Du capitalisme rhénan à l’humanisme rhénan - euroJournal 15. - TopicsExpress



          

Du capitalisme rhénan à l’humanisme rhénan - euroJournal 15. Oktober 2013 (Par Alain Howiller) eurojournal.net/2013/10/15/du-capitalisme-rhenan-a-lhumanisme-rhenan/ Il y a eu -il y a toujours- ce capitalisme rhénan à qui on doit l’invention des banques, la naissance de l’entreprise moderne, de l’imprimerie, l’émergence de la plupart des innovations qui firent le monde moderne, la mise en place des relations capital-travail dont la réussite la plus spectaculaire est la «soziale Marktwirtschaft» (l’économie sociale de marché). Beaucoup virent dans la crise financière et économique que nous vivons, l’effet d’un dérapage incontrôlé du capitalisme rhénan. Certains n’hésitèrent pas à évoquer à ce propos la «mort du capitalisme rhénan» alors que d’autres -dont Henrik Uterwedde, directeur adjoint du «Deutsch-Französisches Institut – DFI / Institut franco-allemand» de Ludwigsburg estimaient, au contraire, que le capitalisme rhénan n’était pas mort et qu’il se régénèrerait en tirant la leçon de la crise et en intégrant davantage «d’humain» dans ses approches. Et on commença à opposer -(ou à amender l’un avec l’autre ?)- «l’humanisme rhénan» au «capitalisme rhénan» : l’amélioration de l’un par l’autre paraissait d’autant plus logique que le premier était né du Moyen Âge et que le second, finalement bâtard du premier, avait surgi avec la Renaissance. Un «Forum humaniste Rhénan». C’est dans cette succession et dans les effets ressentis de la crise qu’est née l’idée de créer, à Strasbourg, un «Forum Humaniste Rhénan» (Oberheinisches Humanistisches Forum) dont la première tâche serait l’organisation d’un premier séminaire franco-allemand. Le thème du séminaire serait : «Préserver et promouvoir l’humain dans la vie socio-économique» (Schutz und Förderung des Menschen im Sozial- und Wirtschaftsleben»). Le séminaire eut lieu, le Samedi 12 Octobre, au siège de la Région Alsace(1) et les organisateurs eurent l’heureuse idée -alors qu’au départ, ils ne voulaient qu’organiser un séminaire «scientifique» et un échange entre quelques experts venus de part et d’autre du Rhin- d’ouvrir leurs travaux au public. Du coup, l’hémicycle du conseil régional était plein lorsque Sabine Urban, professeur émérite de Management International à l’Université de Strasbourg, ouvrit les travaux au nom du fondateur du «Forum humaniste Rhénan» Pierre Karli, professeur émérite de Neurophysiologie à l’Université de Strasbourg (2). Une douzaine d’experts – universitaires, chefs d’entreprise, responsables d’hôpital, représentants du monde enseignant, professeurs d’Ethique, médecins- ont dialogué une journée entière sous la direction(3), le matin, d’Alain Beretz, Président de l’Université de Strasbourg et, l’après midi, celle de Christian Frietsch, éditeur du journal en ligne «Goodnews4Baden-Baden.de» avant que Marc Feix, professeur d’éthique sociale et politique à l’Université strasbourgeoise, puis Sabine Urban ne fassent la synthèse des travaux. L’Homme, est-il la mesure de toute chose ? Si le succès de la journée -vu l’assistance-, peut laisser espérer que le séminaire sera suivi d’une seconde édition, on n’en peut pas moins relever que hormis la présence, en début de rencontre, de Martine Calderoli-Lotz, Vice-Présidente du Conseil Régional, chargée d’accueillir les participants, aucun élu, aucun syndicaliste ne se soit dérangé pour participer ou assister à une rencontre qui, pourtant, aurait du les intéresser au premier chef. Ils auraient pu prendre, comme tous les participants, la mesure d’un débat qui a essayé de placer «l’Homme» (pas l’électeur, ni le militant, l’adhérent ou le consommateur) au coeur de notre système socio-économique. L’homme est la mesure de toute chose : il doit être respecté, il doit lui-même respecter l’autre. L’efficacité économique dépend largement (et ce constat devrait se retrouver au centre de la réflexion du chef d’entreprise) des relations entre les hommes, entre les hommes et leur environnement. «L’économie existe parce que l’homme a faim», rappelait l’économiste François Perroux qui ajoutait «mais il ne mange pas que du pain !» L’homme doit se