Dans une République où tout le monde se donne le droit de tout - TopicsExpress



          

Dans une République où tout le monde se donne le droit de tout faire, où les lois et les droits des citoyens ne sont que de la prose sur du papier, il est nécessaire que l’arbitraire qui s’installe du fait de l’habilité des politiques à imposer des lois qui instaurent plus leur domination qu’elles ne rentrent dans l’intérêt social, connaisse les limites du correctement acceptable. Il est nécessaire que la population fasse savoir que la ligne rouge des actes que la délégation son pouvoir permet de poser ne peut pas être éternellement franchie. Il est même indispensable que ces lois soient violées quand elles visent plus à asseoir la domination d’une classe dirigeante et qu’elles ne cadrent en rien avec les ambitions basiques et les choix de vie de la population. L’approche des élections locales nous amène à parler d’un petit aspect de notre loi électorale mais qui a des conséquences graves en ce qu’il ferme l’accès de la population aux résultats. Cette fameuse primauté, cette ahurissante exclusivité accordée au Ministère de l’Intérieur, via la Commission Electorale Nationale Autonome et Permanente, pour la publication des résultats des votes. Cette loi que nous avons copiée aux autres est valable dans les pays continents ou tentaculaires. Là où, du fait du décalage horaire et de l’éloignement, les élections se poursuivent dans une partie du territoire national alors qu’elles se sont achevées dans une autre. Elle est censée y garantir le caractère personnel et individuel du vote, en le préservant de toute influence grégaire ou réactionnaire. Que vient faire cette loi chez nous où cette contrainte d’harmonisation et de protection n’existe pas ? Quelle heure est-il à Booué quand l’heure de fermeture des bureaux de vote sonne à Libreville ? Quelle heure est-il à Eboro quand les bureaux de vote de Ndindi doivent fermer ? Exactement la même. Les dépouillements ont lieu de manière simultanée dans le pays, les procès-verbaux de bureaux signés au même moment. Qu’on publie les résultats à ce moment-là ne peut absolument plus rien changer au contenu des urnes. Que faut-il d’ailleurs comprendre par publication ici ? Là où, objectivement le législateur a entendu proclamation officielle, l’excès de zèle de l’administration et de certains de ses fonctionnaires a entendu divulgation des tendances issues des bureaux, sous le fallacieux prétexte qu’un ou des plaisantins pourraient causer un trouble de l’ordre public en publiant de faux résultats. Ceci signifie que le ministère de l’Intérieur nous interdit même de nous partager entre copains éloignés les chiffres tout de suite issus des bureaux dans lesquels nous avons nous-mêmes voté. N’a-t-on pas vu les correspondants d’Africa 24 être menacés d’expulsion du Gabon pour avoir donné les résultats de certains bureaux de vote lors des dernières présidentielles ? Cette disposition est renforcée, aggravée par les procédures volontairement retardatrices comme le recomptage des voix. On ne voit d’ailleurs pas lesquelles puisque les bulletins de vote sont censés être détruits dans les bureaux dès la fin du comptage qui est effectué sur place. Recompter les votes dont on ne dispose plus est une hérésie. Tout aussi bien que reprendre les additions et les calculs de pourcentage déjà effectués dans les bureaux de vote est une insulte pour les scrutateurs qui ont été choisis pour simplement compter et additionner en amont sur le terrain, et qui l’ont déjà fait. Du point de vue que la population partage de manière générale, ce délai supplémentaire que l’administration s’accorde sert surtout à valider les manipulations hors urnes qui interviennent pendant le transport des résultats entre les bureaux de vote et la commission électorale locale, provinciale ou nationale. C’est pendant ce transfert que les urnes pirates déjà bourrées sont introduites dans le circuit pour remplacer les vraies qui étaient dans les bureaux. C’est pendant cette période d’attente que les calculs sont modifiés, que les faux procès-verbaux que les scrutateurs ne voient ni ne reconnaissent sont rédigés et souvent présentés sans leurs signatures, et qu’on leur exige de les