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DÉBAT Algérie : faut-il avoir peur du gaz de schiste ? Vendredi, 08 Novembre 2013 18:02 PAR PAR ABDELMADJID ATTAR, ANCIEN PDG DE SONATRACH Share on print Increase font sizeDecrease font siz | Email | Print Mots clés:Abdelmadjid Attar,Algérie,Gas De Schiste,Sonatrach, Gaz de schiste cShellLexploitation des réserves dhydrocarbures non conventionnels est controversée. © ShellLes réserves dhydrocarbures non conventionnels du sous-sol algérien viennent dêtre revues à la hausse. Analyse des enjeux et des contraintes liés à leur exploitation par Abdelmadjid Attar, Ancien PDG de Sonatrach. Contrairement aux hydrocarbures conventionnels, piégés dans des roches réservoirs poreuses, perméables et sous pression - ce qui permet leur extraction par simple déplétion ou pompage -, les hydrocarbures non conventionnels (gaz et huile de schiste) sont piégés dans des roches caractérisées par une microporosité qui rend leur récupération impossible sans stimulation. Abdelmadjid AttarAbdelmadjid Attar. DR Ce qui nest pas sans incidence sur le coût dexploitation, qui est de quatre à cinq fois supérieur. Il sagit dune opération chimique ou hydromécanique, appelée fracturation, permettant la libération des hydrocarbures piégés et leur production en surface, avec toutefois des débits beaucoup plus faibles que ceux des hydrocarbures conventionnels. lAlgérie, la Chine et lArgentine disposent de réserves similaires, voire supérieures, à celles des États-Unis La controverse autour de lexploitation du gaz et de lhuile de schiste est liée à cette opération de stimulation, du fait de son coût, mais aussi de ses conséquences sur lenvironnement et sur les activités humaines. En effet, pour compenser la faible productivité par surface de drainage, des milliers de puits doivent être réalisés, chacun dentre eux nécessitant un drain horizontal, des canalisations et des installations très denses en surface. Au-delà de son coût financier, la mise en place de ce dispositif est donc gourmande en espace et exclut toute autre activité humaine, rurale ou citadine. Par ailleurs, cette opération requiert de très importants volumes deau (voir encadré), un système de traitement-stockage des rejets, ainsi que lutilisation de produits chimiques. MIRACLE AMÉRICAIN Le gaz et lhuile de schiste ont provoqué un véritable miracle aux États-Unis, dont les réserves de gaz sont passées de 1 500 trillions de pieds cubes (TPC, soit plus de 42 475 milliards de m3) en 2000 à 2 327 TPC en 2013. La production actuelle a atteint 15 TPC/an, soit près de 425 milliards de m3, ce qui représente 62 % de la production totale de gaz naturel aux États-Unis. JA2755p088 info1Cliquez sur limage. DRRésultat : arrêt des importations, création de milliers demplois et probabilité dexportation à partir de 2017. Cela a entraîné leffondrement du prix du gaz sur le marché intérieur américain à 3,8 dollars/million de British Thermal Unit (BTU, unité dénergie : 1 watt équivaut à environ 3,4 BTU/h). Les cours se sont également effondrés sur le marché mondial du fait de la crise financière de 2008 et de labondance de gaz, qui a entraîné une compétition féroce entre producteurs et exportateurs. Il est désormais clairement prouvé que ce type dhydrocarbure existe ailleurs dans le monde, notamment dans trois pays disposant de réserves similaires, voire supérieures, à celles des États-Unis : lAlgérie, la Chine et lArgentine. Tous trois affichent déjà leur intention de suivre lexemple américain et ont démarré des travaux de recherche et dévaluation, précédés parfois par une modification du contexte législatif et contractuel afin den permettre lexploitation. Cependant, de nombreux problèmes restent à résoudre, des résistances à vaincre, de façon spécifique à chaque région, sur des domaines sensibles comme lenvironnement, le savoir-faire technologique, limportance des investissements à consentir, mais aussi lobjectif recherché, à savoir la rente ou la sécurité énergétique. TRANSITION Quen est-il de lAlgérie ? Selon les experts de la Sonatrach, cette dernière recèle plus de 19 820 milliards de m3 (700 TPC) de réserves de gaz techniquement récupérables. Quant aux hydrocarbures liquides non conventionnels (huile), les ressources sont estimées à 215 milliards de barils, mais aucune précision nest fournie concernant les réserves récupérables. Il est peu probable que le miracle américain survienne en Algérie. Comparativement, les réserves de gaz conventionnel sont, elles, estimées à 4 500 milliards de m3, avec une production moyenne annuelle de 85 milliards de m3, dont 55 milliards destinés à lexportation. Certains analystes estiment quun potentiel conventionnel plus important reste à découvrir dans les zones peu ou pas explorées. Dautres, plus pessimistes, mettent en doute ces réserves et ce potentiel. Mais lessentiel est ailleurs : il sagit de mettre en oeuvre une stratégie à long terme, qui prenne en compte toutes les hypothèses, et un modèle de consommation énergétique évolutif en fonction de toutes les ressources disponibles, fossiles ou renouvelables. Doù la nécessité darbitrer sur le sujet de la rente pétrolière, qui est hélas nécessaire aujourdhui et sur la transition et la sécurité énergétique, qui risque dêtre cruciale au-delà de 2030. JA2755p088 info2Cliquez sur limage.Il est peu probable que le miracle américain survienne en Algérie, du fait des moyens logistiques et financiers gigantesques à mobiliser. On peut aussi imaginer le contraire, à cause dun épuisement plus rapide des réserves conventionnelles actuelles et, surtout, dune augmentation rapide de la consommation interne : celle-ci, aujourdhui de lordre de 30 milliards de m3 de gaz par an, devrait doubler en 2030 pour atteindre 60 milliards de m3/an. Quen sera-t-il en 2040, en 2050 et plus tard ? Cest maintenant quil faut y réfléchir et quil convient dagir. En premier lieu, il faut évaluer les ressources, les enjeux et les contraintes, et se préparer à une éventuelle exploitation des hydrocarbures non conventionnels qui ne surviendra pas de façon significative avant 2030. Les programmes et travaux en cours, ainsi que les éventuels progrès technologiques à venir, devraient contribuer à résoudre aussi bien les problèmes de coût que ceux liés à lenvironnement et à la contrainte de surface. Par ailleurs, il faut agir dans un objectif de satisfaction des besoins en énergie et non de rente, à travers une transformation du gaz et de lhuile en énergie sur les sites même de leur extraction, en combinaison avec les énergies renouvelables (solaire), pour permettre le développement dautres activités et richesses au niveau local, ainsi que la création de milliers demplois dans les secteurs périphériques tels que la pétrochimie, lindustrie ou lagriculture.
Posted on: Sat, 09 Nov 2013 12:49:20 +0000

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