C’ÉTAIT HIER...... La criminalisation de la désobéissance civile Depuis le début de la grève de la faim du 18 octobre 2005 , la répression policière , les écoutes , la censure, le sabotage , les filatures et les intimidations sont devenus de plus en plus violents et durs concernant les grévistes de la faim , leurs familles et leurs amis , ainsi que tous ceux qui de prés ou de loin sont solidaires avec eux , toute cette frénésie , cette fuite en avant aveugle et suicidaire de la dictature est le signe que le pouvoir cherche de plus en plus à « criminaliser » la désobéissance civile , c’est pour cela et c’est une évidence pour nous , c’est clair que l’opposition tunisienne , le bloc démocratique dans son ensemble est sur le bon chemin , qu’il faut au contraire continuer dans cette voie , et ne pas s’en remettre à aucun compromis , qui évidemment sera compris par ben Ali comme étant une faiblesse de notre part. Il faut nous arrêter sur ce point , pour comprendre que la seule réponse du pouvoir face à des actes massifs de désobéissance civile qui le déstabilisent est aujourd’hui la répression policière. Il montre ainsi toute sa faiblesse et toute sa duplicité. Sa faiblesse , car ses agissements, après la grève de la faim des huit personnalités , le désastreux SMSI qui a mis à jour toutes ses réalités , ses vérités et son visage de l’horreur et de la barbarie , ne suffiront pas à enrayer le mouvement. Sa duplicité car il entend retourner l’opinion publique, nationale et internationale, en faisant passer les militants démocratiques tunisiens, pacifiques et non-violents, particulièrement les « grévistes », pour des délinquants de droit commun. Tout cela est très classique,il l’a toujours fait , mais avec les derniers événements , cela doit interroger les opposants du bloc démocratique tunisien , sur la stratégie et les moyens qu’ils doivent désormais mettre en œuvre , et sur la communication de leur action,pour les puissances démocratiques et leurs opinions quand à la véritable nature du pouvoir de ben Ali , sur le pourquoi des aides et les appuis dont il a toujours bénéficié de leur part. La désobéissance civile est un puissant moteur de construction du droit par les citoyens. La transgression de la loi injuste n’est pas un déni du droit, mais l’affirmation citoyenne d’un grand respect pour le droit sans lequel il ne peut y avoir de société basée sur la justice. A partir de là , le nouvel ordre international , s’il existe vraiment et veut donner une image juste , morale et humaniste de son existence et de son éthique , il se doit d’être attentif aux revendications de ces tunisiens qui ont recours à la désobéissance civile car, d’une certaine manière, ces derniers en s’appropriant des questions relatives au droit renforcent l’Etat de droit à l’échelle tunisienne contre le déni de droit qu’est le régime de ben Ali , c’est cet objectif de la démocratisation de la Tunisie qui pourra être donné en un exemple vivant à l’échelle de la planète. « La désobéissance civile exprime la désobéissance à la loi dans le cadre de la fidélité à la loi, bien qu’elle se situe à sa limite extérieure », écrit John Rawls dans sa Théorie de la justice. La loi est enfreinte et bafouée totalement et ce depuis toujours en Tunisie,par la dictature , mais la fidélité à la loi est exprimée par la nature publique et non-violente de l’acte du démocrate tunisien , par le fait qu’on est prêt à assumer les conséquences légales de sa conduite , nous autres démocrates tunisiens nous ne disons pas autre chose , même si dans notre situation nous remettons en cause la loi constitutionnelle tunisienne exigée par ben Ali , depuis toujours travestie par la dictature , ce qui est juste et clair de constater , c’est que nous , nous refusons la loi oppressive et illégale imposée par ben Ali pour soumettre le peuple tunisien à sa propre folie. Notre fidélité va à la loi et à la constitution tunisienne , nous qui la respectons , et qui exigions son application pleine et entière contrairement à ben Ali , aide à prouver à la majorité que l’acte est, en réalité, politiquement responsable et