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Dans le cercle de Fort-National, les moqaddems étaient en relations incessantes avec la zaouïa de Seddouq, qui est peu éloignée des fractions limitrophes du col d’Akfadou. C’était du reste dans ce cercle que, depuis 1857, les Rahmanya avaient recruté le plus de khouans ; non pas qu’on y fût plus religieux qu’ailleurs, ou qu’il y eût une cause particulière exaltant le zèle des moqaddems, mais simplement parce que, en ce pays qui avait su garder si longtemps une indépendance absolue, on ne pouvait se résigner à une soumission sans réserve. Trop intelligents et trop positifs pour se lancer dans les aventures et pour compromettre à la fois leur fortune et les franchises que nous leur laissions, les Qbaïls avaient eu, pendant quatorze ans, vis-à-vis de nous, une attitude très correcte, mais ils n’avaient pas renoncé tous à l’espé- rance de reconquérir un jour leur autonomie plusieurs fois séculaire. Aussi, bien que devenus sceptiques à l’encontre des marabouts et des pratiques religieuses, ils s’étaient laissé séduire par les statuts des Rahmanya qui, tout en fl attant leurs tendances égalitaires et en leur offrant une organisation analogue à celle des soffs berbères, leur permettaient de dérober à toute surveillance étrangère des menées politiques, des collectes et des alliances qui s’abritaient sous le manteau de la religion. D’ailleurs, les pratiques de dévotion qui leur étaient imposées par cette affi liation étaient peu gênantes. Point n’est besoin, en effet, de faire les cinq prières journalières que la sounna impose à tout musulman : il suffi t, pour être exempt des fl ammes de l’enfer, d’être affi lié à l’ordre des Rahmanya, ou même d’entendre réciter l’oraison spéciale de Sidi-Ben-Aberrahmane-Bou-goubrine . Toutes ces raisons avaient, fait grande impression sur les Qbaïls, et, depuis 1857, dans le cercle de Fort-National, tous les hommes à peu près sans exception, et la plupart des femmes, s’étaient affi liés à l’ordre des Rahmanya. Comme, d’autre part, Chikh-el-Haddad avait toujours prêché la paix et l’obéissance, ceux-là mêmes de nos partisans qui nous servaient sans arrière-pensée s’étaient fait recevoir khouans, comme tout le monde. Ils n’eurent ni le temps ni les moyens de se dégager de cette association le jour où ils comprirent qu’ils s’étaient fourvoyés et qu’ils avaient aliéné leur individualité. Quand, le 11 avril 1871, Si-Mahmed-ben-Chikh-el-Haddad, accompagné de Ali-Amziane-ou-Merzoug, amine-el-oumena des Illoula-ou-Malou, vint sur le marché des Aït-Idjeur lire la proclamation si adroite et si politique par laquelle son père déclarait que, Dieu nous ayant frappés d’impuissance, le moment était venu de se réunir et de nous combattre, il rencontra une adhésion unanime pour le djehad. Le 12, au marché des Aït-ltourar, les moqaddems Mohammed NaïtBrahim, du village de Taourirt-Ali-Naceur, Si-Ahmed-Sghir-ou-Bechar et El-hadj-Mohammed-ou-Yahia d’Ahfi r, n’avaient pas moins de succès en lisant cette proclamation. On alla en masse chez les Aït-bouYoucef et on les trouva dans les mêmes dispositions belliqueuses, grâce aux excitations simultanées du moqaddem Mohammed-Saïd-Naït-Saïd, de l’ancien amine-el-oumena Ali-Naït-on-Bellil et de El-Haoussine-ou-Koukou, agent accrédité de Moqrani. Ces trois indigènes, profi tant de la surexcitation générale, proposèrent d’affi rmer leur adhésion en allant s’emparer des outils du beylik enfermés par le Génie dans la maison cantonnière sise à Tizi-Djemaa et gardés par un seul mokhazni, Chabane-Naït-Ideur, qui, précisément, était, comme eux trois, du village de Tiferdoud : On partit de suite et on dévalisa la maison, dont le gardien fit cause commune avec les pillards. Le même jour, le capitaine Rayez, chef du bureau arabe, était allé en tournée pour faire rétablir la ligne télégraphique coupée, le 10, par ordre d’Aziz. Il n’avait rien remarqué d’insolite dans l’attitude des populations qu’il avait traversées et le 13, chez les Aït-Menguellat, il avait causé avec les Djemaa dont les amines l’avaient assuré de leur entier dévouement. Le 14, à El-Gorn, dans cette même tribu, il était rejoint