Des concertations qui restent entre amis Congo-Kinshasa Entretien - TopicsExpress



          

Des concertations qui restent entre amis Congo-Kinshasa Entretien Marie-France Cros C’est finalement ce samedi que doivent s’ouvrir à Kinshasa les "concertations nationales" voulues par le président Kabila, qui voulait en tirer la légitimité qu’il a perdue lors des élections "non crédibles" de novembre 2011 et créer un bloc autour de lui face au M23, la rébellion du Nord-Kivu. Ces deux objectifs sont bien compromis par le boycott de ces discussions par presque la totalité de l’opposition (voir "La Libre Belgique" du 4/09) en raison du contrôle total du forum par le camp présidentiel. Seule une partie du MLC de Jean-Pierre Bemba s’y est ralliée. Nous avons demandé à Vital Kamerhe, un des trois principaux candidats à la présidentielle de 2011 avec Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, son avis sur ces concertations. Que peut donner ce forum ? Cela va se terminer en queue de poisson. Le problème à résoudre a deux volets. D’abord le problème créé par les élections frauduleuses, qui ont entamé la cohésion nationale et la légitimité des institutions : garant de l’unité nationale, le Président aurait dû tout de suite lancer des négociations pour recréer celle-ci. Ensuite, la question de l’est du pays. Joseph Kabila avait signé un accord secret avec les Rwandais, le 28 août 2008, pour les laisser entrer dans le pays ; puis un accord avec la rébellion du CNDP le 23 mars 2009. Moi, en désaccord, j’avais démissionné de mon poste de président de l’Assemblée nationale pour ne pas recréer la situation d’opposition entre Lumumba et Kasa Vubu qui a tant coûté à notre pays. Il y a aussi le discours de Joseph Kabila à Goma où il a annoncé que (le chef du CNDP) Bosco Ntaganda serait arrêté ; évidemment celui-ci a pris la fuite dès le lendemain ; pour nous, c’était un clin d’œil de Joseph Kabila à Ntaganda. Et comme Joseph Kabila avait, avant les élections, procédé à une mise en place des chefs d’unité de l’armée favorable au CNDP, ce sont eux qui contrôlaient le terrain. Tout le monde espérait un plan de sortie de crise pour ces deux volets, mais Joseph Kabila n’a rien fait. Résultat : la communauté internationale a adopté l’Accord-cadre d’Addis-Abeba - qui est en réalité une mise sous tutelle en sourdine du Congo. Et comme Joseph Kabila n’a toujours rien fait, on a eu aussi la résolution 2098 du Conseil de sécurité et son point 14b, (qui charge le Représentant spécial de l’Onu pour le Congo de "promouvoir un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation"). Vous reprochez donc à ces "concertations" d’être organisées par l’une des parties ? Oui, mais pas seulement. Jospeh Kabila a créé ces "concertations nationales" en les plaçant sous l’autorité des présidents de l’Assemblée nationale et et du Sénat. C’est une violation de la Constitution : on ne peut nommer les présidents des chambres législatives à des fonctions exécutives. L’opposition demande donc le retrait de l’ordonnance présidentielle et pose des préalables à un vrai dialogue. Y a-t-il quelque chose qui, aux yeux de l’opposition, est non négociable ? Oui, deux. Ce dialogue ne doit pas toucher à La Constitution. Et il ne doit pas servir à partager des postes en annonçant, comme c’est le cas, qu’il sera suivi par un gouvernement d’union nationale. C’est une astuce pour attirer ceux qui recherchent des postes. Que pensez-vous de l’attitude de la communauté internationale ? Je l’interpelle pour qu’elle prenne position sur l’ordonnance de Joseph Kabila créant ces "concertations nationales". On nous dit que certains ambassadeurs et des représentants de l’Onu vont assister à leur ouverture, samedi. Sous Mobutu, au moindre faux pas il y avait une réaction de la communauté internationale. Aujourd’hui c’est le silence radio, pendant que l’on brade les minerais du Katanga et du Kivu.
Posted on: Mon, 09 Sep 2013 21:45:02 +0000

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