DJIDJELLIAUTREFOIS -------- TERKI REDA LAssociation des Ulama - TopicsExpress



          

DJIDJELLIAUTREFOIS -------- TERKI REDA LAssociation des Ulama Musulmans Algériens & les confréries religieuses dans la commune mixte de Djidjelli (1945-1953). II - Présentation des deux courants religieux : LAUMA est fondée le 5 mai 1931 à Alger par Abdelhamid ben Badis, fils dune famille bourgeoise citadine, dont il revendiquait les origines berbères remontant aux Zirides, dynastie musulmane fondée au Xe siècle par Bologhine ibn Ziri. Il est diplômé de la Zaytuna, université islamique de Tunis. Cette association groupait au début une dizaine de diplômés du Caire, de Damas et surtout de la Zaytuna de Tunis. Il ny avait pas duniversités islamiques en Algérie à ce moment-là, cest pourquoi ils allaient se former chez les pays voisins. LIslam algérien « était en effet isolé géographiquement et tributaire de quelques foyers culturels internes aux possibilités insuffisantes » [5] ; les zaouïas qui perpétuent un enseignement religieux et linguistique élémentaire consacrant lessentiel de leurs efforts à linitiation prétendue mystique et à lorigine des affaires confrériques. Seules les trois medersas officielles dAlger, de Tlemcen et de Constantine, tentaient de renouveler lenseignement islamique traditionnel en lenrichissant dacquisitions de méthodes modernes. Cependant, ces medersas étaient principalement destinées à former des fonctionnaires de la justice et du culte musulman et navaient pas lambition de modifier profondément les structures intellectuelles du pays. Ces lettrés arabisants qui créent cette association se sont donnés comme objectif de faire revivre en Algérie la culture arabe et musulmane, conformément au mouvement de la salafiyya. On peut utiliser trois termes pour définir la doctrine à laquelle se rattache lassociation : réformisme musulman ou salafiyya, voir même islah qui ont tous la même signification. « La salafiyya est un mouvement de réformisme islamique né à la fin du XIXe siècle et centré sur lÉgypte, visant à régénérer lIslam en revenant à la tradition représentée par les «pieux Anciens» (al-salaf al-?ali?, doù son nom), représentant la Foi Primitive » [6]. Je vais préciser et compléter cette définition : Lapparition des poussées réformistes vient à des périodes où la religion donne des signes de répression, par suite dune décadence culturelle, dune grave crise socio-politique. Ainsi, selon Ali Mérad [7], cette hypothèse est confirmée par le cas de lAlgérie qui notamment au lendemain du centenaire de la prise dAlger en 1930 voit apparaître et simposer peu à peu un mouvement réformiste algérien qui veut redorer la culture arabe et musulmane. Ce mouvement recouvre un certain nombre de signification, notamment le rappel du message essentiel de la Révélation et de la Sunna du Prophète pour mettre fin à ceux que les réformistes salafistes appellent les dérives maraboutiques, et un réveil de la pratique religieuse [8]. Les confréries : Tarîqat en arabe. Une tradition récente qui remonte au XVe et XVIe siècle. Les adeptes de ces groupes se nomment «Frère», khouans en arabe. Le culte rassemble des adeptes, et présente ainsi un aspect sectaire. Chaque confrérie fonctionne selon un modèle qui lui est propre. Chaque confrérie se trouve àproximité de la tombe du fondateur. Le confrérisme se rattache à lorthodoxie sunnite. Marcel Simian, les définit comme tel : « Des religions indépendantes qui tiennent de leurs ancêtres descendants du prophète la « Baraka », létincelle divine : on naît marabout, on ne le devient pas » [9]. La baraka est une parcelle de puissance divine qui avait fait lautorité dun saint et qui lui permettait de transmettre ce « pouvoir » à leurs héritiers afin quils puissent accomplir à leur tour des miracles.Pour compléter cette définition, jajoute quà leur mort les saints font lobjet dune vénération de la part de leurs clients, leurs tombeaux deviennent des lieux de pèlerinage. Et enfin, le marabout est lhéritier du prestige religieux dun ancêtre, qui peut être de deux sortes : Soit chérif (pl. chorfa), cest-à-dire descendants de la lignée du prophète ; ou ouali Allah, qui signifie celui qui est proche de Dieu. Celui qui possède un lointain ancêtre qui était reconnu pour sa piété. On trouve parfois certaines familles qui se considèrent comme nobles parce quelles prétendent descendre du prophète. Les traditions conservées font que les descendants directes et immédiats des saints acquièrent le respect de leur entourage et deviennent à leur tour marabout [10]. À côté de ses marabouts de naissance, il y a ceux qui acquièrent ce titre par les bonnes ouvres, la vie dans laustérité, la pratique de la retraite religieuse, entre autre. Mais ces derniers jouissent souvent dun prestige restreint qui ne dépasse pas leur édifice religieux [11]. Les confréries sont des organisations hiérarchisées. En haut de la hiérarchie, le chef de lordre religieux qui enseigne à ses fidèles linitiation progressive (wird en arabe) qui élève progressivement leur âme vers Dieu. À côté du chef de lordre, on trouve « loukil » qui est lintendant de toute la confrérie, il gère les biens matériels de la zaouïa. Elle constitue un édifice religieux musulman, dans un premier temps, ce terme désigne un emplacement ou un local réservé à lintérieur dune structure plus