C’est un alignement de centaines de petits cubes identiques, au - TopicsExpress



          

C’est un alignement de centaines de petits cubes identiques, au sein de l’immense cimetière central de Mulhouse. Derrière chacun de ces mini-monuments, un tout petit rosier. Pour l’instant, seuls quelques-uns de ces cubes sont « occupés » : on les repère au nom marqué sur le dessus, voire à la présence de couronnes et de plaques rompant, ici et là, l’uniformité « militaire » du lieu. Ce site, inauguré avant l’été, est baptisé la Roseraie et il illustre la part grandissante que prend la crémation dans nos pratiques funéraires. Celle-ci concerne désormais un tiers des décès en Alsace (lire ci-contre). Pour des motivations diverses, qui restent sans doute à analyser finement, de plus en plus de Français désirent faire incinérer leur corps après leur mort. Mais réfléchit-on suffisamment, avec ses proches, à l’après-crémation ? Or ce second choix, celui du devenir des cendres, n’est pas moins important que le premier. Dans un cimetière… Une loi du 19 décembre 2008 a donné un statut aux cendres funéraires. Depuis cette date, il n’est plus permis de les partager ou de les garder chez soi. Ce n’est pas rétroactif : un défunt d’avant 2008 peut encore « demeurer » à domicile… Mais il était nécessaire de mettre de l’ordre dans ces nouvelles pratiques : « Avant cette loi, il était fréquent que l’on retrouve des urnes pleines dans des décharges ! » , assure Éric Boschert, directeur des Pompes funèbres générales (PFG) à Mulhouse. D’abord, le veuf ou la veuve gardait pieusement l’objet sur la cheminée ; puis, la personne se remettait en ménage, et l’urne disparaissait progressivement du paysage… Aujourd’hui, les cendres ne doivent plus rester dans la sphère privée. Mais les destinations possibles restent multiples. Il y a tout d’abord le cimetière. Et, en premier lieu, la classique tombe familiale. « C’est l’option la plus retenue , remarque Éric Boschert. À Mulhouse, elle concerne environ la moitié des crémations ». L’urne est alors placée dans le caveau, avec les cercueils. Il existe une variante : au lieu d’être placée sous la dalle, elle est scellée dessus. Par ailleurs, les marbriers proposent désormais des monuments « mixtes », pierres tombales comportant des emplace-ments pour les urnes sur leur partie verticale, et d’autres spécialement dédiés à la crémation, sorte de « caveaux à urnes » plus petits… et donc moins chers que les caveaux traditionnels. À côté de ces espaces familiaux, les cimetières des communes les plus importantes et les sites cinéraires (près des crématoriums) proposent des espaces collectifs : ce sont les aménagements du type de la Roseraie mulhousienne, mais aussi les columbariums (constructions agrégeant plusieurs cases) et les « jardins du souvenir » où les cendres peuvent être dispersées ou placées dans une grande urne commune. Et où les repères individuels s’estompent forcément… … ou en pleine nature La loi permet enfin de passer l’éternité en dehors de tout espace clos : il est possible, en France, de disperser les cendres d’un proche « en pleine nature ». Ce qui signifie hors de tout lieu de résidence – et donc pas dans son jardin – et de toute voie publique. On est censé en faire la déclaration à la mairie du lieu de naissance du défunt, pour que ceci soit inscrit sur l’état-civil. Et les façons de procéder sont assez libres : on peut les confier au vent ou à l’eau, les enterrer au pied d’un arbre ou encore inhumer une urne biodégradable. « Le choix de la pleine nature concerne environ 10 % des cas, mais ça doit correspondre à 20 % des souhaits , estime Éric Boschert. Et je pense que ça va s’accentuer, en particulier pour des questions financières… Ici, les personnes optent pour le Rhin ou les Vosges. Mais chaque année des cendres de Mulhousiens sont aussi dispersées en pleine mer. » Après la crémation, l’urne, si elle ne prend pas aussitôt la direction du cimetière, est conservée au crématorium gratuitement pendant un mois, puis de façon payante jusqu’à une durée maximale d’un an et un jour, après quoi son contenu sera dispersé dans un jardin du souvenir. Seul un héritier peut venir chercher une urne funéraire. Il doit alors indiquer quelle sera la destination des cendres. Mais comment contrôler que cette déclaration sera bien appliquée, et que la loi sera respectée ? « Quelques personnes s’offusquent encore du fait qu’elles ne peuvent plus les garder chez soi , raconte Éric Boschert. Et certaines ajoutent clairement qu’elles en feront de toute façon ce qu’elles veulent…
Posted on: Fri, 01 Nov 2013 09:03:32 +0000

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