valider en apposant une fois de plus leur signature alors qu’ils sont censés avoir fait tout de suite après le scrutin au lieu même du vote. En clair, c’est pendant cette période de flottement que le tripatouillage a lieu à grande échelle, que les élus nommés sont remis en selle malgré leur échec dans les urnes. Voilà qui explique les inconcevables écarts souvent enregistrés entre les chiffres que les présidents des partis d’opposition et même les candidats eux-mêmes présentent et qui leur ont été transmis par leurs représentants dans les bureaux, et ceux qui sont publiés de manière officielle. La loi est là pour nous interdire de contrer cette ignoble pratique pour nous imposer le honteux décompte que viendra dicter le ministre de l’Intérieur, membre du parti vainqueur et de ce fait nullement neutre dans un scrutin dont il n’est certes pas candidat, mais qui bénéficie d’une longévité au poste que lui garantit une victoire de sa formation politique. C’est cette pratique qui vaut au PDG la fausse renommée de machine à gagner les élections, bien loin derrière les milliards jetés dans la population en achats de consciences et en gadgets publicitaires, et en campagne dispendieuse qui n’influencent plus le vote des citoyens depuis des lustres. Si les habitudes sont restées, parce que entretenues et améliorées de manière à pérenniser leur rentabilité politique, l’environnement dans lequel nous évoluons lui a beaucoup évolué. La prophétie du sociologue canadien Robert Macluhan qui annonçait déjà au début des années 80 l’avènement d’un grand village planétaire s’est réalisée. Les limites géographiques et idéologiques d’accès à l’information ont explosé. Les distances entre les faits et le public ont disparu du fait de la rapidité de transmission et de réception. La miniaturisation des supports et des moyens de transmission a encore plus accentué cette démocratisation. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sur le net font en sorte que chacun de nous devienne une source d’information plus ou moins fiable. Le SMS, Facebook et Twitter entre autres ont favorisé et accompagné des bouleversements sociopolitiques que les dirigeants n’ont pas su prévenir, parce qu’ils ne les ont pas vus venir à temps. Parce que surtout, ces canaux d’information leur ont échappé et continuent à leur échapper du fait de la spontanéité de la transmission et du caractère personnel de la réception en réseau de membres. Voilà la voie, nous devons refuser de respecter cette loi sur l’interdiction de publier le résultat de nos votes avant le ministère de l’Intérieur. Parce que ce vote est à nous. Parce que la population à qui appartient exclusivement le choix de ses dirigeants, c’est nous. Parce que nous sommes les premiers concernés par les choix que nous opérons et que nous avons le devoir de défendre dans leur conformité à nos aspirations. Parce que personne d’autre que nous n’aura plus jamais le droit de nous imposer des choix que nous n’avons pas faits et que nous aurions volontiers assumés s’ils avaient coïncidé avec la vérité que nous avons glissée dans les urnes. Nous devons utiliser les canaux de transmission que nous offrent la technologie moderne qui est venue à nous et à l’utilisation de laquelle nous avons adhéré en prenant un abonnement chez les opérateurs qui en revanche ont l’obligation de nous fournir les services pour lesquels nous avons souscrit chez eux. Gemalto, un des leaders mondiaux du traitement des données numériques personnelles est en train de voir son image et sa crédibilité internationale s’écorner dangereusement pour avoir accepté d’accompagner le pouvoir gabonais dans une biométrie électorale biaisée. Airtel, Etilasat et Azur ne prendront certainement pas le même risque se mettre en difficulté sur le marché mondial au sein duquel le Gabon ne représente qu’un petit million et demi d’habitants qui ne sont d’ailleurs pas tous des clients actifs. Ils n’oseront jamais couper le téléphone, le SMS et les connexions internet le soir et le lendemain des élections locales au Gabon pour que la population ne s’échange pas les résultats réels de son propre scrutin.
Posted on: Fri, 08 Nov 2013 08:02:07 +0000

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