Dieu, souverain Bien « Tu es le bien, tout bien, le souverain - TopicsExpress



          

Dieu, souverain Bien « Tu es le bien, tout bien, le souverain bien, Seigneur Dieu vivant et vrai » (Saint François, Louanges de Dieu, 3) Celui ou celle qui a mis ses pas dans les pas du Seigneur, à la manière de François d’Assise le sait d’expérience : la prière franciscaine est d’abord une prière de louange et d’action de grâces. Et secondairement, une prière d’intercession. Cette prière de louange, en sa vérité de parole d’homme, ne naît pas d’une exaltation superficielle et passagère, mais elle est comme le fruit d’une vie dans laquelle on reconnaît que tous les biens viennent de Dieu. Et inversement, célébrer Dieu qui est souverain bien, produit peu à peu une transformation du regard, et aide grandement à ouvrir les yeux sur les bienfaits dont Dieu comble ses enfants. La louange est la prière du pauvre. Mais comment comprendre ce mot, « pauvre » ? Qu’est-ce que la pauvreté (sujet inépuisable !) ? Si on examine la Règle de vie des frères mineurs (les frères capucins, franciscains, conventuels), écrite par François d’Assise, on constate qu’elle ne dit pas que les frères doivent s’engager à vivre la pauvreté, du moins elle le dit en d’autres termes. En fait, elle affirme que les frères font profession de vivre « sans rien en propre » (2Reg 1). Sans rien en propre : c’est-à-dire en portant un regard désintéressé sur le monde, en s’interdisant de s’approprier les biens, parce que ceux-ci sont les dons que Dieu nous fait, parce que Dieu en est le généreux donateur. C’est en vivant la désappropriation que l’être humain réalise vraiment sa vocation d’enfant de Dieu, puisque ainsi, il accueille la vérité, la vérité de Dieu et de toute la création. La désappropriation, avec la louange et l’action de grâces qui l’accompagnent, est donc une clé essentielle pour mener une vie vraiment humaine. Mais bien évidemment on peut être tenté de la jeter aux oubliettes. C’est ce que François d’Assise appelle : vivre selon « l’esprit de la chair », et non plus selon « l’esprit du Seigneur ». Il mettait particulièrement en garde les frères qui « réussissaient », dans le métier de prédicateur par exemple : ils étaient en danger de s’approprier leurs succès, de s’en attribuer le mérite. De même, selon lui, les frères à qui étaient confiées des charges étaient eux aussi menacés de s’y attacher, comme si elles étaient « leur » bien à eux. Nous n’aurions pas de mal à transposer cela dans notre monde d’aujourd’hui, dans nos existences actuelles. De ce côté-là, le ciel se couvre de nuages de tristesse, d’oppression, d’envie, d’injustice et de meurtre. Inversement, celui qui vit « désapproprié », selon l’esprit du Seigneur, disposé à se détacher des biens qui lui sont donnés, même s’ils lui sont nécessaires, connaît une véritable libération et la vraie joie : il ne craint plus d’être dépouillé de ses biens, de les lâcher, de les perdre. Il a le cœur léger. Les autres peuvent s’approcher de lui tranquillement, ils comprennent qu’il ne cherchera pas à leur ravir ce qu’ils ont, ni ne les empêchera d’être ce qu’ils sont. Vivre sans rien en propre, c’est être toujours disposé à accueillir l’autre pour ce qu’il est, une créature du Dieu de toute bonté, au lieu de voir en lui l’ennemi, l’importun, le concurrent, ou encore le faire-valoir, ou le combustible d’un projet de réalisation personnelle : par la désappropriation, il devient possible de croire en l’autre, d’établir des relations de confiance avec lui. La désappropriation est créatrice de fraternité. Regardons encore comment la désappropriation est à la racine de l’existence humaine, qu’elle oriente en tous ses déploiements : relations avec Dieu et avec les autres, culture, économie et politique. En effet, si dans notre prière nous disons avec foi ces paroles de louange : « Tu es le bien, tout bien, le souverain bien, Seigneur Dieu vivant et vrai », l’Esprit nous poussera sur les chemins de l’humilité, de la pauvreté et de la minorité, qui sont, toujours selon François d’Assise, trois grandes expressions de la désappropriation. Le cœur humble « ne s’exalte pas du bien que le Seigneur dit et opère par lui » (Adm. 17). Il est vrai : « heureux le serviteur qu’on trouve aussi humble parmi ses sujets que s’il était parmi ses seigneurs » (Adm. 23). Etre pauvre : ne pas s’attacher aux biens matériels, signes de la bonté du Créateur, ne pas vouloir exister par eux, et par conséquent, se laisser atteindre par ceux et celles qui connaissent le manque, partager. La voie de la minorité – « mineur », cela signifie « plus petit » - est celle du service mutuel, de la fraternité entre les humains : « Ceux qui ont été établis au-dessus des autres, qu’ils se glorifient de cette charge de supérieur autant que s’ils avaient été députés à l’office de laver les pieds des frères » (Adm. 4). Oui, « tous les biens, rendons-les au Seigneur Dieu très haut et souverain, et reconnaissons que tous les bien sont à lui » (1Reg 17), pour que Dieu puisse révéler aujourd’hui son visage de Père de tous les hommes.
Posted on: Sat, 10 Aug 2013 18:56:48 +0000

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