reconnaître dans son travail qui est un miroir, ce qui pose le problème du sens que l’homme donne à son travail. Son travail doit pouvoir lui permettre de penser que le travail ne serait pas le même s’il ne s’y impliquait pas lui-même : le sens joue davantage que la production qu’il ennoblie, qu’il enrichit en la faisant profiter, du coup, d’un plus d’efficacité, donc de productivité. L’Humain rejoint la rentabilité économique ! Humanisme et libéralisme : la soziale Marktwirtschaft ? Au cours des débats, il apparut assez vite qu’une sorte de fracture culturelle se glissait entre les entrepreneurs allemands, marqués par la «soziale Marktwirtschaft», source de libéralisme et les entrepreneurs français, marqués, quant à eux, par ce qu’on pourrait appeler un excès d’interventionnisme de la puissance publique dans leurs affaires. «Nous considérons que l’Etat n’a pas à intervenir sur le marché, il établit des règles que tout le monde doit respecter, les élus ne doivent pas faire trop de promesses électorales, l’Etat perçoit des impôts dont il redistribue le produit, il ne se mêle pas des relations capital/travail, patrons/syndicats», résume un chef d’entreprise allemand. Position qui éclaire l’attitude allemande qui a tendance à considérer le salarié comme un collaborateur : «Chez moi, il n’y a pas de chef et l’encadrement a un devoir – celui de conduire l’entreprise vers l’avenir et pas d’exercer un pouvoir. D’ailleurs, tout salarié peut venir me voir», souligne un autre chef d’entreprise allemand. Divergences franco-allemandes. Conception peu courante côté français où, loin de se préoccuper de donner du sens au travail, voire d’organiser la vie du salarié (on considère cette approche comme une forme de «paternalisme»), on entend limiter les rapports capital/travail à des rapports de production. Du coup, on hésite à accepter un «droit à l’erreur» en France (y compris pour un salarié promu de revenir, s’il le souhaite, à son poste précédent). «Nous devons apprendre de nos erreurs et ne pas développer un culte de la sanction. L’erreur est source de progrès… En outre, je suis heureux quand un salarié a une meilleure idée que moi et que que peux la transposer dans l’entreprise», affirme un troisième chef d’entreprise d’Outre-Rhin. Des deux côtés du Rhin, on se retrouve pour estimer que la relation capital/travail, comme l’organisation du travail elle-même, devraient-être réinventés, pour préserver et promouvoir l’humain, pour aboutir à une structure qui assure de la reconnaissance, dans tous les sens du terme, à l’Homme. Des deux côtés du Rhin, dans le respect des sensibilités et des traditions culturelles, on prend conscience de cela : cette nécessaire évolution n’est pas seulement héritée des tendances humanistes qui pourraient bien ne pas avoir à être pris en compte dans une entreprise. Elle est en ligne avec le besoin d’efficacité, la recherche de compétitivité de l’entrepreneur. Lors du colloque, on a évoqué l’idée de remplacer la notion de «soziale Marktwirtschaft» par celle de «Humane Marktwirtschaft». Respecter l’humain est un investissement, pas seulement un devoir moral : cela implique respect, confiance, transparence, interactivité, partage et communication. Les clés de notre avenir résident, sans doute, dans le dernier paragraphe de mon texte !(4) (1) Séminaire pris en charge par le Conseil Régional d’Alsace, l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA), la Stiftung (Fondation) Volksbank Bühl. (2) Fondé par le Professeur Pierre Karli, entouré côté français de Daniel Hoeffel, Alain Howiller, Andrée Kempf, et, côté allemand, de Christian Frietsch, Hans-Ulrich Muller-Russel, Martina Woerner (tous membres du comité de pilotage). Sabine Urban pilotait le comité scientifique du Forum. (3) Le «Forum Humaniste Rhénan» fait partie intégrante de «l’Institut pour la Promotion du Lien Social (IPLS)» présidée par Marie-José Auburtin – www-ipls.u-strasbg.fr (4) La «Hochschule für öffentliche Verwaltung» de Kehl, liée par une convention de coopération avec l’IPLS, s’est associée aux travaux du Forum.
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 11:31:49 +0000

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