par un offi cier du bureau arabe et par Si-Moula-Naït-Ouameur, qui amenaient avec eux cent hommes armés des Ait-Iratène, et qui lui apportaient l’ordre de convoquer les contingents armés des tribus du cercle et d’en prendre le commandement. En même temps aussi, il recevait une lettre de Ben-Ali-Chérif, l’informant des menées de Chiklh-el-Haddad et lui signalant les Illoulaou-Malou et les gens de leur soff comme déjà acquis à l’insurrection. Le capitaine Rayez, sachant les Aït-Menguellat de ce soff, se rapprocha de la limite des Aït-Iratène, sur la fi délité desquels il croyait pouvoir compter et il envoya l’ordre aux contingents de se réunir, le 15, à Aguemmoun-lzem, où il arriva lui-même de bon matin. Là il reçut avis que les contingents convoqués refusaient de venir et qu’il serait attaqué le lendemain 16. Il choisit alors une position défensive sous le village et s’y retrancha de son mieux avec 6 spahis, 8 mokraznya et 60 Qbaïls armés, qu’il avait gardés de la saga des AïtIratène, amenés par son adjoint. Le 16, en effet, vers les dix heures du matin, les Aït-Menguellat très nombreux attaquaient son petit camp. Ils étaient conduits par AmarAmziane-Naït-Iboula de Tililit , qu’ils venaient de nommer amine-èntaquelbite, c’est-à-dire chef suprême de la confédération. Avec lui marchaient : Areski-Naït-Malouk de Taourirt, ancien amine-el-oumena, et le moqaddem Si-Mohammed-ou-Mahfoud, qui portait déployée la bannière de la zaouïa de Sidi-Saïd-ou-Taleb. Ce furent ces trois hommes qui tirèrent ou fi rent tirer contre nous les premiers coups de fusil dans le cercle de Fort-National. Le capitaine Rayez et sa petite troupe tinrent l’ennemi à distance avec les quelques chassepots des spahis et des mokraznya ; puis, laissant là les tentes et les quelques bagages qu’ils avaient, ils se replièrent sur les Aït-Iratène en occupant des positions. Ils traversèrent ensuite Icheridène, dont les habitants ne fi rent aucune démonstration hostile et rentrèrent au fort à trois heures de l’après-midi, ayant combattu et marché toute la matinée. A son arrivée, le capitaine Ravez trouva le lieutenant-colonel Maréchal, installé depuis deux jours en qualité de commandant supérieur et occupé à activer la mise en défense de l’École des arts et métiers. Le télégraphe sur Alger venait d’être coupé et la dernière dépêche, reçue à deux heures, annonçait qu’un renfort de 131 hommes, à destination de Fort-National, avait été retenu à Tizi-Ouzou. Les nouvelles parvenues au lieutenant-colonel depuis son arrivée ne laissaient aucun doute sur l’adhésion de toutes les tribus du cercle au mouvement insurrectionnel. Sans doute, après quatorze ans d’occupation paisible, nous nous étions créés dans le pays de nombreux partisans, mais ils étaient disséminés de tous les côtés et impuissants à nous servir, car eux, leurs familles et leurs biens, étaient à la merci des khouans et des soffs rivaux qui les entouraient et les surveillaient . Aux Aït-Iratène nous avions précisément perdu, le 4 : l’homme qui, depuis 1857, dirigeait à notre profi t le soff Oufella : El-hadj-Ahmed-Yattarène, caïd du Makhzène. Ni son fi ls El-Haoussine, ni son parent, El-hadj-Areski, qui se disputaient sa succession politique, n’étaient en état de contrebalancer l’infl uence du moqaddem Mohammed-ouAli-ou-Sahnoun des Isahnounène, qui, en quelques jours, avait imposé sa direction à la presque totalité du soff. Dans le parti opposé de la même tribu, ou soff Ouadda, la majorité était contre nous, et Si-Lounis-Naït-Ouamear, notre ami, n’avait autour de lui qu’un nombre très restreint de gens ralliés à sa politique. Nous venions de voir, du reste, qu’il ne fallait pas songer à organiser une force indigène pour agir dans les tribus, et nous ne pouvions plus que nous enfermer dans la ville de Fort-National, en attendant qu’une colonne partie d’Alger vînt rétablir notre autorité dans le pays. La mise en état de défense de la ville n’était pas chose facile. Tout d’abord on ne pouvait pas conserver la totalité des bâtiments de l’École des arts et métiers, situés à 800 mètres de la place, et hors de la zone effi cace du tir de l’artillerie. On ne put même organiser