Des considérations d’autrui Je l’ai vite remarqué, - TopicsExpress



          

Des considérations d’autrui Je l’ai vite remarqué, les gens ne savent absolument pas comment réagir devant mes ennuis. Certains n’osent plus se plaindre de rien lorsqu’ils sont à mes côtés ; d’autres n’osent pas aborder le sujet de peur de ne pas trouver les mots ou de dire quelque chose de travers, réaction assez sage d’ailleurs puisque mieux vaut ne rien dire que prononcer ce qu’il ne faut pas ; et d’autres encore, par crainte de sembler indifférents, abordent à chaque fois le sujet. En soi, ceci ne me gênait pas. C’est normal de ne pas savoir comment prendre la chose car la souffrance est une chose qui nous dépasse tous. C’est pourquoi je n’attends pas d’eux qu’ils me comprennent, surtout que c’est une pathologie assez difficile à saisir : d’une part, sans compter que je ne suis pas du genre à me plaindre juste pour attirer l’attention, il faut bien reconnaître que rien ne se voit. La douleur étant le seul symptôme, cette pathologie reste invisible. Du coup, lorsque l’on me voit, à part ma tronche, on ne remarque rien. Et d’autre part, j’ai moi-même du mal à expliquer mon cas. Si je peux relativement bien préciser où, comment et combien j’ai mal, je peux nettement moins détailler dans quelles conditions. Ce n’est pas pour autant aléatoire puisque ce qui me fait mal une fois, me fait mal à chaque fois. Par contre, concernant les situations, c’est très relatif. Pour exemple, passer 10 minutes à table pour déjeuner ou 5 minutes dos arrondi à écrire quelques lignes, me cause des douleurs bien plus fortes qu’en faisant une heure de sport (probablement est-ce parce que les musclent chauffent ? Cela dit ceci me fait tout de même assez souffrir pour y avoir presque entièrement renoncé)… Et si aujourd’hui j’arrive aisément à prévoir si telle ou telle chose me fera mal ou pas, ceci m’était très difficile au tout début. Je pouvais parfaitement penser que telle activité n’allait pas me faire mal et malgré tout souffrir énormément au bout du compte ; et vice-versa : penser souffrir, tenter quand même, et constater aucune douleur… Et si ceci était déjà difficile pour moi, comment les autres pourraient-ils y arriver ? C’est bien pourquoi je ne leur en veux pas du tout de ne pas savoir sur quel pied danser, notamment d’oser me demander une chose irréalisable puisqu’à côté je peux faire des choses qu’ils auraient crues impossibles. En outre, on aurait tendance à me croire davantage capable de trier des haricots que de couper un arbre à la hache, et pourtant c’est tout l’inverse. Par conséquent, je ne peux reprocher aux autres d’être un peu perdus et d’ignorer comment me prendre. Malheureusement, comme vous le découvrirez plus tard, ces réactions sortaient nettement du cadre de l’acceptable les ¾ du temps. Et ça, je ne peux le tolérer. Que l’on ne me comprenne pas est une chose, mais que l’on ne me juge pas ! Et c’est bien là le problème parce que rares étaient les réactions convenables. La plupart du temps, j’étais indigné par l’attitude des gens, ou parce qu’ils montraient une forme d’indifférence (en me demandant notamment que je leur répète une énième fois ce que j’ai, ce qui revenait à me dire « répète-moi ce que tu as, je n’écoutais pas l’autres fois car je m’en tape ! », et explique que je sois devenu assez allergique aux formules de politesse du genre « salut, ça va ? » puisqu’elles révèlent loubli d’autrui quant au fait que ça ne va pas, jamais même, alors qu’ils le savent déjà), ou parce qu’ils remettaient en doute ou prenaient à la légère mes douleurs, ou encore parce qu’ils dénigraient ma conduite dans mon propre combat alors qu’ils ignorent tout de ma souffrance… Et le pire, c’est qu’au bout du compte, c’était toujours à moi de me justifier, à moi de culpabiliser comme si c’était aux plus démunis de faire des efforts pour s’adapter aux autres et non l’inverse, comme si c’était à nous d’être indulgents envers eux plutôt que eux avec nous alors que nous seuls en prenons plein la gueule… J’ignore les quelles étaient les plus abjectes mais ce qui est certain, c’est que ce n’était jamais évident à encaisser, et la déconsidération peut-être plus encore que les autres parce qu’elle était la réaction la plus courante certes, mais aussi et surtout parce qu’elle me donne un rôle de coupable en me faisant passer pour un lâche ou un faible. Vous savez, lorsque vos examens médicaux ne révèlent quasiment rien d’anormal et qu’en plus vous n’avez pas de nom à apporter lorsque l’on vous demande ce que vous avez (fibromyalgie étant peut-être bien un nom par défaut), les gens ne vous reconnaissent alors pas comme un véritable malade. Et ça, vraiment ça fait mal. C’est comme si pour ne rien enlever à votre peine, on vous disait en plus que vous n’êtes qu’une mauviette… Je l’ignore pour vous, mais moi, ça ne me faisait pas trop plaisir… Ce n’est quand même pas de ma faute si mon corps dit autre chose que les examens médicaux ! Je me souviens notamment d’une fois où ce fut plus que difficile à encaisser : je discutais de mes difficultés avec un ami et j’en vins à lui faire part de mes pensées suicidaires, ce à quoi il rétorqua « juste pour un mal de dos ?! »… J’ai failli péter un câble ce jour-là. Je vous le dis comme je l’ai vécu, j’ai pris ça pour une insulte, une trahison même ! C’était la pire réflexion que l’on m’avait faite jusque-là. Et c’est à rude épreuve que furent soumises mes convictions non-violentes car je n’avais qu’un désir : le frapper jusqu’à ce qu’il implore les cieux pour que sa souffrance s’arrête et qu’il comprenne ce que c’est que préférer la mort à la vie... Heureusement je n’ai pas oublié qu’une rose ne germerait jamais d’une mauvaise herbe, alors j’ai pris sur moi, exactement comme je vous l’ai dit avant : à moi de me justifier, à moi de m’excuser, de culpabiliser et de m’adapter… Mais bon, apparemment c’est comme ça : quand on souffre sans que la médecine ne révèle quoi que ce soit, les autres doutent de nous et optent pour des conclusions faciles comme un syndrome de Münchhausen (simulation en vue d’attirer l’attention) ou plus grossièrement en disant que le problème est dans la tête et négliger en conséquence mon cas alors que même s’il est bien dans la tête, cela n’empêche que les douleurs sont bien là et réelles (c’est comme celui qui prétend voir des fantômes : même en considérant qu’ils n’existent pas ― chose dont on ne peut être certain puisque « l’absence de preuves n’est pas preuve de l’absence » (Rees) ―, il n’empêche qu’il les voit bel et bien puisqu’ils sont créés par son cerveau malade)… Sincèrement, je peux comprendre qu’une maladie telle que le cancer vous aurait davantage sensibilisés puisque la mort vous inquiète plus que la souffrance du fait de votre ignorance de cette dernière, mais retenez bien ce que je vais vous dire : chaque maladie a sa part de difficultés. Ce n’est pas parce que l’une n’est pas mortelle qu’elle est pour cela moins grave. Et ce n’est pas parce que telle autre présente des symptômes et manifestations physiques externes plus flagrantes et spectaculaires que la première, qu’elle est pour autant plus grave. Autrement dit, ne vous fiez pas à l’apparence que peut prendre une maladie ; ne vous fiez pas à son apparente difficulté ni même à l’apparence du malade. Même si rien ne se voit et que ce dernier ne chouine pas, cela ne constitue néanmoins pas une raison pour sous-estimer son cas car ce n’est pas dans l’apparence que le combat se passe mais dans le ressenti du damné. Malheureusement les gens se fient trop aux apparences. Au lieu de s’en détacher et de les interroger, ils s’y cantonnent, ce qui conduit à ces lamentables réactions précédemment évoquées. Et curieusement, alors que l’on aurait tendance à penser que les proches constituent les personnes les moins susceptibles d’être bernées par les apparences, figurez-vous que c’est tout l’inverse qui s’est produit ! C’est de mes propres parents que venaient les pires réactions et réflexions… Je reconnais qu’ils n’ont pas une position aisée et que mes soucis ne sont pas faciles à vivre pour eux non plus puisque voir souffrir son propre enfant sans comprendre ce qu’il a et ressent, ni savoir comment l’aider, autrement dit être totalement démuni devant ça, doit être une torture pour eux aussi tant l’on doit se sentir perdu et peut-être même un peu coupable (sans compter que je ne suis pas facile à vivre non plus), toutefois trop souvent furent franchies les limites de l’acceptable. Je vais vous conter pour ça, 2-3 anecdotes en y allant crescendo. Voici la première : alors que j’essayais un déguisement offert en cadeau de noël, apparaissant alors torse nu, mon père ne trouva rien de mieux à dire que « ça se voit q’tu fais plus de sport. T’es gras. Mais qu’est-ce que t’es gras ! »… Même si ma pensée était sans détour (« j’en ferais si je pouvais, connard ! C’est l’alcool ou bien t’as toujours été aussi con ?! »), je me suis tu car c’était noël et surtout parce que je n’ai pas été réellement surpris par son peu de jugeote et de délicatesse. J’ai grandi avec son attitude et ses réflexions de