Dans son précédent livre théorique, Le Rideau (2005), Milan - TopicsExpress



          

Dans son précédent livre théorique, Le Rideau (2005), Milan #Kundera s’élevait contre le «despotisme de la story», cette obligation d’élaborer une intrigue léchée, dont il juge qu’elle asphyxie le roman, et plaidait pour la liberté de l’auteur. La sienne, il l’exerce tout au long de La Fête de l’Insignifiance, dans le cadre très construit de la fugue. Il passe du Paris d’aujourd’hui à l’URSS d’hier sans s’en justifier, met dans la bouche de ses personnages merveilleusement bavards des conversations où il est question de «la bonne humeur #hégélienne» ou imagine Staline parlant de «la chose en soi» chère à #Kant. Il orchestre le ballet de ses créatures, qui évoquent à l’occasion «notre maître qui nous a inventés», ou se permet d’amusantes interventions (ainsi lit-on: «Alain revit ses camarades dans un bistrot (ou chez Charles, je ne sais plus)»). Il introduit des motifs (plumes, nombrils, marionnettes, coups de poing…) qui reviennent à diverses reprises dans le livre et tissent des échos subtils, puis de plus en plus puissants, entre les parties. Dun bout à l’autre de son roman, il déploie, avec sa belle clarté et sa concision, toutes les ressources possibles de l’ironie, ce mode d’expression à propos duquel il disait, dans L’Art du roman (1986): «Par définition, le roman est l’art ironique : sa vérité est cachée, non prononcée, non prononçable».
Posted on: Sat, 05 Apr 2014 09:16:47 +0000

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