défensivement qu’un seul corps de logis dans lequel on entassa une partie du matériel. Le capitaine du génie Demarey, directeur de l’École, eut le commandement de ce poste, que devait défendre son personnel et vingt hommes pris dans la garnison. Quant à la place elle-même, bien que construite par nos offi ciers du génie, elle n’était pas dans des conditions défensives bien brillantes . Bâtie en amphithéâtre sur un sol tellement incliné vers le nord-est que le terre-plein du réduit, situé sur le point le plus élevé, domine de 76 mètres le point inférieur, elle est commandée de 28 mètres dans toute sa partie nord par un mamelon situé à 350 mètres en face la porte d’Alger. En outre, le plateau du village de Taguemoun-lhaddadène, à la distance moyenne de 370 mètres, commande encore de 118 mètres tout le terrain compris entre les bastions 12 et 17 . Le mur d’enceinte a un développement de 2,261 mètres, et, pour le garder, on ne disposait que de 472 combattants français et de, 111 indi-gènes, spahis, mokhaznya et volontaires réfugiés dans le fort. L’armement, sauf 150 chassepots et 2 canons rayés de 4, de montagne, qui seuls permettaient un tir à longue portée, comprenait des fusils de tous les modèles anciens, y compris les armes de chasse, puis 4 vieux obusiers lisses de campagne, et 5 mortiers de 15 centimètres. Nos combattants français étaient des jeunes soldats inexpérimentés, des mobilisés de la Côte-d’Or et des colons miliciens. Il n’y avait que 11 artilleurs, mais on eut vite fait d’improviser 34 canonniers avec des hommes du train et 6 mobiles anciens soldats. Ces troupes furent réparties en cinq secteurs et deux réserves. De leur côté, les Qbaïls n’étaient pas restés inactifs ; ils avaient élu des amines-el-oumena en remplacement des huit qui s’étaient ré- fugiés dans le fort ; ils avaient ensuite incendié méthodiquement les maisons extra-muros abandonnées par les colons. Le 17 avril, à la tombée de la nuit, leurs nombreux contingents couronnaient toutes les crêtes autour de la ville.A neuf heures, quand nos clairons sonnèrent la retraite journalière sur la place d’Armes, des cris et des coups de feu retentirent de tous les côtés, et, en même temps, tous les bâtiments non occupés de l’École des arts et métiers furent subitement incendiés au moyen de broussailles sèches préparées d’avance. Incendie maladroit, qui servit surtout à éclairer et à diriger le tir des artilleurs du bastion de l’hôpital, dont le canon fi t grand mal aux assaillants. Les portes de la ville furent criblées de projectiles, comme si on avait espéré les briser et les faire tomber avec des balles de plomb. Nous eûmes, dans cette soirée, 2 blessés : 1 milicien légèrement touché, et le capitaine du train Rasigade, frappé d’un coup de feu dont il devait mourir dix jours plus tard. Cette première attaque avait été dirigée surtout par les moqaddems Mohammed-ou-Ali, Arezki-Naït-Hamadouch, des Aït-lratène, et par Mohammed-Naït-Braham, des Aït-Itourar. Le lendemain 18, l’ennemi, qui, ayant été fort éprouvé, s’était d’abord mis hors de portée de nos armes, travailla à se préparer des abris et des embuscades pour se rapprocher de la place, et essaya de faire sauter les murs de l’École. Pour cela, après une fusillade désordonnée et sans effet, il masse ses contingents en un groupe compact derrière un pli de terrain qui l’abrite de notre feu ; mais le capitaine Demarey, qui voit ces contingents grossir sans pouvoir les atteindre, fait le signal convenu pour demander des renforts : renforts inutiles, car, à moins de risquer dans une sortie générale toutes les troupes de la garnison pour marcher sur les Qbaïls embusqués, il est impossible d’empêcher l’ennemi de continuer ses travaux contre les murs de l’École. On répond donc par l’ordre de rentrer au fort. Cet ordre s’exécute avec calme et méthode, sous la protection du canon qui déblaye la route et éloigne momentanément l’ennemi. Cependant, trois des nôtres sont blessés ; quant à l’École abandonnée, elle est pillée et incendiée. Satisfaits de ce résultat, les Qbaïls en restent là, et commencent un investissement en règle autour du corps de place, investissement qui va durer