beauf, c’est pourquoi cette réaction ne m’a pas étonné de lui. C’est sûr, je n’y suis pas resté insensible. Ça m’a fait mal de voir comme il peut oublier si facilement mes problèmes et ce à quoi ils m’ont contraint de renoncer, néanmoins je savais qu’au fond c’est moins à moi qu’à lui-même qu’un tel comportement cause le plus de tort car ce n’est pas moi qui suis haï de mon fils (il a beau verser une larme tous les 36 du mois, ça ne vaut rien à côté de ses milles et une fautes ! De toute façon, un sentiment de compassion ne fait pas de lui un père car tout le monde est capable de me plaindre et me prendre en pitié) ainsi que la risée de tous, mais lui. Même s’il me fait mal, il se punit lui-même encore plus en faisant ça. Je ne voyais donc pas l’intérêt d’en rajouter en allant une énième fois au clash. Et puis, s’abaisser à lui répondre serait lui accorder trop d’importance (peut-être me trouverez-vous trop dur avec lui puisqu’il y a finalement bien pire comme père. D’autres malchanceux ont hérité de parents violents voire incestueux alors que lui ne m’a jamais touché, mais la malchance des autres, même si plus grande, ne rend pas la nôtre insignifiante pour autant, tout comme mes douleurs et ma souffrance ne rendent pas pour cela celles des autres moins importantes)… Seconde et finalement dernière anecdote : alors que je faisais de la boxe française dans le gazon avec un ami, mon père, encore lui, arriva et fit un commentaire cinglant : « viens pas te plaindre après si t’as mal au dos ! »… Peut-être vous faites-vous la même réflexion que lui, mais allez-y, chaussez des gants et boxez en retenant vos coups, et dites-moi donc comment ceci pourrait-il être un problème sachant ― comme mon père le savait très bien lui aussi ― tout ce que je vous ai déjà expliqué sur ce qui me fait mal ou pas, comme notamment le fait qu’une heure de sport me soit moins pénible que 5 minutes à table pour déjeuner ou écrire ces lignes… Je ne le nie pas, l’après peut être un peu douloureux, mais je l’assume. Et puis ce n’est pas ce qui compte après tout. Si ça me fait plaisir de boxer, alors c’est tout ce qu’il faut regarder car si je ne m’amuse pas un peu, je vais péter les plombs. Mais ça malheureusement, mon père, bien cantonné aux apparences tant sa sagesse et son empathie sont sans pareilles, n’a naturellement pas cherché à le comprendre, comme si mon bonheur n’avait aucune importance, comme s’il savait mieux que moi ce qui me fait mal… Bien qu’indigné, et mon ami peut-être encore plus que moi, j’ai choisi de laisser couler car ça ne sert absolument à rien de discuter avec lui. Je le connais, ils pensent toujours avoir raison et s’énerve démesurément lorsqu’on le contredit tant il ne supporte pas que l’on entrave son dictat. Je vous assure, même avec les bons mots, même en lui prouvant les choses par a + b, ça reste impossible de le raisonner. Ce serait comme vouloir apprendre à parler à un chien ou apprendre à compter à un âne, c’est vain. Ça peut vous sembler odieux et insultant, sauf qu’il n’y a ni insulte ni arrogance ni quoi que ce soit d’autre là il n’y a que vérité et tant que ce n’est pas énoncé dans l’intention de blesser. Et vérité il y a. Même Einstein et Gandhi réunis ne pourraient obtenir gain de cause avec lui. C’est pourquoi j’ai préféré faire fi de cet affront. Cela dit, en coulisse, fidèle à lui-même, il montait tout seul en pression comme il aime le faire afin de satisfaire ses pulsions et sa soif de domination notamment en criant sur les gens pour les terroriser et les contrôler, et ainsi assouvir son agressivité… Et en l’occurrence, c’est ma mère qui en fut l’innocente victime, tant et si bien qu’à force de l’attendre jurer sans fin et de plus en plus fort (« ah ouais ! Msieur se permet de faire de la boxe alors qu’à côté de ça, il nous dit qu’il a trop mal pour travailler ?! J’te l’dis, il va pas se foutre de ma gueule encore longtemps cui-là ! Il va aller bosser ou jle fous dehors ! »), elle en vînt me trouver pour nous demander d’arrêter de boxer… Bien que réticent, j’ai cédé après quelques minutes d’insoumission car je n’avais pas envie d’aller au clash. J’avais déjà assez à faire avec mes douleurs, je n’avais pas la force pour un combat de plus, ce que j’ai naturellement du expliquer à mon camarade (« je suis désolé mais je préfère arrêter. Je n’ai pas envie de me battre avec lui. ― Je comprends, t’as déjà assez d’ennuis comme ça, mais ne le laisse pas non plus te pourrir la vie encore plus ! ― Je sais ça. Ce n’est pas par peur que je cède mais juste parce que je suis fatigué