DÉSESPOIR DE COMPTOIR dédiée à tous les - TopicsExpress



          

DÉSESPOIR DE COMPTOIR dédiée à tous les félés..... Cette nouvelle m’a été inspirée par un fait divers survenu au Canada. Un homme a été surpris dans la rue, un soir…mais lisez la suite, pour savoir. — TU FAIS QUOI ? demandé-je, complètement ahuri à mon pote Francis. Tout à coup mal à l’aise, mon voisin se tortille sur son tabouret. De surprise, j’ai parlé fort et quelques têtes se tournent vers moi. — C’est compulsif ! Je peux pas men empêcher. Je les aime, tu comprends ; les jaunes, les noires, les blanches, déclare-t-il en me souriant tristement. Mon pote a pourtant l’air normal aujourd’hui : bien habillé, bien peigné, pas trop bourré. Intrigué, à tout hasard, je demande. — Tu fumes ? tu te piques ? — Ça va pas non ! Ces trucs là me dégouttent. C’est bon pour les détraqués, répond-il offusqué, la mine horrifiée. Détraqué ! Ce mot lui va comme un gant... Une question me brûle les lèvres mais je ne veux pas le bousculer. Pour temporiser, j appelle Fred, le garçon. Il ramène aussitôt ses cent kilos de graisse. De la main, je fais le geste circulaire, universel, pour demander une nouvelle tournée. Alors qu’il s’éloigne pour préparer nos deux verres, Francis, qui a vu mon geste, se redresse, satisfait. —T’es un pote, fait-il en me claquant le dos. Après un moment de réflexion, il ajoute tout en se curant une dent dun vieux bout d’allumette pioché dans le cendrier. —Y a qu’à toi que je pouvais me confier. J’allume une clope devant deux nouvelles consommations. On trinque. — A l’amitié, fait Francis tout émoustillé. — A l’amitié, je reprends en choquant mon verre contre le sien. Mon voisin de tabouret s’envoie aussitôt une bonne rasade. Quand il semble rassasié, j’attaque. — Dis moi Francis, tu t’y prend comment pour …heu… enfin pour faire ce que tu m’as dit ? Il me regarde, fronce des sourcils. Il cherche sur mes traits une trace d’ironie mais mon air sérieux le rassure.. Après un haussement dépaule, il se lance. — Ben quoi ! Qu’est ce que tu veux savoir ? Comment veux tu que je m’y prenne à ton avis ? Tu sais plus comment on fait ? Je m’étrangle dans mon verre, passablement sidéré, plus très sûr de savoir de quoi on est en train de parler. — Mais enfin, Francis ! Reconnais que ce nest pas commun ! — Hé alors, qu’elle différence ça fait ! Je les aime, comprends-tu ? Pour moi, ça ne fait aucune différence. Elles sont si belles, si bien carrossées. Surtout les vieilles avec leurs corps de déesse... Cette évocation le plonge dans une extase suprême. En confident pervers, il se penche vers moi,. — Ouais, les vieilles... Dans leurs robes métallisées, répète-t-il, pâmé., Et c’est là le problème. Elles m’allument, tu comprends ? Si déshabillées, comme nues...J’en suis complètement dingue quand je les vois passer dans la rue… Je m’envoie une gorgée de whisky. Autant picoler. Il y a des jours où la terre ne tourne pas dans le même sens pour tout le monde et les divagations de mon voisin de tabouret commencent à me fatiguer. Pourtant, une question me travaille. J’ai peur de la réponse mais ma curiosité est plus forte. Et même si jai lair dun imbécile, je me lance. —Tu me dis que tu les aimes ! Comment démontre-tu ton amour ? — Quoi ! fait Francis. Embarrassé, je m’énerve. — Comment finalise-tu avec ces... ces...allumeuses ? — HA NON ! T’AS PAS LE DROIT DE LES TRAITER DALLUMEUSES ! gueule mon voisin dans le petit bar enfumé. Fred, au bout du comptoir, nous regarde, étonné. Plus calmement, il continue. — Ne les traite surtout pas de dallumeuses. Ce n’est pas parce qu’elles passent leurs temps dans la rue que tu peux les comparer à…à…Il en bafouille d’indignation devant ce crime d’irrespect, de lèse majesté. Elles ne méritent pas que tu les méprises, sanglote-t-il. Elles sont si pures, tu comprends. Toutes vierges…Jamais encore souillées... Moi, je pense aux pigeons du quartier. Pour ne pas gâcher son envolée lyrique, je me tais. Intrigué par les sanglots de mon pote Fred sapproche lentement. — Un problème, me demande-t-il intrigué en essuyant un verre. Du pouce, je montre Francis qui sanglote à mes côtés. — Une peine de cœur, Fred. Tinquiète ! Ça va passer. Des peines de cœur, Fred, il connaît. Tout les jours, il en voit de l’autre côté du comptoir. Malgré tout, pour la forme, il ronchonne. Pour le calmer, je commande une nouvelle tournée. Quand il s’éloigne pour préparer nos deux verres, je préviens. — Francis ! Tu te calmes, d’accord ! Sinon, on va se faire virer. Et excuse- moi si je leur ai manqué de respect. La perspective d’une nouvelle tournée calme aussi sûrement mon pote que du sucre dans l’essence d’un moteur emballé. — Tu disais ? fait-il tout à coup en saisissant le verre qui vient d’arriver. J’ai perdu le fil. Quant, enfin, je recolle les morceaux, Francis enchaîne, lair offusqué, sans me laisser le temps de parler. — Tu veux savoir comment je finalise…si je fais l’amour vraiment ? Pour qui tu me prends ? je suis pas impuissant Mon pote rumine ses dernières paroles au-dessus de son verre. Un instant, il hésite. Puis, voyant que jécoute, il se lance. — Vois-tu ! je les caresse…les embrasse… me couche sur elles...si parfumées du bon le vent de la route. — Arrête, je m’esclaffe. Tu deviens romantique. Mais à ce stade, plus rien ne peux le stopper. Il mime les formes arrondies de Lolo Férari. — Les plus belles ont des cuirs…Ça mexcite tu comprends, murmure-t-il, une expression d’adoration peinte sur ses traits. C’est le moment dextase suprême, de jouissance charnelle, conclut-il aussi simplement que s’il me donnait les résultats du tiercé. Je m’étrangle, je crachote du whisky, je tousse. Francis me claque le dos à nouveau. Et quand, les yeux embués, je suis un peu calmé, il me demande inquiet. — Tu ne me crois pas ! Tu penses que je te racontes des blagues ! — Si, si ! Je te crois. Et puis t’as le droit d’aimer qui tu veux. Un silence. Jen profite pour récupérer, ignorant le regard soupçonneux de mon pote. Ses évocations laissent des traces, malgré tout. Mais la trêve dure peu. A coté, Francis s’énerve à nouveau. — ELLE EST PARTIE. ELLE REVIENDRA PLUS, braille-t-il au- dessus du comptoir. Aussi vite que lui permet sa corpulence, Fred revient, l’air fâché. A mon intention, il grommelle. — Dis à ton pote d’arrêter de beugler ou je le vire ! C’est pas un boxon ici... Je me dois de calmer Francis. Amicalement, je lui tapote le dos. Mais rien ny fait. — NON ! fait-il. C’EST FINI. ELLE M’A QUITTÉ ! La dernière fois que j’ai vu Francis, il était au bras d’une superbe rousse. J’hésite. — Tu me parles bien de cette grande fille… Il me regarde, horrifié. — QUOI ? QUELLE GRANDE FILLE ? Y A PU D’ GRANDE FILLE ! Sur ma nuque je sens le regard de Fred de plus en plus irrité. — Calme Francis, ou tu vas nous faire virer. Arrête de gueuler et explique. Qui s’est tirée ? — Mais, ma déesse, fait-il, dans un sanglot étranglé. Je tousse, crachote à nouveau. Francis, bienveillant, paternel, me tape une nouvelle fois le dos. — Vois un docteur, T’as les bronches enrhumées. Quand j’ai fini ma quinte de toux, il reprend. — Tu comprends, elle m’attendait tous les soirs, sagement à langle de la rue Magenta. Quand j’arrivais, ces yeux brillaient de plaisir, dans le noir. Deux semaines d’amour fous nous avons vécu. Elle m’aime…Jen suis sûr... Et pourtant, elle est partie... La peine de mon pote, pour son amour contrarié, me désole. Je me creuse les méninges. A tout hasard, je propose. — rachète la, dans ce cas. — J’ai bien essayé. Mais son maquereau a la tête dure. L’autre jour, alors que je me pressais contre elle sur le bord du trottoir, arrive un grand escogriffe. la quarantaine distinguée. Costume blanc, cravate rouge, chaussures en croco... Tu vois le genre. Je nai eu que le temps de méloigner. Aussitôt je lui ai proposé un bon prix. Il a rien voulu savoir... — kidnappe la ! — J’y ai pensé aussi. Mais il a dû se douter de quelque chose. Cet empaillé l’a changée de trottoir. C’est fini, je te dis. Elle est partie. Elle reviendra pas. Je le rassure en lui tapotant le dessus de la main. — Elle reviendra, j’en suis sûr, te biles pas. Elles reviennent toujours, —Tu crois, renifle-t-il les yeux plein d’espoir. Je confirme. « sauf pour moi » je pense tout bas. Je cherche mon portefeuille dans la poche. — Bon Francis ! Je compatis mais je dois me tirer. J’appelle Fred. Je paye. Quand je me lève, après avoir empoché la monnaie, mon pote en fait autant. Devant mon regard étonné, il précise. — Je t’accompagne quelques mètres, histoire de me dérouiller. Ça soulage, tu comprends, davoir un ami comme toi à mes cotés. On sort dans la rue. La nuit est en train de tomber et l’air frais de ce début de soirée m’enivre aussi sûrement que la dernière tournée. Je m’allume une clope. En aspirant goulûment, je me demande pourquoi j’ai besoin de fumer. « Mystère » Sur le trottoir, je marche dun bon pas. Malgré le vacarme assourdissant dun marteau piqueur, jentends Francis dans mon dos qui ressasse tout bas « si belle… si gentille. » Tout à coup, en poussant un cri, il me dépasse. Extasié, il se pâme. — Regarde ! La même que mon adorée ! Désormais en transe, il sapproche de lobjet de tous ces désirs, les mains en avant, prêt aux premiers attouchements. J’en laisse tomber ma clope de saisissement. — FRANCIS ! A mon tour, j’ai crié. Il y a des limites, même à l’amitié. Il se fige, interdit. — Ben quoi ! Regarde comme elle est carrossée ! Sans lui laisser le temps de réagir, rapidement, je prends mon trousseau de clefs. Jouvre la portière, me dépêche de la claquer sur moi. Et en voyant Francis resté tout penaud sur le bord du trottoir, je descends la vitre. — NON FRANCIS ! CHASSE GARDÉE ! C’est ma caisse, cette D.S, comprends tu ? Elle n’aime que moi, je conclus, tout sourire, en démarrant.
Posted on: Thu, 21 Nov 2013 22:25:49 +0000

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