soixante jours. Habiles à profi ter de tous les plis de terrain, sachant très bien manier les outils, qu’ils ont en abondance, ils creusent des tranchées-abris, et établissent des embuscades d’où ils tirent sur les créneaux et sur ceux des défenseurs qui se montrent à découvert. Malgré tout le zèle des offi ciers et soldats du génie, nos pertes sont sensibles, car l’ennemi, très nombreux et infatigable, va plus vite dans ses travaux d’attaque que nous dans ceux de la défense. Le 21 devient nécessaire de tracer des chemins couverts en per- çant les murs mitoyens des maisons. Jour et nuit le feu continue des deux côtés ; notre artillerie réussit bien à éloigner les Qbaïls quand ils s’approchent en masse ; mais, comme leurs tireurs sont presque toujours très dispersés, on n’a pas souvent occasion de se servir du canon. Le 26 avril, un parlementaire s’approcha porteur de trois lettres : deux étaient adressées aux musulmans, et leur promettaient l’amane s’ils nous abandonnaient ; la troisième était adressée au commandant supé- rieur et lui offrait une capitulation. Cette dernière lettre était d’ailleurs connue en termes convenables ; car les moqaddems, comme leur chef Aziz et leur allié Moqrani, affectèrent toujours de se conduire en belligérants, et non en insurgés. Le parlementaire, renvoyé sans réponse, alla à l’Arba d’Aboudid, quartier général des chefs locaux de l’insurrection, rendre compte de l’insuccès de ses démarches. Les Qbaïls se réunirent alors en conseil de guerre, et décidèrent un assaut général en prévision duquel on prescrivit des quêtes pour assurer la confection de cinq échelles par village. Cette fabrication demandait du temps, et elle nous donna trois semaines d’un calme, très relatif, car les rebelles ne cessèrent pas un jour le tir de leurs embuscades, non plus que leurs travaux d’approche.Le 30 avril, il n’existait plus dans la place un seul animal de boucherie, et le colonel prescrivit d’abattre alternativement des chevaux et des mulets, afi n de donner 300 grammes de viande fraîche par homme tous les deux jours : car le régime du lard salé, qu’on avait en abondance, n’était pas sans inconvénient pour des gens manquant de tout légume frais. Une des grandes privations de cette première période du siège fut l’absence de toute nouvelle de l’extérieur. Dès le début de l’insurrection, c’est-à-dire le 16 et le 17 avril, on avait fait partir des émissaires avec des lettres pour Alger ; le 1er mai on n’avait encore aucune réponse. A cette dernière date, deux Qbaïls fi dèles, venus du dehors, essayèrent de pénétrer dans la place ; mais ils furent surpris par les assié- geants, arrêtés, attachés et conduits sur le marché de Tala-Issalabène, où le moqaddem Mohammed-ou-Ali les fi t fusiller en présence de nombreux contingents, convoqués pour être témoins de l’exécution. Le 2 mai, l’ennemi réussit à mettre en batterie à Imaïnserène une vieille pièce de canon que le nommé El-Haoussine-ou-Hamdouch, du village d’Adeni, était parvenu à faire transporter de Tazarart, où elle était abandonnée. Cette pièce lança dès lors, de temps à autre, des boulets de fer forgé de 6 centimètres de diamètre et du poids de 900 grammes. Son tir ne causa aucun accident dans la place. Le 4 mai, le temps, qui jusqu’alors avait été très beau, devint brumeux et pluvieux ; on eut souvent froid, et, la nuit, par ces brouillards intenses, il fallut redoubler de surveillance ; plusieurs fois on dut éclairer les murs en suspendant en dehors des torches d’étoupes imbibées de pétrole. On fabriqua alors des pots à feu dont on eut souvent occasion de faire usage, car les nuits n’étaient jamais sans coups de feu et sans alertes, alertes faites surtout en vue de fatiguer nos hommes, mais dans lesquelles nous avions parfois des gens blessés. Du 2 au 6 mai, il n’y eut aucun fait méritant d’être relaté. A cette dernière date on n’avait pas encore réussi à faire partir un nouvel émissaire pour Alger, et on continuait à être sans nouvelle aucune de l’extérieur. ____________________________________________________________________
Posted on: Sat, 24 Aug 2013 20:21:47 +0000

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