de me battre. Et puis tu sais, si je vis en permanence dans un climat conflictuel, je vais me crisper, ce qui va accroître mes douleurs, or c’est une chose que je ne veux pas. Je n’ignore pas qu’à garder ma colère pour moi, je vais me faire du mal d’une autre façon, mais c’est un choix qui me revient. De toute façon, tout se paye un jour ou l’autre… »). C’est ainsi que cette après-midi bien sympathique devint purement ridicule et pathétique. Et comme pour en rajouter une couche au cas où je n’en avais pas déjà assez pris dans la gueule, ma mère, alors que je ne me serais jamais attendu à ça venant d’elle, revint sur le sujet 2-3 jours après en me disant qu’elle aussi avait eu l’impression que je me foutais de leur gueule parce que je refusais de bosser alors qu’à côté de ça je me permettais de boxer… Et je ne vous le cache pas, ça m’a rendu carrément dingue d’entendre une telle remarque : « à quoi bon essayer de faire des efforts pour m’en sortir si à chaque fois j’me prends une claque dans les dents ?! Ma façon de relever la tête ne vous plait pas ? Eh bien tant pis ! Que je sache, vous n’êtes pas à ma place ? Vous ne savez tout de même pas mieux que moi ce qui me fait mal ou pas, et ce que je peux ou pas faire ? Si ? Non bien sûr. Alors ne m faites pas chier ! C’est dingue, j’ai la bonté de ne pas gémir de douleur et de garder mes larmes pour moi afin de vous protéger, et vous à côté de ça, vous m’en foutez plein la gueule… Qu’est-ce qu’il vous faut pour que vous soyez moins cons ? Que j’me plaigne en permanence ? Soit, j’vais chouiner au moindre bobo comme l’autre pleurnicheuse qui te sert de mari ! »… Ce jour-là a vraiment failli être la goutte de trop car j’étais dans une période où je songeais sérieusement au suicide mais m’y refusais néanmoins car je ne voulais pas faire souffrir ma mère ; et quand elle m’a fait cette réflexion, ce fut écœurant. J’ai pris ça pour une haute trahison. C’est pourquoi des pensées immatures envahirent mon esprit : je n’avais qu’une envie, leur faire payer tout ça ; leur faire mal en me faisant du mal (me noyer dans l’alcool ou la drogue, ou tout simplement partir pour toujours sans jamais leur donner de nouvelles, quitte à périr bêtement), un suicide non comme un appel à l’aide mais comme un dernier bras d’honneur… Vous l’avez vu, même mes propres parents se basaient sur les apparences au lieu d’essayer de se mettre à ma place. Et c’est bien pour ça que, loin d’imaginer à quel point je pouvais avoir mal et surtout peur d’avoir mal, ils ne cessaient de me dire ce que j’avais à faire, notamment qu’il me fallait aller de l’avant alors que, si aujourd’hui ceci ne vaut plus, bouger était autrefois pour moi une véritable addiction tant mes douleurs étaient grandes en nombre, en forme et en intensité… Ils n’arrêtaient pas de me parler d’avenir, de travail et de retraite, comme si rien n’avait changé, comme si j’allais vivre longtemps ; sauf que, et c’est bien là la preuve qu’ils étaient à 1 000 lieues d’imaginer l’enfer que je vivais, lorsque l’on souffre autant, on ne songe pas à tout ça car on sait parfaitement que l’on ne se laissera pas souffrir indéfiniment… Et quand bien même ceci soit plus incertain que je ne le crois, se sont-ils pour autant une seule fois demandés ce que Moi je voulais ? Ils me parlaient de travail, encore et toujours de travail, mais y a pas que ça dans la vie ! Désolé mais « métro, boulot, dodo », très peu pour moi. Je ne veux pas de cette vie factice, cette vie de mouton faussement heureux. Je veux vivre, me sentir libre, vivant et en paix avec le monde ! Mais ça, c’était irrecevable pour eux. Fidèlement à la culture ouvrière, la seule chose qui leur importait, était la sécurité, la stabilité même dans la médiocrité alors que moi je voulais de l’aventure, de l’émancipation, bref me réaliser tout simplement... Autrement dit, s’ils voulaient mon bonheur, c’était tel que eux se l’imaginaient, non tel que moi je le voyais, comme si seule leur définition du bonheur était valable alors qu’elle est justement tout ce qui me rendrait malheureux tant mener une telle vie me semble fade, sans intérêt et inutile au monde… Mais bon, ce n’est pas non plus ce qu’il y a de plus important… NB : ne voyez aucune vengeance dans le fait de raconter les frasques de mon père. J’ai simplement besoin d’en faire part car « la colère grandit dans le silence » (Nietzsche). Et puis après tout, c’est une vérité qu’il doit assumer
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 07:00:17 +0000

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