même par se persuader quelle venait darriver au paradis. Fière de sa beauté style « félin pure race de gouttière », Mississichipi avait un petit quelque chose de plus, un petit supplément de finesse, semblable à la grâce particulière des chats abyssins, gardiens éternels des temples de lancienne Égypte. Malheureusement, pour Mississichipi, les comparaisons sarrêtaient là. La souplesse légendaire des autres membres de la caste féline, Mississichipi nen avait point hérité. Bien au contraire !!! Dès quelle se déplaçait, ses pattes martelaient le sol dun bruit denfer. On aurait dit un troupeau de chevaux sauvages en plein galop ! Badaboum, Tagada, Badaboum, Tagada ! Mississichipi ne courait pas, elle galopait, sautait, retombait avec fracas. Lorsqu’elle voulait se faire discrète, elle manquait inexorablement son coup. Pour chasser, ou faire des blagues, cétait vraiment compliqué ! Du bout de ses pattes immaculée, Chaussette se cachait les yeux, catastrophée. Tu es désespérante, ma pauvre chérie. Tu es une chatte, non de non, pas un troupeau de buffle en furie ! Mississichipi ne courait pas. Elle galopait et ….. Elle sen moquait. Seulement voilà, au Royaume des Chats, on ne voyait pas les choses de la même façon. Il était inconcevable pour la Confrérie des Chats Anciens, quune de leur espèce puisse ainsi braver les règles établies. Il était entendu, depuis que le monde est monde, que les chats devaient se conformer à aux lois. Celles qui dictaient la manière du comment ils devaient se comporter, et cela, chaque jour de leur vie. Savoir comment chasser, approcher une proie sans faire un seul bruit, ou sauter dun endroit à un autre sur des pattes de velours, voilà quelques uns des préceptes quun chat se devait de connaître dès sa plus tendre enfance. Cest pour cela que la nouvelle fit grand bruit à la Confrérie des Chats Anciens. Ils se sentirent même obliger de mener une enquête discrète sur le cas de linconsciente Mississichipi. Sentant venir les problèmes, Chaussette essayait malgré tout de prévenir sa jeune compagne de jeux écervelée : Mississichipi, tu dois faire des efforts pour te comporter comme un chat normal ! Comprends-tu que cela est important ? La Confrérie des Chats Anciens parle de plus en plus de toi lors de ses assemblées. Ils simpatientent, et, cela commence vraiment à minquiéter ! Mais, non, voyons, Chaussette, tu tinquiètes encore pour rien ! répliqua Mississichipi, étendue mollement sur le sofa. Comment pourraient-ils me faire condamner par un jury ? Je suis née comme cela, je ny suis pour rien. Allons, pas de soucis, la vie est belle. On est tellement bien ici. Cest pas ces vieux gâteux ronchons de la confrérie qui mempêcheront de continuer à être heureuse... ici. Chaussette, sois tranquille, rien ne peut marriver ! Nai pas de soucis, ma sœur de jeux ! Peu convaincue par les arguments de Mississichipi, Chaussette tourna le dos et sendormit lair contrarié. Ses rêves immédiats furent emplies de chats somptueux, habillés de nobles atours, fustigeant lair féroce, une pauvre Mississichipi à lapparence toute rabougrie. Le plus méchant dentre eux, était un énorme persan bleuté dont le nez écrasé était surmonté par d’extravagantes lunettes roses fluo. Il miaulait dune voix forte, sagitait dans tous les sens et tapait frénétiquement de la patte sur la table à tout bout de champ. Le tout avait un air totalement absurde ! Il paraît que, dans les mauvais rêves, cela arrivait, parfois, mais Chaussette ne le savait pas. morwennamairinmorgan.net/la-ballerine-en-sabots.ws
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 20:44:47 +0000
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