vaste où les adeptes pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe zaouïa qui signifie angle ou recoin [12]. Les ordres religieux recrutent leurs adeptes (khouans en arabe) parmi toutes les couches sociales. Cest dans les établissements religieux que les ordres religieux exercent leurs activités, plus particulièrement dans les zaouïas qui ont une triple fonction et constituent à la fois des institutions religieuses, éducatives et charitables. La zaouïa est un véritable centre de décision, de conseil, et dorientation mais aussi dhébergements des étudiants, un refuge pour les nécessiteux. Elle sert de lieu dauspice pour les orphelins, les pauvres et les voyageurs. Sur le plan culturel, chaque ordre religieux a voulu perpétuer le message coranique, et lenseignement de la langue arabe par la construction décoles coraniques. Il existe plusieurs ordres religieux en Algérie, les principaux sont : la Rahmania, la Tiganiyya, la Tayyibiyya, la Qadiria ou encore la Allaouia. En choisissant larrondissement de Bougie, qui est situé entre la Kabylie et le Constantinois, jétudie une zone territoriale acquise presque exclusivement à lordre de la Rahmania, comme vous pouvez le voir (à la page suivante) sur la carte émanant de llÉtat-major de la subdivision de Bougie [13]. En vert, la zone dinfluence de la Rahmania, en rouge, les autres confréries, et les flèches représentent la percée réformiste dans larrondissement. La synthèse que nous livre le général Tamissier commandant de la division territoriale de Bougie et sa région le 16 juillet 1946 va également dans ce sens : « De très loin, cest la confrérie des Rahmania qui est la plus importante, et son influence sétend très largement sur toute la vallée de la Soummam et sur les derniers contreforts de la Petite Kabylie » [14]. Cette confrérie a été fondée par Si MHamed Abderrahmane El Guechtouli El Azhari, mort à Aït Smaïl dans le Djurdjura vers la 1774. Plus connu sous le nom abrégé Si Mohamed Ben Abderrahmane, sa chaîne mystique le rattache à El Djounadi (ou El Djoneidi) fondateur de lécole des Khelouatia, branche à laquelle appartient lordre de la Rahmania. Si Mohamed Ben Abderrahmane, missionnaire de lécole des Khelouatias est revenu vers lan 1185 fonder la zaouïa dAit Smail dans le Djurdjura, pour répandre le soufisme en Kabylie, après avoir parcouru le Soudan, une partie des Indes, le Hedjaz et la Turquie. Il est précédé dune réputation de Sage, illustré par ses miracles, sa science et les vertus mystérieuses que lon attribue aux disciples de lécole des Khelouatia. Il devient rapidement un saint à part entière, à sa mort en 1793 à lâge de 73 ans. Les turcs amenèrent son corps près dAlger. Mais la légende rapporte que son corps resta au tombeau dAït Smaïl doù le nom qui lui fut donné ; « Abou Qobrin » [15]. Après le décès de son fondateur, la tarîqa Rahmania continua à prospérer à travers le pays. La Rahmania devient très vite la tarîqa qui compte le plus dadeptes en Algérie. Cette donnée va profondément être modifiée par larrivée, en 1830, des troupes françaises. La seconde moitié du XIXe siècle sera une période tragique de lhistoire de lAlgérie. En 1871, cette confrérie par lintermédiaire du Cheikh el Haddad est à lorigine de linsurrection kabyle. Le Cheikh El Haddad était le lieutenant de Sidi Abderrahmane, lun de ses Moqadem (pl. moqaddim) [16]. En raison sans doute de cette extension géographique, la Rahmania sest scindée en deux branches : celle de Kabylie et celle du Constantinois comme vous pouvez le voir sur la chaîne de la baraka chez les Rahmania du département de Constantine daprès un document de la famille Bachtarzi [17] (voir image), qui constitue la branche constantinoise de la confrérie. On voit à gauche la branche Constantinoise et à droite la branche kabyle de lordre religieux. La plupart des moqaddem de Sidi Abderrahmane mort en 1793 ont tous pris leur indépendance à la suite de linsurrection de 1871 [18]. Je vous en cite deux car ils concernent directement mon sujet : El Hadj Ali Belhamlaoui qui possède une zaouïa à Constantine (plus précisément à Châteaudun du Rhumel) et Si Hocini Mohamed Ben Belkacem de Boudjellil dans la commune mixte dAkbou. Ces deux moqqadem sont les descendants du Sheikh El Haddad qui comme je vous lai expliqué auparavant était le disciple de Sidi Abderrahmane, fondateur de la Rahmania. Et là encore avec ces deux descendants la confrérie se scinde encore une fois en deux avec la branche Belhamlaoui à Constantine et la branche kabyle avec Si Hocini Mohamed Ben Belkacem de Akbou. Et concernant ma période, 1945-1953, les descendants directs de ces deux cheikhs reprennent en main les zaouïas de leurs prédécesseurs et tentent de mener tant bien que mal la lutte contre lAUMA [19]. Lobjectif de ce mémoire est détudier le conflit qui a opposé ces deux courants religieux dans larrondissement de Bougie, en particulier à Djidjelli de 1945 à 1953. Je vais donc par la suite vous présenter les acteurs de ce conflit dans la commune mixte de Djidjelli. Ces deux mouvements religieux que tout oppose vont saffronter politiquement et idéologiquement dans la région de Bougie et notamment à Djidjelli durant lentre-deux guerres et après les événements de mai 1945.
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 23:28:56 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015