sincère et qu’il est conçu pour toucher le sens de la justice du public . La désobéissance civile, paradoxalement, apparaît donc comme un temps privilégié de renforcement de la démocratie , et dans notre cas ce n’est pas si peu dire , il suffit de constater les différences et les singularités des politiques et des courants qui se sont unis dans l’objectif du rejet de la dictature et l’instauration de la démocratie, pour s’en assurer. La vitalité démocratique d’une société pourrait se mesurer à la capacité de ses citoyens à enfreindre la loi dans certaines circonstances, c’est-à-dire à prendre des risques personnels et collectifs pour défendre des causes essentielles, or dans notre cas nous enfreignons des lois scélérates pour exiger la pleine application de la LOI d’un état de droit digne de ce nom , pas les arrangements et les forfaitures d’une dictature liberticide et barbare. Les lois ne sont jamais figées, elles sont en constante évolution. C’est pourquoi les tunisiens ont un rôle particulièrement actif à jouer pour faire évoluer l’état de droit dans notre pays,et cela ne peut se faire qu’en transgressant les lois privées et totalement hors la loi d’un pouvoir illégitime. Tout état de droit civilisé ne se construit que parce que des gens ont résisté, ont désobéi à un « droit du plus fort , un droit policier , oppressif et criminel »qui était devenu la règle en Tunisie. La société humaine se donne des règles , et il inadmissible d’imaginer que ces règles sont intangibles , et doivent être appliquées selon les lieux , les amitiés ou les conjonctures. Le monde est en mouvement , soit , il doit l’être pour tout le monde y compris pour nous . . la dictature tunisienne a beau jeu de criminaliser la désobéissance civile et pacifique de plus en plus de tunisiens , pour mieux la réprimer. Les opposants démocratiques tunisiens ne doivent pas sous estimer ce point sous prétexte que la dictature est parfaitement dans son rôle. N’oublions pas que l’enjeu est aussi de gagner la bataille des opinions publiques, ce qui signifie d’accorder une attention toute particulière à l’image que donnent les médias du mouvement de désobéissance civile , comme celui de la grève et des autres. Dans cette optique, il est essentiel d’affirmer clairement le caractère public et non-violent de la désobéissance civile. C’est le meilleur moyen de la différencier avec la désobéissance criminelle qui est forcément associée à une forme de délinquance , dans le cas tunisien la question ne se pose même pas , les seuls délinquants identifiés sont , et se trouvent chez ben Ali , dans ses services répressifs et dans les milices de son parti unique , les journalistes et certains visiteurs étrangers lors du SMSI avaient pu le constater de visu , et dans leur chaire. La civilité de la désobéissance collective s’affirme dans le choix éthique et stratégique de l’action non-violente pour combattre les injustices du désordre établi par ben Ali , et face à cela , dans son ignorance , il est totalement désarmé , maladroit et suicidaire. La désobéissance civile ,en référence à un ordre tyrannique supérieur dans le domaine de la propagande , de la violence et des armes , milite pour améliorer les lois existantes dans la constitution tunisienne , et éventuellement créer de nouveaux droits qui répondent à l’évolution du monde libre . Dans cette perspective, elle est "révolutionnaire" en ce sens qu’elle conteste "l’Etat de fait" fondé sur l’injustice, mais sa portée est entièrement constructive en ce sens qu’elle a pour visée de rétablir ou d’établir "l’Etat de droit" fondé sur la justice. En restant ferme sur l’éthique des moyens employés et en communiquant sur l’affichage non-violent de notre démarche, nous militants tunisiens pour la démocratie en Tunisie , de la désobéissance à la tyrannie du régime de ben Ali , nous possédons une arme à infaillible pour dénoncer les mensonges de l’Etat de non-droit de ben Ali , et gagner la bataille des opinions publiques qui sera fatale à sa dictature.
Posted on: Sat, 17 Aug 2013 16:52:43 +0000
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