Dans leur sillage, on trouve quelques corneilles qui reprennent la rengaine de Michel Kelly Gagnon, de l’Institut économique de Montréal, célébrant déjà la victoire des partisans des différents projets d’oléoducs, parce que, de toute évidence, ce serait le moyen de transport du pétrole le plus sécuritaire. Et c’est peut-être ici que je peux apporter quelque chose. Juste une idée qui me taraude depuis que sortent les détails sur les wagons inadéquats qu’on tolère, sur l’état du chemin de fer, sur la possible négligence - voire l’incompétence - des employés de l’entreprise responsable. Cette idée, c’est que, accident ou pas, le cauchemar de Lac-Mégantic est en train de dire à la population du Québec qu’elle a raison. Raison de se méfier du gaz de schiste, du pétrole, des oléoducs et du reste. Cette atrocité est en train de nous prouver que, pour nombre de sociétés, la valeur d’une vie est un risque à inscrire dans un calcul actuariel et que, à la fin, les pertes humaines et écologiques ne sont que des dommages collatéraux de l’effort acharné de ces entreprises afin de réduire les coûts, toujours, pour faire augmenter les profits. La catastrophe de Lac-Mégantic n’est pas en train de condamner le transport de matières dangereuses par voie ferroviaire. Elle est plutôt en train de nous dire la même chose que le déversement de pétrole de la plateforme de BP, que l’effondrement de cette fabrique au Bangladesh, que l’explosion dans une usine au Texas il y a quelques mois. Tous nous disent la même chose, racontent la même histoire. Parce que ce ne sont pas les trains, mais le régime qui est en cause. Celui où règnent les entreprises. Celui où des règles molles leur permettent d’étirer au maximum l’élastique du risque. Cette histoire, c’en est encore une pour notre bestiaire. Celle de scarabées qui roulent leur boule de merde pour qu’elle soit toujours plus grosse, au mépris de ceux qu’elle écrase. ledevoir/societe/medias/382836/bestiaire-de-crise
Posted on: Sun, 14 Jul 2013 23:49:43 +0000
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